Jalons pour une Histoire de la Philosophie de la nature III-4 Les philosophies de la nature à l’ère scientifique moderne. Deleuze

E) Une philosophie postmoderne de la nature : les mille trouvailles de Gilles Deleuze

1) Exposé de quelques intuitions majeures

Même s’il a évolué [1], Deleuze est déjà en possession de ses intuitions premières lorsqu’il écrit son mémoire de philosophie sur l’empirisme et la subjectivité chez Hume, qui fut édité dans la collection Épiméthée (excusez du peu !) [2]. Depuis l’origine, pourrait-on dire, Deleuze fut deleuzien.

Hors les nombreux et originaux ouvrages d’histoire de la philosophie moderne – Bacon [3], Hume [4], Leibniz [5], Spinoza [6], Kant [7] – et contemporaine – Bergson [8], Foucault [9] –, en particulier celui sur Nietzsche qui a durablement marqué les études nietzschéennes [10], Deleuze a élaboré sa propre philosophie, en particulier dans deux d’entre eux [11]. Bien qu’avant tout philosophe [12], il est aussi réputé par ses ouvrages pleins d’acribie sur la littérature [13], le cinéma [14], la psychanalyse [15], freudienne [16] et lacanienne [17], la psychiatrie [18], et même la musique [19].

S’il n’a pas élaboré une cosmologie philosophique comme telle, Deleuze, dans son empirisme et son immanentisme, a déployé une vision inédite du monde, donc de la nature, à la créativité foisonnante [20]. C’est ce qu’atteste son livre peut-être le plus inventif, Mille plateaux.

a) Philosophie de la pure immanence

Deleuze accepte l’existence d’origines, cela n’est pas son problème. En revanche, ce qu’il refuse est l’existence d’origine transcendante. Son souci, unique, est la production de l’autre, la création de nouveauté.

Voilà pourquoi le livre de Deleuze sur Nietzsche est peut-être son plus grand. Il adhère à son idéal de pure immanence.

De ce fait, Deleuze refuse la dette, notamment celle qui fut introduite par le christianisme. « Je ne veux pas être sauvé, j’assume mes actes. Quand on me disait que j’étais follement aimé, cela me culpabilisait infiniment ». Or, la dette renvoie à l’origine, mais, il est vrai, négativement : elle introduit une hétéronomie, une béance, un manque par où s’évide mon être.

b) Philosophie de la nouveauté
1’) Exposé

Roger-Pol Droit dit que le propre de Deleuze est non seulement la vitesse, mais l’accélération : « Car c’est sa manière singulière d’exister, la vitesse. Ou plutôt l’accélération [21] ». Deleuze n’a cessé de conquérir des territoires nouveaux. En ce sens, Deleuze ressemble fort à Foucault – même si les relations avec celui-ci furent orageuses [22]. Voyageur de l’esprit (mais non de l’espace : cet homme marié, deux enfants, on lui a reproché d’être bourgeois et installé), il n’a cessé de lire, de découvrir de nouveaux auteurs. C’est ainsi que, avec un auteur comme Proust, Kafka, il en lit tout, puis il oublie, passe à autre chose.

Cela est vrai par exemple de sa conception de l’inconscient. Alors que Freud se représente l’inconscient comme un théâtre de représentations, Deleuze y voit une machine désirante. Plus profondément, Freud voit l’homme marqué par le vide, la béance (de même chez Derrida et Lacan), alors que Deleuze souligne le plein : l’inventivité est le signe d’un plein. C’est pour cela que Deleuze n’est pas en accord avec Blanchot ; bien que l’ayant lu attentivement, il a ferraillé farouchement cntre toutes les pensées de la béance, leur préférant une pensée de la vie comme plein.

C’est parce que la nouveauté est première que Deleuze valorise tant la création. C’est ainsi que la philosophie crée les concepts et les crée au sens le plus rigoureux du verbe : « Il n’y a pas de ciel pour les concepts, écrit-il de concert avec Félix Guattari. Ils doivent être inventés, fabriqués ou plutôt créés, et ne seraient rien sans la signature de ceux qui les créent [23] ». Les grands philosophes se caractérisent donc par l’invention de notions inédites. Aussi Deleuze dit-il de Bergson :

 

« Un grand philosophe est celui qui crée de nouveaux concepts : ces concepts à la fois dépassent les dualités de la pensée ordinaire et donnent aux choses une vérité nouvelle, une distribution nouvelle, un découpage extraordinaire [24] ».

 

Cohérent avec son amour de la nouveauté, Deleuze n’aime pas les colloques : il les trouve trop préfabriqués. De fait, il n’assista qu’à un seul colloque dans sa vie, celui qu’il organisa lui-même sur Foucault ! Voilà aussi pourquoi Deleuze fut politiquement antifasciste (il ne s’est intéressé que tardivement à la politique). Foucault disait de L’Antiœdipe que c’est l’introduction à la vie non-fasciste. Le fascisme est une catégorie centrale. Par exemple, la psychanalyse, et son nouveau clergé, a béni trop de choses.

