La nature, maîtresse de petitesse. Les microbes présents dans l’organisme vivant (le microbiote) 3/3

3) Réinterprétation philosophique à la lumière de la métaphysique

a) Substance et relation. Une gradation en intériorisation dans l’échelle des créatures

L’étude au plus près du végétal, mais aussi de l’animal et de l’homme, atteste que la substance se constitue, se nourrit de multiples relations qui sont des interactions. Celles-ci sont beaucoup plus nombreuses et importantes qu’on ne le sait. Voilà pourquoi l’auteur, non sans l’excès que nous avons souligné,

La substance créée reçoit et se reçoit avant d’émettre et de donner. Or, les êtres qu’elle reçoit sont plus ou moins intériorisés, se graduent selon leur intériorisation. La connexion, même en cas d’endomycorhize, demeure extérieure ; or, l’association entre plantes et champignons est presque universelle. En revanche, par la connaissance, qui est propre à l’animal, l’autre devient intérieure au connaissant. Toutefois, en son origine, cette connaissance, chez l’homme, demeure encore extérieure, alors qu’elle est totalement intériorisée chez l’ange. Donc, la plante est à l’animal, ce que l’homme est à l’ange. Nouvelle preuve, s’il y avait besoin, de la supériorité ontologique de la substance séparée sur la substance composée qu’est l’homme.

b) La différence végétal-animal

Nous avons vu plus haut que la symbiose végétale diffère doublement de la symbiose animale : en extension et en intension (profondeur), et nous en avons vu la signification immédiate du point de vue scientifique de la cause seconde. Considérons-en maintenant la signification immédiat du point de vue sapientiel de la cause première.

1’) Exposé

La différence de situs (lieu orienté) organique du symbiote est riche de signification philosophique sur la différence entre végétal et animal. D’abord, la substance se caractérise par son autopossession, c’est-à-dire par ce signe qu’est la fermeture ; donc, plus ouverte, la substance du végétal est moins identitaire et moins unifiée que celle de l’animal. Ensuite, la substance est structurée à partir de la différence entre fond et apparition ; donc, plus pénétrée en profondeur par le symbiote, la substance du végétal est moins unifiée que celle de l’animal. Enfin, la substance matérielle est omniprésente, la quantité étant son premier accident ; donc, ayant un microbiote plus ubiquitaire, la substance du végétal est moins identitaire et moins unifiée que celle de l’animal. L’on doit conclure que l’animal est plus autonome que le végétal. C’est ce que confirment de nombreuses autres données : la présence de plusieurs génomes différents ; la survie alors que parfois 90 % d’un tronc est mort ; les capacités de régénération ; etc.

Une conséquence importante en est la réfutation de la thèse centrale de Selosse. Elle pèche par sa trop grande univocité. Certes, le vivant n’est jamais seul. Toutefois, cette solitude est étagée. Elle est plus grande chez l’animal que chez le végétal. Il faudrait donc coupler la loi d’interaction (de symbiose) d’une loi d’autonomie. Les deux croissent en proportion inverse.

Soulignons le point principal, évoqué ci-dessus. L’acte est perfection. Donc, plus un être est en acte, plus il est parfait. Or, le propre de l’acte est de se communiquer. Mais la maîtrise est une autocommunication interne (alors que la donation est une autocommunication interne) : c’est être la cause de ses propres actes. Or, l’animal autolimite le lieu de la symbiose : en surface et en profondeur. Donc, l’animal est plus parfait que le végétal.

Observons de manière plus générale que la science est le domaine de l’univocité : non seulement parce que le chercheur doit inventer des mots nouveaux pour désigner les réalités nouvelles qu’il découvre et que la rigueur terminologique exige que chaque mot employé n’ait qu’un seul sens, mais parce qu’il applique la même méthode à tout ce qu’il étudie et surtout parce qu’il porte son regard sur un échantillonnage très réduit du réel, sans gradation ontologique. Par exemple, jamais le discours scientifique ne traverse deux ordres de Pascal. Voilà pourquoi, bien qu’arpentant avec audace des domaines aussi différents que le végétal et l’animal, l’individuel et le collectif, Marc-André Selosse en demeure à une vision univociste, incapable de percevoir ce fait tellement significatif que la différence horizontale entre les symbioses végétales et animales correspond aussi à une hiérarchie verticale entre elles.

2’) Objection

On pourrait toutefois adresser à cette loi d’autonomie croissante une forte objection : la perfection d’un être ne relève pas seulement (ni, selon moi et contre Aristote) dans l’autonomie, mais dans l’ouverture, c’est-à-dire la capacité à se communiquer, plus, à entrer en communion avec l’autre. Donc, la hiérarchie des vivants doit être autant une hiérarchie en autonomie qu’en communication, de manière imagée : autant une hiérarchie en clôture qu’en ouverture.

