Daniel Duigou, Psychanalyse des miracles du Christ, Paris, Presses de la Renaissance, 2003.
Daniel Duigou, journaliste, psychologue clinicien et prêtre, propose de montrer que les miracles du Christ, dans l’Évangile de Jean, ont une profondeur et jouent une fonction anthropologique. De fait, on le sait, le quatrième évangéliste ne parle pas de « puissance » comme les synoptiques, mais de « signe ». Au signe extérieur qui est un changement hors des capacités des causes créées, au signe théologal qui révèle Dieu proche de l’homme et veut conduire de l’incroyance à la foi, se joint aussi un chemin spirituel d’une situation apparemment inextricable d’impasse existentielle, à la liberté véritable. En effet, sept sont les miracles opérés par le Christ. Or, chacun d’eux raconte un chemin de libération : les noces de Cana, le passage de la fusion à la séparation d’avec la mère (Jn 2) ; la guérison du fils de l’officier royal, le passage du père despote au père libérateur, du père qui impose au père qui propose (Jn 4) ; la guérison du paralytique de la piscine de Béthesda, le passage de la peur au désir de vivre (Jn 5) ; la multiplication des pains, le passage de la peur de manquer à l’acceptation de partager (Jn 6) ; la marche sur les eaux, le passage du « nous » au « je » libre (Jn 6) ; la guérison de l’aveugle-né, le passage de la condamnation sociale à la prise de parole (Jn 9) ; la résurrection de Lazare, le passage de l’amour possessif à l’amour oblatif, de la fusion à la bonne distance (Jn 11).
Face à la tendance dualiste qui sépare approche humaine et approche théologale, il est heureux de montrer leur étroit entrelacement, c’est-à-dire leur union sans indistinction. L’on s’interrogera seulement sur la présence du miracle eucharistique qui est présent en parole, mais non en acte dans le Discours sur le pain de vie, et, symétriquement, sur l’absence du principal « signe » de Jésus, sa Résurrection (Jn 20-21).
Pascal Ide