Unité de l’univers et unité de l’Eglise. Une lecture de la Summa contra gentiles (recension)

CAZANAVE E., Unité de l’univers et unité de l’Eglise. Une lecture de la Summa contra gentiles, préf. S.-T. Bonino o.p., coll. ICThèses, Paris, Parole et Silence, 2017. Parue dans la Nouvelle Revue Théologique (NRT) 140 (2018) n° 1, p. 160.

Cet ouvrage qui fut d’abord une thèse soutenue à la Fac. de théol. de l’Angelicum à Rome, cherche à démontrer que l’ecclésiologie, absente, au titre de traité (De Ecclesia), de l’œuvre de Thomas en général et de la Somme contre les Gentils (SCG) très singulièrement, l’est au titre du contenu, plus encore comme visée constante, voire informante. Cette thèse historique n’est pas sans retombée doctrinale : s’inscrivant dans le sillage de la grande thèse de F. Daguet, Théologie du dessein de Dieu chez Thomas d’Aquin (Vrin, 2003), qui lui-même suivait une suggestion de M. Seckler, elle fait de l’Eglise l’union de la créature rationnelle avec et en Dieu. Plus précisément, l’Église accomplit surnaturellement le processus d’unification en œuvre dans le reditus naturel de l’univers en Dieu. Cette affirmation dicte le plan original de ce travail. Evitant heureusement une plate relecture des quatre livres de la SCG et suivant l’indication implicite des proèmes de ces livres, l’ouvrage se découpe en quatre parties qui se dédoublent, selon la perspective philosophique (SCG, L. I-III) et théologique (SCG, L. IV) : Dieu en lui-même (chap. 1 et 2), Dieu comme origine des créatures (chap. 5-4), Dieu comme finalité des créatures, cette finalité étant visée par le chemin (chap. 5-6) pour être possédée au terme (chap. 7-8).

Certes, on regrettera l’option pour la trad. très approximative des éd. Lethielleux reprise par le Cerf (contre celle, plus rigoureuse, des éd. Flammarion, ou mieux, une trad. personnelle plus littérale), un certain nombre de propos hâtivement anti-modernes (p. ex., p. 322), sans que cette catégorie soit jamais définie avec précision ou une absence de confrontation avec d’autres ecclésiologies (p. ex. faisant de l’Église, et de Marie, première Eglise, l’Epouse du Christ). Mais soulignons avant tout que, régulièrement ponctué avec pédagogie par des conclusions récapitulatives, soulevé par un enthousiasme communicatif et doué d’une réelle hauteur de vision, l’ouvrage de l’A., maître de conférences à la Fac. de théol. de l’Inst. cath. de Toulouse, établit avec brio sa lectio difficilior et nous introduit dans une contemplation sapientielle très actuelle de l’Eglise.

Pascal Ide

24.7.2021
 

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