L’Église comme sujet selon Joseph Ratzinger 1/2

« L’Église s’éveille dans les âmes [1] ».

 

Quelqu’un me confiait que, ayant eu la joie et l’insigne honneur d’échanger souvent avec le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, à l’issue de la messe qu’il célébrait de manière hebdomadaire, il avait été notamment frappé par deux choses : son grand amour de l’Église, son souci de son unité ; son invicible espérance à l’égard des hommes même apparemment enfermés dans l’erreur.

Un certain nombre de travaux, notamment des thèses, ont été soutenus sur l’ecclésiologie du théologien bavarois devenu pape [2]. Mais aucune, à ce qu’il me semble, n’était encore allé à l’essentiel, c’est-à-dire à l’essence de l’Église, qu’il essaie de penser de manière à la fois traditionnelle et novatrice. Ce travail d’ecclésiologie fondamentale vient enfin d’être effectué par un prêtre du diocèse de Cahors, dans une thèse de doctorat de belle facture, soutenue à l’Institut catholique de Toulouse l’an passé, en 2022 [3]. Les mérites de ce travail sont nombreux. Quant au fond, nous venons de le dire, il s’affronte non pas à telle ou telle thèse seconde (ce qui ne veut pas dire secondaire) d’ecclésiologie, comme l’articulation entre Église universelle et Églises particulières, mais à son centre ; il propose une double lecture, historique (première partie) et doctrinale (seconde partie) ; il l’unifie autour de la notion de « sujet » ; il traverse l’intégralité du corpus et donne ainsi accès à un certain nombre de textes allemands et italiens non traduits ; il considère avec une juste audace l’œuvre autant du théologien que du préfet de la la Congrégation pour la Doctrine de la foi et du pape Benoît XVI – non sans prendre en compte sa diversité. Quant à la forme, l’auteur joint à une très grande clarté du propos, un remarquable sens pédagogique l’amenant, par exemple, à ponctuer ses huit chapitres de conclusions-résumés, couronnées par une conclusion générale.

Nous analyserons successivement la thèse originale de Ratzinger en ecclésiologie (1), ses sources (2), son argumentation (3), ses prolongements (4) et en proposerons, pour finir, une interprétation synthétique (5).

1) Thèse

La thèse du père de Beaufort est la suivante : dans la vision de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, l’Église est sujet. Pour être plus précis

a) En plein

Pour Joseph Ratzinger, l’Église se décrit, voire se définit comme sujet, Subjekt. C’est ce qui apparaît dans une de ses affirmations les plus fameuses :

 

« Les problèmes de la réception sont nés du fait que deux herméneutiques contraires se sont trouvées confrontées et sont entrées en conflit. […] D’un côté, il existe une interprétation que je voudrais appeler “herméneutique de la discontinuité et de la rupture” […]. D’autre part, il y a l’“herméneutique de la réforme”, du renouveau dans la continuité de l’unique sujet-Église, que le Seigneur nous a donné [4] ».

 

Si nous nous souvenons volontiers de l’opposition entre les deux herméneutiques, celle de la rupture et celle du renouveau dans la continuité (et non pas seulement de la continuité, ainsi qu’on l’entend parfois), nous n’avons souvent pas conscience que le pape a employé une formule originale pour désigner l’Église : « l’unique sujet-Église ». Or, un travail exégétique de l’œuvre de Ratzinger que ce syntagme ne jaillit pas à ce moment de sa plume, mais provient d’une utilisation longue et raisonnée, de sorte que l’on est en droit de dire que « la phrase du pape est ciselée [5] » et l’usage très mesuré. L’on peut même dire que « la brève formule ‘le sujet Église’ a été inventée » par Ratzinger [6]. Cette originalité mérite d’autant plus d’être scrutée.

b) En creux

En optant pour l’Église-sujet, Ratzinger n’écarte pas l’Église-personne, mais donne priorité à la première notion sur la seconde. Cette option est d’autant plus surprenante que l’attribution de la « personne » à l’Église est traditionnel et se retrouve chez nombre de grands ecclésiologues contemporains. Quelques données l’attestent. L’on trouve 251 occurrences du terme « sujet », en tant qu’il désigne l’Église : 191 dans 54 textes de Ratzinger ; 60 dans 28 textes de Benoît XVI (incluant l’encyclique Lumen Fidei). Or, en regard, l’on ne trouve que 6 occurrences de la formule « l’Église est une personne » (en l’occurrence, dans la seule œuvre de Ratzinger) et jamais les expressions « personne Église » ou « personne mystique » (les seules expressions ecclésiales que l’on trouve, sporadiques, sont : « grande personnalité », « personnalité corporative », « personnalité collective »).

