Trois histoires d’amour (Trait d’union, 5e dimanche de Pâques, dimanche 28 avril 2024)

« Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité » (1 Jn 3, 18).

 

  1. Après vingt ans de mariage, Paul ne ressent plus rien pour sa femme. Il se demande si, par souci de vérité, il ne doit pas la quitter. Il va rencontrer le prêtre qui les a préparés au mariage et lui explique sa situation : « Pendant longtemps, je fus heureux aux côtés de mon épouse, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de tensions. Mais aujourd’hui, je ne me sens plus bien avec elle ». Réponse du prêtre : « La bonne question à vous poser est-elle : est-ce que je me sens bien avec elle ? Ou : est-ce que je veux son bien à elle ? »

« Petits enfants, aimons par des actes ». Combien de fois j’entends les fiancés hésiter parce qu’ils ne se sentent pas toujours heureux. La révolution de l’amour, l’amour-agapè, l’amour chrétien consiste à passer de cette prise de pouls affectif (qui devient vite une prise de tête), au fond centrée sur soi, bref, à passer de la question : « Est-ce que je suis heureux ? » à : « Est-ce que je rends l’autre heureux ? » D’ailleurs, c’est quand je vis centré sur l’autre, cherchant ce qui est bon pour lui que je trouve et éprouve à nouveau le bonheur, et un bonheur enfin durable et sans mélange.

 

  1. Inès aime bien acheter des habits pour ses petits-enfants. Un jour, elle est frappée par une parole de saint Jean-Paul II : aimer, c’est vouloir le bien de l’autre pour l’autre, et non pas secrètement pour soi. Elle se met à réfléchir sur ses intentions : qu’est-ce qui la pousse à offrir des vêtements ? Assurément et d’abord, elle désire leur faire des cadeaux et donc leur faire plaisir. Elle souhaite aussi qu’ils soient bien habillés. Mais, en considérant plus attentivement ses motivations, elle reconnaît qu’elle veut aussi que les autres soient fiers de ses petits-enfants, donc qu’elle n’est pas indifférente au regard d’autrui. Enfin, elle découvre qu’elle cherche également à offrir un exemple à sa bru qu’elle trouve un peu négligente ; or, ce faisant, non seulement elle lui fait implicitement la leçon et désire la changer, mais elle poursuit sa propre satisfaction.

« Petits enfants, aimons en vérité ». Inès constate que ses motivations sont complexes, plus, qu’elles sont mélangées : si deux d’entre elles sont désintéressées, deux sont intéressées. Elle décide alors, avec la grâce de Dieu, de progressivement purifier son intention. Afin d’aimer comme Dieu nous aime.

 

  1. Baudouin, le roi des Belges, portait à son poignet une montre qui émettait un léger tintement toutes les heures, afin de lui rappeler discrètement de se tourner vers Dieu tout en écoutant ses innombrables visiteurs. Après son décès, Fabiola a glissé le bracelet à son poignet et ne l’a plus jamais quitté. « Toute cette vie de prière imprégnait la vie sociale et politique du Roi » (Philippe Verhaegen, Une vie au souffle de l’Esprit, p. 154).

« Petits enfants, aimons par des actes ». La charité est une vertu qui nous change en profondeur. Aimer non pas ponctuellement, mais toujours plus souvent. Et, pour cela, s’entraîner, par des moyens concrets. Aimer non seulement son prochain, mais Dieu lui-même.

Pascal Ide

30.4.2024
 

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