Transparence ou apparence. Rousseau versus Chesterton. Father Brown, un « détective eucharistique » 2/2

2) Évaluation théorique. Une transparence reconduite à l’apparence

La philosophie ou plutôt la pensée-existence de Rousseau met en jeu pas moins que toute la question des relations entre l’être et le paraître. Évaluons sa proposition du triple point de vue psychologique, philosophique et théologique.

a) Un discernement psychologique

La psychologie nous apprend que le désir de transparence, l’abolition de tout obstacle sont un désir d’abolir toute passion, tout trouble, toute anarchie passionnelle, imaginative. Or, le total contrôle de la vie sensible est utopique. Il relève d’une vision régressive où prime la toute-puissance. Pourtant, inlassablement, Rousseau réaffirme sa propre transparence à lui-même ; il multiplie les métaphores en ce sens, faisant appel au soleil, à la lumière, à l’eau, au cristal. Pour cette dernière métaphore, par exemple il parle à plusieurs reprises de son cœur « transparent comme le cristal [1] ». D’où aussi le besoin, face à un monde humain qui va s’opacifiant, d’être en présence permanente de réalité fluide transparente comme l’air ou l’eau [2].

Jean-Jacques Rousseau se contredit, sans conscience de cette contradiction : se refusant à toute réflexion, il use de la réflexion ; se refusant à la communication, il écrit ; espérant au bonheur du silence, il parle ; privilégiant la spontanéité de l’immédiat, il la médiatise dans la notion. Il y a un Jean-Jacques qui sent et un Rousseau qui juge : sont-ce le même homme ? Cette division est d’ailleurs l’un des symptômes de son aliénation : il est tronçonné entre la vie immédiate et la pensée réfléchit

Il demeure que cette transparence est un désir que d’autres expriment : « La transparence de l’existence exige d’être ce qu’on enseigne [3] ».

Starobinski voit bien que Rousseau a tenté de rétablir « l’unité perdue », tant personnelle que sociale. Mais pour penser ce retour à l’unité, « il eût fallu que Rousseau fût capable de s’oublier lui-même. Et un Rousseau capable de se déprendre de lui-même n’est plus Jean-Jacques Rousseau [4] ». La critique de la réflexion est un désir de revenir en-deçà de toute division humaine sens-esprit, passivité-activité.

Même l’expérience mystique n’est pas pure. Elle est née d’une exclusion de l’autre, elle est comme un dédommagement de la perte de l’autre. Rousseau n’est pas dupe de cette attitude d’évasion et de fuite. Il convertit sa culpabilité (l’homme social n’a-t-il pas des devoirs ? comment oublier l’humani universel) en permanente accusation de l’autre, et celle-ci peut prendre la figure de la paranoïa [5]. Il justifie sa retraite, son retranchement : c’est la société injuste qui l’a exclu ; plus encore, pourchassé, il n’avait pas d’autres ressources que de se réfugier en lui et trouver dans la jouissance immédiate la source de son bonheur. Voilà pourquoi, dit Jean Starobinski à juste titre,

 

« jusque dans les textes ‘mystiques’ de Rousseau où l’on peut lire légitimement une option fondamentale pour une ‘expérience intérieure’ de type romantique, l’on doit lire aussi un refus, une résistance, un défi opposés à la société corrompue [6] ».

 

Enfin, n’y a-t-il pas un ressentiment caché ? Rousseau va fuir toute dépendance, toute relation à l’origine au nom du fameux : « Ma naissance fut le premier de mes malheurs [7] ». Seul il est innocent et il ne peut conquérir son innocence qu’en accusant autrui et en abolissant toute relation avec l’extérieur.

b) Un discernement philosophique

La critique hégélienne de la « belle âme » [8] qui, à travers Novalis, vise Rousseau, ne tient pas. Selon Hegel, pour être « parfaitement transparent », le Soi identique à Soi a dû évacuer tout objet, donc vit dans l’abstraction et celle-ci, dans sa finitude dénuée de contenu, se volatilise tôt ou tard. Mais la critique de Hegel ne vaut que pour la pensée discursive ; or, justement, Rousseau se situe au-delà, dans l’immédiateté de ce qui pourrait être une expérience mystique de soi. La critique de Hegel, loin de nier la position rousseauiste, la conforte.

On a fait appel à ce que la psychologie des relations humaines nous en dit. Il me semble plus profond et plus idoine de faire appel à la philosophie qui est sa propre perspective. De ce point de vue, Rousseau pose la question qui est au cœur de toute la phénoménologie : celle de la relation entre l’être et le paraître.

Une première réponse réduit l’être à son paraître, le fond au pli, la profondeur aux seuls jeux de surface. C’est ce que fait Sartre dans L’être et le néant et Deleuze dans Logique du sens.

Une seconde réponse récuse constamment le paraître au non de la vérité de la profondeur. C’est la thèse des philosophie du soupçon, notamment de la psychanalyse, qui prétendent, mieux que le monde, savoir ce qui se cache « derrière ».

