La dernière scène de Titanic, parabole du Ciel

La scène finale du film Titanic présente une riche signification eschatologique [1]. Osons montrer qu’elle se présente comme une parabole du Ciel.

Avant tout, elle est l’accomplissement du vœu le plus cher de l’amour : la communion. Ce que symbolise l’embrassement et l’embrasement du baiser. Enfin, après 84 ans, Rose et Jack se trouvent réunis. Pour toujours.

Loin d’être exclusive, cette communion est exclusion de l’exclusion : tous les autres sont présents. Fin des divisions, tous se retrouvent sur cet escalier progressif qui nie les hiérarchies de classe. Voire, il m’a semblé apercevoir Cal, le fiancé de Rose, tant aimer, c’est espérer (cf. 1 Co 13,7) et espérer que tous seront sauvés.

Silencieuse, cette scène montre l’achèvement de toute parole qu’est la célébration : ce que nous ne pouvons dire, nous pouvons le chanter. Ici, avec la musique enchanteresse de James Horner, (bientôt) la voix envoûtante de Céline Dion et les paroles inspirées de Will Jennings.

Le temps trouve ici son achèvement : désormais, Jack est lié à celle qui a choisi de se faire appeler « Rose Dawson » pour l’éternité. Une éternité qui n’est pas une fuite du temps, mais en intègre la totalité : le passé fondateur riche de promesses et les multiples désirs de Rose qui se sont accomplis qui convergent vers le présent du présent en ce lieu de la rencontre.

Avec le temps, c’est le lieu qui est couronné en s’amorisant : l’épave délabrée irradie de tous ses feux ; l’escalier et ses entours deviennent une salle de banquet céleste ; et l’horloge, le lieu de rendez-vous, a accompli toutes ses promesses. Désormais, Rose ne cessera de monter en faisant monter son action de grâce à la rencontre de celui qui l’« a sauvé, de toutes les manières dont une personne peut être sauvé [saved me, in every way that a person can be saved] ».

Dans cet au-delà qui n’est pas la négation, mais l’intégration-transfiguration de l’ici-bas, les corps reçoivent leur consommation qu’est la résurrection glorieuse : plus belle et immaculée que jamais, elle rayonne dans son éternelle jeunesse et, avec elle, tous les invités à la noce.

Avec l’achèvement (l’accomplissement) des corps vient l’achèvement (le terme) de la souffrance : tout baigne dans la paix, du visage serein de Rose (« mission accomplie ») au doux travelling de la caméra sur les visages émus, en passant par les applaudissements silencieux.

Enfin, n’est-ce pas le Ciel qui est signifié par la voûte lumineuse et sphérique ? Lumineuse, elle évoque la transfiguration des corps glorieux. Sphérique, elle dit la perfection du Paradis. En effet, les églises romanes adoptaient volontiers un plan vertical à trois niveaux : carré en bas, pour symboliser la Terre ; octogonal au milieu, pour symboliser la grâce qui vient de Celui qui est ressuscité le huitième jour ; sphérique en haut, pour symboliser la gloire du Ciel. Et, loin de supprimer les étapes inférieures, l’élévation les intègre. Nous verrons bien les Cieux nouveaux et la Terre nouvelle.

Pascal Ide

[1] Titanic, film d’amour de James Cameron (199), scène finale (scène 30) : de 2 h. 57 mn. 50 sec. à 3 h. 00 mn. 00 sec., ou bien, pour faire entrer dans la magie de la scène silencieuse, il peut être utile de commencer par le milieu de la scène 20, à 2 h. 54 mn. 55 sec.

20.9.2025
 

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