Gloire. Une esthétique théologique. I. Voir la figure (recension)

Gloire. Une esthétique théologique. I. Voir la figure, trad. originale R. Givord revue et corrigée par É. Iborra

Hans Urs von Balthasar
Théologie – Recenseur : Pascal Ide
NRT 142-2 (2020)

L’on sait le mérite immense de Robert Givord, traducteur infatigable d’une bonne partie de la Trilogie (12 des 17 tomes, au moins comme collaborateur) et d’une quinzaine de ses autres ouvrages, sans rien dire de ses traductions de Karl Rahner, Romano Guardini, etc. L’on sait aussi le parti pris méthodologique : assurer le maximum de lisibilité tout en collant d’assez près au texte (ce qui n’a pas été le cas de ceux qui lui ont succédé dans la traduction du reste de l’opus magnum…). Demeuraient certaines libertés avec la littera, à commencer par le titre du premier volet (La gloire et la Croix, au lieu de l’unique terme Herrlichkeit, c’est-à-dire « Gloire »), dont l’inventivité avait d’ailleurs été saluée par Balthasar lui-même. Elles se trouvent désormais rectifiées par le travail minutieux d’Éric Iborra qui, en précisant modestement « revue et corrigée », salue l’œuvre de son prédécesseur. L’on trouvera ainsi beaucoup d’utiles corrections de détail, peu de fond, des phrases entières de l’ancienne traduction étant conservées telles quelles. Ne nous cachons pas que, en collant plus à l’original allemand, certaines formulations s’en trouvent alourdies, voire, parfois, obscurcies. La traduction de Givord ne devient donc pas totalement obsolète…

Les mérites de cette publication qui inaugure (enfin !) la parution des Œuvres complètes de Balthasar en français, assurée conjointement par les éd. Johannes et l’Association Saint-Jean, sont aussi autres, notamment : le retour des notes en bas de page ; la présence entre parenthèses des termes allemands techniques et donc des options de traduction ; la plus grande précision de l’index nominum ; la traduction de l’avant-propos de la deuxième éd. (p. 12) et une note bienvenue sur l’organisation des 8 vol. de Herrlichkeit ; et, ce qui ne gâche rien, la beauté de la réalisation, la présentation soignée et la reliure, à l’instar de l’original, à un prix très abordable.

L’on regrettera qu’aucune préface ne présente ce travail éditorial et, surtout, l’on espère que, parallèlement à la reprise de la Trilogie, donc sans trop attendre, seront publiés des pans entiers de l’œuvre balthasarienne qui ne connaissent encore aucune traduction, à commencer par les cinq tomes des Skizzen zur Theologie.

En tout cas, les francophones seront heureux de disposer enfin de ce volume qui n’était plus disponible que d’occasion à des prix exorbitants, et qui constitue le narthex idéal de l’œuvre immense d’un des théologiens les plus décisifs de tous les temps. — P. Ide

22.7.2024
 

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