Une troisième réponse consiste à ne rien perdre ni de la surface ni de la profondeur, ni du paraître ni de l’être. Mais en quoi consiste ce paraître ? Est-il pure apparence ? C’est ce que prétend Rousseau. Ou bien est-il une apparition ? C’est ce que dira la phénoménologie. Et il semble qu’elle ait raison contre Rousseau qui a trop sacrifié le paraître pour aboutir à une transparence qui n’est pas seulement une illusion toute-puissante (critique psychologique) mais la perte de l’apparition, manifestation par laquelle l’être se donne.

Il faudrait encore nuancer la troisième réponse : Hegel ne cherche-t-il pas à égaliser être et apparaître dans la seule vérité de la profondeur ?

c) Un discernement théologique

La doctrine du péché originel nous apprend deux choses. La première est que la relation à l’autre est marquée par le conflit : la dialectique du maître et de l’esclave en est l’une des illustrations majeures. Or, ce conflit naît d’abord d’une difficulté de communication. Or, cette difficulté vient elle-même de ce que notre apparence est trompeuse : gestes et paroles ne veulent pas dire ce qu’ils disent.

Le second enseignement est que cette dialectique interpersonnelle est d’abord une dialectique interne. Si nos gestes et les paroles nous trahissent plus qu’ils nous traduisent, cela ne tient pas d’abord à une incapacité du récepteur, mais à une difficulté inhérente au transmetteur. Il existe toujours un hiatus entre l’être et l’apparaître de chaque personne. En effet, le péché originel a divisé l’homme, notamment entre sa sensibilité et sa partie spirituelle, pour parler comme Jean de la Croix ; or, la sensibilité (gestes et mots) a pour fonction d’exprimer ce qui est intelligible en nous (nos pensées et nos décisions). Plus encore, nos désirs ne sont pas unifiés. Aussi les messages extérieurs que nous émettons sont contradictoires.

Kierkegaard l’a bien vu. Il manque à Rousseau l’humilité et le détachement de soi dans la jouissance. Les deux, qui sont des « quatre » ont souffert, mais le premier seul n’a pas cherché à jouir de souffrir [9].

 

« Il lui manque l’idéal, l’idéal chrétien qui en l’humiliant pouvait lui enseigner combien peu après tout il souffre à côté des saints ; et l’idéal qui pourrait el maintenir dans l’effort en l’empêchant de sombrer en rêverie et paresse de poète. C’est un exemple qui nous montre toute la dureté qu’il y a pour l’homme de mourir au monde [10] ».

3) Évaluation vécue. De la transparence à l’apparition

À cette triple critique théorique, qui est importante, mais insuffisante, nous joindrons une critique vécue. Elle sera bien entendu de moindre portée spéculative ; en revanche, elle illustrera ce qu’est le vécu des relations être-apparaître, donc la question de la relation à l’autre. Elle montrera que la volonté de totale transparence à soi et à l’autre est illusoire. Donnons-en un exemple entre fiction et réalité, avant de le montrer à partir d’un exemple fictif plus riche que la réalité.

a) Alfred Hichtcock

Un autre exemple de compulsion à tout montrer est… Alfred Hichtcock.

Le cinéaste britannique a dit à de multiples reprises se passionner pour les histoires de faux coupable à cause d’une expérience traumatisante qu’il a vécue tout jeune : « J’avais peut-être quatre ou cinq ans. Mon père m’a envoyé au commissariat de police avec une lettre. Le commissaire l’a lue et m’a enfermé dans une cellule pour cinq ou dix minutes en me disant : «Voilà ce qu’on fait aux petits garçons méchants. » Or, à Truffaut qui lui demande ce qu’il a fait pour mériter un tel traitement, Hitchcock répond : « Je ne peux l’imaginer – mon père m’appelait toujours sa ‘petite brebis sans tache’ [11] ». Les mots (enregistrés et non pas transcrits par dactylo) sont précis : Hitchcock ne sait pas, plus encore il est incapable, impuissant à se le représenter la réponse, tant l’image contraire d’un petit enfant juste s’impose à lui ; autrement dit, il y a en lui un conflit extrêmement violent entre d’un côté la conviction de sa pureté, de son innocence, conviction d’autant plus assurée qu’elle vient d’une parole de son père (père par ailleurs autoritaire, sévère, donc fortement générateur de surmoi) et de l’autre l’injustice et la démesure de la punition. À cela s’ajoute son très jeune âge et son hypersensibilité qui n’ont pu qu’acutiser le conflit intérieur. Pour l’esprit absolu du jeune Alfred Hitchcock, cette injustice ne pouvait qu’être ressentie comme absolue.

Un tel événement ne peut être sans retentissement ni conséquence. D’abord, Alfred Hitchcock avoue s’être isolé non pas pour se replier sur lui, mais pour observer le monde [12]. Ensuite, il a constamment représenté avec une intense émotion les positions, les rôles d’innocents injustement accusés : le surinvestissement émotionnel, le besoin de faire ressentir à autrui l’injustice de la situation et la satisfaction d’y arriver ne sont-ils pas une réactivation de la blessure première et l’une des raisons de son énergie, de sa rage de réussir ? D’ailleurs, il avoue lui-même : depuis, « je m’imagine toujours à la place de la victime », dit-il à Truffaut. « Nous revenons ici à ma peur de la police. J’ai toujours ressenti, comme si j’en étais la proie, les émotions d’une personne qui est arrêtée et qu’on emmène au commissariat [13] ». En tout cas, nous voyons qu’une blessure est loin d’être négative : elle a été le lieu d’une immense fécondité (53 films !), même si celle-ci s’est surtout exercée dans un domaine.