Cet héraclitéisme n’est pas sans lien avec son immanentisme : « Il n’y a pas de ciel pour les concepts. Ils doivent être inventés, fabriqués ou plutôt créés, et ne seraient rien sans la signature de ceux qui les créent [25] ».

 

Dans l’autre sens, Deleuze pose la même question, si juste, de Spinoza : « Pourquoi les hommes aiment-ils la servitude ? »

Plus profondément, Deleuze a rêvé de cet homme nietzschéen lavé de toute réaction, souverainement libre et donc créatif. En effet, créer, c’est agir ; or, agir s’oppose, point par point, à réagir. Deleuze dit en effet que le seul auteur qui résiste à la récupération, à la manipulation qu’il opère avec les auteurs est Nietzsche (mais il y a quelque naïveté à le dire. En effet, c’est son penseur de prédilection ; or, on ne manipule pas sa propre identité, on la nourrit de la manipulation des autres).

De même, Deleuze voit dans l’écriture un débordement d’une plénitude qui ne nie pas une figuration mais ne s’y attarde pas.

De ce fait, Deleuze refuse le pré-visible, le pré-déterminé. Cela explique sa relation aux auteurs. Il se refuse à seulement transmettre, à répéter. Tout en les analysant avec rigueur, Deleuze les utilise ou, comme il dit, il leur « fait un enfant dans le dos » : il en retient ce qui peut nourrir sa pensée. C’est en effet ce qui apparaît à la lecture de ses ouvrages sur les différents auteurs. Mais c’est aussi le souvenir que gardent ceux qui ont suivi ses cours, à savoir son originalité.

Ce sens de la nouveauté engendre un nouveau rapport au temps : le passé, selon lui, est présent au présent.

2’) Conséquence

De cette promotion constante du nouveau se déduit un tropisme pour la dénonciation des aliénations. Voilà pourquoi Deleuze, dans une conversation de juin 1991 avec Dominique Lacout, évoque un amour inattendu pour le chanteur Léo Ferré :

 

« Se demander si « on aime » Untel ou Untel revient à s’interroger sur le plaisir qu’il nous procure. Avec Léo Ferré, il n’y a aucun doute possible : le plaisir est immense. D’abord un plaisir abstrait, cérébral. On est happé par le sens des mots. Puis une sensation plus physique qui est un effet du plaisir cérébral et qui parle au corps lui-même. Typiquement on appelle cela la jouissance. Et puis cet homme superbe à qui l’âge ne donne pas, comme on dit bêtement, une « éternelle jeunesse », mais une tonalité de liberté absolue, une grâce incomparable qui va bien au-delà de la vie et de la mort elles-mêmes. Léo Ferré a ce don extrême de dire des choses simples en révélant ses affects et ses expériences dont nous nous sentons les complices. C’est ce qu’[on] devrait montrer : ce complot d’affects, […] cette culture de la joie, cette dénonciation radicale des pouvoirs, ce glissement progressif vers un plaisir qui est le contraire de la mort. Ce que je peux exprimer bêtement par : j’aime Léo Ferré. Non parce qu’il est bête d’aimer Léo Ferré, mais parce que c’est dire bêtement une complicité qui peut mettre l’ordre en péril. Ferré est dangereux parce qu’il y a chez lui une violence (maîtrisée) qui s’appelle le courage de dire. Il perçoit partout, dans le monde, dans la vie individuelle, l’intolérable. C’est un homme de passion habité par la sérénité. C’est un plongeur de l’émotion qui utilise les mots comme des grains de sable dansant dans la poussière du visible [26] ».

c) Philosophie de la figure ou plutôt de la surface
1’) Exposé

Deleuze ne nie pas la stabilité, mais celle-ci prend la forme de la surface. Telle est la thématique développée par Logique du sens. Toutefois, cet ouvrage n’est qu’un point de départ, non un achèvement.

Par exemple, selon Logique de la sensation (qui est une analyse de Bacon), le visage humain est un mur blanc avec deux trous noirs ; or, le mur dit la surface et les trous noirs la profondeur. C’est donc que celle-ci est reconduite à la surface.

De ce fait, Deleuze a développé une véritable philosophie de l’espace. Pour lui, tout être, homme ou non-homme, évolue dans un espace dont il s’efforce de décrire la structure. Il est le tissu même de l’être. L’espace est le lieu d’où émerge du possible, voire du nouveau. Il en distingue de multiples sortes. Dans Mille plateaux, il distingue volontiers les espaces lisses (comme celui où avancent les nomades) et les espaces striés (pliés) ; il distingue aussi volontiers le cadre et le hors-champ. Surtout, Deleuze se refuse à la différence tranchée de l’espace et du temps, à leur séparation.

Plus tard, dans Différence et répétition, Deleuze parlera du « sujet larvaire », par opposition au sujet cartésien.