Je répondrai que la substance supérieure est plus ouverte que la substance inférieure, mais que cette gradation concerne aussi les modalités de l’ouverture. Là encore, il faut corriger ou du moins préciser l’analyse traditionnelle qui considère surtout l’immatérialisation de cette ouverture par la connaissance, donc l’intériorisation qui concerne l’opération sans mouiller sur la substance – donc fait jouer une nouvelle fois le primat de la substance. Ne faudrait-il pas plutôt partir de la cause finale, plus que de la cause formelle (la substance) ? Plus l’ouverture est universelle, plus elle est parfaite. Or, le végétal n’est en communication qu’avec son environnement immédiat, par le biais du contact ; de plus, le transfert d’information se fait par transformation de la substance matérielle, donc se trouve limité à la substance. Inversement, chez l’animal, la communication opère par la médiation des sens ; or, l’ouverture sensorielle est plus grande et, pour la vue comme pour le son, fait l’économie de l’immédiateté du contact.

3’) Élargissement

L’objection selon laquelle les plantes sont douées d’une vie sensorielle est traitée dans une autre étude.

c) Une relecture critique-intégrative du darwinisme

Déjà, en développant systématiquement l’apport de la symbiose dans le monde bactériologique, la biologiste Lynn Margulis, citée ci-dessus, observait que le concept darwinien de compétition devait être doublé d’un autre concept, celui de coopération [1]. En effet, les différents organites cytoplasmiques médiateurs de l’énergie biologique, les mitochondries et les plastes, sont advenus par endosymbiose. De même, la vie n’est possible que par l’intégration de l’énergie. Or, celle-ci s’opère par deux mécanismes inverses et complémentaires : la photosynthèse, caractéristique des végétaux, qui transforme l’énergie du soleil en lipides et glucides ; la respiration, caractéristique des animaux, qui recycle l’énergie de ces biomolécules [2]. La coopération est donc à l’origine de tout ce qui s’est fait et se fait encore d’important dans la vie [3].

Les observations ici faites confirment et amplifient ce constat. Par exemple, Selosse consacre un chapitre au processus de l’entraide ou du mutualisme [4]. Toutefois, notre auteur se défend de nourrir le même antidarwinisme que Margulis. Pour cela, il distingue darwinisme et néodarwinisme. Or, si le premier (le darwinisme) refuse d’autres principes que le gradualisme, l’hérédité des seuls caractères acquis ou la compétition, le second (le néodarwinisme) est ouvert à d’autres « mécanismes » que ceux « envisagés par Darwin », comme un certain lamarckisme, des sauts évolutifs et la coopération [5]. Cette position étonne plus encore par son manque de lucidité que par sa frilosité [6].

d) L’antivégétalisme

Marc-André Selosse tire une conséquence inattendue et humoristique qui n’est pas dénuée de sens : nous ne pouvons « être purement végétaliens : nos microbes à nous ne nous fournissent pas assez de tels apports complétant les aliments végétaux [7] ».

J’ajouterai que, pour modérer cet argument antivégétalien (donc antivégan) qu’il y a une heureuse convergence entre le fait que la majorité des mammifères, donc des animaux supérieurs, soient herbivores et la douceur de leur alimentation, attestée par la Genèse. Comme si le dessein de la nature était de maximiser la douceur et de minimiser la combativité.

e) Le fantasme de la pureté

Les termes pur et impur sont aujourd’hui immédiatement connotés sexuellement : un acte impur s’identifie à un acte désordonné en matière de sexualité ; inversement, un acte pur est synonyme d’acte chaste. Ou bien ils évoquent les idéologies racistes, qui sont à la recherche d’une impossible race pure. Revenons à l’origine du terme, qui est matérielle : est pur ce qui est sans mélange et impur ce qui est mélangé. C’est ainsi que l’on parle de pureté de l’air, d’un corps chimique, d’un son.

Or, la présence du microbiote en tout vivant nous enseigne à quel point chaque organisme joint le même et l’autre. L’omniprésence des microbes invitent donc à récuser le fantasme d’une pureté exclusive et excluante. La pureté correspond à l’axénie, état d’un organisme qui vit privé de tout microbe. Il est d’ailleurs révélateur que, inexistant dans la nature, cet état n’est qu’artificiellement créé dans la nature.

f) L’importance de la protection

Comment comprendre la fonction de protection par laquelle le vivant lutte contre celui qui l’agresse ? En effet, Aristote classe les opérations du vivant de manière apparemment exhaustive en nutrition (dans laquelle il faut intégrer la circulation, la respiration, ainsi que l’excrétion), croissance (dans laquelle il faut intégrer la morphogenèse et la promotion de l’identité, du self) et reproduction. Or, la protection n’y prend pas place.

Faut-il alors l’interpréter comme l’équivalent de l’irascible, donc comme une des fonctions de l’affectivité sensible ? Mais qu’en est-il chez la plante ?

Faut-il alors l’interpréter comme une opération commune à tous les êtres, y compris non organiques, puisqu’elle concerne la défense même de l’intégrité de la substance ? Mais pourquoi des organes lui sont-ils dédiés ?

g) L’imitation

Le biomimétisme – nouvelle discipline en vogue [8] – aime dire que l’homme doit imiter (le grec mimésis se traduit « imitation ») la nature non pas seulement du point de vue technique (s’inspirer des trouvailles de la nature), mais du point de vue éthique. Par exemple, l’homme doit imiter sa durabilité ou gérer son entreprise comme une forêt de séquoias. Par cette loi d’aide des petits, la nature – qui prépare et préfigure l’homme – n’apprend-elle pas à l’homme la gratitude pour cette présence nécessaire des petits à ses côtés ?