Chez Hitchcock aussi, la blessure est créative, le cinéma lui a permis de sortir de ce qui aurait pu dégénérer en paranoïa. Certes, dans ses films, le thème du faux coupable est omniprésent, par le besoin de faire ressentir de la manière la plus aiguë, la plus vivante possible les sentiments de ses héros. L’art du suspense qu’il a tellement contribué à développer tient justement à son désir de vérité émotionnelle ; Hitchcock se refuse aux scènes affectivement neutres. Loin d’être compulsive et tristement répétitive, sa blessure n’interdit pas la nouveauté créatrice. En outre, Hitchcock s’oppose à Rousseau en ce qu’il ne s’autoproclame pas juste. Cela est déjà vrai de ses films où blessure et culpabilité réelle, responsabilité s’entrelacent. Certes, la blessure prédomine (d’où son intérêt précoce pour la psychanalyse, réalisant, avec La maison du Docteur Edwards, le premier thriller fondé sur cette nouvelle discipline) ; mais le vrai coupable n’est jamais totalement libre non plus.

Enfin, l’interview avec Truffaut atteste une volonté de dire où le cinéaste anglais n’hésite pas à exposer ses insatisfactions et à faire preuve d’autocritique.

b) Father Brown

Le créatif écrivain et essayiste Georges Keith Chesterton a inventé un héros des plus originaux dans la personne de Father Brown, qui est un prêtre-détective.

Comme Rousseau, Georges Keith Chesterton est convaincu de l’effectivité de la distinction entre être-apparaître dans la vie courante. Mais contre le philosophe français, il croit que l’on peut atteindre le fond et donc la vérité, sans pour autant sombrer dans les philosophies de la pure surface. Pour cela, il s’agit de transformer l’apparence en apparition.

1’) Le point de contact : la trompeuse apparence

Father Brown sait que les apparences sont trompeuses ; il sait aussi que là se trouve la principale source des accusations injustes. Presque toutes ses 51 nouvelles sont fondées sur ce principe : l’apparence de crime ou de criminel se résorbe dans l’être de l’innocence ou d’une autre culpabilité, à la lumière de la vérité, et l’apparence d’innocence dans la vérité de la faute. Le travail du prêtre-détective consiste donc à faire triompher la vérité sur le paraître.

Un exemple parmi beaucoup de faux coupable triomphant en vérité de l’innocence est fourni par la nouvelle intitulée « L’absence de Mr Glass [14] ».

La nouvelle commence au moment où Father Brown vient consulter un éminent criminologiste et psychiatre, le Dr. Orion Hood sur le cas d’une de ses ouailles, Mrs. Mac Nab à propos d’un de ses locataires, un jeune homme du nom de James Todhunter, qui veut se marier avec la fille de Mrs Mac Nab, Maggie. Or, il se trouve que ce jeune homme a un comportement mystérieux, voire suspect. Il s’enferme plusieurs heures par jour dans sa chambre, déclarant que ce mystère n’est que passager, qu’il s’éclaircira avant le mariage. Plusieurs fois, on a entendu deux voix dans la pièce alors qu’on le trouve toujours seul lorsqu’on ouvre la porte sans crier gare. On a vu cet autre homme très grand, parler avec Todhunter par la fenêtre ouverte ; la conversation semble avoir dégénéré en dispute et l’homme au chapeau est disparu dans le brouillard. Pourtant Todhunter paye rubis sur l’ongle, ne boit pas d’alcool, a une patience d’ange avec les enfants. Ce qui est problématique est que le cœur de Maggie est conquis.

Le Dr Hood se lance dans une grande théorie déterministe pour expliquer les faits observés par le père Brown (« Le fait essentiel dans toute l’histoire est la Race. La Race détermine la religion : la Race provoque des guerres légitimes et ethniques [15] ».), lorsque Maggie survient toute affolée : « James a été assassinée, j’en suis presque sûre ». Et elle dit qu’un certain Mr Glass se trouve avec lui. Elle a en effet James prononcer son nom à plusieurs reprises à travers la porte : « C’est exact, Mr Glass », « Deux et trois, Mr Glass ». Elle a grimpé sur le rebord de la fenêtre de la chambre où elle a vu James couché dans un coin, inanimé. Ils se rendent tous trois chez Mrs Mac Nab qui ne manquent pas de proférer des accusations sans merci contre ce Mr Glass qui ne pouvait qu’être l’assassin. Le Dr Hood, qui « connaissait la façon de procéder des détectives » (!) défonce la porte de l’appartement d’un coup d’épaule. La chambre est le théâtre évident d’une catastrophe, d’une dispute grave : des cartes à jouer sont éparpillées sur la table et sur le sol ; un verre de vin est brisé sur le sol ; un long couteau gise à terre, dont on découvrira qu’il a une goutte de sang à la pointe ; un chapeau haut de formes (qui, de toute évidence, ne va pas au locataire et ne peut donc lui appartenir) semble avoir été arraché de la tête que le portait ; dans un coin, enfin, James Todhunter se trouve bâillonné et lié par six ou sept cordes. Pourtant, de Mr Glass, point ! Le Dr Hood commence à débiter ses théories déshumanisées, alors que Mr Todhunter gise ligoté, apparemment inconscient. A l’évidence, le locataire est un homme élégant, mais dissipé, aimant le jeu et l’alcool ; par ailleurs, il a un secret. Il est donc la proie rêvé d’un maître-chanteur, ce que doit donc être Mr Glas. Par ailleurs, Todhunter n’est pas blessé : c’est donc que le sang est celui de Mr Glas. Enfin, en bon connaisseur des nœuds, le Dr Hood affirme que tous ceux-ci ont été faits par Todhunter lui-même. Si l’on ajoute que la fenêtre est fermée de l’intérieur, il demeure une seule hypothèse : harcelé par Mr Glass, James Todhunter l’a tué et a enfoui son cadavre dans le jardin, avant d’inventer cette mise en scène pour faire croire qu’il a été agressé et qu’il est innocent. Et l’expert conclut : « Il me semble que voilà une histoire qui se tient [16] ».

