Le pardon. Une démarche 2/10

B) L’importance du pardon

1) Intérêt psychologique du pardon. Le pardon pour soi

a) Remarque préliminaire : l’intérêt de la psychologie pour le pardon

L’intérêt de la psychologie pour le pardon est très récent.

1’) Le fait

Le psychologue clinicien et professeur de psychologie à la Virginia Commonwealth University Everett Worthington a montré que, avant 1985, on ne compte que cinq études en psychologie sur ce sujet [1] ; dans ce domaine, la grande majorité des études sont le fait de théologiens et s’intéressent au pardon comme moyen de dépasser la culpabilité et le péché, par exemple originel [2].

Depuis la seconde moitié des années 80, nous assistons à une véritable explosion de la littérature psychologique dans ce domaine [3]. Ces travaux nouveaux et novateurs sont notamment le fait du Dr. Robert Enright (psychologue chrétien) et de ses collègues. Convaincu de la force du pardon, Enright, a fondé en 1994 un Institut international du pardon, pour mettre en œuvre des années de recherches sur la pratique du pardon. Il est co-auteur du livre Helping Clients Forgive [Aider les patients à pardonner]: An Empirical Guide for Resolving Anger and Restoring Hope [4]. La perspective est différente : le point de vue n’est plus descendant ou objectif mais ascendant ou subjectif. Il s’est développé toute une littérature soulignant « les bienfaits du pardon [5] ». La psychologie part du point de vue selon lequel le pardon est porteur de bien-être, voire de santé. Et qu’il est important pour nous, chrétiens, de nous donner le droit d’adopter ce point de vue. Et cela dans les deux grands cadres, interpersonnel et personnel.

* Le premier est celui des relations interpersonnelles. Avant tout dans le cadre de la famille et notamment du couple. Mais aussi dans les relations d’amitié. Le pardon s’avère notamment utile lorsque le problème est plus unilatéral, par exemple lorsqu’un des conjoints est malade de l’alcoolisme.

* Le second est celui des relations personnelles, avec soi-même, d’ordre psychologique, voire organique : culpabilité ; troubles de la personnalité ; traumatismes (abus sexuels, syndrome post-avortement, etc.) ; maladies comme le cancer notamment en stade terminal ; etc.

Aujourd’hui, avec le délai que l’on connaît, la France se met à l’heure anglosaxonne. C’est ainsi que la revue grand public Psychologie publie régulièrement des études et des témoignages de pardon. Non sans les caractéristiques que nous verrons plus loin. Et, aujourd’hui, beaucoup de parcours de psychothérapie brève intègre le pardon comme un moment nécessaire de guérison.

2’) La cause

Pour quelle raison assiste-t-on à ce stupéfiant changement dans la littérature psychologique ? Ou, pour le dire dans l’autre sens, pourquoi la psychologie a-t-elle tant tardé à étudier le pardon ? Gius et Felloni isolent deux raisons [6]. La première est que la méthode scientifique est empirique et que les faits qu’elle étudie doivent être quantifiables, formalisables ; or, le pardon est difficilement mesurable ; voilà pourquoi il n’est pas simple de « reconduire l’expérience du pardon à une méthodologie empirique [7] ». Pour autant, les auteurs cherchent à isoler des éléments, par exemple cognitifs et comportementaux, qui se prêtent à cette thématisation, par exemple pour le pardon dans le cadre du mariage [8].

La seconde raison est que le pardon a d’abord pris son essor dans le domaine religieux : il est historiquement incontestable que le pardon est au cœur du christianisme et ne fut thématisé que lors de l’avènement de la religion chrétienne ; or, la psychologie résiste voire rejette aux concepts religieux et même éthiques ; voilà pourquoi elle s’est refusée à s’intéresser à « une construction trop religieuse en ses tons et ses couleurs [9] ». Il n’empêche qu’aujourd’hui, une revue grand public comme Psychologie n’hésite pas à parler du pardon et à proposer des articles sur le sujet. Des études précises montrent que la notion de pardon n’est pas une chasse gardée du champ religieux et peut être objet propre d’étude psychologique [10].

En positif, il semble que l’attention plus grande apportée au pardon depuis les années 1985, s’inscrit dans l’intérêt porté par la littérature psychosociale « à la nature éthique des relations [11] ». Or, parmi les différents types de liens, notamment intimes, le pardon est apparu comme un lieu particulièrement important d’investissement et de bien-être.

