A vif
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Category:
La vengeance
Release date:
26 septembre 2007
Duration:
2 hours 2 minutes
Director:
Neil Jordan
Actors:
Jodie Foster, Terrence Howard, Naveen Andrews...

A vif

Drame américain de Neil Jordan, 2007. Avec Jodie Foster, Terrence Howard.

Thèmes

Vengeance, violence, justice.

Si, fréquents sont les films (notamment les westerns) de vengeance, rares sont ceux qui montrent que celle-ci, loin de guérir le mal, le redouble : ne suis-je pas devenu celui que j’ai combattu ? Rien de tel ici. Erica ne devient pas une justicière d’emblée : celle qui aime tant déambuler dans New York (son émission radiophonique s’appelle « Street Walk ») achète une arme pour conjurer sa terreur de sortir ; ses deux premiers meurtres sont commis en état de légitime défense ; après le premier homicide, elle prend une douche, tout habillée, comme si ses vêtements eux-mêmes étaient imprégnés de l’impureté du crime commis. En envoyant le film de son agression sur la messagerie téléphonique de Sean, elle met elle-même un terme à ses activités hors-la-loi. Enfin et surtout, elle ne se réduit pas à cette étrangère qu’elle dit être devenue : l’attraction qu’elle ressent aussitôt pour Sean n’est pas seulement amour ou gratitude pour sa compassion, mais inclination vers sa part manquante, vers son idéal de droiture perdue.

Pourtant, Erica avoue au terme qu’elle demeure cette inconnue, sans retour possible. On est en droit de s’étonner : n’a-t-elle pas trouvé la justice, certes de manière plus expéditive, mais aussi plus efficace – et l’amour ?

D’une part, trois composantes essentielles de la vraie justice  manquent à sa caricature justicière : l’intention qui n’est pas vengeance mais souci de punir ; l’autorité légitime ; la mesure et non l’arbitraire d’une punition qu’aucune loi ne détermine (d’où, après la fascination, la riposte et l’escalade de la violence que l’on croyait avoir éliminé).

D’autre part, saint Thomas d’Aquin note que le fruit de l’amour véritable est la paix [1]. Si Erica est toujours divisée d’avec elle-même, c’est qu’il manque quelque chose à leur amour : la vérité. En tirant sur le dernier agresseur, le lieutenant de police a, et volontairement, perdu son idéal de droiture, et Erica qui l’admire tant, avec lui. Certes, elle a des excuses, tant elle a souffert et n’a reçu que froideur indifférente de la part de la police ; certes, Sean qui sait qu’une femme vise au cœur, non à la tête et qui, dès le début, a éprouvé de la compassion pour cette victime innocente, est aussi excusable. Mais l’excès de la passion et l’excellence de l’amour ne légitiment pas la transgression. De même, et c’est le second poncif auquel cède le film, un monde de violence et de souffrance ne rime pas avec désespérance.

La dissociation introduite par la violence et désormais projetée hors de soi est si démesurée qu’elle ne peut être guérie que par l’amour, mais un amour qui a la puissance de pardonner, donc de recoudre l’unité, cet amour que symbolise ce qu’Erica portait et a offert à la prostituée, la Croix.

Pascal Ide

[1] Cf. Somme de théologie, IIa-IIae, q. 29.

Erica Bain (Jodie Foster), animatrice de radio appréciée, est sauvagement agressée dans Central Park, à New York, alors qu’elle s’y promène un soir en amoureux avec l’homme de sa vie : celui-ci en meurt et elle-même se retrouve grièvement blessée. Après être sortie de l’hôpital où un lieutenant de police, Sean Mercer (Terrence Howard), l’a remarquée, elle se procure illicitement une arme et se met à hanter un autre New York, de nuit. Témoin d’un braquage sanglant dans une supérette, et submergée par la terreur, elle réagit viscéralement en abattant le meurtrier. Mais la peur va progressivement laisser place à la violence. Ce thriller fait-il une nouvelle fois l’apologie du justicier ?

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