RIGOT F.-M., Origine de la tradition mariale. Le mystère de la Femme, Paris – Perpignan, Lethielleux, 2017. Parue dans la Nouvelle Revue Théologique (NRT) 140 (2018) n° 2, p. 348.
Cette œuvre d’un religieux contemplatif spécialiste de St Maxime le Confesseur part d’un paradoxe : autant le NT ne parle presque pas de Marie, autant la grande tradition en parle beaucoup et, pour certains, trop. François-Michel Rigot interroge ce hiatus, non point pour le remettre en question, gonfler la part scripturaire ou au contraire inviter à un propos plus modeste en théologie mariale, mais pour en pénétrer le sens. A cette fin, il procède en trois temps qui sont autant de parties, interrogeant successivement l’Ecriture, la Tradition et la situation actuelle.
L’ouvrage se pose de passionnantes questions que l’on n’ose jamais formuler ou auxquelles on répond trop hâtivement : que savons-nous des trente années de la vie cachée de Jésus et de Marie ? Pourquoi Marie s’est-elle tue sur cette communion unique avec son Fils, nous laissant pour seul et unique souvenir, après les événements précédant ou suivant la Nativité, l’épisode décisif du Recouvrement ? L’A. fait d’abord valoir que le mystère de Marie ne pouvait être dévoilé avant celui du Christ, ce qui a pris quatre siècles. Mais il livre aussi une réponse qui, en sondant avec profondeur et pudeur la vie intime de la Vierge, livre des vérités universelles de grande portée éthique et spirituelle : ainsi que le révèle l’épisode du Recouvrement, la mère de Dieu demeure la « servante du Seigneur » qui ne se donne aucun droit sur Celui qu’elle a donné au monde ; elle s’est totalement effacée devant l’Esprit Saint qui seul « avait le pouvoir de transmettre la bonne nouvelle de la naissance de Jésus » (p. 174).
L’originalité de ce livre pénétrant, hors des sentiers battus, permet de passer au-dessus d’un travail d’édition peu soigné aux notes approximatives, d’une écriture trop bâclée et d’un plan trop juxtaposé.
Pascal Ide