Deadpool
Film fantastique (Marvel) américain de Tim Miller, 2016.
Thème : déconstruction, anti-héros.
Deadpool – ce que je dis vaut d’ailleurs autant de la BD de Rob Liefeld et Fabian Nicieza, que du film qui lui est fidèle –, on aimera ou on n’aimera pas. Pour ma part, j’ai détesté ou presque. Presque, car j’y ai sauvé deux choses : le petit changement final de Wade Wilson : en demandant pardon à celle qu’il aime, le héros, ou plutôt l’anti-héros, sort enfin de lui-même (pour combien de temps ?) ; le besoin qu’avait Ryan Reynolds de se réinventer après l’échec cuisant de Green Lantern, amplifié par le ras-le-bol d’Hollywood vis-à-vis de l’avalanche de films de super-héros de qualité médiocre.
Deadpool, on nous le répète, est un postmoderne. Donc, il déconstruit. Et, de fait, tout y passe : la double identité dévoilée ; l’histoire traumatique ridiculisée ; l’estime de soi torpillée ; la violence et le sexe incontrôlé ; la rédemption (personnelle) abandonnée ; le sérieux laminé ; l’équilibre psychique explosé ; etc.
Certes, il serait possible d’illustrer chaque élément par un superhéros particulier, par exemple : l’identité démasquée (ou plutôt l’absence d’identité gémellaire) avec Hellboy ou les Quatre fantastiques ; la haine de soi avec Hancock ; l’hyperviolence avec le Punisher ; la damnation avec Spawn (attention, c’est un DC Comics) ; la gouaille, voire l’auto-dérision, avec Ant-Man.
Mais le mercenaire rouge, le pire mauvais garçon inventé par les Marvel Comis, cumule toutes ces tares. Surtout, il déconstruit le cœur de l’identité du superhéros : sa mission. En effet, Deadpool n’agit que pour lui : même pas pour cette parodie de justice qu’est la vengeance, mais pour son esthétique faciale. En abandonnant la raison d’être du superhéros, c’est l’univers Marvel qui est menacé. D’où, en sortant de la salle, une impression plus que mitigée : pas assez d’humour pour faire rire ; pas assez de sens pour faire rêver.
En fait, Deadpool n’a pas achevé son nettoyage au vitriol. Passons les superpouvoirs comme les capacités extrêmes de combat ou d’autoguérison (auxquels Batman a renoncé depuis l’origine). Ce qu’il a oublié de passer par pertes et profit, c’est son ego. L’indice le plus patent en est le constant brisement du quatrième mur : les regards et même les confidences caméras, qui visent à créer une pseudo-complicité avec le spectateur, mais qui ne sont que le reflet de son narcissisme permanent. À quand la véritable déconstruction de super-héros qui ne nous laisserait pas en face de super-ego ? Mais on les connaît. Ce sont les Saints… sur lesquels la filmographie est trop confidentielle.
Pascal Ide
Deadpool, est l’anti-héros le plus atypique de l’univers Marvel. A l’origine, il s’appelle Wade Wilson : un ancien militaire des Forces Spéciales devenu mercenaire. Après avoir subi une expérimentation hors norme qui va accélérer ses pouvoirs de guérison, il va devenir Deadpool. Armé de ses nouvelles capacités et d’un humour noir survolté, Deadpool va traquer l’homme qui a bien failli anéantir sa vie.