Cette interprétation laisse choir sur la maison et Maggie une sombre, tragique chape d’horreur et de sang : elle allait épouser un criminel. Mais la réaction du père Brown est totalement inattendue. L’une des dernières constatations du Dr Hood le plonge dans un abîme de perplexité : Todhunter aurait pu faire ses nœuds lui-même ! Alors, il se prend à le regarder. Maggie pense que ses yeux signifient la souffrance ; le Dr Hood y lit une anomalie psychologique. Seul le père Brown comprend que James Todhunter rit : « il a l’air de se moquer de nous. Et par le fait, je suis tenté de me moquer de moi-même [17] ». Le Dr Hood, exaspéré de ne pas comprendre, le somme de s’expliquer. En fait, Mr Glass n’a jamais existé ! Révélation de taille. Hood fait la première objection qui lui vient : ce chapeau ne va pas à Todhunter, il ne lui appartient donc pas. Réponse : ce chapeau appartient bien à James Todhunter, mais il se contente… d’en tirer des lapins ! Seconde objection : et le sang ? Certes, le locataire n’a aucune égratignure à l’extérieur, mais cela ne signifie pas qu’il n’en pas à l’intérieur… de son corps ! Dès lors, tout s’éclaire : Todhunter apprend le métier de prestidigitateur, de jongleur et de ventriloque. Dès lors, tout s’explique : il fait des tours avec des cartes ; il se ligote avec des cordes pour s’en délivrer seul ; il jongle avec des verres, mais il est encore débutant et il en casse un ; l’épée devait être avalée, mais, à ses débuts, Todhunter s’est légèrement blessé à la gorge ; il ne dit rien, voire chasse un oisif en haut de forme qui regardait indiscrètement par la fenêtre, car tous les magiciens gardent leurs secrets ; il donne l’impression de parler avec quelqu’un car il est ventriloque. Enfin, ce nom mystérieux de Mr Glass vient de ce que Todhunter comptait ses verres : « Un, deux, missed a glass », ce qui signifie un verre de raté et se prononce en anglais presqu’identiquement à « Mister Glass » !

Après cette ultime révélation, il y eut un moment de silence, puis tout le monde se mit à rire. Alors, Todhunter se défait de ses liens et, après une révérence, tire de sa poche une grande affiche annonçant que Zaladin, le grand prestidigitateur, contorsionniste et ventriloque va bientôt présenter des numéros inédits.

 

On le voit, Chesterton multiplie, à loisir et à plaisir, les indices dramatiques, forçant jusqu’à l’invraisemblance (comment croire que James Todhunter demeure si longtemps allongé sans bouger ? pourquoi se tait-il sur son identité professionnelle ? etc.) la fausse apparence de crime et de criminel (« vous avez fait surgir une créature du néant », dit Brown au Docteur Hood [18]), pour mieux faire éclater la vérité, en un saisissant dénouement. Comme chez Rousseau, cette brisure être-apparaître est autant le fruit de la blessure (ignorance ou peur chez Mrs Mac Nab) que de la faute (orgueil chez le Dr Hood).

2’) Les différences

Ici s’arrête la ressemblance. Le Roi des Voleurs s’exclame un moment à l’égard d’un des protagonistes, le poète Muscari : « Je ne suis pas plus un véritable brigand que je ne suis un véritable guide. Je suis seulement un paquet de masques et tu ne peux rien contre cela [19] ». Voilà ce qu’aurait dit un Rousseau : l’apparence est l’ultime vérité que je présente à l’autre. Mais il n’en est pas de même pour Chesterton. Si l’orgueilleux poète ne peut faire tomber les masques, le père Brown sait sortir de ce mortel dualisme de l’être et de l’apparence.

