Fermezza e resistenza. La testimonianza di vita dei martiri (recension)

SCHOCKENHOFF E., Fermezza e resistenza. La testimonianza di vita dei martiri, trad. G. Poletti, coll. Gdt 401, Brescia, Queriniana, 2017. Parue dans la Nouvelle Revue Théologique (NRT) 140 (2018) n° 4, p. 692-693.    Enseignant à l’Univ. de Freiburg im Brisgau et rédacteur de nombreux ouvrages en théologie morale, l’A. aborde ici la question posée aujourd’hui par la théologie du martyre. En effet, la commission vaticane sur les «Nouveaux martyrs» a enregistré pas moins de 12 692 témoignages pour le XXe s. (cf. p. 7). Surtout, loin d’être uniformément favorables, les fidèles éprouvent une ambivalence pour ce sujet : les kamikazes djihadistes n’osent-ils pas s’auto proclamer martyrs? Le martyr ne serait il pas un utopiste? Ne révèle-t-il pas notre tiédeur? Ne valorise-t-il pas trop la mort? Notre récente histoire n’invite-t-elle pas plutôt à la modestie? (chap. 1).

Pour répondre à ces questions, l’A. interroge les débuts du christianisme où s’est formée la conception du martyre comme imitation du Christ et fécondité pour l’Eglise (chap. 2). Parcourant ensuite l’histoire subséquente de l’Eglise, il systématise sept fonctions éthiques du martyre (chap. 3) : certaines sont communes aux païens et aux chrétiens (la dépréciation de la douleur physique, celle de la mort, la sérénité, la conformité conviction-vie, le signe de la liberté suprême), d’autres propres aux chrétiens (l’amour parfait et la pratique héroïque de l’ascèse dans le martyre sans effusion de sang). Enfin, il analyse la nouvelle image du martyre aux XXe et XXIe s. Elle présente trois particularités (chap. 4) : la motivation (outre les martyrs par haine de la foi, se rencontrent les martyrs de la paix et de la justice), la décision (l’implication du conjoint) et la « forme» ecclésiale (rapprochant les chrétiens, le martyre atteste l’Una Sancta in vinculis). Ces faits inédits invitent à interroger un possible élargissement de la notion de martyre, quant à la finalité (martyre de l’amour du prochain, de la justice et de la paix) et quant à l’extension (à tous les chrétiens, aux croyants, voire aux non-croyants), tout en la limitant au martyre pour le seul «bien humain ordonné à Dieu» (p. 232).

Tout en saluant l’importance, la concrétude (des témoignages actuels émaillent le texte) et la grande clarté du propos, nous nous accordons le droit de donner du martyre une définition moins floue – celle de l’A. n’est pas sans accointance avec la théorie rahnérienne du «chrétien anonyme ››  et plus christologique, donc plus ecclésiologique  comme celle développée par Balthasar notamment dans Cordula (p. 210-212).

Pascal Ide

24.9.2021
 

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