4) Réinterprétation philosophique à la lumière de la métaphysique de l’amour-don

Toutes les notions métaphysiques que nous venons de passer en revue peuvent être relues à partir de l’être comme amour. Mais considérons les lois végétales qui sont directement informées par celui-ci.

a) Primat de l’émerveillement

Avant toute loi objective et rationnelle, une attitude subjective et affective y dispose : l’émerveillement. Or, Marc-André Selosse promeut avec force conviction cette attitude. Certes, dans les mots. C’est ainsi qu’il achève son ouvrage par un paragraphe qu’il inaugure ainsi : « Laissons finalement parler l’émerveillement tout simple [9] ». Mais plus encore dans une attitude. Tout l’ouvrage est bercé dans cette joie enfantine, cet esprit de découverte constamment enthousiaste, une vive conscience de l’inépuisable richesse de la nature et de la nouveauté du propos à l’école de cette profusion généreuse. Il y a plus. L’auteur évoque en passant ce qui suscite cet émerveillement : la beauté. Aussitôt après la phrase citée ci-dessus, il ajoute : « Comme le dit souvent un de mes amis, ‘la vie est belle’ », ce qu’il décline de plusieurs manières. De même que le beau précède le vrai et y prépare, de même l’émerveillement la curiosité (entendue comme inclination au verum).

b) La symbiose, premier degré de l’amitié

Au sens étroit, la symbiose est une entraide, c’est-à-dire une interaction avec des bénéfices réciproques. Le signe du caractère utilitaire de l’interaction en est que la plante ne se sert plus du champignon, et donc ne le sert plus (en biomolécules), quand le milieu devient assez riche pour qu’elle puisse s’en nourrir directement.

Or, Aristote distinguait trois espèces d’amitié : utile, agréable et vertueuse. Même si, aujourd’hui, l’usage du mot est aussi rétréci que son sens, ne peut-on pas la corréler la symbiose à l’amitié utile. Et Karol Wojtyla distingue deux normes régulant l’action humaine : utilitariste et personnaliste, correspondant grosso modo, la première aux amitiés utile et agréable, et la seconde à l’amitié vertueuse. Enfin, ces deux normes recouvrent la distinction plus classique du don intéressé et du don désintéressé (ou gratuit).

Certes, cette amitié est une amitié au sens analogique, voire une forme dégradée, qui substitue à la norme personnaliste la norme utilitariste. Toutefois, dans son réalisme, Aristote n’hésite pas à en faire tout de même une amitié, d’ailleurs intégrée dans l’amitié vertueuse. Ainsi, la nature ébauche quelque chose d’une première communion. Autrement dit, l’amorisation commence dès les microorganismes.

En outre, nous avons vu que certaines interactions semblent plus dégagées de l’utilitarisme immédiat. Tel est le cas de la communication de signaux d’alerte. Ici, nous serions alors en face d’un analogue de l’amitié vertueuse, de la norme personnaliste ou du don gratuit. C’est ainsi que Marc-André Selosse affirme que « les microbes remplissent de nombreuses fonctions gratuites [10] ».

b) L’innovation à la lumière du don

La symbiose vérifie cette grande loi de la vie et même de la nature selon laquelle « 1 + 1 > 2 » [11]. Nous avons donné une illustration de cette créativité en montrant comment la bactérie Rhizobium leguminosarum pouvait fixer l’azote présent dans l’atmosphère.

Or, cette loi n’est pas seulement une application de la méta-loi systémique énonçant que le tout est supérieur à la somme des parties. Elle dit plus. D’abord, elle souligne l’intime connexion entre les deux éléments se sommant. Le « + » est une connexion vivante qui se fonde sur le double mouvement de donation et de réception. Autrement dit, le premier opérateur doit être lu comme une communion. Ensuite, elle interprète aussi le deuxième signe mathématique à partir de la loi de communication : loin d’être juxtaposés, la somme et le résultat sont connectés selon la loi de fécondité. Faut-il le préciser ?, la réalisation par excellence de cette fécondité-créativité est la sexualité : la rencontre de deux vivants mâle et femelle ne produit pas seulement une communion, mais conduit à l’apparition d’un troisième, l’enfant qui est irréductible aux deux parents. « La sexualité est une machine à faire du différent », disait François Jacob.

c) La sponsalité

Allons plus loin et osons dire que l’interaction symbiotique exprime, au moins en certains cas singulièrement gratuits, quelque chose (analogiquement) de l’union sponsale. En effet, cette communion des deux partenaires composant le symbiote est une relation. Or, toute relation se fonde sur une action. Et, ici, cette action est de réception et de donation. Donc, la communion symbiotique est dative. Or, dans le vocabulaire de Wojtyla et, plus tard, de Jean-Paul II, sponsal est synonyme de datif ; autrement dit, l’adjectif possède un double sens, étroit, qui est équivalent à conjugal ou matrimonial et large qui est équivalent à donateur.

Mais l’on peut dire plus. Nous venons de voir que l’association entre deux vivants est productrice de créativité. Or, la sponsalité au sens étroit se dit de l’union féconde. Donc, la symbiose est aussi sponsale au deuxième sens.

L’on objectera que la communion en général et la communion sponsale en particulier est interpersonnelle et, analogiquement (chez le non-humain), interindividuelle. Or, surtout en cas d’endophyte, par exemple de endomycorhize, l’union est interne, le partenaire est interne à la cellule.