Une autre raison vient de l’exploration du pardon comme phénomène attributionnel [12]. Une transgression interpersonnelle lèse le sujet. Or, la victime peut décider de renoncer au comportement vindicatif : cela pour différentes motivations, comme la gravité de l’offense, la perception des motivations de l’agresseur, etc.

b) Les bienfaits du pardon

Des travaux montrent les bénéfices du pardon [13]. Inversement, le refus de pardonner est porteur de nombreux troubles.

Il peut être éclairant de tout résumer en un tableau qui mesure les avantages du pardon et les désavantages du non-pardon. Les points seront détaillés plus bas :

 

Symptômes en relation avec…

Coût du refus de pardonner

Bienfaits du pardon

… le temps

Enfermement dans le passé

Perte de temps dans la rumination

Ouverture à des projets d’avenir

Disponibilité du temps

… soi-même

Basse estime de soi

Croissance de l’estime de soi

… l’autre

Fermeture

Évitement

Lutte sans fin

Ouverture

Liberté dans la relation

Communion

… l’affectivité

Tristesse

Culpabilité d’en vouloir à l’autre

Inquiétude des représailles

Paix intérieure

Joie

Amour

… le corps

Sur le court et le long terme : stress, tensions

Sur le long terme : maladies psychosomatiques multiples

Détente

Rajeunissement

1’) Relation au temps

Un premier effet négatif est le fait de rester accroché au passé. Inversement, pardonner, ce n’est pas revenir au passé.

Celui qui pardonne dispose de son temps, est libre et non pas envahi.

Inversement, le refus de pardonner est très chronophage. A fortiori la vengeance. Le cinéma atteste de multiples films où les vengeances minutieusement préparées ont dévoré des années (sans parler des trésors d’intelligence).

La vengeance braque l’attention sur le passé ; le présent n’est que rumination ; les projets disparaissent.

Précisons encore le temps dans lequel l’acte de réconciliation introduit. La violence fait éclater le temps. Le temps de la vengeance est discontinu, à l’image des pulsions qui déchirent et pulvérisent le psychisme de la personne.

En regard, le pardon seul reconstitue la continuité du temps. Partons d’un développement que le philosophe Paul Ricœur consacre au pardon en politique. [14] La prescription suppose une usure exercée par le temps sur le droit de punir. Peut-on soustraire au temps la force du droit ? Il fait remarquer que l’un des fondements de la prescriptibilité est le suivant : si le temps n’a pas de prise sur le droit, cela signifie que « le droit se mettrait à ressembler à son contraire : la vengeance, laquelle est insatiable et sempiternelle. C’est ainsi que l’idée de prescription a acquis une sorte d’honorabilité, en dépit de son caractère intellectuellement scandaleux ».

Or, il faut distinguer l’imprescriptible et l’impardonnable.

 

« Autant la notion de prescription relève du juridique, autant le pardon relève de ce que j’appelle économie du don, donc du religieux, disons de la grâce au sens large du terme. Or, si on peut légiférer sur l’imprescriptible, on ne le peut sur l’impardonnable. Car le pardon, c’est ce que les victimes seules peuvent accorder. C’est aussi ce qu’elles seules peuvent refuser. Nul ne peut décréter à leur place […]. Nul n’a maîtrise du temps de la souffrance et du temps du deuil. […] Demander pardon reste une option ouverte, et cela au plan politique même, comme des gestes historiques récents l’ont attesté : je pense au chancelier Willy Brandt, au roi Juan Carlos avec l’Inquisition, et à d’autres chefs d’Etat. En inscrivant la demande de pardon dans la sphère politique, comme le demande Hannah Arendt, les auteurs de ces gestes courageux ont peut-être contribué à ouvrir une brèche dans l’imprescriptible et l’impardonnable. Une brèche qui ne serait pas due à la simple usure par le temps, non seulement de la souffrance, mais de la justice elle-même. Une brèche qui serait véritablement l’œuvre conjointe du travail du souvenir, du travail de deuil et de la demande de pardon ».

 

Ce qui signifie que le pardon seul restaure la continuité du temps, sans amnésie.

La lenteur du pardon suppose une espérance qui, elle aussi, refuse une histoire trouée. Que l’on songe à l’exemple, connu, de Jacques Lebreton, à qui son voisin pris de panique a donné une grenade dégoupillée ; il en est sorti, privé de ses mains et de ses yeux. Il lui faudra cinq ans pour retrouver une certaine autonomie physique – et surtout quinze ans à pardonner, avant de consacrer sa vie au témoignage de son expérience humaine et spirituelle [15]. Constatons (nous y reviendrons) combien le pardon est toujours fécond, porteur de vie.

