Le Testament Spirituel du Père Maximilien Kolbe. Brève étude d’un texte capital

Le matin du 17 février 1941 quelques heures avant sa deuxième et dernière arrestation à 11 h 50 par la Gestapo, le père Maximilien dicte au frère Arnold une nouvelle ébauche du livre qu’il projetait d’écrire sur Marie et qui est considéré à juste titre comme « son testament spirituel [1] » et son écrit le plus profond [2]. Lisons-le avant d’en proposer une divisio textus (un plan), comme le site l’a proposé pour d’autres textes majeurs :

 

« Immaculée Conception ! » Ces mots sont sortis de la bouche même de l’Immaculée ; donc ils doivent montrer de la façon la plus précise et la plus essentielle qui elle est.

Puisque les paroles humaines ne sont pas capables d’exprimer les réalités divines, alors ces mots – immaculée, conception – doivent être compris dans un sens plus profond, incomparablement plus profond, plus beau, plus sublime que dans leur sens habituel, mieux que ne les comprend la raison humaine la plus pénétrante.

Ce que dit saint Paul, après le prophète Isaïe : « Choses que l’œil n’a point vues, que l’oreille n’a point entendues et dont l’idée n’est pas venue au cœur de l’homme » (Is 64, 4), « tels sont les biens que Dieu a préparés pour ceux qui l’aiment » (1 Co 2,9), peut s’appliquer ici dans toute sa force.

Cependant on peut, et même on doit scruter le mystère de l’Immaculée et l’exprimer avec des mots que forge notre intelligence avec ses moyens propres.

Qui êtes-vous, Immaculée Conception ? Pas Dieu, parce qu’Il n’a pas de commencement. Pas ange, créé immédiatement de rien. Pas Adam, formé de la glaise (Gn 2,7). Pas Ève, formée de la côte d’Adam (Gn 2,21). Pas le Verbe incarné qui existe depuis tous les siècles et que l’on dit plutôt conçu que conception. Les enfants d’Ève n’existent pas avant leur conception ; on doit donc les appeler conceptions (créées). Mais vous, vous différez de tous les enfants d’Ève, car eux sont conceptions maculées par le péché originel, tandis que Vous, vous êtes l’unique conception immaculée. 

Tout ce qui est en dehors de Dieu, parce que c’est de Dieu et sous tous les rapports entièrement de Dieu, porte sur soi et en soi la ressemblance du Créateur, et il n’y a rien dans la créature qui ne possède cette ressemblance, car tout est l’effet de la cause première.

Il est vrai que les mots, qui expriment les choses créées, parlent de la perfection divine seulement d’une manière imparfaite, limitée, analogique. Ils sont un écho plus ou moins lointain, comme toutes les créatures qu’ils expriment, des propriétés de Dieu.

La conception ne fait-elle pas exception ? Il n’y a jamais d’exception dans ces cas-là. Le Père engendre le Fils, et l’Esprit procède du Père et du Fils. Dans ces quelques mots se trouve le mystère de la vie de la très Sainte Trinité et de toutes les perfections dans les créatures qui ne sont pas autre chose que des échos variés, une hymne de louange, dans des tons multicolores, de ce mystère premier et le plus beau.

Nous devons utiliser notre vocabulaire habituel, parce que nous n’en avons pas d’autre, mais nous ne devons jamais oublier que ce vocabulaire est très imparfait.

Qui est le Père ? Quelle est sa vie personnelle ? Engendrer, car il engendre le Fils dans les siècles des siècles, toujours.

Qui est le Fils ? L’Engendré, parce que, toujours et depuis les siècles, il naît du Père.

Et qui est l’Esprit ? Il est le fruit de l’Amour du Père et du Fils. Le fruit de l’amour créé est une conception créée. Mais le fruit de l’Amour, prototype de cet amour créé, est nécessairement lui-même conception. L’Esprit est donc la Conception incréée, éternelle, le prototype de toutes les conceptions de la vie dans l’univers.  

Le Père engendre, le Fils est l’Engendré, l’Esprit est la Conception jaillissante (d’Amour), et c’est là leur vie personnelle, par laquelle ils se distinguent entre eux. Mais ils sont unis par la même Nature, l’existence divine. L’Esprit est donc cette Conception très sainte, infiniment sainte, immaculée.

Dans l’univers, nous rencontrons partout l’action et la réaction qui est égale à l’action mais lui est contraire, le départ et le retour, l’éloignement et le rapprochement, la séparation et l’union. Et la séparation est toujours pour l’union qui est créatrice. Ce n’est rien d’autre que l’image de la très Sainte Trinité dans l’activité des créatures.

