Souvent, « la célébration eucharistique semble être un agglomérat accidentel de choses très diverses » aux yeux des fidèles. S’affrontant à cette difficulté pratique, le cardinal Godfried Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles, propose de comprendre le mystère de la messe de manière unifiée à partir de l’amour [1]. En effet, « l’Eucharistie suit tout simplement le chemin de l’amour ». Or, « la route de l’amour connaît quatre étapes : la prise de connaissance, la confrontation, le dialogue intime de cœur à cœur et l’union ». Ainsi, quatre étapes rythment l’Eucharistie [2].
- « La première étape consiste à faire connaissance : qui donc se trouve là devant moi ? Qui suis-je et qui est-il ou elle ? Cette phase correspond à l’ouverture de la célébration […] ; il prend conscience de ce qu’il est, et de ce qu’est Dieu. […] Qui donc est l’homme ? Un pauvre pécheur. Qui est Dieu ? Le miséricordieux. C’est l’acte pénitentiel ».
- « Suit la confrontation : c’est la liturgie de la Parole. Dieu prend la parole, pour s’exprimer. Lui seul peut dire qui il est ». J’ajouterai aussi qu’ici Dieu commence à se donner : il se révèle sur le mode de la connaissance, de la communication orale du Verbe.
- « Le troisième temps est celui du dialogue intime de cœur à cœur : c’est la prière eucharistique. Il ne s’agit plus ici d’annonce ou d’enseignement […]. On s’adresse à Dieu, dans le langage amoureux de la prière ». Pour ma part, j’ajouterai, ce qui me semble essentiel, qu’ici Dieu, toujours prenant l’initiative, se donne jusqu’au bout. Il ne s’agit plus seulement de la communication d’une parole (verba), mais du geste (acta) par lequel Dieu se donne sans retour et sans nulle réserve, sur la Croix. Voilà pourquoi cet acte d’amour
- « La dernière étape constitue le sommet du chemin de l’amour : la communion. On pourrait dire : c’est le bouche à bouche, ou le corps à corps. Car nous touchons ici le corps du Seigneur lui-même, ou plutôt c’est lui qui vient toucher le nôtre ». Je préciserai : le don est pour la communion, présence à la fois intime et bilatérale.
Pascal Ide
[1] La documentation catholique, n° 2330, 20 février 2005, p. 193-195, ici p. 194-195.
[2] On pourrait aussi noter une mise en œuvre de plus en plus grande des sens : ouïe, vue et enfin toucher.