La raison de ce choix négatif n’est pas exprès. Le Père de Beaufort esquisse l’explication suivante : « Comme Balthasar, Ratzinger semble réticent à toute idée de personne collective : qui dit personne dit particularité irréductible. Mais le motif profond de ce choix est sans doute théologique [7] ».

c) En parallèle

La thèse du père de Beaufort est donc que, selon notre théologien, l’Église est sujet. En ce sens, il ne réduit donc pas la question du sujet à la seule herméneutique dont parle le texte cité ci-dessus. Il est d’autant plus important de préciser ce point, de prime abord latéral, qu’une thèse en espagnol a été consacrée à la même notion, celle du sujet Église, mais la relit à partir de la seule opposition ratzingérienne entre les deux herméneutiques – et, de plus, résout dans le mot « Subjekt » plus que dans le concept [8]. Détaillons un peu pour bien cerner l’enjeu.

Au fond, la question centrale de l’herméneutique, du moins du point de vue théologique, est celle de l’articulation délicate entre vérité et histoire. Appliquée à la christologie, elle se transforme dans l’opposition célèbre, mais ruineuse entre le Jésus de la foi (vérité ou dogme) et le Christ de l’histoire (histoire). Nous y retrouvons aussi la tension qui est à l’origine et au centre de la crise moderniste. C’est ainsi que, dès 1970, s’interrogeant sur les causes de la crise post-conciliaire, notre auteur nomme, entre autres, « la question herméneutique » qui se pose ainsi : l’Église et l’enseignement qui est sa mission s’inscrivent dans une histoire ; qu’est-ce qui, dans l’historicité qui fait partie essentiellement de leur condition, demeure stable, invariable ? [9]

D’un mot, Joseph Ratzinger résout cette crise et dénoue le problème herméneutique, en montrant que les deux thèses qui s’affrontent ont en commun de considérer la connaissance d’un point de vue individuel. Or, du point de vue théologique, le sujet n’est jamais personnel, mais toujours collectif : le « je crois » est toujours un « nous croyons ». Or, justement, ce sujet collectif de la foi qui à la fois s’inscrit dans une histoire et reçoit la vérité, c’est l’Église. Nous voyons donc que la question herméneutique n’est pas du tout étrangère à la réflexion de Ratzinger ; elle est même centrale. Du moins n’est-ce pas le centre de notre sujet qui est l’essence de l’Église. En revanche, nous retrouverons la question herméneutique dans les preuves et les prolongements.

2) Sources

a) La première affirmation

Pour détailler les sources nombreuses auxquelles s’abreuve ce grand lecteur qu’est Ratzinger, il faudrait parcourir l’intégralité de son œuvre. Notons seulement que la première apparition de l’occurrence de l’expression « l’Église-sujet » se fait dans un texte important de 1973, écrit dans le cadre de la Commission théologique internationale (CTI) dont il est membre : « L’unité de la foi et le pluralisme théologique » [10]. Précisément, la quatrième des quinze thèses proposées par la CTI sur le sujet Église comme sujet herméneutique de la foi :

 

« La vérité de la foi est liée à son cheminement historique à partir d’Abraham jusqu’au Christ et du Christ jusqu’à la Parousie. Par conséquent, l’orthodoxie n’est pas consentement à un système, mais participation au cheminemente de la foi et ainsi au Je de l’Église qui subsiste, une, à travers le temps et qui est le vrai sujet du Credo [11] ».