L’union, c’est l’amour, l’amour créateur. Et l’activité divine n’agit pas autrement à l’extérieur. Dieu crée l’univers – c’est comme si c’était la séparation. Et les créatures, selon la loi naturelle qui leur est donnée par Dieu, se perfectionnent, s’assimilent à lui, retournent à lui ; et les créatures intelligentes l’aiment d’une façon consciente, et par cet amour s’unissent de plus en plus à lui, et retournent à lui. La créature la plus totalement remplie de cet amour, remplie de la divinité : c’est l’Immaculée, sans aucune tache de péché, qui ne s’est en rien séparée de la volonté de Dieu ; unie au Saint-Esprit comme son épouse, d’une façon inexprimable, mais dans un sens incomparablement plus parfait qu’on peut le dire des créatures.

Quelle est cette union ? Elle est avant tout intérieure, union de son essence avec l’« essence » de l’Esprit-Saint. L’Esprit-Saint habite en elle, vit en elle et cela dès le premier instant de son existence, toujours et à jamais.

En quoi consiste cette vie de l’Esprit en elle ? Lui-même est l’Amour en elle, c’est l’Amour du Père et du Fils, Amour dont Dieu s’aime lui-même, Amour de toute la très Sainte Trinité, Amour fécond, Conception. Chez les créatures faites à la ressemblance de Dieu, l’union par l’amour sponsal est l’union la plus intime (cf. Mt 19,6). D’une manière beaucoup plus précise, plus intérieure, plus essentielle, l’Esprit très Saint vit dans l’âme de l’Immaculée, dans son être ; il la féconde, et cela dès le premier instant de son existence, durant toute sa vie, et jusque dans l’éternité.

Cette éternelle Immaculée Conception (le Saint-Esprit) conçoit de façon immaculée la vie divine dans le sein de son âme, à elle, Immaculée Conception. Et le sein virginal du corps de Marie lui est réservé, et Il y conçoit aussi dans le temps – tout ce qui est matériel se passe dans le temps – la vie de l’Homme-Dieu.

Et ainsi le retour à Dieu, c’est-à-dire la réaction égale et contraire (qui est l’amour), suit un chemin différent de celui de la création. Le chemin de la création va du Père par le Fils et l’Esprit ; ici, il va, par l’Esprit et le Fils, au Père, c’est-à-dire que, par l’Esprit, le Fils s’incarne dans le sein de l’Immaculée et, par ce Fils, l’amour retourne au Père.

Et elle, (l’Immaculée), insérée dans l’Amour de la très Sainte Trinité, devient, dès le premier moment de son existence et pour toujours, le « complément de la Sainte Trinité ».

Dans l’union du Saint-Esprit avec elle, ce n’est pas seulement l’amour de deux êtres, mais en l’un d’eux : c’est tout l’amour de la Sainte Trinité, et en l’autre : c’est tout l’amour de la création ; et ainsi dans cette union se rejoignent le ciel et la terre, tout le ciel avec toute la terre, tout l’amour éternel avec tout l’amour créé. C’est le sommet de l’amour.

L’Immaculée à Lourdes ne se désigne pas comme conçue immaculée, mais comme le dit sainte Bernadette : « La Dame se tenait alors debout sur le rosier sauvage dans la même attitude que sur la Médaille miraculeuse. La troisième fois que je lui posai la question, son visage prit une expression pleine de gravité et de profonde humilité. Elle joignit les mains comme pour prier, les leva à la hauteur de la poitrine, puis ouvrit lentement les mains, s’inclina vers moi, et dit d’une voix légèrement tremblante : “Que soy era immaculada councepciou” (“Je suis l’Immaculée Conception”) ».

Si chez les créatures l’épouse prend le nom de l’époux parce qu’elle lui appartient, ne fait qu’un avec lui, devient son égal et est avec lui principe créateur de vie, à combien plus forte raison le nom de l’Esprit-Saint : Conception Immaculée, est-il le nom de Celle en qui Il vit comme Amour, principe de vie dans tout l’ordre surnaturel de la grâce [3].