L’une des expériences personnelles fondatrices permettant de comprendre la philosophie de Deleuze comme une physique de l’espace est celle qu’il fait dans son village natal de Flavigny : les Gaulois, leur lutte contre César à Alesia n’est pas passée mais présente ; or, selon Deleuze, l’espace est central parce qu’il permet d’intégrer le temps. Et, pour Deleuze, comme pour Bergson relu par lui, le présent n’existe que comme mode du passé, soutenu par lui. Le temps est donc comme contracté dans l’espace. De sorte que, à la limite, le temps n’existe plus. Du moins, l’espace est la réalité première. En effet, l’être apparaît avec l’espace, il advient quand l’entre-dexu devient étendue. De plus, cette extension doit s’entendre en un sens non pas mathématique, quantitatif, à la Descartes, mais dans un sens ontologique, qualitatif, proche de l’ubi aristotélicien.

Deleuze sauve la notion de hiérarchie à partir de celle de généalogie : c’est le fait originaire de la généalogie, car c’en est l’élément différentiel. Il demeure que la réinterprétation est polycentrique et se refuse à une différence de degré ou d’ordre [27].

2’) Une illustratio particulièren. Le pli et le baroque

Pour rendre notre propos plus proche du texte de Gilles Deleuze, centrons-nous sur l’étude qu’il a consacrée au pli [28]. Comme à son accoutumé, il joint l’histoire de la philosophie et la philosophie doctrinale.

a’) Situation historique du baroque et de Leibniz

Deleuze propose une relecture nieztschéenne de l’histoire comme retour du multiple triomphant. Non sans raison.

Leibniz vient après Descartes pour en résoudre les apories multiples. Le monde cartésien est celui de la mélodie unique. Bientôt le multiple va regimber. Le baroque lui donne une place mais en tentant de le domestiquer par une unité plus lâche, celle de l’harmonie. « La raison classique s’est écroulée sous le coups des divergences, incompossibilités, désaccords, dissonances. Mais le Baroque est l’ultime tentative de reconstituer une raison classique, en répartissant les divergences en autant de mondes possibles, et en faisant des incompossibilités autant de frontières entre les mondes. Les désaccords qui surgissent dans un même monde peuvent être violents, ils se résolvent en accords, parce que les seules dissonances irréductibles sont entre mondes différents. Bref, l’univers voit s’estomper ses lignes mélodiques, mais, ce qu’il semble perdre, il le regagne en harmonie, par l’harmonie [29] ». Il reste que bientôt, les désaccords, le multiple va pleinement reprendre ses droits. Et entreront en scène les philosophies de la déconstruction, Nietzsche en premier.

De même, le baroque se situe entre la Renaissance (classique) et la dissolution  néobaroque qui fait déferler ses séries divergentes au sein du même monde ; et bientôt l’éclatement de la polytonalité, « polyphonie de polyphonies », comme dit Boulez, et qui est sortie de la clôture harmonique. Ce qui est vrai de la musique l’est aussi de la peinture : le monde de la Renaissance vit de l’évidente distinction entre le clair et l’obscur. Descartes en est l’illustre représentant. Chez Leibniz, homme du Baroque, comme chez le Caravage, désormais, on ne peut plus totalement séparer la couleur du noir : la monade vit dans le clair-obscur.

Pour ma part, je relirai plutôt tout cela de manière non pas immanente mais transcendante : comment peut-il s’unifier par le bas ?

b’) Exposé

L’intuition de cet original ouvrage est que la philosophie de Leibniz est baroque, elle n’aurait pu voir le jour sans l’art baroque (dans sa totalité, art plastique mais aussi la musique, etc.). Et d’ailleurs, l’un comme l’autre sont un apport à toute la philosophie comme à l’art pour Deleuze, la poésie de Mallarmé (le roman de Proust, l’œuvre de Michaux), la musique de Boulez et la peinture de HantaÏ sont baroques (ou plutôt néobaroques), donc leibniziennes.

En un mot, Leibniz comme le baroque se définissent par le pli [30]. En effet, commence son ouvrage sur la question, « le Baroque ne renvoie pas à une essence, mais plutôt à une fonction opératoire , à un trait. Il ne cesse de faire des plis. […] il courbe et recourbe les plis, les pousse à l’infini [31] ». Or, dans la philosophie de Leibniz, tout se plie, se déplie et se replie.

Mais il faut préciser. Qui dit pli, dit deux versants. Quels sont-ils ? La matière et l’âme. En fait, le schéma est plus complexe : ces plis à l’infini qui caractérisent le baroque (et Leibniz) intéressent les deux registres qui sont deux « étages », comme ceux d’une maison : « les replis de la matière et les plis de l’âme [32]« . Tous deux sont pliés, marbrés et il existe un pli entre ces deux étages pliés. Tout l’art du baroque est de déployer ces étages et surtout de les faire communiquer d’une manière qui lui est propre : l’étage d’en bas qui est percé de fenêtres et l’étage d’en haut, aveugle et clos qui bénéficie de ces lumières d’en haut. Or, de même la philosophie de Leibniz : les monades sont sans portes ni fenêtres, car elles sont emplies de connaissance innées, mais elles ne sont pas purement et simplement intérieures à elles-mêmes, cela ne vaut que pour l’étage supérieur en quelque sorte ; en revanche, elles sont ouvertes dans leur étage inférieur, par les sensations que reçoit le corps. Et les oscillations, les vibrations de l’extrêmité inférieure se transmettent à l’étage supérieur qui permet aux idées innées de passer à l’acte le monde des sensations. Il y a donc une correspondance étroite, comme structurale entre le baroque et le monde leibnizien, jusque dans l’harmonie préétablie.