La nouvelle « L’absence de Mr Glass », pleine de rebondissements et de malice contient tous les thèmes favoris que développeront, en les variant à l’infini, les autres récits de Chesterton ; et ce sont autant de différences avec l’approche de Rousseau : opposition apparence-vérité, qui se concrétise dans le couple faux coupable-vrai criminel ; orgueil de la fausse science-humilité du vrai savoir ; intérêt pour les idées-ouverture aux personnes.

Détaillons. Le père Brown est le seul à s’intéresser au prétendu criminel. C’est en partant de ses yeux qu’il comprend son innocence. Il est d’ailleurs assez connaisseur de l’âme humaine et assez libre intérieurement pour ne pas projeter sur ce regard son interprétation mais lui laisser dire ce qu’il signifie.

Face à l’orgueil du Dr. Hood, vivante incarnation de la fausse science qui enfle son sujet (ce qui ne signifie pas qu’il ne dise que des âneries), se dresse l’humilité d’un prêtre catholique qui n’a même plus d’ego à défendre (« je suis tenté de me moquer de moi-même », dit-il) et peut donc totalement s’adonner au service de la vérité. D’ailleurs son humilité paisible et aimante est telle qu’il sait demander conseil et saura tirer de l’exposé prétentieux de Hood la perle qui lui servira à faire surgir la vérité : Todhunter pouvait faire ses nœuds seuls. La manière même dont Chesterton présente son héros semble presque une erreur narrative tant son héros paraît sous un jour défavorable. Un exemple parmi cent : « La porte s’ouvrit, livrant passage à un petit être informe qui paraissait aussi embarrassé de son chapeau et de son parapluie que s’il était porteur d’une quantité de bagages [20] ». Il n’est pas jusqu’à l’ami et aide du père Brown, le français Flambeau qui ne trompe son monde tant avec son apparence physique qu’avec son histoire : tel Vidocq, c’est un criminel repenti.

Autrement dit, le père Brown mérite son nom de détective en ce que son office est de détecter la vérité derrière le masque de l’apparence. C’est ainsi que le père Brown a pu s’assurer les services de Flambeau parce qu’il a vu l’homme au-delà du brigand et qu’il a permis à celui-ci d’entrer dans cette reconnaissance. Alors que Flambeau vient de dérober des diamants et a tout loisir de s’enfuir sans crainte qu’on le poursuive, vulnérable, le père Brown l’interpelle, sans le voir : « Je désire que tu me les rendes, Flambeau, et je désire que tu abandonnes cette vie. Il y a encore en toi de la jeunesse, de l’honneur et de la gaieté. Ne pense pas que tu les gardes longtemps, si tu continues ce métier. On peut conserver un certain niveau de vertu, mais on n’a jamais pu conserver un certain niveau de vice. Cette route descend toujours plus bas [21] ». Cette parole vraie démasque l’apparence du vice content de lui, mais plus encore, révèle la personne pleine de jeunesse qui peut changer de vie.

Dans cet épisode, le père Brown n’est qu’une voix qui ne sait même pas si elle sera entendue. Plus encore, il ne moralise, il décrit et dit son désir : « Je désire… » Comment le cœur de Flambeau ne serait-il pas touché ? La vulnérabilité du père Brown dit son effacement : il n’est qu’au service de la vérité. En un mot, il est médiateur. Ce que l’homme seul, ce que Rousseau a tenté seul, un médiateur peut le réaliser. Il n’y a pas pire justification que celle qui témoigne pour lui-même de sa propre vérité. Chesterton fait de son héros le héraut de la vérité. Là où Rousseau se ferme parce qu’il se croit à jamais incompris et veut trouver en lui seul son aide, les victimes du père Brown s’ouvrent, car elles discernent en lui un médiateur. Doit-on lire ici une concrétisation de la différence existant entre le monde de l’immédiateté qui est celui du genevois Rousseau, surdéterminé par sa suspicion à l’égard de tout discours, et du sens de la médiation, notamment sacramentelle, propre à l’univers catholique où se meut Chesterton ?

3’) Sauveteur ou sauveur ?

Une objection ne peut manquer de poindre. Le père Brown est beaucoup plus qu’un justicier : au-delà de la justice, il recherche la vérité, il révèle le fond des choses et manifeste aux hommes combien leur orgueil leur fait préférer les apparences. C’est un détective métaphysique. Mais ne fait-il pas le bien de ces innocents ou des coupables contre leur gré ? Est-il sauveur ou sauveteur (au sens, négatif, où le triangle de Karpman utilise ce terme) ? Le sauveur propose à l’autre son bien ; le sauveteur lui impose ce bien. Le sauveur est désintéressé et patient ; le sauveteur ne cherche finalement que son propre bien dans le regard de gratitude de la victime. Le sauveur n’a qu’une hâte : rendre la victime à sa propre liberté ; le sauveteur n’a qu’une crainte : ne plus être indispensable à cette même victime. Le premier libère et se réjouit, le second aliène et s’aigrit [22]. Puisque le monde est victime de la trompeuse distance entre l’être et l’apparaître, le père Brown n’est-il pas en train de le conquérir à sa propre cause ? On entend tout le soupçon nietzschéen derrière cette critique.

