Avatar
Avatar, film américain de science-fiction de Jim Cameron, 2009. Avec Sam Worthington, Zoe Saldana et Sigourney Weaver.
Thème principal
Religion
Thèmes secondaires
New age, religion naturelle, tristesse, Dieu.
Avatar, deuxième plus gros succès de tous les temps après Titanic, du même perfectionniste Jim Cameron, laisse rarement indifférent, sans convaincre tous les spectateurs. Retour sur quelques questions.
- Si l’on met de côté les effets spéciaux, la 3-D qui fait école, la créativité dans l’invention de la planète Pandora, la trame narrative paraît bien convenue : de méchants terriens capitalistes, aidés par les très méchants militaires (le second révélant la violence cachée du premier), contre les pacifiques Na’vi ? L’Amérique ne cesse de reproduire dans ses scénarios sa bipolarité géographique (Est-Ouest) qui est aussi symbolique (masculin-féminin).
Le récit est-il si linéaire et manichéen ? La bataille finale n’est remportée que parce que les Na’vis empruntent les armes des hommes, et surtout parce qu’Eywa lâche la passive harmonie pour prendre parti. De plus, elle ne le fait qu’en réponse à la prière commune du nouveau couple – lui-même présidant à l’apparition d’une troisième configuration, seule gagnante, homme-femme, terrien-na’vi. Enfin, si le film était si dualiste, son titre aurait dû être Pandora ; en choisissant Avatar, Cameron signale qu’il est plus attiré par le croisement fécond des mondes que par leur guerre.
- Avatar ne distille-t-il pas une spiritualité New Age (la religiosité immanente, le régime matriarcal, la fusion homme-nature, voire la supériorité de celle-ci, le refus du progrès technique, etc.) ?
Je ne pense pas que la divinité Eywa emprunte au tétragramme juif (« Yahvé »), comme certains l’ont suggéré. Mais identifier la religiosité de Pandora à un monisme est aussi réducteur : Eywa ne se confond pas avec la nature ; unique est le dieu ; union n’est pas fusion ; la symbolique verticale de l’arbre-maison équilibre l’horizontalité du lien ; le Na’vi s’ouvre au terrien, apprend sa langue. S’il fallait trouver à tout prix une comparaison, je la chercherais du côté des religions traditionnelles africaines ; d’ailleurs, langue, acteurs, attitudes des Na’vis proviennent de ce continent.
- Combien de jeunes et de moins jeunes, grisés pendant le film, ont, à sa sortie, trouvé le monde gris, morne, jusqu’à, pour certains, a-t-on dit, être tentés par le suicide ? Si l’on juge l’arbre à ses fruits…
De fait, je me suis surpris moi-même à vouloir retourner en imagination sur la bien-nommée Pandora (ce qui signifie, en grec, « tous les dons »), m’enchanter de sa flore (plus que de sa faune !), un i-phone sur les oreilles diffusant la musique envoûtante de James Horner, le compositeur fétiche de Cameron…
Et si cette tristesse, voire ce désespoir, au lieu d’être suspectés, demandaient à être déchiffrés ? Le juste imaginaire, on l’a souvent dit dans cette rubrique, n’est pas d’abord évasion mais préparation : il ouvre le réel au surréel. La peine ressentie face à ce monde est bonne en ce qu’elle témoigne du décalage entre sa finitude et l’infinité à laquelle l’homme, image de Dieu, est appelé. C’est pour l’avoir oublié que, aujourd’hui, un certain nombre de tristesses qui sont des symptômes spirituels sont malheureusement traitées comme des dépressions. Maintenant, la gloire à venir s’ébauche dans le présent et se prépare dans l’humble quotidien. « L’homme – disait le philosophe Paul Ricoeur –, c’est la joie du oui dans la tristesse du fini ».
Pascal Ide
Avatar, deuxième plus gros succès de tous les temps après Titanic, du même cinéaste perfectionniste, Jim Cameron, laisse rarement indifférent, sans convaincre tous les spectateurs. Retour sur quelques questions.
- Si l’on met de côté les effets spéciaux, la 3-D qui fait école, la créativité dans l’invention de la planète Pandora, la trame narrative paraît bien convenue : les méchants terriens capitalistes, aidés par les très méchants militaires (le second révélant la violence cachée du premier), contre les pacifiques Na’vi ? L’Amérique ne cesse de reproduire dans ses scénarios sa bipolarité géographique (Est-Ouest) qui est aussi symbolique (masculin-féminin). L’affrontement final qui, justement, n’en finit pas, l’atteste, entre l’homme-machine atomisé, solitaire, qui révèle la haine secrète animant son action et minant sa prétendue loyauté, et le Na’vi animal qui gagne par ses vertus naturelles (c’est une flèche, taillée dans l’arbre-maison qui transperce le colonel) et la communion d’amour (c’est non pas une mais deux flèches qui viendront à bout du terrien sur-armé).