A noter que ce dualisme n’a que peu à voir avec Platon ou Plotin. En effet, la dialectique platonicienne et la tradition néoplatonicienne nous font monter de multiples marches d’escalier avant d’accéder au Bien et à l’Un et non pas seulement deux : « le monde en deux étages seulement, séparés par le pli qui se répercue des deux côtés suivant un régime différent, c’est l’apport baroque par excellence [33] ».

 

On peut une dernière fois préciser et complexifier. Le baroque se définit par six caractéristiques [34] :

  1. Le pli, on l’a vu, est le concept opératoire du Baroque. Celui-ci se demande comment porter un pli à l’infini et fait apparaître la Forme). Ce pli va s’expliciter dans les deux couples de concepts suivants :
  2. l’intérieur et l’extérieur : le pli passe entre la façade (le dehors) et la pièce close (intérieure) ;
  3. le haut et le bas : le pli se redouble entre les deux étages qui sont comme le corps et l’âme. A chaque fois, les deux versants du pli font partie d’un seul et même monde (puisque la monade est un raccourci d’univers). Et la conciliation entre ces plis fait appel à une harmonie sans nier la diversité totale des deux aspects, par exemple un intérieur totalement intérieur (tout en réceptivité : la façade qui sert justement pour la réception) et un extérieur totalement extérieur (tout en spontanéité : les chambres d’action). « Quel rapport nécessaire et direct y a-t-il entre l’intérieur de Sainte-Agnès et sa façade ? […] Bien loin de s’ajuster à la structure, la façade baroque tend n’exprimer qu’elle-même ». L’extérieur retombe sur lui, l’intérieur reste clos ou plutôt ouvre au « coffret où repose l’absolu [35] ».
  4. Le dépli est le versant plus méthodique du pli. Le dépli est l’opération qui laisse apparaître le pli, le manifeste. Il est le temps plus réflexif.
  5. La texture : de prime abord, la texture d’ordre plus matériel, donc passif et le pli d’ordre plus formel, structurel, voire actif. Mais, à y regarder de plus près, la texture se révèle aussi par le pli : en effet, c’est lorsqu’on étire que le matériau à la fois montre sa texture et passe à la limite ; or, l’opération d’étirement est une manière d’exprimer le pli. Dès lors, Deleuze tend à réduire la texture à des jeux de pliage : « La texture ainsi ne dépend pas de sparties elles-mêmes, mais des strates qui en déterminant la «cohésion» [36] ».
  6. Enfin, le paradigme, le modèle du pli. Ce choix d’un modèle passe par une matière. Or, il y a le choix entre deux matériaux : le papier ou le tissu. Or, l’Orient a opté pour le pli du papier et l’Occident pour celui du tissu.

Le reste de l’ouvrage monnayera cette intuition. Montrant que l’on trouve ces six caractéristiques dans la philosophie leibnizienne.

c’) Illustrations en divers arts

En architecture

Dans une église baroque, totu ce qui est à voir est au-dedans. La lumière ne pénètre que par des trompe l’œil, par des orifices si bien coudés qu’ils ne laissent rien voir du dehors. La lumière rasante vient d’ouvertures invisibles. Tout nous parle de la monade leibnizienne, cette sacristie qui est à elle-même son monde, dont toutes les actions sont internes, qui est un intérieur sans extérieur.

On l’a vu, l’architecture baroque se caractérise par la scission entre intérieur et extérieur ou façade : « C’est justement le contraste entre le langage exacerbé de la façade et la paix sereine de l’intérieur qui constitue un des effets les plus puissants que l’art baroque exerce sur nous [37] ».

Le baroque distingue aussi les deux étages, ce qui permet d’harmoniser la dualité dedans-dehors : l’étage d’en haut tend à devenir un pur intérieur, clos sur lui-même, alors que le monde d’en bas demeure encore ouvert mais tiré vers le bas par la pesanteur.

La peinture

On retrouve le même phénomène chez des peindres dits baroques aussi divers que Tintoret ou Greco. Chez le premier, par exemple dans le Jugement dernier, à l’étage inférieur, les corps et les âmes trébuchent, alors qu’à l’étage supérieur, les âmes sont comme aimantées par le haut. La fameuse toile L’enterrement du comte d’Orgaz est marqué par le pli baroque séparant le monde en deux par une ligne horizontale : en bas les corps se pressent les uns contre les autres, alors que l’âme monte vers le haut, attendu par de saintes monades, grâce à un mince repli. Et on voit toute la charge spirituelle de ces distinctions : Heureux-Damnés.