Ce qui permet au père Brown d’échapper à cette redoutable illusion de toute-puissance est l’expérience intérieure de la division. Il est lui-même capable d’apporter son aide à une humanité constamment tentée de confondre l’être et l’apparaître, donc l’innocent et le coupable, car il sait que cette distinction passe non pas entre les êtres mais au sein de chacun. Il ne cesse de faire le constat qui pourrait être humiliant mais qui est, pour lui, la source de son humour, que son apparence est trompeuse. Mais, à la différence par exemple de l’inspecteur Columbo [23], il ne cultive pas ce look, il ne joue pas artificiellement d’un misérabilisme surfait : ce que l’autre voit du père Brown n’est pas ce qu’il laisse voir, mais tout ce qui est à voir et se donne à voir. Dès lors, ayant expérimenté l’humiliation du faux jugement, il peut s’ouvrir avec compassion à celui qui en est victime. Un excellent exemple en est fourni par la nouvelle « Le scandale du père Brown » où le détective est pris par un zélé moraliste pour le contraire exact de ce qu’il est : un pervertisseur ; d’où le titre de la nouvelle (et du recueil) [24].

Sans jamais en faire la théorie, le père Brown vit donc des deux vertus qui auraient permis à Rousseau de progressivement émerger de sa pathologie solipisiste sans pour autant stériliser son génie (et qu’on lui a vu exercer dans l’affaire de l’absence de Mr Glass) : 1. l’humilité qui ne s’étonne pas de ce hiatus être-apparaître, parce qu’elle l’éprouve en soi et y consent dans la paix, fisant le deuil de la volonté adamantine d’une totale transparence ; 2. la charité qui « se réjouit de la vérité » et « excuse tout » (1 Co 13,7) pour aller porter secours à l’innocent injustement accusé. Chesterton le dit admirablement au terme de sa nouvelle « Le scandale du père Brown ». C’est parce que le Père Brown « déambule à travers la vie son riflard au bras [autrement dit, humblement] et l’amour du genre humain au cœur [comment mieux dire sa compassion, sa charité ?] » qu’ »il accepte le monde comme compagnon », ce qui est là encore l’œuvre de la charité et « le récuse comme juge [25] », ce qui est l’œuvre de la vérité, autre nom de l’humilité.

La différence être-apparaître dont est marqué la personne comme la relation interpersonnelle n’est donc pas définitive ni irrémédiable. On peut proposer une alternative à la réponse rousseauiste où s’engouffreront les maîtres pessimistes de l’incommunication moderne (de Rimbaud jusqu’à Sartre) qui n’est rien d’autre qu’une fermeture désespérée, orgueilleuse à l’ouverture toujours présente à autrui.

Appliquons ce que je viens de dire à l’épisode fondateur de Bossey. Il est faux d’affirmer, comme le fait Starobinski, commentant l’attitude de Rousseau, que « les personnes sont toutes innocentes », mais sont victimes du paraître qui les corrompt et les pousse à l’injustice [26]. En réalité, et peut-être faut-il faire plus appel à la simple psychologie qu’à la psychanalyse qui a trop virtualisé l’objectivité de la faute parentale, ainsi que l’ont montré Alice Miller [27] et Marie Balmary [28], pour en prendre conscience, les Lambercier ne sont sans doute ni méchants ni injustes ; il demeure qu’ils ont condamné en se fiant aux apparences, ce qui est l’une des fautes classiques contre la justice dont le jugement répond à trois critères. Que cette faute soit plus souvent commise contre les enfants ne l’excuse pas. Un enfant est une personne ; or, tout procès qui se fonderait sur une simple présomption sans aveu formel ni flagrant délit conduirait à un non-lieu. Il faut donc clairement affirmer qu’il n’y a ici nul péché originel ou péché de structure ou je ne sais quelle situation neutre : la blessure infligée à Rousseau relève d’un jugement injuste des Lambercier aux conséquences dramatiques comme trop d’enfants en subissent. Or, vérité est humilité. Les Lambercier auraient dû humblement reconnaître leur faute.

Rousseau n’a pas rencontré le père Brown qui aurait démasqué les coupables. Au fond, Rousseau n’a pas cessé d’idéaliser ces « gens qu’il chérit et qu’il respecte le plus [29] ». Il a donc dû se construire un scénario.

4’) Le détective eucharistique. Où le hiatus devient mystère

Enfin, plus profondément, une nouvelle fois, l’attitude du père Brown, alias Chesterton, s’enracine dans sa vision théologique. Celle-ci lui apprend deux choses qui éclaire de manière contrastée le hiatus être-apparaître.

Elle lui enseigne d’abord que l’homme est fait pour l’adoration du Dieu vivant. Tant que l’homme ne le place pas au centre de sa vie, il ne poursuit que des apparences et sa vie elle-même s’identifie à l’illusion, donc à l’apparence. Ses actions ne viennent pas de son cœur profond. Voilà pourquoi le père Brown éprouve une étrange indulgence à l’égard du numismate collectionneur qui s’avère être un vulgaire avare :

 

« Y a-t-il une si grande différence ? Qu’y a-t-il de répréhensible chez un avare que vous ne trouviez pas aussi chez un collectionneur ? Qu’est-ce qui est répréhensible excepté… ‘tu ne feras point d’image taillée ; tu ne te prosterneras pas devant elles et tu ne les serviras point, car Moi…’ [30] ».