 

L’on notera que l’argument justifiant l’usage du terme « sujet » est la pérennité stable de la foi dans la Révélation : « Je de l’Église qui subsiste, une, à travers le temps ». On se souvient, en effet, que le problème posé par l’herméneutique C’est ce que confirme un développement ultérieur :

 

« La tension des époque différentes vers la foi unique soulèe le problème de l’herméneutique. La réponse théologique à ce sujet [sic !] consiste fondamentalement dans l’identité de l’unique sujet Église, qui subsiste comme un unique espace historique d’expérience dans l’histoire, et qui reste identique à travers les vicissitudes de celle-ci [12] ».

b) La source lubacienne

L’un des résultats de la thèse de Malot est que, des multiples sources qui alimentent la méditation ecclésiologique de Ratzinger, le commentaire qu’Henri de Lubac consacre au Symbole des Apôtres semble avoir été décisif. En effet, le jésuite français – dont on sait combien, dès son premier ouvrage, il a souligné le caractère social de tous les dogmes [13] – y montre que le sujet de l’acte de foi, le « je » du Credo n’est pas l’individu croyant, mais la communauté qu’est l’Église [14]. Un élément biographique n’est pas dénué de sens : « l’amitié avec le Père et cardinal de Lubac […] est un des plus grands dons que j’ai reçus dans ma vie [15] » ; « le Père de Lubac et moi étions cor unum et anima una [16] ! » – ce qui, soit dit en passant, est une admirable définition de l’amitié. Surtout, Ratzinger a lui-même mentionné cette source en identifiant le « je » croyant au « je » du sujet Église, lors de la conférence sur la catéchèse, prononcée successivement à Notre-Dame de Fourvières et à Notre-Dame de Paris, et dont on sait qu’elle a connu un retentissement planétaire :

 

« Henri de Lubac a montré que le ‘je’ de la confession de foi chrétienne n’est pas le ‘je’ isolé de l’individu, mais le ‘je’ collectif de l’Église. Quand je dis : ‘je crois’, cela veut dire que je dépasse les frontières de ma subjectivité, pour m’intégrer au ‘je’ de l’Église, en même temps que je m’intègre à son savoir dépassant les limites du temps [17] ».

3) Preuve

Pour établit que Ratzinger a élaboré une ecclésiologie de l’Église-sujet, nous pourrions parcourir deux voies, exégétique (et historique) et doctrinale. La première suffirait à attester le fait, massif, même s’il est progressif, de la thèse. Elle pourrait ainsi être couronnée par l’affirmation d’un des meilleurs spécialistes du théologien : le concept de l’Église-sujet « relève des idées ecclésiologiques les plus importantes et des préoccupations théologiques les plus constantes » de Joseph Ratzinger [18].

Toutefois, cette première voie ne nous éclairerait pas sur la cause du fait. Aussi préférons-nous adopter la voie doctrinale qui, elle, ouvre à cette compréhension des raisons, nécessaires à la scientificité de la théologie.

a) L’argumentation théologique centrale : le sujet-Église

L’argumentation théologique centrale de notre théologien peut être synthétisée de la manière suivante.

Dieu s’est révélé à l’homme dans l’histoire en se choisissant un peuple qu’il a longuement enseigné. Plus encore, il s’est révélé en Personne dans Jésus de Nazareth, d’une révélation qui est aussi rédemption. Or, une personne se donne à connaître dans une rencontre personnelle. Connaître Dieu, c’est-à-dire la vérité qu’est le Christ requiert donc de le rencontrer. Mais se pose une difficulté redoutable. La rencontre requiert la présence hic et nunc. Or, Jésus est apparu à un moment donné de l’histoire dans une région donnée de la géographie. Il semble donc impossible de le rencontrer aujourd’hui dans tout autre pays qu’Israël, et donc de connaître la Révélation divine.