2’) Relation à soi, au psychisme

Il a été montré chez des personnes ayant subi des offenses particulièrement graves (par exemple l’inceste) que le pardon améliore considérablement l’estime de soi [16].

Se venger, punir soi-même entraîne une dévalorisation de soi, une profonde culpabilité, qui, progressivement, s’étend à toute la personne.

Le bénéfice du pardon s’étend aussi au psychisme de la personne. Le pardon apaise et unifie le cœur de l’homme ; le souvenir de l’offense ne menace plus l’unité intérieure. Il est source de vie, de joie. Voilà pourquoi une certaine forme d’oubli peut survenir, comme Jacques Ellul l’expliquait ci-dessus.

 

Instructif, à cet égard, est le témoignage de Roger Auque, donné au journal de 18h sur RTL, sa­medi 28 novembre, alors qu’il revient de dix mois et demi de captivité. Il était le correspondant de La Croix à Beyrouth depuis plusieurs années :

« Vous avez pardonné à vos ravisseurs. Est-ce facile ?

– Oui, j’ai pardonné. Je pardonne. D’abord parce que je reviens de très loin. J’aurais pu être tué. On a pensé que j’étais mort. Il y a aussi eu un geste de la part de mes ravisseurs en me libérant. C’est donc la moindre des choses de pardonner. C’est une action de grâces.

– Regrettez-vous ces 319 jours de captivité ?

– Je vais dire une chose qui surprendra. C’était nécessaire pour que je prenne conscience de Dieu, de son existence, pour que je prenne conscience de l’amour que ma fiancée a pour moi et que j’ai pour elle, que je prenne conscience qu’il faut faire le bien, respecter son prochain et que même si j’ai beaucoup souffert, il faut que je tire de cette difficile période des leçons positives. […]

– Mais comment la foi est-elle venue ?

– Il y a eu des signes. Le Seigneur m’a donné la possibilité de m’évader. Mais je me suis fait prendre. J’ai découvert pourquoi. J’avais fait preuve de vanité et d’orgueil. Notre société est bâtie là-dessus. Et il est très difficile de combattre ces sentiments. Je me suis rendu compte que j’avais été orgueilleux, égoïste, prétentieux, avant d’être enlevé. Et j’ai fait des efforts pendant tout l’été, du mois de juin au mois de septembre derniers. Et début septembre, j’ai demandé à Dieu un signe, quelque chose qui me permette de penser que je retrouverais la liberté. Je ne doutais pas que je serai un jour sain et sauf. J’avais lu dans la Bible : ‘Celui qui croit peut bouger une montagne’. Et j’avais lu aussi que celui qui pardonne à qui lui fait du mal sera lui aussi pardonné [17] ».

3’) Relation à l’autre

Se venger identifie à l’offenseur. Dans la vengeance, l’effet négatif touche aussi l’entourage. Par extension. Qu’on lise ou relise Vipère au poing. Plus encore, commence la spirale de la violence : la vengeance incite l’offenseur à continuer ses gestes méchants. En effet, l’offense détruit ce grand bien de la communion des personnes que le pardon recrée. C’est ce qu’exprime Alain Gouhier : « Pardonner signifie sauver la possibilité de communication avec celui ou ceux qui paraissent, selon les normes actuelles de l’information axiologique, avoir aboli, abolir présentement, ou devoir abolir demain, les conditions de possibilité d’une communication interpersonnelle légitime, réelle ou nécessaire [18] ».

 

Simon : « Nous sommes mariés depuis deux ans et demi et nous repartons de cette retraite comme au premier jour de notre sacrement de mariage, totalement neufs l’un par rapport à l’autre. Nous avions vécu avant et même après notre mariage, sexuellement, des situations très dures. En priant, la Sainte Vierge nous a projetés dans les bras l’un de l’autre en » nous « avouant tout ce nous avions fait seul, et même ensemble. Quand j’ai réussi à dire tout cela, Micheline a dit : «Moi aussi je te demande pardon». Nous avons décidé d’aller recevoir le sacrement de la réconci­liation, bien que ce soit très dur pour Micheline. Nous partons totalement renouvelés dans la pureté et nous vivrons désormais notre sexualité comme nous le demandent notre Père du ciel et la Sainte Église ».