Ce qui est vrai des formes, de la structure, l’est aussi de la relation à la couleur et à la lumière. La distinction plus que l’opposition haut-bas devient une relation originale de la couleur et du noir. Avant, on préparait le tableau avec un fond de croie ou de plâtre. Désormais, le tableau baroque surgit d’un fond brun-rouge voire noir : les couleurs d’un Tintoret et d’un Caravage jaillissent d’un arrière-plan obscur.

L’urbanisme

Le sens de la fenêtre, le roman ou le gothique suppose la campagne, l’ouverture à un autre monde. Le baroque vit dans la ville [38].

En musique

Il faudrait reprendre le dernier chapitre. Je noterai seulement que la double structure du pli (les deux étages) se retrouve aussi dans la musique. En effet, dans la musique baroque, « la donnée la plus générale, c’est que l’harmonie verticale en accords se subordonne la mélodie horizontale, les lignes horizontales de la mélodie [39] ». Nous retrouvons donc ici la structure de l’architecture baroque.

3’) Remarque : la relation à la mathématique. Le débat avec Alain Badiou.

Ce débat comporte toute une composante biographique. En effet, Alain Badiou, le maoïste, estimait Deleuze pas assez engagé. Puis, il y eut la correspondance où il critique Deleuze ; or, Badiou avait demandé qu’elle soit publiée, ce que le premier avait refusé. Badiou en fait état dans son livre sur Deleuze, La clameur de l’être, soulignant les objections.

Au fait, en quoi réside le débat de fond ? N’est-il pas celui d’Aristote versus Platon ? En effet, pour Badiou, le nombre est l’essence du réel. Mis au goût du jour, l’ontologie régissant le monde est celle de la théorie des ensembles. Deleuze répond que les mathématiques disent bien quelque chose du réel (la preuve en est son usage par exemple de la topologie, du calcul différentiel, etc.) et ne se réduisent pas à leur seule fonction instrumentale, ainsi que le lui reproche Badiou. Toutefois, ajoute-t-il, elles ne constituent pas le tout du réel. En effet, le réel est multiple et le multiple ne se réduit pas au nombrable. C’est comme si Deleuze faisait appel à la distinction scolastique du nombre catégorial et du nombre transcendantal.

Autre différence, qui là encore peut être reconduite à l’opposition paradigmatique Platon-Aristote : Deleuze reproche à Badiou son manque de réalisme, son absence de considération pour le réel. En effet, pour Deleuze, comme pour Aristote, ce qui est premier, c’est l’être.

d) Philosophie du multiple

De ce primat diachronique constant accordé à la nouveauté, se déduit un primat synchronique de la pluralité ou du multiple. Deleuze veut penser la différence des opposés ou des contraires, sans en rien la reconduire à l’unité qui la précéderait :

 

« C’est généralement par l’identité que les opposés sont affirmés en même temps, soit qu’on approfondisse l’un des opposés pour y trouver l’autre, soit qu’on élève une synthèse des deux. Nous parlons au contraire d’une opération d’après laquelle deux choses ou deux déterminations sont affirmées par leur différence, c’est-à-dire ne sont objets d’affirmation simultanée que pour autant que leur différence est elle-même affirmée, elle-même affirmative. Il ne s’agit plus du tout d’une identité des contraires, comme telle inséparable encore d’un mouvement du négatif et de l’exclusion, il s’agit d’une distance positive des différents : non plus identifier deux contraires au même, mais affirmer leur distance comme ce qlui rapporte l’un à l’autre en tant que différents [40] ».

 

Disciple de Nietzsche, l’auteur de Différence et répétition estime qu’au commencement est le multiple. L’homme, par exemple, est un ensemble de pulsions partielles. Il le considère de même comme un ensemble de lignes convergentes qui conduisent à un point de fuite, un horizon. Deleuze parle aussi de l’homme comme d’un « arrangement », autrement dit une organisation de formes et de désirs.

Une telle conception ne rejoint-elle pas notre expérience ? Un deleuzien me dit que son premier amour s’identifie à un agencement de traits : le timbre de la voix, le grain de la peau, la couleur des cheveux, même s’il sait qu’elle est infiniment plus que cela.

D’où, ajoute-t-il, mon agacement pour la fixation levinassienne sur le visage : celui-ci n’est-il pas lui-même composé de multiples éléments qui attirent ou repoussent ?

Où l’on voit combien l’individu est un ensemble d’accidents.

e) Une philosophie de la différence et de la répétition

La différence n’est pas le transcendantal aliquid. En effet, celui-ci voit dans l’autre une réalité externe à l’être. Or, selon Deleuze, l’autre structure l’être de l’intérieur, il implique la présence d’un autre. En effet, l’être ne cesse de se faire, de se poser, de s’altérer et donc aussi de se défaire ; au fond, l’être ne cesse de devenir ; telle est l’intuition de l’éternel retour selon Nietzsche, l’identité de l’être et du devenir ; or, un tel processus d’autodifférenciation engendre de l’autre, de la différence au sein même de l’être. Dès lors, la différence est au cœur même, constitue l’essence même des choses. Deleuze donne l’exemple de l’éclair zèbrant la nuit : chacun sait que la nuit n’est pas la raison d’être ou le fond de l’éclair ; pourtant, il s’en différencie.

