PUTALLAZ F.-X., Le Mal, Paris, Cerf, 2017. Parue dans la Nouvelle Revue Théologique (NRT) 140 (2018) n° 3, p. 507-508. Prof. de philosophie à l’Univ. de Fribourg (Suisse), spécialiste de philosophie médiévale, mais aussi membre de la Commission nationale d’éthique et du Comité international de bioéthique de l’UNESCO, l’A. nous offre un ouvrage de réflexion sur le mal et la personne qui en souffre, à la fois bien pensé et réellement compatissant.
Ayant distingué trois pôles du mal, objectif, cognitif et subjectif (chap. 1), l’ouvrage n’en traite que le premier et le troisième. Du mal en son objectivité, il aborde la définition (chap. 2), l’être paradoxal (chap. 3) et la diversité analogique (chap. 4). Du mal en sa subjectivité, il considère le retentissement affectif, à savoir le malheur (chap. 5) et la réalisation effective, à savoir la production (chap. 6). Ces réflexions philosophiques s’ouvrent sur une brève méditation spirituelle portant sur la dernière demande du Notre Père.
Cet ouvrage tonique exprime, de la manière la plus simple et la plus pédagogique, la doctrine classique qui, depuis Platon à Charles Journet, a interprété le mal comme la privation d’un bien, arrivant à un sujet lui-même ontologiquement bon, et dont l’origine ne peut être reconduite qu’à la défaillance de la cause seconde et en rien à la Cause première.
L’une des plus heureuses surprises qui attend le lecteur est le va-et-vient entre questions actuelles et réponses pérennes, ainsi que la conjonction constante entre une réelle écoute de celui qui souffre et une approche qui ne recule pas devant les éclairages métaphysiques, révélant ainsi avec parrhaèsia que ceux-ci n’ont rien d’une lumière froide.
Le recenseur pourra, avec amitié, se demander si une approche plus dramatique du mal n’en honore pas d’autres harmoniques et si la prise en compte de la psychiatrie et de la psychologie n’aurait pas enrichi la critique, par ailleurs bienvenue, de la thèse arendtienne de la banalité du mal.
Pascal Ide