Je répondrai que, pour autant, le partenaire garde quelque chose de son individualité substantielle. De plus, de même que la loi de communication (autodonation) se vérifie à tous les niveaux, c’est-à-dire ad extra et ad intra, de même en est-il de la communion : interne, elle conduit à l’unité (unitas) ; externe, elle conduit à l’union (unio) qui n’est pas moindre que la première. Souvenons-nous que, selon Averroès, l’union du connaissant et du connu, qui sont le plus souvent des êtres substantiellement différents, est supérieure à l’unité de la matière et de la forme, qui pourtant compose un seul être substantiel.

d) L’harmonie

La logique de l’amour-don est une logique symphonique. Or, la symbiose peut être pensée en termes d’harmonie, voire de résonance. Ainsi que l’observe Marc-André Selosse, « la mycorhize fait donc entrer en résonance les capacités complémentaires des deux partenaires [12] ». Le biologiste spécialiste de la symbiose déjà cité Paul Buchner concluait un de ses livres majeurs sur l’endosymbiose des animaux avec les microorganismes végétaux : « La théorie de la ‘réaction de défense’ », selon laquelle le microbe est un vivant pathogène dont l’organisme doit se défendre et qu’il doit rejeter, « doit être revue face à ces adaptations harmonieuses [13] ».

e) Le pouvoir morphogénétique de l’assimilation

L’amour est transformant, et cela, doublement : à l’affirmation largement commentée du Pseudo-Denys selon laquelle l’aimant se transforme dans l’aimé, il faut joindre l’assertion symétrique selon laquelle l’aimé, en retour, se transforme dans l’aimant. Autrement dit, plus que n’importe quel acte, l’amour atteste la continuité (non sans rupture) entre l’accident et la substance, et notamment la rétroaction du premier sur la seconde. Or, nous avons vu que la symbiose est une forme inférieure, analogique d’amour et que les deux partenaires sont modifiés par la symbiose, modification qui touche l’être lui-même.

f) L’origine de l’endosymbiose comme attestation de l’origine

Jusqu’à maintenant, nous avons considéré l’endosymbiose comme rencontre de deux partenaires s’apportant des bénéfices mutuels. Considérons désormais le phénomène de l’endosymbiose comme tel, c’est-à-dire l’intériorisation d’un des partenaires jusqu’à sa disparition. Et d’abord, voyons le sens philosophique de l’origine du processus, avant d’envisager le processus.

1’) Rappel des faits

La différence de production des organites est riche d’enseignement philosophique. Nous avons vu que la plupart procède du simple au composé, des parties au tout, voire de la puissance à l’acte : la cellule a en elle les capacités pour produire ses composants comme un artisan ou un ingénieur, en les rassemblant. Mais il n’en est pas de même des plastes et des mitochondries : ici la cellule passe du simple au simple, du tout au tout, ou plutôt de la structure préexistante à une autre structure préexistante. Si l’on continue à filer la métaphore technique, ici, l’artisan ou l’ingénieur se contentent de prendre un moule déjà existant ou photocopier en 3D. Dans le premier cas, la cellule compose, dans le second, elle copie.

D’ailleurs, ce qui est vrai des organites l’est encore plus du vivant entier : il provient toujours d’un vivant antérieur. Et cette différence se vérifie aussi des biomolécules de manière tout aussi significative. Des quatre molécules élémentaires nécessaires à la constitution des organismes, glucides, lipides et protéines sont fabriqués au sein de la cellule, précisément du cytoplasme, à partir de leurs composants élémentaires, alors que les acides nucléiques, eux, sont fabriqués du tout au tout, par copie.

2’) Les multiples significations

Or, pour Platon, un individu nouveau apparaît par participation à l’Idée. De plus, tout avènement inédit procède du patent au latent, autrement dit procède par préformation. En revanche, pour le biologiste Aristote, la nouveauté émerge de la matière, provient d’une réduction de la potentialité à l’acte. Autrement dit, elle procède par épigenèse. Pour le détail, nous renvoyons à la philosophie de la nature et à la métaphysique. Donc, pour être éclairés dans leur logique ultime, ces deux modes de production des organites intracellulaires renvoient à rien moins qu’à la différence fondamentale que celle de l’interprétation platonicienne et aristotélicienne de la nouveauté.

Mais il se dit ici une autre signification. Dans le processus platonicien de préformation, la nouveauté est minimale, quasi-absente, alors qu’elle est maximale dans le le processus aristotélicien d’épigenèse. Or, plus une réalité est parfaite, plus elle est difficile à produire. Voilà pourquoi la reproduction, qui est parfaite (sa finalité est le bien universel et éternel, donc divin, de la conservation de l’espèce) procède à partir d’un modèle préexistant, alors que la nutrition, qui est plus imparfaite (sa finalité n’est que le bien singulier de la conservation de l’individu), réduit la substance de l’aliment à ses éléments et les recompose dans la substance de l’organisme assimilant. Il est donc ainsi signifié que les organites que sont les plastes et les mitochondries sont plus parfaits que les autres organites. Pourquoi ?