En regard, la répétition est tout sauf le retour du même. C’est au contraire l’apparition de la nouveauté. Or, le neuf apparaît grâce à l’autodifférenciation. Donc la répétition suppose la différence.

f) Une philosophie de la vibration

Voilà un nouveau concept central chez Deleuze. La matière, pour lui, est vibration. En négatif, cette vision s’oppose : à la matière compacte et close ; mais aussi à la matière comme pure béance, trou, manque, échappement sans figure. En positif, la vibration dit déjà une forme mais conjuguée à un débordement, une possibilité de créer du nouveau.

Proche de la vibration, on rencontre la théorie lucrécienne de l’atome, du clinamen, la saillance de René Thom et le calcul différentiel, la différentialité étant un phénomène continu où, à sa limite, sur la frontière, apparaissent de nouveaux êtres.

Ce concept sera développé dans des concepts subordonnés comme ceux de ligne de fuite, horizon, pli, etc.

2) Évaluation critique de Deleuze

a) En général

Il faudrait distinguer soigneusement différents niveaux :

– Les concepts véritablement nouveaux comme ceux de chaosmos, rhizome, etc.

– Les concepts anciens nouvellement visités : par exemple, le concept de « point en devenir très rapide » ou de « vitesse infinie créatrice de formes ».

– Les schèmes spatiaux, qui sont très nombreux. De fait, Deleuze parle souvent d’espace, de distance, d’entre deux, de territoire.

 

Dans un article intuitif, fulgurant, profond, Stanislas Breton pose un « diagnostic » sur la pensée deleuzienne et propose une issue.

Le diagnostic est l’aversion viscérale de Deleuze pour le préfixe pré- et, au-delà, pour toute espèce de prévisible. D’où le refus du principe et de la métaphysique. Car ils déflorent la nouveauté. Dans mes termes, Deleuze refuse toute puissance : et je crois en effet que la modernité vit d’un ressentiment, d’une aversion pour la puissance (la création et l’Ancienne Alliance) et non pas seulement pour l’origine.

En positif, en plein, Deleuze est habité par la surprise. C’est à l’école de Nietzsche que notre philosophe nourrit un tel présupposé.

 

« La surprise serait […] pour lui […] ‘l’être même de ce qui est’. C’est là, je crois, ce qu’il entend par ‘rencontre’. La rencontre-surprise est tout ce qui advient sans vous pré-venir, en vous survenant […] Le réel, c’est la surprise de l’absolument nouveau. L’absolument nouveau c’est ce qui se dispense, par principe dirait-on, de toute permission d’être, de tout pré quel qu’il soit, que nomme ‘le principe’ […] c’est au nom du réel comme nouveauté absolue et liberté d’apparaître que Deleuze refuse la métaphysique, parce que la métaphysique est et ne peut être que l’incompréhension naturelle de la nouveauté, c’est-à-dire de l’être et de la vie [41] ».

 

Le remède à cet affect anti-principe deleuzien est la redécouverte de l’acte-puissance et de la métaphysique. « le pré, indice du métaphysique, renvoie à tout ce qui est ou plutôt ce qui se dit principe, et qui, à titre de principe, ou commencement-origine, relève de la pré-existence, une pré-existence qui, de surcroît, est surexistence [42] ». A noter que ce qui pré-cède est aussi suréminent, transcendant. Ce qui dérange donc doublement Deleuze, philosophe de la surface, de la pure immanence.

Pour expliquer l’importance du principe, Breton propose quelques profondes réflexions que je me permets de prolonger.

Il part notamment du constat étonnant de l’irrépressible besoin qu’ont eu les chrétiens de se fonder sur ce qu’ils ont eux-mêmes appelés l’Ancien Testament. Pour donner toute sa portée à cette constatation il faut la coupler au fait suivant : le Christ est, dans l’histoire, l’irruption de la plus grande nouveauté. Or, le chrétien et le Christ en premier, ont toujours inscrit cette nouveauté dans la continuité d’une histoire, comme accomplissement d’une promesse, comme précédé d’une prophétie, d’une annonce. Donc, nous avons là comme le paradigme de toute compréhension de la nouveauté, y compris la plus inouïe, venant de l’initiative la plus libre de l’être le plus libre, Dieu. Pas de rupture à ce point novatrice, à ce point instauratrice qui ne soit préparée, convenante, dont on ne puisse dire qu’elle mérite d’être, qu’elle doive être.

Breton l’interprète de manière faible quoique suggestive : « ce qui mérite d’être devait être ». Il ajoute, de manière trop psychologique : « la nouveauté chrétienne faisait peur », donc « pour que le fardeau fût supportable, il fallut la médiation du long passé qui s’en chargerait [43] ».

