Les Rameaux, un itinéraire (dimanche des Rameaux et de la Passion Année A, dimanche 2 avril 2023)

Ce dimanche est le seul dimanche de l’année où nous entendons deux évangiles. Comme s’ils dessinaient un itinéraire : une entrée et une sortie. Et, entre les deux, un passage obligé. Arpentons ce chemin.

 

L’entrée. Comme les pèlerins qui montent à Jérusalem pour la Pâques, nous avons salué Jésus : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (Mt 21,9). Comme ces pèlerins enthousiastes, nous ne connaissons pas trop le contenu de l’acclamation messianique. Du moins, nous acclamons plus grand que nous. Et nous avons raison car seul Dieu est absolu. Nous plaçons si souvent au centre ce qui ne le doit pas. Ce peut être notre « moi ». Quand nous sommes constamment préoccupés de nous, quand nous nous vexons pour un rien et ne pardonnons toujours pas à quelqu’un qui nous a offensé. Ce peut être notre travail qui prend toute la place et nous fait négliger les autres et Dieu. Ou notre famille, nos enfants. Et à chaque fois, Dieu est expulsé de ce centre qui n’appartient pourtant qu’à Lui.

La sortie. C’est hors de Jérusalem que Jésus est crucifié, qu’il meurt et qu’il ressuscitera. Pour signifier qu’il a été rejeté comme un malfaiteur. Mais surtout que son salut, l’amour miséricordieux par lequel il me rachète n’est pas réservé aux seuls Juifs, mais est pour tous. Le salut, la vie, la joie, la paix, la fraternité et l’amour, cela, nous sommes tous d’accord. Mais le chemin de Jésus, c’est une autre histoire. Or, il n’y a pas de « oui » à l’amour, sans un « non » à nos égoïsmes, à ce qui est contraire. Il y a quatorze ans, le cher pape Benoît XVI prononçait ces mots sur la place Saint-Pierre : « Qui promet une vie sans ce don de soi-même toujours renouvelé, trompe les gens. Il n’existe pas de vie réussie sans sacrifice. Si je jette un regard rétrospectif sur ma vie personnelle, je dois dire que ce sont précisément les moments où j’ai dit ‘oui’ à un renoncement, qui ont été les moments importants et décisifs de ma vie [1] ».

Enfin, entre les deux, il y a le jardin des oliviers, à Gethsémani. Et la prière de Jésus. Elle se compose de deux demandes. Le premier est : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! » (Mt 26,39). Mettons-nous à nouveau à l’écoute du pape qui nous a récemment quitté : « En tant qu’être humain, Jésus aussi se sent poussé à demander que lui soit épargnée la terreur de la Passion. Nous aussi pouvons prier ainsi. Nous aussi, nous pouvons nous plaindre au Seigneur comme Job le fît, lui présenter toutes les demandes qui, face à l’injustice du monde et au trouble de notre propre moi, surgissent en nous. Devant Lui nous ne devons pas nous réfugier dans des phrases pieuses, dans un monde factice. Prier signifie toujours aussi lutter avec Dieu, et comme Jacob nous pouvons lui dire : ‘Je ne te lâcherai que si tu me bénis’ (Gn 32,27) ». Je pense à ce médecin me disant que la souffrance de ses patients le révoltaient parfois. Mes amis, transformons ces questions, voire ces révoltes en demandes.

Surtout n’oublions pas la seconde demande de Jésus : « Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux » (Ibid.). En définitive, l’essentiel n’est assurément pas le triomphe de mes pauvres volontés. La sagesse et la volonté Dieu sont toujours plus importants et plus vrais que mes pensées et que ma volonté.

 

De même que ce dimanche fait entendre deux évangiles, de même porte-t-il deux noms : dimanche des Rameaux et de la Passion. Entrons vaillamment dans cette Semaine Sainte pour sortir joyeusement ressuscités avec le Ressuscité !

Pascal Ide

[1] Benoît XVI, Célébration du dimanche des Rameaux. xxive Journée Mondiale de la Jeunesse, dimanche 5 avril 2009.

2.4.2023
 

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