 

Ainsi que je le disais dans l’introduction, mon intention est de proposer un plan détaillé de ce texte. De prime abord, il est limpide et linéaire, voire construit avec la rigueur d’un article de saint Thomas. En effet, la thèse du texte est l’affirmation reçue comme une vérité quasi-révélée : Marie est Immaculée Conception. Or, le théologien franciscain prend le temps de définir longuement le prédicat, « Immaculée Conception », dans la première partie de son texte, avant de l’attribuer à son sujet, « Marie ». De plus, il ponctue régulièrement son propos d’observations méthodologiques portant sur la manière dont nos mots humains peuvent être appliqués au mystère de Dieu lui-même. En outre, il convoque plusieurs principes, théologiques (notamment sur la Trinité) ou métaphysique (notamment la loi néoplatonicienne et christianisée de l’exitus-reditus, de la sortie de Dieu et du retour en Dieu). Enfin, selon son habitude, notre auteur emploie des phrases brèves, ciselées, qui ont été longuement méditées dans de nombreuses ébauches antérieures, paraît même souvent ébaucher des syllogismes (nous nous permettrons d’introduire parfois un « or », afin de mieux manifester l’articulation), retourne fréquemment à la ligne et cherche manifestement à clarifier le plus possible sa pensée à lui-même.

Pourtant, il est malaisé de trouver la structure précise de son raisonnement, voire il n’est pas assuré qu’il soit si démonstratif qu’il aspire à l’être, ainsi que nous l’observerons plus bas.

J’ajouterai quelques commentaires pour clarifier la mise en plan. Afin de les distinguer du texte, ils seront en italiques.

A) Introduction

1) Thèse

« Immaculée Conception ! » Ces mots sont sortis de la bouche même de l’Immaculée ; donc ils doivent montrer de la façon la plus précise et la plus essentielle qui elle est.

2) Présupposé méthodologique

a) Raison théologique

Puisque les paroles humaines ne sont pas capables d’exprimer les réalités divines, alors ces mots – immaculée, conception – doivent être compris dans un sens plus profond, incomparablement plus profond, plus beau, plus sublime que dans leur sens habituel, mieux que ne les comprend la raison humaine la plus pénétrante.

b) Argument d’autorité

Ce que dit saint Paul, après le prophète Isaïe : « Choses que l’œil n’a point vues, que l’oreille n’a point entendues et dont l’idée n’est pas venue au cœur de l’homme » (Is 64, 4), « tels sont les biens que Dieu a préparés pour ceux qui l’aiment » (1 Co 2,9), peut s’appliquer ici dans toute sa force.

c) Application à l’Immaculée

Cependant on peut, et même on doit scruter le mystère de l’Immaculée et l’exprimer avec des mots que forge notre intelligence avec ses moyens propres.

B) Démonstration théologique

Il s’agit donc de la démonstration de la problématique : Marie est Immaculée Conception. Pour cela, il va longuement étudier le prédicat, Immaculée Conception, avant de l’appliquer à son sujet, Marie. D’où la question

1) Analyse de l’Immaculée Conception

Qui êtes-vous, Immaculée Conception ?

a) Ce que n’est pas l’Immaculée Conception

Pas Dieu, parce qu’Il n’a pas de commencement. Pas ange, créé immédiatement de rien. Pas Adam, formé de la glaise (Gn 2,7). Pas Ève, formée de la côte d’Adam (Gn 2,21). Pas le Verbe incarné qui existe depuis tous les siècles et que l’on dit plutôt conçu que conception. Les enfants d’Ève n’existent pas avant leur conception ; on doit donc les appeler conceptions (créées). Mais vous, vous différez de tous les enfants d’Ève, car eux sont conceptions maculées par le péché originel, tandis que Vous, vous êtes l’unique conception immaculée. 

b) Ce qu’est l’Immaculée Conception
1’) Principe méthodologique

Les mots se disent analogiquement de Dieu et de la créature.

a’) Exposé

1’’) Le fondement : la ressemblance entre le Créateur et la créature

Tout ce qui est en dehors de Dieu, parce que c’est de Dieu et sous tous les rapports entièrement de Dieu, porte sur soi et en soi la ressemblance du Créateur, et il n’y a rien dans la créature qui ne possède cette ressemblance, car tout est l’effet de la cause première.

2’’) Application aux mots : l’analogie entre les mots disant Dieu et ceux disant la créature

Il est vrai que les mots, qui expriment les choses créées, parlent de la perfection divine seulement d’une manière imparfaite, limitée, analogique. Ils sont un écho plus ou moins lointain, comme toutes les créatures qu’ils expriment, des propriétés de Dieu.

b’) Objection et réponse

La conception ne fait-elle pas exception ? Il n’y a jamais d’exception dans ces cas-là.