La raison ne tient pas à une différence de complexité (et donc de durée) dans le processus de fabrication : plus simple pour les autres organites et plus élaboré pour les chloroplastes et les mitochondries. Si l’on prend l’exemple des biomolécules, la structure d’une protéine est plus variée, plus complexe que celle de l’ADN ; de fait, une protéine est constituée à partir de 20 briques élémentaires différentes, les acides aminés, alors que les deux acides nucléiques à partir de 4, les base puriques ou pyrimidiques. Autrement dit, on pourrait imaginer que la cellule agence sa molécule d’acide nucléique à partir des bases présentes dans le cytoplasme. Si la nature en décide autrement, c’est pour d’autres raisons.

Une première raison tient peut-être à leur finalité : tous deux, plastes et mitochondries, ont une destination énergétique (versus une finalité structurale). Or, l’énergie procède toujours ultimement du soleil, donc fait mémoire de l’origine totale de toute la matière, organique et inorganique. De plus, l’énergie est l’intériorisation dans la substance du don originaire. Sans rentrer dans toute la cosmologie du don, tout être naturel provient d’un don premier qui se présente sous la forme d’un flux énergétique. Or, loin de passer toute entière dans la stabilisation autopossédée de la substance, l’énergie demeure, comme une ressource, ce que Schelling appellerait un « pouvoir sous », comme une potentialité totalement disponible, autrement dit, une puissance active.

Cette première raison ouvre à la deuxième raison, plus décisive, qui tient au contraire à l’origine. Ces organites conservent la mémoire de leur origine. Comment ne pas être frappé que la production par copie caractérise aussi la biomolécule porteuse de l’information nécessaire à la vie ? Or, la différence entre la fabrication par composition et la fabrication par copie est que la part d’intervention et d’innovation est beaucoup plus grande dans le premier cas que dans le second ; nous revenons toujours aux deux processus d’innovation, minimal et maximal. Or, passé et présent jouent en opposition : les deux extases du temps sont la projection ontochronique des causalités en concurrence versus les causalités en concours. Donc, en accordant beaucoup plus à la causalité de l’origine, c’est-à-dire au passé, qu’à l’intervention actuelle, c’est-à-dire au présent, la production par copie souligne ainsi beaucoup plus que la production par composition que le vivant ne s’autoproduit pas mais se reçoit. Autrement dit, la perpétuation du processus reproductif signale l’endosymbiose originaire. Elle est comme une trace actualisée, un vestige de l’héritage passé. La loi ontochronique peut encore être invoquée : de même que le passé demeure dans le présent, comme l’événement fondateur constamment rappelé, de même le latent plié demeure présent dans le patent déplié.

g) De la forme suprême du don qu’est le sacrifice

Le phénomène de l’endosymbiose demande enfin à être considéré comme processus.

Non seulement les microorganismes se mettent au service des grands organismes (non sans d’ailleurs un retour fort intéressé), mais ils acceptent, dans le cas de l’endosymbiose, de disparaître, en étant intégré dans l’organisme-hôte. Nous avons d’ailleurs vu que cette intégration était double : l’intégration phénotypique de la bactérie devenant simple organite étant radicalisée par la relocalisation des gènes au génome central. Or, tout dit la donation : la perte progressive d’une grande partie du génome de la bactérie ; la tranmission de celui-ci ; la transformation de la bactérie en organite ; la totale mise au service de l’organisme qui héberge. Autant la symbiose (par exemple dans les ectomycorhize) est une première analogie de l’amitié utile, autant l’endosymbiose va aussitôt à l’extrême de l’amitié vertueuse qu’est la sponsalité sacrificielle.

Peu importe ici l’interprétation qu’en donne Selosse qui est presque incapable de reconnaître la différence entre symbiose et endosymbiose – je veux dire une différence non pas empirique (la distinction des deux faits est évidente), mais ontologique (le statut même de l’intériorisation et de l’asymétrie).

Une objection pourrait toutefois être opposée à cette immolation. Nous avons vu que le plaste et la mitochondrie ne s’effaçaient pas : non seulement, parce qu’ils demeurent dans leur structure et un certain nombre de propriétés, mais plus encore parce qu’ils possèdent un mode de production, par copie, qui est le propre du vivant autonome.

Nous répondrons en distinguant l’incorporation et l’assimilation. Dans l’assimilation, tout l’organisme assimilé passe dans la substance de l’organisme assimilateur. Dès lors, plus rien de l’origine ne demeure. C’est ce qui se passe dans le processus de nutrition. Mais, dans l’endosymbiose, il demeure quelque chose de l’origine, de l’être et de l’agir. Or, il s’agit des trois moments du don. Et nous le nommons à partir du centre qu’est la constitution du corps, donc par l’incorporation. Cette trace organique de l’origine, que nous décrivons ici pour la première fois, mérite une attention particulière. Elle est à rapprocher de la loi d’inversion de l’assimilation nutritive, autant que du quatrième temps de la dynamique systémique du don.

h) La place du petit dans la nature

1’) Preuve dans la nature

« On a souvent besoin d’un plus petit que soi ». Cette morale de deux fables de La Fontaine [14], qui est d’abord une vérité évangélique, est attestée par la nature.