Il fait appel à la passionnante relecture bergsonienne de la relation entre réel et possible. Le possible est ce qui pré-cède le réel nouveau. Comme si le réel avait besoin de dupliquer le réel en un possible antécédent. [44]

Breton fait aussi appel à une intéressante et audacieuse application des différents sens de l’expression « être-dans » proposée par Aristote à un cas non spatial mais historique et dire que le passé est comme le lieu ou l’être-dans du fait présent. Autrement dit, comme nous l’a appris l’écologie, de même que tout vivant est dans son milieu, son biotope, de même la nouveauté demande l’environnement, le biotope d’un pré. C’est bien sûr une métaphore, mais suggestive. Et Breton rajoute à juste titre, contre le mécanisme afinaliste de Darwin : « à condition d’ajouter que ce mécanisme a un sens, un sen squi se confond avec une orientation d’héliotrope, une téléologie et une téléonomie [45] ».

b) En particulier

Suite à notre développement sur le pli, proposons quelques observations. Il est incontestable que le pli présente des avantages, ne serait-ce que du point de vue symbolique. La philosophie de Sarte est dominée et même dévorée, à côté de l’image de la boursouflure, par celle du trou. Or, « aux trous se substituent les plis [46] ».

Comme le dit justement Breton, Deleuze est habité par une haine pour le pré et un amour démesuré, nietzschéen pour la surprise.

Ne pourrait-on élargir cette remarque plus temporelle à une remarque plus spatiale ? Deleuze aborre tout fondement, toute source, comme il déteste toute profondeur. Logique de la philosophie construit une philosophie de la surface et le pli en constitue la spécificité. Ce qui est encore nietzschéen [47].

Mais justement là est la question : pourquoi a-t-il besoin de plier la surface ? Or, on sait, mathématiquement, que la pliure s’opère dans la dimension supérieure ; et la troisième dimension est celle que déploie la profondeur. Deleuze ne peut s’empêcher de réintroduire le refoulé.

D’ailleurs, le pli qui fait la jonction entre Leibniz et le baroque a valeur de moyen terme et celui-ci doit bien se cacher pour laisser apparaître le jugement.

Je ne peux non plus être d’accord avec cette manière de tout réduire à la cause formelle. Il y a là je crois un jeu de l’imagination. D’ailleurs, Deleuze le dit lui-même : « la recherche d’un modèle du pli passe bien par l’élection d’une matière [48] ». Mais seulement à titre paradigmatique.

La répétition nie l’absolue différence et le primat du multiple auxquels rêve Deleuze. La profondeur résiste aux jeux de surface, la matière au pli et l’enracinement dans l’origine à la nouveauté constante.

Pascal Ide

[1] Pour une introduction, cf. Gilles Deleuze, Pourparlers 1972, 1990, Paris, Minuit, 1990 ; Gilles Deleuze, en collaboration avec Claire Parnet, Dialogues, coll. « Champs », Paris, Flammarion, 1996. Sur la variété des centres d’intérêt : Gilles Deleuze, Critique et clinique, coll. « Paradoxe », Paris, Minuit, 1993 ; L’île déserte et autres textes. Textes et entretiens 1953-1974, éd. David Lapoujade, coll. « Paradoxe », Paris, Minuit, 2002.

[2] Cf. Gilles Deleuze, Empirisme et subjectivité. Essai sur la nature humaine selon Hume, coll. « Épiméthée », Paris, p.u.f., 1953, 51993.

[3] Cf. Gilles Deleuze, Francis Bacon. Logique de la sensation, Paris, La Différence, 1981, 2 vol.

[4] Outre le livre cité plus haut, cf. Gilles Deleuze, En collaboration avec André Cresson, Hume, sa vie, son œuvre, avec un exposé de sa philosophie, Paris, p.u.f., 1952.

[5] Cf. Gilles Deleuze, Le Pli. Leibniz et le baroque, coll. « Critique », Paris, Minuit, 1988

[6] Cf. Gilles Deleuze, Spinoza et le problème de l’expression, coll. « Critique », Paris, Minuit, 1968 ; Spinoza, philosophie pratique, Paris, p.u.f., 1970.

[7] Cf. Gilles Deleuze, La philosophie critique de Kant. Doctrine des facultés, coll. « Le philosophe », Paris, p.u.f., 1963, 81994.

[8] Cf. Gilles Deleuze, Le bergsonisme, coll. « Sup. Le Philosophe », Paris, p.u.f., 1966, 51994.

[9] Cf. Gilles Deleuze, Foucault, coll. « Critique », Paris, Minuit, 1986

[10] Cf. Gilles Deleuze, Nietzsche et la philosophie, coll. « Bibliothèque de philosophie contemporaine », Paris, p.u.f., 1962, 81994. Cf. aussi Nietzsche par Gilles Deleuze, coll. « Philosophes », Paris, p.u.f., 1965, 91992.

[11] Cf. Gilles Deleuze, Différence et répétition, coll. « Epiméthée », Paris, p.u.f., 1968, 81996 ; Logique du sens, coll. « Critique », Paris, Minuit, 1969.