2’) Application au Dieu trinitaire

a’) Les processions divines

1’’) Exposé

Le Père engendre le Fils, et l’Esprit procède du Père et du Fils. Dans ces quelques mots se trouve le mystère de la vie de la très Sainte Trinité et de toutes les perfections dans les créatures qui ne sont pas autre chose que des échos variés, une hymne de louange, dans des tons multicolores, de ce mystère premier et le plus beau.

2’’) Rappel méthodologique

Ce propos est assurément répétitif. Mais le Père Kolbe revient constamment sur cette question tant il veut respecter le mystère et tant il a conscience que son propos est novateur.

Nous devons utiliser notre vocabulaire habituel, parce que nous n’en avons pas d’autre, mais nous ne devons jamais oublier que ce vocabulaire est très imparfait.

b’) Les Personnes divines

1’’) Analyse : les trois Personnes divines

Qui est le Père ? Quelle est sa vie personnelle ? Engendrer, car il engendre le Fils dans les siècles des siècles, toujours.

Qui est le Fils ? L’Engendré, parce que, toujours et depuis les siècles, il naît du Père.

Et qui est l’Esprit ? Il est le fruit de l’Amour du Père et du Fils. [Or] Le fruit de l’amour créé est une conception créée. Mais le fruit de l’Amour, prototype de cet amour créé, est nécessairement lui-même conception. L’Esprit est donc la Conception incréée, éternelle, le prototype de toutes les conceptions de la vie dans l’univers.  

2’’) Synthèse

Le Père engendre, le Fils est l’Engendré, l’Esprit est la Conception jaillissante (d’Amour), et c’est là leur vie personnelle, par laquelle ils se distinguent entre eux. Mais ils sont unis par la même Nature, l’existence divine. L’Esprit est donc cette Conception très sainte, infiniment sainte, immaculée.

2) Application

a) Générale à l’univers

L’on pourrait considérer cette brève partie comme un deuxième principe, à côté de l’explication relative à l’expression « Immaculée Conception », à savoir la loi d’action et réaction (réinterprétée à la lumière de l’amour). Autant le premier principe concerne la Trinité immanente, autant ce second grand principe concerne la Trinité économique.

Ici, j’introduis des retours à la ligne tant le raisonnement est compact.

1’) L’action est pour la réaction

Dans l’univers, nous rencontrons partout l’action et la réaction qui est égale à l’action mais lui est contraire, le départ et le retour, l’éloignement et le rapprochement, la séparation et l’union. Et la séparation est toujours pour l’union qui est créatrice. Ce n’est rien d’autre que l’image de la très Sainte Trinité dans l’activité des créatures.

2’) Or, l’union est l’amour

[Or] L’union, c’est l’amour, l’amour créateur. Et l’activité divine n’agit pas autrement à l’extérieur. Dieu crée l’univers – c’est comme si c’était la séparation. Et les créatures, selon la loi naturelle qui leur est donnée par Dieu, se perfectionnent, s’assimilent à lui, retournent à lui ; et les créatures intelligentes l’aiment d’une façon consciente, et par cet amour s’unissent de plus en plus à lui, et retournent à lui.

b) Particulière à Marie

C’est seulement maintenant que les principes précédents sont appliqués à Marie et donc qu’il est montré que Marie peut s’appeler l’Immaculée Conception.

1’) Première démonstration

a’) Preuve

La créature la plus totalement remplie de cet amour, remplie de la divinité : c’est l’Immaculée, sans aucune tache de péché, qui ne s’est en rien séparée de la volonté de Dieu ; unie au Saint-Esprit comme son épouse, d’une façon inexprimable, mais dans un sens incomparablement plus parfait qu’on peut le dire des créatures.

b’) Nature de l’union entre Marie et l’Esprit

La démonstration a conclu à l’existence d’une union d’amour unique entre Marie et l’Esprit. Le texte en explore maintenant l’essence, et deux notes constitutives de toute union « sponsale » : la fécondité et l’unité.

1’’) Essence de cette union

Quelle est cette union ? Elle est avant tout intérieure, union de son essence avec l’« essence » de l’Esprit-Saint. L’Esprit-Saint habite en elle, vit en elle et cela dès le premier instant de son existence, toujours et à jamais.

2’’) Première propriété : la fécondité

a’’) Exposé

1’’’) En général

En quoi consiste cette vie de l’Esprit en elle ? Lui-même est l’Amour en elle, c’est l’Amour du Père et du Fils, Amour dont Dieu s’aime lui-même, Amour de toute la très Sainte Trinité, Amour fécond, Conception. Chez les créatures faites à la ressemblance de Dieu, l’union par l’amour sponsal est l’union la plus intime (cf. Mt 19,6). D’une manière beaucoup plus précise, plus intérieure, plus essentielle, l’Esprit très Saint vit dans l’âme de l’Immaculée, dans son être ; il la féconde, et cela dès le premier instant de son existence, durant toute sa vie, et jusque dans l’éternité.

