Comment ne pas se réjouir des multiples initiatives de messe en direct que les fidèles peuvent suivre ? D’ailleurs, à ce sujet, je vous renvoie à l’heureuse idée de jeunes catholiques de regrouper ces propositions sur un site : https://chretiens-en-confinement.org/messes-catholiques-en-direct/ – site qui contient aussi beaucoup d’autres propositions : https://chretiens-en-confinement.org.
Toutefois, osons-le dire, ces moments de célébration en commun ne riment pas toujours avec moments de consolation : entre les enfants qui se roulent par terre, se bagarrent, rigolent à contretemps, et ceux qui, n’arrivant pas à fixer leur attention face au manque de réalisme en « présentiel », comme on aime dire aujourd’hui, demeurent en retrait et n’écoutent pas.
Mais le problème ne concerne pas seulement nos chères têtes blondes ! Il touche aussi un certain nombre d’adultes ; et d’autant plus que, étant seuls, ils se sentent immunisés contre la pression sociale née du regard d’autrui. Vous êtes, par exemple, tentés de prendre la messe en cours de route, la quitter avant la fin, feuilleter votre Magnificat ou votre Prions en Église pendant cette homélie interminable, faire des commentaires ironiques sur la voix grelottante de l’animatrice des chants, etc. C’est étonnant comme, soudain, ce besoin de regarder vos mails devient pressant !
En fait, ces tentations sont si bien connues que les Pères du désert leur ont donné un nom : acédie ! Cette tristesse spirituelle, qui est une forme cachée de désespérance, rend l’exercice spirituel ennuyeux jusqu’à le rendre insupportable ! Le Catéchisme de l’Église catholique parle de « relâchement de l’ascèse » de « baisse de la vigilance », de « négligence du cœur » (n° 2733).
Le confinement est un révélateur extra-ordinaire (aux deux sens du terme) de nos mauvais plis (par exemple, ce toxique multitasking) et de nos pseudo-vertus ! Surtout, en positif, il est une occasion merveilleuse de mettre en place de véritables vertus. En l’occurrence, la persévérance. Les mêmes Pères du désert l’avaient bien observé : pour lutter contre le démon de l’acédie, le moyen le plus efficace est de persévérer, de tenir jusqu’au bout dans la décision que nous avons prise : « Vaquez à vos affaires », dit saint Paul (1 Th 4,11 s). Tôt ou tard, le Tentateur, humilié, s’enfuiera !
Pascal Ide