[12] Cf. Gilles Deleuze, Qu’est-ce que la philosophie ?, coll. « Critique », Paris, Minuit, 1991.

[13] Cf. Gilles Deleuze, Marcel Proust et les signes, Paris, p.u.f., 1964, coll. « Quadrige », 1996 ; Gilles Deleuze et Félix Guattari, Kafka. Pour une littérature mineure, coll. « Critique », Paris, Minuit, 1975.

[14] Cf. Gilles Deleuze, Cinéma 1, L’image mouvement, coll. « Critique », Paris, Minuit, 1983 ; Cinéma 2, L’image temps, coll. « Critique », Paris, Minuit, 1985.

[15] Cf. Monique David-Ménard, Deleuze et la psychanalyse, Paris, p.u.f., 2005.

[16] Cf. Gilles Deleuze, Présentation de Sacher, Masoch. Le Froid et le Cruel, coll. « Arguments », Paris, Minuit, 1967

[17] Cf. Gilles Deleuze et Félix Guattari, L’AntiŒdipe. Capitalisme et schizophrénie, coll. « Critique », Paris, Minuit, 1972 -1973 ; Mille Plateaux. Capitalisme et schizophrénie 2, coll. « Critique », Paris, Minuit, 1980.

[18] Cf. l’ouvrage cité plus haut de Gilles Deleuze, Critique et clinique.

[19] Cf. Gilles Deleuze, Périclès et Verdi, Paris, Paris, Minuit, 1988.

[20] Cf., par exemple, Axel Cherniavsky, « Création de concepts et méthode philosophique chez Gilles Deleuze », Revue philosophique de Louvain, 110 (2012), p. 325-352.

[21] Le Monde des Livres, vendredi 8 mars 2002, p. vi.

[22] Cf. François Dosse, Amitiés philosophiques, Paris, Odile Jacob, 2021, chap. 3. Sur l’amitié avec Guattari, cf. chap. 4 (qui résume Id., Gilles Deleuze et Félix Guattari. Biographie croisée, Paris, La Découverte, 2007).

[23] Qu’est-ce que la philosophie ?, Paris, Minuit, p. 11.

[24] Gilles Deleuze, L’île déserte et autres textes. Textes et entretiens 1953-1974, éd. David Lapoujade, coll. « Paradoxe », Paris, Minuit, 2002.

[25] Gilles Deleuze et Félix Guattari, Qu’est-ce que la Philosophie ? Paris, Minuit, 1991, p. 11.

[26] Dominique Lacout, Léo Ferré, Éditions Sévigny, 1991, p. 321-322. Souligné par moi.

[27] Cf. Gilles Deleuze, Nietzsche et la philosophie, Paris, PUF, 1962, p. 9.

[28] Gilles Deleuze, Le pli. Leibniz et le baroque, coll. « Critique », Paris, Minuit, 1988.

[29] Gilles Deleuze, Le pli, p. 111.

[30] Ce concept n’est pas une invention de Deleuze. On le sait, il a surtout été élaboré par Heidegger, notamment dans Moira, in Essais et conférences, Paris, Gallimard. Cf. André Scala, La genèse du pli chez Heidegger.

[31] Gilles Deleuze, Le pli, p. 5. Le titre même de l’ouvrage a la forme d’un pli qu’explicite le sous-titre.

[32] Ibid.

[33] Ibid., p. 41.

[34] Cf. Ibid., p. 48-54.

[35] Jean Rousset, La littérature de l’âge baroque en France, Paris, Corti, p. 168-171. Cf. du même, L’intérieur et l’extérieur.

[36]  Gilles Deleuze, Le pli, p. 52.

[37] Wölfflin, Renaissance et Baroque, Paris, Ed. Montfort.

[38] Sur l’importance de la ville dans l’art baroque, cf. Lewis Mumford, La cité à travers l’histoire, Paris, Seuil. Cf. aussi Severo Sarduy, Barroco, Paris, Seuil : « Le Caravage, la ville bourgeoise », p. 61-66.

[39] Gilles Deleuze, Le pli, p. 184.

[40] Gilles Deleuze, Logique du sens, p. 201-202.

[41] Stanislas Breton, « Approches de Deleuze », Théophilyon, 5 (juin 2000) n° 2, p. 437-449, ici p. 441.

[42] Ibid., p. 439. Souligné dans le texte.

[43] Ibid., p. 443.

[44] Cf. Henri Bergson, « Le réel et le possible », in La pensée et le mouvant, p. 99-116.

[45] Stanislas Breton, « Approches de Deleuze », p. 445.

[46] Ibid., p. 38. Et déjà Maurice Merleau-Ponty le notait dans Phénoménologie de la perception (cf. note 27, p. 37).

[47] Nietzsche ne dit-il pas que l’âme allemande est moins « profonde » que pleine de plis et de replis (Par-delà le bien et la mal, VIII, § 244) ?

[48] Ibid., p. 53.

28.10.2021
 

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