Micheline : « Le jour où nous nous sommes pardonnés et avons été délivrés de notre péché, le bébé que j’attends n’a jamais autant bougé [19]! »

 

Des études montrent qu’une femme divorcée qui a pardonné à son mari peut retrouver une paix intérieure et ainsi exercer des effets bénéfiques non seulement pour elle mais aussi pour ses fils et son futur conjoint [20]. Dans l’autre sens, une étude sur les malades du Sida en Inde, a montré que des attitudes de refus de pardon sont associées à la persistance d’un comportement sexuel à risque qui augmentent le péril de transmission [21].

– Si elle doit continuer à travailler avec ses responsables qui l’ont blessé ou ont trahi sa confiance, elle se vit, peu ou prou, comme un « mercenaire », selon une expression entendue dans la bouche d’une personne vivant lucidement cette situation.

– Sa vie est cloisonnée : aimable avec certains mais pas avec d’autres. Coûteux évitement.

– Pardonner, c’est aussi renoncer au pouvoir que l’on a sur l’autre, c’est perdre la possibilité d’effectuer un chantage. C’est devenir vulnérable, comme l’est le Père de toutes les lumières attendant son enfant prodigue.

– Attitudes conditionnées : une démarche d’ouverture de la part d’un des offenseurs entraîne des ouvertures du côté de l’offensé. Mais la moindre fermeture accroît le durcissement. Cette variabilité fait perdre la paix intérieure, la sérénité qui naît de la stabilité.

4’) L’affectivité

Ainsi, la capacité à pardonner est un facteur d’équilibre émotionnel et intérieur global [22].

L’esprit rempli par la violence, le désir de vengeance est en grande souffrance ; il est déserté par la paix.

En outre, comme l’autre cherchera aussi à se venger, l’agressé devenu agresseur vivra sans cesse sur le qui-vive, à appréhender une contre-attaque.

Chez celui qui se ferme ou se fige, le coût paraît moins grand. En fait, le psychisme ne peut survivre qu’au prix d’un clivage, d’une rupture intérieure (« Je pardonne, mais je garde la liste »). Et la mémoire douloureuse menace constamment de revenir, de sorte que l’esprit doit consommer beaucoup d’énergie à maintenir à la porte de sa conscience la haine refoulée et déniée.

Nécessité d’un chemin de guérison

Le pardon guérit les blessures [23].

 

« Quand les blessures sont assez fortes pour déstabiliser gravement la personne un recours à la psychothérapie ou à la psychanalyse peut s’avérer utile. Ces thérapies ont pour but de faire venir à la conscience et à la parole les blessures inconscientes dont les conséquences compromettent l’équilibre de la personne. Elles révèlent et font apparaître les racines du mal. Elles ne guérissent pas.

« La guérison ne peut venir que du sujet, de sa capacité à reconnaître, à accueillir ses blessures afin qu’elles cicatrisent peu à peu et qu’il puisse ainsi ‘vivre avec’, dans la sérénité retrouvée. Elle trouve sa vraie source dans une démarche spirituelle : Dieu guérit, non d’un coup de baguette magique, mais en accompagnant la personne dans sa prise de conscience et sa volonté de pardon et de conversion. Car il semble qu’il n’y ait pas de guérison des blessures sans qu’un pardon soit donné, un pardon qui libère aussi bien celui qui pardonne que celui qui est pardonné. La guérison n’a pas son but en elle-même : elle est faite seulement pour servir la vie et l’amour [24] ».

5’) Le corps

Le corps parle, même en ses parties les plus apparemment mortes, comme les phanères. Et le pardon le fait aussi parler.

a’) En général

Des études montrent que l’attitude de ceux qui blâment les autres pour leurs propres infortunes, présente un impact nocif sur la santé physique et le bien-être affectif [25].

Inversement, le pardon fait partie des différents moyens mis en œuvre dans certaines maladies graves comme le cancer ou les cardiopathies ; mais les études ne permettent pas d’affirmer formellement qu’il procure des effets positifs. Il demeure que différents professionnels de santé n’hésitent pas à faire appel au pardon en vue d’améliorer le bien-être de leurs patients, au nom de : « occupez-vous de votre douleur avant qu’elle ne s’occupe de vous » [26].

Engendre plusieurs maladies psychosomatiques : arthrite, SEP, maladies cardiovasculaires, diabète, etc.

Servan-Schreiber en parle dans son ouvrage Anti-cancer.

En 1989, le Dr. Redford.