À cette aporie fondamentale, Joseph Ratzinger répond par l’Église. En effet, pour que Jésus rencontre chaque homme, il faudrait qu’il soit rendu présent à tous les hommes, c’est-à-dire à la fois contemporain et coprésent géographiquement à lui. Or, le Christ lui-même a institué un sujet transhistorique (qui traverse tous les temps), transtopographique (qui traverse tous les lieux) et, d’ailleurs aussi toutes les cultures : l’Église. Ainsi, l’Église se définit en propre comme le sujet qui rencontre le Christ qui est la vérité de Dieu. Autrement dit, elle est le sujet apte à rencontrer et à recevoir la Révélation divine.

b) Le moyen terme : la mémoire pneumatique

Si raisonnement général est limpide, la mineure demande à être explicitée : comment l’Église – le sujet-Église – est-elle en quelque sorte coextensive du Christ ? Joseph Ratzinger aurait pu convoquer l’argumentation traditionnelle qui, se fondant sur ce que dit saint Paul du Corps du Christ, fut déployée par saint Augustin et systématisée par saint Thomas. Pourtant, il adopte un autre fondement, là aussi scripturaire, mais johannique. Dans le discours après la Cène, Jésus énonce deux vérités décisives qui toutes deux concernent l’œuvre de l’Esprit-Saint dans les Apôtres : « L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (Jn 14,26) ; « L’Esprit de vérité vous conduira dans la vérité tout entière » (Jn 16,13). À ce fondement mnésique et pneumatique se joint un point d’arrivée lui aussi mnésique, mais anthropologique. De saint Augustin, le théologien allemand retient la doctrine selon laquelle l’être humain est constitué, au plus profond de lui (et d’ailleurs à l’image du Père) par une mémoire qui n’est pas seulement ni d’abord souvenir du passé (memoria sui), mais puissance qui lui permet de transcender le temps et de toucher l’éternité (memoria Dei) [19]. Déjà, dans l’ouvrage mémorable qu’il avait consacré à l’Église, le père Clérissac notait que « la divine Personnalité de l’Église se dégage du fait qu’il y a dans l’Église une faculté de mémoire, plus précise et plus ferme qu’en aucune autre personnalité, individuelle ou collective [20] ».

Dès lors, Ratzinger est armé pour répondre à la difficulté que représente le hiatus temporo-spatial entre le Christ et l’humanité. Le Christ est assurément la Révélation de Dieu. Or, il a confié « tout » ce qu’il est, tout ce qu’il a dit et fait, à l’Esprit-Saint. Donc, celui-ci est en quelque sorte « mémoire pneumatique », comme le dit notre auteur. Or, cet Esprit-Saint est donné à la mémoire de chaque homme qui s’ouvre à lui. Donc, la révélation divine lui est donné : « nous sommes continuellement à l’époque du Christ [21] ».

Pascal Ide

[1] Romano Guardini, Vom Sinn der Kirche. Die Kirche des Herrn, 1922, dans Meditationen über Wesen und Auftrag der Kirche, 1965, Mainz, Matthias Grünewald & Paderborn, Ferdinand Schöningh, 1990, p. 19.

[2] Par ordre chronologique : Maximilian Heim, Joseph Ratzinger. Kirchliche Existenz und existentielle Theologie. Ekklesiologie Grundlinien unter dem Anspruch von Lumen gentium, Frankfurt, Peter Lang, 2005 ; Dominique Waymel, Joseph Ratzinger et l’Église. La place des nouveaux mouvements, coll. « Théologie à l’université » n° 32, Paris, DDB, 2014.

[3] Cf. Jean-Malo de Beaufort, L’unique sujet Église selon Joseph Ratzinger, coll. « Sagesse et cultures », Paris, Parole et Silence, 2022.

[4] Benoît XVI, Discours à la Curie romaine, jeudi 22 décembre 2005.

[5] Jean-Malo de Beaufort, L’unique sujet Église selon Joseph Ratzinger, p. 7.

[6] Ibid., p. 193.

[7] Ibid., p. 405.

[8] Cf. Miguel Ángel Núñez Aguilera, Unico Sujet-Iglesia. Su Su comprensión en el discurso de Benedicto XVI a la Curia Romana, del 22 de diciembre de 2005, desde la obra teológica de Joseph Ratzinger, Roma, Gregorian & Biblical Press, 2018.

[9] Joseph Ratzinger, Die Situation der Kirche heute. Hoffnungen und Gefahren, Id., Gesammelte Schriften, Freiburg et al., Herder, 2008 s, tome 7/1, p. 584-601, ici p. 588.