2’’’) Les deux fécondités de l’Esprit en Marie

Cette éternelle Immaculée Conception (le Saint-Esprit) conçoit de façon immaculée la vie divine dans le sein de son âme, à elle, Immaculée Conception. Et le sein virginal du corps de Marie lui est réservé, et Il y conçoit aussi dans le temps – tout ce qui est matériel se passe dans le temps – la vie de l’Homme-Dieu.

b’’) Conséquences

1’’’) Marie dans le retour vers Dieu

Et ainsi le retour à Dieu, c’est-à-dire la réaction égale et contraire (qui est l’amour), suit un chemin différent de celui de la création. Le chemin de la création va du Père par le Fils et l’Esprit ; ici, il va, par l’Esprit et le Fils, au Père, c’est-à-dire que, par l’Esprit, le Fils s’incarne dans le sein de l’Immaculée et, par ce Fils, l’amour retourne au Père.

2’’’) Marie comme « complément de la Sainte Trinité »

Et elle, (l’Immaculée), insérée dans l’Amour de la très Sainte Trinité, devient, dès le premier moment de son existence et pour toujours, le « complément de la Sainte Trinité ».

3’’) Seconde propriété : l’unité

Dans l’union du Saint-Esprit avec elle, ce n’est pas seulement l’amour de deux êtres, mais en l’un d’eux : c’est tout l’amour de la Sainte Trinité, et en l’autre : c’est tout l’amour de la création ; et ainsi dans cette union se rejoignent le ciel et la terre, tout le ciel avec toute la terre, tout l’amour éternel avec tout l’amour créé. C’est le sommet de l’amour.

2’) Deuxième démonstration

Le texte ajoute une autre preuve, là aussi fondée sur ce qui a été dit du prédicat et de son sens divin.

a’) Rappel de la problématique

L’Immaculée à Lourdes ne se désigne pas comme conçue immaculée, mais comme le dit sainte Bernadette : « La Dame se tenait alors debout sur le rosier sauvage dans la même attitude que sur la Médaille miraculeuse. La troisième fois que je lui posai la question, son visage prit une expression pleine de gravité et de profonde humilité. Elle joignit les mains comme pour prier, les leva à la hauteur de la poitrine, puis ouvrit lentement les mains, s’inclina vers moi, et dit d’une voix légèrement tremblante : “Que soy era immaculada councepciou” (“Je suis l’Immaculée Conception”) ».

b’) Exposé de la démonstration

Si chez les créatures l’épouse prend le nom de l’époux parce qu’elle lui appartient, ne fait qu’un avec lui, devient son égal et est avec lui principe créateur de vie, à combien plus forte raison le nom de l’Esprit-Saint : Conception Immaculée, est-il le nom de Celle en qui Il vit comme Amour, principe de vie dans tout l’ordre surnaturel de la grâce.

Pascal Ide

[1] Henri-Marie Manteau-Bonamy, La doctrine mariale du Père Kolbe. Esprit-Saint et conception immaculée, Paris, Lethielleux, 1975, p. 28.

[2] « Aucun autre discours ou écrit du saint peut-être n’atteint la profondeur de ces considérations » (Abbé Karl Stehlin, L’Immaculée notre idéal. L’Esprit de la Milice de l’Immaculée d’après le Père Maximilien Kolbe, sans nom de trad. ni de lieu, Kolbe Publications, 2016, p. 115. Le pdf est accessible sur le site consulté le 15 avril 2023 : https://knightlibrary.files.wordpress.com/2017/03/the_immaculata_our_ideal_fr_web.pdf).

[3] Ébauche, 17.02.1941. Le texte intégral de l’ébauche se trouve dans l’ouvrage de Karl Stehlin, L’Immaculée notre idéal, p. 115-119. Il est cité presque in exenso par Henri-Marie Manteau-Bonamy (La doctrine mariale du Père Kolbe, p. 28-31. Il manque presque tout l’avant-dernier paragraphe qui n’est pas essentiel). On retrouve le texte amputé de sa fin, transformant le tutoiement en vouvoiement et surchargé de sous-titres et de surlignements en gras ignorés de l’original, sur le site consulté le 15 avril 2023 : https://m-i.info/fr/une-nature-hors-du-commun/

25.4.2023
 

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