D’abord plusieurs faits quantitatifs : non seulement les petits vivants sont individuellement beaucoup plus nombreux que les grands vivants au point que la biomasse des bactéries ou des vers soit supérieure à celle des autres vivants, mais le nombre d’espèces des plus petits est lui aussi bien supérieur à celui des plus grands. Déjà, les insectes constituent trois quarts des espèces animales connues. C’est ce qui faisait dire au généticien des populations John Haldane : « Si Dieu existe, il a un penchant excessif pour les Coléoptères » (qui représentent 350 000 espèces sur le million d’espèces d’insectes décrites, sans parler des 80 millions encore inconnues). Or, les bactéries sont encore beaucoup plus abondantes : « il en existe sans doute 10 fois plus d’espèces que chez les insectes [15] ! »

Ensuite, considérons la loi elle-même en son contenu qualitatif. Cette loi paradoxale est universelle : presque tous les vivants sont aidés par d’autres vivants plus petits. De plus, elle n’est pas seulement intersubstantielle, mais intrasubstantielle. Elle se vérifie au sein d’un même vivant. En voici un exemple

Une partie du parc de Yellowstone est constellé de fumerolles. Or, un sol volcanique sujet à de fortes chaleurs est peu accueillant à la flore. Pourtant, une graminée, Dichantelium lanuginosum, a pu coloniser ce lieu passablement désertique et inhospitalier. Comment l’expliquer ? Une nouvelle fois, l’explication est liée à la symbiose avec un endophyte provenant de l’environnement. En effet, la graminée s’est associée avec un champignon, le Curvularia. Or, sans endophyte, la plante meurt à des températures supérieures à 45 °C ; mais, endophytée, elle supporte un stress thermique de 65 °C. Le plus étonnant est que, seul, par exemple en laboratoire, le champignon lui-même ne résiste pas à des chaleurs dépassant 40 °C. Les deux vivants se protègent donc mutuellement des excès de température. D’ailleurs, confirmation a été apportée par des tomates endophytées par le Curvularia et supportant un bref coup de chaud d’un sol de plus de 100 °C ! Or, le champignon doit sa capacité thermofuge à la présence d’un virus présent dans ses propres cellules : si l’on élimine le virus du champignon, il ne supporte plus les coups de chaud. Donc, la loi selon laquelle « des petits protègent les grands » est une loi fractale qui « se répète à toutes les échelles [16] ».

2’) Élargissements

Comment ne pas être frappé de constater que cette loi se vérifie à tous les étages du réel, selon une loi de gradation scalaire, analogique ? Parcourons les trois ordres de Pascal. Nous venons de voir l’ordre des corps, précisément celui des vivants. L’importance du petit se rencontre déjà chez les êtres inertes.

La petitesse est nécessaire à l’avènement de la pleine humanité : pas seulement au sens où tout homme commence par l’enfance qui demeure inscrite de manière indélébile dans sa mémoire, joyeuse et douloureuse, mais dans le sens beaucoup plus profond où l’esprit de petitesse est aussi un idéal de simplicité à toujours viser. Du point de vue non plus individuel, mais collectif, le petit ou le vulnérable ne cesse d’apprendre à l’homme menacé par la domination (qui substitue le prendre au donner et au recevoir) combien il est appelé à se recevoir pour donner.

Faut-il montrer combien la Révélation a montré la centralité de la petitesse ? Mais la plus grande nouveauté ne provient pas de cette apologie du petit, mais de son intime corrélation à la grandeur – ce qui est la seule manière de s’affronter à la puissance objection de Nietzsche selon laquelle l’apologie du petit n’est qu’un ressentiment contre le grand ; autrement dit, selon le philosophe à coups de marteaux, c’est parce qu’on ne peut devenir grand que l’on veut demeurer petit. C’est le judéochristianisme qui a donné une place singulière, plus, première, au petit. Elle est vécue ponctuellement dans l’Ancien Testament ; elle est vécue systématiquement et pensée avec le Christ. Non seulement Jésus demande à ses disciples d’être comme les enfants (Lc 19), mais lui-même se présente comme l’enfant, le petit du Père.

Enfin, d’un point de vue métaphysique, ne faudrait-il pas doubler l’affirmation platonicienne selon laquelle « les commencements sont grands » de son opposé : « les commencements sont petits » ? Cela est vrai du point de vue quantitatif : tout le vivant est contenu dans l’ADN lui-même replié, c’est-à-dire humblement retiré de son expression triomphante qu’est le phénotype. Cela est aussi vrai du point de vue de la modalité : les commencements sont extrêmement contingents, au point d’être injustement méprisés.

3’) Confirmations

N’y aurait-il pas un parallèle entre la place que les éthiques du care accordent à la vulnérabilité (d’ailleurs pas seulement humaine, mais aussi environnementale) et celle que l’écologie doit donner au plus petit ?

Cette loi ne rejoint-elle pas le principe de minorité qui est au cœur de la spiritualité franciscaine et que développe saint Bonaventure [17] ? Précisément, le néologisme « minorité » (dans le sens ici employé) provient non pas du frère mineur saint François, mais de saint Bonaventure : « Saint Bonaventure qui présente l’humble François comme l’homme de la minorité [minorità] fut le première à employer le terme de minorité [18] ». Il semble que minorité traduise l’humilité, mais non sans l’ouvrir dynamiquement à toute une anthropologie qui passe par la trans-formation, donc la ressemblance, et s’achève dans la douceur de la charité. C’est ainsi que le Docteur séraphique rapporte les deux qualités du Cœur de Jésus à la réception (humilité) et à la donation (charité), non sans montrer qu’elles convergent dans cette icône (ressemblance) de Jésus par excellence qu’est le Poverello et son disciple :

 

« L’homme est doux par le sentiment de fraternité ; il est humble par le sentiment de petitesse ou de minorité. Donc être doux, c’est se faire le frère de tous ; être humble, c’est être plus petit que tous. Et donc être doux et humble de cœur, c’est être un vrai frère mineur [19] ».

