La nature humaine comme norme morale d’après Hans Urs von Balthasar (recension)

NGAZAIN NGELESA C., La nature humaine comme norme morale d’après Hans Urs von Balthasar, préf. S. Zamboni, coll. Religions et spiritualité, Paris – Montréal, L’Harmattan, 2016. Parue dans la Nouvelle Revue de Théologie (NRT) 140 (2018) n° 3, p. 520.

Il est déjà audacieux d’aborder la théologie morale de Balthasar (p. ex., sur ses 121 ouvrages, aucun n’est consacré spécifiquement à ce sujet) ; combien plus à partir de la notion de « nature humaine » (à laquelle le théologien de Lucerne accorde encore moins de place, sans pour autant la récuser). C’est pourtant l’objet de cet ouvrage qui fut une thèse soutenue par un prêtre congolais de Kinshasa à la Fac. de théol. de l’Alphonsianum, à Rome, en 2016. Une phrase résume l’intuition de l’A. : « S’il existe une nature humaine qui puisse être normative pour l’agir moral, ce ne sera pas une nature abstraite, mais bien une nature historique, concrètement vécue ; et c’est celle du Christ dans son abandon total et confiant à la volonté du Père pour sauver l’humanité captive du péché et la rendre participante de la nature divine » (p. 261).

Partant de là, le plan de l’ouvrage se dessine, allant du plus général au plus particulier : une présentation générale de la théologie balthasarienne (chap. 1) ; le concept théologique de nature (chap. 2) ; la nature humaine dans l’anthropologie théologique élaborée par la Theodramatik (chap. 3) ; la nature humaine comme norme éthique théologique (chap. 4).

Sans grande surprise, comme beaucoup de thèses romaines, l’ouvrage ne comporte pas de partie critique, confrontant notamment Balthasar à d’autres propositions éthiques ; plus gênant, seul le dernier chap. traite proprement du sujet ; plus gênant encore, le document de la Commission théologique internationale de 2009 sur la loi naturelle est expédié et critiqué en 3 pages au nom de sa «vision rationaliste abstraite et fixiste ›› (p. 256), alors qu’il sert de repoussoir à toute la thèse – non sans égratigner en passant l’encyclique Veritatis splendor et le Catéchisme de l’Eglise catholique, dont la doctrine sur la loi naturelle n’est pas étudiée plus avant. Je regrette d’autant plus d’adresser ces critiques que l’ouvrage présente de réelles qualités pédagogiques, propose souvent d’intéressants états des lieux et est entré en profondeur dans l’intelligence de Balthasar (qui fut membre de la CTI !).

Pascal Ide

27.8.2021
 

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