SABETTA A., Un’idea di teologia fondamentale tra storia e modelli, préf. G. Lorizio, coll. Cultura 101, Rome, Studium, 2017. Parue dans la Nouvelle Revue Théologique (NRT) 140 (2018) n° 4, p. 691. Dans ce volumineux ouvrage, l’A., enseignant en apologétique et théologie fondamentale (TF) à la Fac. de théol. du Latran, propose non pas un manuel de TF, mais une réflexion sur son statut. L’introd. part de la classique incertitude relative à l’identité de la TF : apologétique, réflexion sur les principes de la théologie, réflexion sur les fondements de la foi chrétienne ou défense rationnelle du christianisme ? Incertitude que redouble la pluralité des dénominations : TF, apologie ou apologétique ? Pour y répondre, l’A. parcourt l’histoire de la discipline à l’âge patristique (chap. 1), à l’époque médiévale (chap. 2) et à l’époque moderne, avec une insistance particulière sur Pascal et Newman, et une généreuse présentation des positions du Magistère (chap. 3). Arrivée au xxe siècle, de diachronique, la réflexion se fait, avec bonheur, synchronique et en l’occurrence épistémologique. Elle parcourt différents modèles qui tous réagissent contre le modèle néoscolastique -, celui fondé sur la méthode d’immanence (Blondel) et celui des «yeux de la foi» (Pierre Rousselot), le modèle anthropologique (Rahner), le modèle fondationnel (Balthasar), le mixte fondationnel-transcendantal (Verweyen) et le modèle contextuel (Waldenfelds). Se fondant sur 1 P 3,15-16 et sur Fides et ratio 67, le modèle de l’A. se définit de manière unitaire par la parole scripturaire « rendre raison de son espérance ››. Qualifié de fondationnel-contextuel, il conjugue deux des perspectives passées en revue, respectivement tournées ad intra et ad extra : fondationnelle, la TF est à l’écoute de la Révélation (auditus fidei) et requiert la lumière de la foi ; contextuelle, elle est à l’écoute du monde (auditus temporis) et fait notamment appel à la raison. Cet essai érudit, mais toujours stimulant et jamais écrasant, animé par des convictions, mais point par des réactions, opte clairement pour l’école du Latran vs l’école de la Grégorienne, tout en tentant une synthèse. Mais unifie-il suffisamment son propos à partir de l’expression polysémique «rendre raison » ? Le double volet où se distribue aussitôt la TF n’attesterait-il pas une détermination encore insuffisante de son objet ?
Pascal Ide