Mais la critique doit se nuancer quand on descend dans le détail. Le récit est-il si linéaire et manichéen ? La bataille finale n’est remportée que parce que les Na’vis empruntent les armes des hommes, et surtout parce qu’Eywa lâche la passive harmonie pour prendre parti. De plus, elle ne le fait qu’en réponse à la prière commune du nouveau couple – lui-même présidant à l’apparition d’une troisième configuration, seule gagnante, homme-femme, humaine-na’vi. Malheureusement, celle-ci semble sans lendemain, puisque le héros se réveille Na’vi, tout en gardant mémoire de sa première vie, et les terriens sont renvoyés chez eux sans nulle assurance que leur convoitise ne les fera pas revenir sur Pandora. De plus, l’histoire rompt avec l’évolution simpliste et même avec celle, trop linéaire, de la dialectique du maître et de l’esclave. Au point de départ, pour détruire l’ennemi, le héros va au plus loin dans la compromission. Or, c’est en devenant l’autre jusqu’au plus intime par intrusion qu’il va finir par l’épouser dans le respect. Originale fusion des deux premières dialectiques de Fessard – malheureusement sans la troisième qui aurait permis d’éviter l’opposition simpliste du terrien exploiteur et avide d’avec l’innocent Na’vi. Toutefois, cette évolution n’est possible que parce que le héros ne se contente pas de répéter la manipulation sans scrupule de son supérieur. Celui-là est à celui-ci ce que la blessure est au péché. Il n’a accepté la mission que parce qu’il est doublement blessé : par sa paralysie qui a brisé ses jambes et sa vie ; plus profondément, par la rivalité de ce jumeau surdoué qu’il porte en son sein et qui lui a volé le succès. Voilà pourquoi tout le film est inclus entre deux ou plutôt trois images de re-naissance : à la venue sur la planète Pandora, à sa nouvelle vie, partiellement guérissante comme avatar, enfin à sa résurrection comme Na’vi-terrien.
Enfin, si le film était si dualiste, son titre aurait dû être Pandora ; en choisissant Avatar, Cameron signale qu’il est plus attiré par le croisement fécond des mondes que par leur guerre.
- Avatar ne distille-t-il pas une spiritualité New Age (la religiosité immanente, le régime matriarcal, la fusion homme-nature, voire la supériorité de celle-ci, le refus du progrès technique, etc.) ?
Je ne pense pas que la divinité Eywa emprunte au tétagramme juif (« Yahvé »), comme certains l’ont suggéré. Mais identifier la religiosité de Pandora à un monisme est aussi réducteur : Eywa ne se confond pas avec la nature ; unique est le dieu ; union n’est pas fusion ; la symbolique verticale de l’arbre-maison équilibre l’horizontalité du lien ; le Na’vi s’ouvre au terrien, apprend sa langue. S’il fallait trouver à tout prix une comparaison, je la chercherais du côté des religions traditionnelles africaines ; d’ailleurs, langue, acteurs, attitudes des Na’vis proviennent de ce continent.
- Combien de jeunes et de moins jeunes, grisés pendant le film, ont, à sa sortie, trouvé le monde gris, morne, jusqu’à, pour certains, a-t-on dit, être tentés par le suicide ? Si l’on juge l’arbre à ses fruits…
De fait, je me suis surpris moi-même à vouloir retourner sur la bien-nommée Pandora (« tous les dons »), m’enchanter de sa flore (plus que de sa faune !), un iPhone diffusant la musique envoûtante de James Horner, le compositeur fétiche de Cameron…
Et si cette tristesse, voire ce désespoir, au lieu d’être suspectés, demandaient à être déchiffrés ? Le juste imaginaire, on l’a souvent dit dans cette rubrique, n’est pas d’abord évasion mais préparation : il ouvre le réel au surréel. La peine ressentie face à ce monde est bonne en ce qu’elle témoigne du décalage entre sa finitude et l’infinité à laquelle l’homme, image de Dieu, est appelé. C’est pour l’avoir oublié que, aujourd’hui, un certain nombre de tristesses qui sont des symptômes spirituels sont malheureusement traitées comme des dépressions. Maintenant, la gloire à venir s’ébauche dans le présent et se prépare dans l’humble quotidien. « L’homme – disait Paul Ricœur –, c’est la joie du oui dans la tristesse du fini ».
Malgré sa paralysie, Jake Sully, un ancien marine immobilisé dans un fauteuil roulant, est resté un combattant au plus profond de son être. Il est recruté pour se rendre à des années-lumière de la Terre, sur Pandora, où de puissants groupes industriels exploitent un minerai rarissime destiné à résoudre la crise énergétique sur Terre. Parce que l’atmosphère de Pandora est toxique pour les humains, ceux-ci ont créé le Programme Avatar, qui permet à des ” pilotes ” humains de lier leur esprit à un avatar, un corps biologique commandé à distance, capable de survivre dans cette atmosphère létale. Ces avatars sont des hybrides créés génétiquement en croisant l’ADN humain avec celui des Na’vi, les autochtones de Pandora.
Sous sa forme d’avatar, Jake peut de nouveau marcher. On lui confie une mission d’infiltration auprès des Na’vi, devenus un obstacle trop conséquent à l’exploitation du précieux minerai. Mais tout va changer lorsque Neytiri, une très belle Na’vi, sauve la vie de Jake…