 

Si l’on développait ce riche principe de minorité, il faudrait montrer qu’il traduit la relation de dépendance à l’origine. Mais de plus, Dieu est présent dans les plus petites choses. « L’humilité de Dieu est si grande que la raison défaille [20] ». Ainsi, la minorité conduit à configurer la personne à Jésus, et fait donc jouer un principe de ressemblance.

4’) Détermination causale à la lumière de l’amour-don

Quoi qu’il en soit, cette loi fondamentale me semble s’expliquer à la lumière du don : comme attestation de l’humilité réceptrice ; comme condition pour conjurer le risque de don-domination.

La corrélation-intégration de la petitesse et de la grandeur devra s’expliciter en différentes lois : toute grandeur commence dans la petitesse ; la grandeur intègre, sans en rien l’exclure, la petitesse ; le devenir de la grandeur inclut toujours un moment dramatique de crise qui est le passage par la petitesse ; la petitesse est l’état nécessaire pour être reçu comme pour donner ; etc.

5) Conclusion

La théorie des midichloriens a inspiré les créateurs de la troisième trilogie Star Wars (à moins qu’elle ne soit déjà présente dans les deux premières ?). En effet, le maître Jedi Qui-Gon Jinn affirme : « Les midichloriens sont des formes de vie macroscopiques qui résident dans toutes les cellules vivantes et communiquent avec la Force. Nous vivons en symbiose avec les midichloriens [21] ». L’on sait dans quel référentiel moniste baigne cette dernière trilogie – à l’instar d’ailleurs de l’ontologie suggérée par notre auteur, qui va jusqu’à faire allusion au bouddhisme.

Notre herméneutique a cherché à montrer que, tout au contraire, une vision sapientielle adéquate et non pas réactive, qui intègre la part de vérité présente dans les théories plus individualistes et plus systémiques, gagnait beaucoup à s’inspirer d’une cosmologie de l’amour-don, qui elle-même s’arrime, comme à sa stella rectrix (non comme à son fondement), à la Révélation biblique. Seule une telle vision de la nature est à même de s’émerveiller de la symbiose et de l’endosymbiose sans pour autant sacrifier la substance à la relation et l’organisme au système, abandonner la hiérarchie entre les vivants, notamment entre les microorganismes, les végétaux et les animaux, voire faire des grands organismes les vassaux (les marionnettes) des bactéries.

6) Bibliographie

Sur ce sujet, la bibliographie est considérable. On peut la compléter par celle donnée dans l’article du site intitulé : « Le microbiote humain. De l’interprétation polémique à l’interprétation systémique ». Retenons quelques ouvrages récents principalement en français :

a) En général

1’) Histoire

– Olivier Perru, De la société à la symbiose. Une histoire des découvertes sur les associations chez les êtres vivants. Vol. 1. 1860-1930, Paris, Vrin, 2003 ; Vol. 2. 1920-1970, Paris, Vrin, 2007.

– Jan Sapp, Evolution by Association. A History of Symbiosis, Oxford, Oxford University Press, 1994.

2’) Doctrine

– Éric Bapteste, Conflits intérieurs. Fable scientifique, Éd. Matériologiques, 2015.

– John Herrick, Les bactéries sont-elles nos ennemies ?, coll. « Les Petites Pommes du Savoir » n° 44, Paris, Le Pommier, 2004.

– Lynn Margulis, Symbiotic Planet. A New Look at Evolution, New York, Basic Books, 2000. Sur la symbiogenèse.

– Lynn Margulis et Dorion Sagan, L’univers bactériel. Les nouveaux rapports de l’homme et de la nature, trad. Gérard Blanc, Anne de Beer (préf.), coll. « Sciences d’aujourd’hui », Paris, Albin Michel, 1989 ; coll. « Points Sciences », Paris, Seuil, 2002.

– John Maynard-Smith et Eörs Szathmary, Les origines de la vie. De la naissance de la vie à l’origine du langage, trad. et adapt. Nicolas Chevassus-au-Louis, Paris, Dunod, 2000.

– Marc-André Selosse, La symbiose. Structures et fonctions, rôle écologique et évolutif, Paris, Vuibert, 2000 ; Jamais seul. Ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations, Paris, Actes Sud, 2017.

– Maxime Schwartz et François Rodhain, Des microbes ou des hommes, qui va l’emporter ?, Paris, Odile Jacob, 2007

– Astrid Vabert, Hommes et virus, une relation durable ?, coll. « Les Petites Pommes du Savoir » n° 107, Paris, Le Pommier, 2008.

b) Chez le végétal

– Bernard Boullard, Guerre et paix dans le règne végétal, Paris, Ellipses, 1990.

– Émile Duhoux et Michel Nicole, Associations et interactions chez les plantes, Paris, Dunod, 2004.