[10] Id, « Die Einheit des Glaubens und der theologische Pluralismus », Id., Gesammelte Schriften, tome 9/1, p. 159-210 : Commission théologique internationale, Quinze thèses sur l’unité de la foi et le pluralisme théologique. Commentaire de Joseph Ratzinger, avec la collab. avec Peter Nemeshegyi et Philippe Delhaye, coll. « Esprit et Vie » n° 2, Chambray-lès-Tours, Cahiers du livre et du disque (C.L.D.), 1978.

[11] Ibid., thèse IV, p. 32.

[12] Ibid., p. 34.

[13] Cf. Henri de Lubac, Catholicisme. Aspects sociaux du dogme, 1938, 21970, dans Œuvres complètes, Paris, Le Cerf, tome VII, 2003.

[14] Cf. Id., La foi chrétienne. Essai sur la structure du symbole des Apôtres, 1969, 21970, dans Œuvres complètes, Paris, Le Cerf, tome V, 2008. Cf. aussi Id., « Credo Ecclesiam », 1961, dans Œuvres complètes, Paris, Le Cerf, tome VIII, 2003, p. 331-337 ; et surtout : « La foi de l’Église », 1965, Œuvres complètes, tome V, p. 447-473.

[15] « Réponse de S. É. le Cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, à S. Exc. M. Jean-Louis Lucet, ambassadeur de France près le Saint-Siège, à l’occasion de sa nomination au titre de commandeur de la Légion d’honneur, (11 mai 1998), L’Osservatore Romano, éd. fr., 19 mai 1998.

[16] Benoît XVI, Entretien avec Vincenzo Arborea, 29 juillet 2015, cité dans Vincenzo Arborea, La dimensione ecclesiale della fede in Henri de Lubac et Joseph Ratzinger. Un approcio teologico-fondamentale, coll. « Dissertationes. Series Theologica » n° LVII, Roma, Santa Croce EDUSC, 2018, p. 651.

[17] Joseph Ratzinger, « Transmission de la foi et sources de la foi », La documentation catholique, 1847 (1983), p. 260-267, ici p. 264. Et Ratzinger renvoie à l’article « La foi de l’Église » (mais aussi à Louis Bouyer, Le métier de théologien, Paris, France-Empire, 1979, p. 207-227). L’on notera une légère variation dans la même conférence où l’Église n’est plus nommé comme vis-à-vis du Christ, mais comme l’englobant : « le ‘je’ divin et le ‘tu’ humin se touchent dans le ‘nous’ de l’Église » (Ibid.). Il n’y a pas de contradiction, si l’on se souvient que l’Église désigne soit le Corps seul dans sa distinction d’avec la Tête qu’est le Christ (tel est le sens utilisé dans tout cet article), soit le Corps englobant la Tête, c’est-à-dire le Christ total dont parle saint Augustin (telle est la signification dans cette dernière citation).

[18] Siegfried Wiedenhofer, « Die Kirche als ‘Subjekt’ oder ‘person’ », Walter Baier, Stephan O. Horn & Vinzenz Pfnürr (éds.), Weisheit Gottes, Weisheit der Welt. Festschrift für Joseph Kardinal Ratzinger für 60. Geburstag, St. Ottilien, EOS Verlag, 1987, tome 2, p. 999-1020, ici p. 1001.

[19] Pour le détail des développements et des références, cf. Jean-Malo de Beaufort, L’unique sujet Église selon Joseph Ratzinger, p. 228-244.

[20] Il poursuit : « Les États ont leur tradition et leurs archives, les brueaucraties leur routine : mais rien de tout cela n’explique la fidélité de l’Église à ses souvenirs, et quels souvenirs ! » (Humbert Clérissac, Le mystère de l’Église, Paris, Le Cerf, 1917, p. 50).

[21] Cardinal Joseph Ratzinger, Le sel de la terre. Le christianisme et l’Église catholique au seuil du troisième millé­naire. Entretiens avec Peter Seewald, trad. Nicole Casanova, Paris, Flammarion/Le Cerf, 1997, p. 62.

13.6.2023
 

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