 

Brown a appris une seconde chose de sa foi catholique et qui en constitue le cœur : le sacrement de l’Eucharistie a établi définitivement la différence irrésorbable la plus infinie entre l’être et l’apparaître. Ici, la différence est d’une toute autre nature

Dès lors, la différence entre l’être et l’apparence présente en tout être prend un tout autre sens, un sens comme eucharistique : elle n’est pas seulement celle de l’illusion idolâtrique et de la vérité adoratrice, car cette différence est résorbable par l’humilité et la charité ; mais elle laisse place à un hiatus à jamais infranchissable : « Vous êtes plus mystérieux que n’importe qui », dit une des héroïnes se heurtant à l’indéchiffrable humilité du père Brown, et elle ajoute : « mais je sens qu’il pourrait y avoir un cœur dans votre mystère ». Ce à quoi le prêtre répond à voix basse : « Ce que nous redoutons tous le plus, c’est un dédale qui n’aurait pas de centre. Voilà pourquoi l’athéisme est un cauchemar [31] ». Le père Brown est donc une figure christique, plus eucharistique, mais cela vaudrait de tout homme vivant d’humilité.

Si Brown s’est fait détective, c’est-à-dire cherche la vérité derrière l’apparence, il ne saurait s’étonner de ce hiatus constitutif de l’être réel ; en même temps, ce n’est surtout pas pour l’effacer mais pour donner à le contempler, en toute humilité. Une des nouvelles où non seulement la différence entre l’être et l’apparence est l’une des plus magnifiques qu’il ait été donné à Brown de vivre (il a failli se laisser enfermer), mais où la trame authentiquement policière se trouve étrangement entrelacée à une étrange histoire de relique (le titre de la nouvelle n’est-il pas volontairement à double sens ?), s’achève de la plus étrange manière, tant qu’on ne la lit pas à la lumière de ce qui vient d’être dit ; une procession se déroule devant le père Brown :

 

« Et au-dessus, comme une couronne de flammes impérissables, soleil de notre nuit humaine, l’ostensoir flamboyant planait sur la noirceur des voûtes sombres, ainsi qu’il plane sur la noire énigme de l’univers. Certains sont vraiment convaincus que cette énigme aussi est un insoluble problème, et d’autres ont la certitude aussi forte qu’elle n’a qu’une seule et unique solution [32] ».

 

Father Brown n’est pas seulement un détective métaphysique, il est, si je puis me permettre, un détective eucharistique. Voilà pourquoi le détective qu’a choisi Chesterton ne pouvait être qu’un prêtre.

À la lumière de la Rédemption, le péché n’est certes pas une apparence, mais peut en devenir une, si l’on n’est plus capable de voir dans le pécheur un homme depuis toujours déjà pardonné, et le pécheur est le plus victime de cette réduction à son apparaître de pécheur. Voilà pourquoi le père Brown n’a qu’un désir : faire découvrir au pécheur qu’il y a en lui plus grand que lui ; c’est à l’endroit où une nouvelle de Conan Doyle ou un roman d’Agatha Christie s’arrête que commence la véritable marche, vers le cœur de l’homme : le secret des choses est levé, l’apparence se dissout ; ici débute le vrai mystère, au-delà de tout mot. Voici par exemple comment s’achève la nouvelle « L’homme invisible » : « le père Brown arpenta longtemps encore, sous les étoiles, les collines couvertes de neige, en compagnie d’un assassin, et personne ne saura jamais ce qu’ils se dirent [33] ».

4) Conclusion

Avec Father Brown, nous avons illustré une réponse pratique à la volonté rousseauiste de transparence absolue. Il serait passionnant d’en montrer les avatars actuels avec le désir, tout aussi illusoire, avivé par les possibilités des réseaux sociaux (cf., sur le site, L’homme numérique), de faire valoir son look et de potentiellement le montrer à la planète entière. Il serait encore plus important de fonder cette réponse pratique dans une réflexion théorique, en l’occurrence métaphysique qui, en articulant fond et apparition, conjure le double risque opposé, d’un côté de la pure apparition sans profondeur et de l’autre, de la profondeur incommunicable. Cette philosophie du mystère (une figure révélant un fond sans pour autant s’y épuiser) a été développée par Balthasar [34]. Elle peut aussi être illustrée en cosmologie par les travaux de Portmann (cf., sur le site, La forme (animale) comme gratuite automanifestation).

Pascal Ide

[1] Correspondance générale, vol. XIX, p. 237 ; vol. XX, p. 43-44. Dialogues, II, OC, I, p. 860.

[2] Sur l’eau, cf. Michel Butor, Répertoire III, coll. « Critique », Paris, Minuit, 1968, p. 59-101.

[3] Sören Kierkegaard, Journal, trad. Knud Ferlov et Jean-Jacques Gateau, Paris, Gallimard, 1957, vol. IV, p. 149.

[4] Jean Starobinski, Jean-Jacques Rousseau, p. 49.

[5] Cf. l’analyse qu’en a donné Jacques Lacan dans sa thèse de médecine De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité, Paris, Librairie E. Le François, 1932 : rééd. coll. « Le champ freudien », Paris, Seuil, 1975.