– Jean Garbaye, La symbiose mycorhizienne. Une association entre les plantes et les champignons, Versailles Quae, 2013.

– Lydie Suty, Les végétaux. Des symbioses pour mieux vivre, Versailles, Quae, 2015.

– Naveen Kumar Arora, Plant Microbe Symbiosis. Fundamentals and Advances, Berlin, Springer Science & Business Media, 2013.

c) Chez l’animal

– William H. Karasov et Carlos M. del Rio, Physiological Ecology. How Animals Process Energy, Nutrients, and Toxins, Princeton, Princeton University Press, 2007.

– Ed Yong, I Contain Multitudes. The Microbes Within Us and a Grander View of Life, New York, Random House, 2016.

d) Chez l’homme

1’) Ouvrages introductifs

– Gérard Corthier (éd.), Bonnes bactéries et bonne santé, Versailles, Quæ, 2011.

– Patrice Debré, L’homme microbiotique, Paris, Odile Jacob, 2015.

– Gérard Fonty et Frédérique Chaucheyras-Durand, Les écosystèmes digestifs, Paris, Lavoisier, 2007.

– Jean-Claude Rambaut et al., Flore microbienne intestinale. Physiologie et pathologies digestives, Paris, John Libbey Eurotext, 2004.

2’) Ouvrages de fond

– Lansing M. Prescott et al., Microbiologie, trad. Jacques Coyette, Jean Dusart, Bruxelles, De Boeck, 2010 (1216 pages !).

– Michael MadiGan et John Martinko, Biologie des microorganismes, trad. dirigée par Daniel Prieu, Paris, Perason Education, 2007. Ce classique américain de 1 047 pages est enfin traduit par une équipe de l’université de Bretagne occidentale. Seul manque un glossaire.

Pascal Ide

[1] Cf. Lynn Margulis et Dorion Sagan, L’univers bactériel. Les nouveaux rapports de l’homme et de la nature, trad. Gérard Blanc, Anne de Beer (préf.), coll. « Sciences d’aujourd’hui », Paris, Albin Michel, 1989 ; coll. « Points Sciences », Paris, Seuil, 2002.

[2] Le terme respiration présente deux définitions. La première, courante et physiologique, qui est l’inspiration de l’air (plus ou moins le mouvement opposé qu’est l’expiration). La seconde, technique et biochimique, qui est l’utilisation de l’oxygène pour oxyder les glucides et ainsi libérer de l’énergie pour les cellules.

[3] Un signe en est la longue durée. Un observateur ne peut s’empêcher de s’étonner de ce qu’il ait fallu plus de 2 milliards d’années pour passer de la cellule procaryote (sans noyau différencié) à la cellule eucaryote (à noyau individué). Or, loin d’être inactive, la nature a eu besoin de ce long temps pour procéder à ces multiples intégrations.

[4] Cf. Marc-André Selosse, Jamais seul, chap. 10.

[5] Sur les deux premiers points qui violent la « vision purement et classiquement darwinienne », cf. Ibid., p. 320-321. Sur le troisième, cf., notamment, p. 221.

[6] Nous nous permettons de renvoyer à l’autre article du site : « Concupiscible et irascible dans la nature. Un enrichissement du darwinisme ? »

[7] Marc-André Selosse, Jamais seul, p. 105.

[8] Cf. l’ouvrage de la fondatrice : Janine M. Benyus, Biomimicry : innovation inspired by nature : Biomimétisme. Quand la nature inspire des innovations durables, trad. Céline Sefraoui, coll. « Initial(e)s DD », Paris, Rue de l’échiquier, 2011. Cf. aussi Gauthier Chapelle, avec la part. de Michèle Decoust, Le vivant comme modèle. La voie du biomimétisme, Paris, Albin Michel, 2015.

[9] Marc-André Selosse, Jamais seul, p. 333.

[10] Ibid., p. 65. Souligné dans le texte.

[11] Tel est le titre du chap. 3 : « 1 + 1 > 2 : de la symbiose comme moteur d’innovation ».

[12] Ibid., p. 35. Souligné dans le texte.

[13] Paul Ernst Christof Buchner, Endosymbiose der Tiere mit pflanzlichen Mikroorganismen, Basel und Stuttgart, 1953, « Conclusion ».

[14] Jean de La Fontaine, « Le lion et le rat », « La colombe et la fourmi », Fables, L. II, 11 et 12.

[15] Marc-André Selosse, Jamais seul, p. 147.

[16] Ibid., p. 66.

[17] Cf. Laure Solignac, La voie de la ressemblance. Itinéraire dans la pensée de saint Bonaventure, Paris, Hermann, 2015.

[18] Fanstino Ossanna, « La minorità proposta da San Francesco ai suoi frati », Miscellanea Francescana, 93 (1993) n° 1-2, p. 74.

[19] Saint Bonaventure, Sermon V sur saint François d’Assise, Conférence du soir, 14 (IX, 594), Sermons de Diversis II, éd. Jacques-Guy Bougerol, Paris, Éd. Franciscaines, 1993, n° 59, p. 802.

[20] Saint Bonaventure, Collationes in Hexaëmeron, VIII, 5, Quaracchi, V, p. 370.

[21] Cité par Marc-André Selosse, Jamais seul, p. 207.

15.9.2019
 

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