[6] Jean Starobinski, Jean-Jacques Rousseau, p. 314.

[7] Confessions, L. I, OC, I, p. 7.

[8] Cf. Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Phénoménologie de l’Esprit. Cité par Jean Hyppolite, Genèse et structure de la Phénoménologie de l’Esprit de Hegel, Paris, Aubier, 1946, p. 495-500.

[9] « J’espère qu’un jour on jugera de ce que je fus par ce que j’aurai pu souffrir. » (A M. de Saint-Germain, 26 février 1770, Correspondance générale, vol. XIX, p. 261)

[10] Sören Kierkegaard, Journal, vol. IV, p. 252-253.

[11] Hitchcock/Truffaut, éd. définitive, avec la collaboration de Helen Scott, Paris, Gallimard, 1993, p. 17.

[12] Ce qui est typique du type observateur ou cérébral dans l’ennéagramme. A moins que Rousseau ne soit un type 6 à forte aile cinq. Il dit en effet être mû par la crainte, crainte qui s’est fortifiée lorsqu’il fut pensionnaire « très jeune » à Londres dans l’institution jésuite Saint Ignatius College « C’est probablement au cours de mon passage chez les jésuites que la peur s’est fortifiée en moi. Peur morale, celle d’être associé à tout ce qui est mal. » (Ibid.) Autrement dit, une crainte liée à la culpabilité.

[13] Hitchcock/Truffaut, p. 17.

[14] Georges Keith Chesterton, « L’absence de Mr Glass », La sagesse du Père Brown, trad. Yves André, coll. « Folio », Paris, Gallimard, 1954, p. 9-26. On aurait pu illustrer le processus opposé : « l’homme invisible » de la nouvelle du même nom est un homme apparemment innocent, mais réellement coupable, car son apparence le rend invisible, « mentalement invisible », c’est-à-dire une personne dont on ne saurait penser qu’elle est coupable. En effet, il adopte l’apparence du facteur. Or, « personne ne remarque jamais les facteurs » (La clairvoyance du père Brown, trad. Émile Cammaerts, coll. « 10/18. Grands détectives », Paris, UGE, 1983, p. 143-167, ici p. 165 et 167). Version personnelle ou plutôt institutionnelle de la Lettre volée (d’Edgar Poe).

[15] Ibid., p. 14 et 15.

[16] Ibid., p. 21.

[17] Ibid., p. 22-23.

[18] Ibid., p. 23.

[19] « Le paradis des voleurs », La sagesse du Père Brown, p. 27-48, ici p. 45.

[20] Georges Keith Chesterton, « L’absence de Mr Glass », La sagesse du Père Brown, p. 10.

[21] George Keith Chesterton, « Les étoiles filantes », La clairvoyance du père Brown, p. 123-142, ici p. 140.

[22] Sur cette distinction, je me permets de renvoyer à Pascal Ide, Le triangle maléfique. Sortir de nos relations toxiques, Paris, L’Emmanuel, 2018, chap. 5.

[23] Columbo est une série télévisée policière américaine de Richard Levinson et William Link, 18 saisons, 69 épisodes, 1968-2003. Voici comment le présente la notice Wikipédia consultée le 1er février 2019 : « Le personnage principal du même nom, interprété par Peter Falk, est un inspecteur de police (son grade dans la police américaine est celui de lieutenant) en apparence un peu simplet, brouillon, laborieux, mais en réalité très intelligent, obstiné et perspicace. Il est toujours vêtu du même imperméable beige froissé. La série a ceci d’original que, contrairement aux autres séries du genre, le spectateur connait l’assassin dès le début de l’épisode, et le sel consiste à découvrir de quelle façon l’enquêteur parviendra à démasquer le criminel. Ce principe est resté unique en son genre »

[24] « Le scandale du père Brown », Le scandale du père Brown, trad. Jeanne Fournier-Pargoire, coll. « 10/18. Grands détectives », Lausanne, L’Age d’Homme, 1982, p. 103-130.

[25] « Le scandale du père Brown », Le scandale du père Brown, p. 130.

[26] Jean Starobinski, Jean-Jacques Rousseau la transparence et l’obstacle, p. 20.

[27] Cf., notamment, Alice Miller, C’est pour ton bien. Racines de la violence dans l’éducation de l’enfant, trad. Jeanne Étoré, Paris, Aubier, 1984.

[28] Cf. Marie Balmary, L’homme aux statues. Freud et la faute cachée du père, Paris, Grasset, 1979.

[29] Confessions, L. I, OC, I, p. 20.

[30] « La tête de César », La sagesse du Père Brown, p. 111-130, ici p. 130.

[31] « La tête de César », La sagesse du Père Brown, p. 115.

[32] « L’insoluble problème », Le scandale du père Brown, p. 223-251, ici p. 250 et 251.

[33] « L’homme invisible », La clairvoyance du père Brown, p. 167.

[34] Cf. Pascal Ide, Être et mystère. La philosophie de Hans Urs von Balthasar, coll. « Présences » n° 13, Namur, Culture et vérité, 1995.

31.1.2020
 

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