Carl Simonton, Guérir envers et contre tout.

b’) Un exemple

Le père Jean Monbourquette rapporte un autre exemple d’effet psychosoma­tique bénéfique lié à l’acte du pardon :

 

« Je recevais en psychothérapie un homme de 55 ans, professeur d’université, d’une foi religieuse profonde. Son acharnement au travail et ses problèmes familiaux l’avaient mené au bord de la dé­pression, en plus de lui occasionner des ulcères d’estomac. Or, en une dizaine de sessions, mon client avait appris à se libérer de sa souffrance en exprimant au sens le plus littéral du mot sa dé­ception, sa frustration et sa colère contre sa femme alcoolique, son fils victime de la drogue et sa fille follement amoureuse d’un jeune homme qu’il détestait. Ce défoulement progressif, fondé sur une acceptation de ses sentiments ‘négatif’», lui avait procuré un net soulagement. Lors d’une thé­rapie où je me sentais un peu court en moyens, je m’étais avisé d’utiliser la technique de la chaise vide, ou plutôt des chaises vides, chacune d’elles tenant lieu d’un membre de sa famille. Je lui sug­gérai alors de pardonner à chacun d’eux. Ce fut une rencontre émouvante. Plusieurs fois, mon client versa des larmes au moment de dire son pardon. Et, spontanément, sans avoir été sollicité, il demanda à son tour pardon à chacun d’eux pour ses nombreuses absences et son manque d’intérêt général. Deux semaines après cette séance, il m’annonçait que ses ulcères s’étaient cicatrisés. Je me demandais comment expliquer que le pardon pût avoir comme effet de guérir même de maladies physiques [27] ».

 

Voici ce que dit Ramon Sanchez, cet homme (né en 1953) au destin étonnant, notamment vainqueur de la Coupe du monde de coiffure masculine : « Les cheveux parlent. Leur aspect brillant ou terne, leur épaisseur, leur santé, la manière dont ils sont coiffés me renseignent sur la façon dont l’homme ou la femme assis devant moi se perçoit. Combien de femme et d’hommes sont beaux sans le savoir, et qu’il est difficile de le leur dire [28]… » Dans La symbolique du corps humain, Annick de Souzenelle dit des cheveux qu’ils représentent les racines du ciel [29].

Il raconte l’exemple d’une femme qu’il coiffe depuis des années et dont les cheveux sont gris et très fins. Or, un jour de retour de vacances d’été, cette femme passe au salon, très alarmée, car ses cheveux gris sont parsemés d’un abondant duvet blond. Il n’a jamais vu cela.

 

« Elle m’explique alors qu’elle a été très blonde jusqu’à douze ans, âge auquel elle vécut avec ses parents une relation gravement conflictuelle. Ses cheveux virèrent alors au brun. Les liens familiaux se dégradant encore, la jeune fille demanda à être admise dans un internat dont on ne sortait pratiquement jamais le week-end et rarement aux vacances. Derrière les murs austères du pensionnat, ses cheveux blanchirent définitivement. Or, durant l’été, la jeune femme avait renoué avec sa mère, maintenant très âgée, une puissante relation affective. Force nous fut de constater que dès lors, ses cheveux retrouvaient leur nature d’avant la rupture familiale [30] ».

c’) Les mécanismes

Le ressentiment fait vivre dans un stress constant ; or, le stress a des effets négatifs, notamment sur le système immunitaire.

c) Un moyen

Le coût du désamour est considérable. La personne qui se refuse à pardonner et se l’avoue tout en demeurant dans son refus engendre un certain nombre de dysfonctionnements intérieurs et externes :

Il vaut la peine de mesurer les désavantages considérables du refus du pardon. Dans certaines thérapies brèves, l’on invite les personnes à faire un calcul de ce coût, en positif (quels sont les avantages si je pardonne) et en négatif (le refus de pardonner). Pour cela, on prend en compte différents paramètres :

1’) L’émotion

En créole, me disait un évêque haïtien, on a une expression pour dire, lorsque quelqu’un nous a fait du tort : « Je retiens tout en moi ». Ce qui signifie qu’on ne dit rien, mais qu’on garde sa rancoeur. Mais retenir n’est pas contenir.

2’) Les pensées

3’) Les comportements (évitement)

4’) Le temps

5’) Le corps (c’est moi qui rajoute)

Ce pragmatisme rebute le Français ; je regrette. Car il permet une réelle objectivité.

d) Limites de l’approche psychologique

Les avantages ne sont que trop clairs. En revanche, une telle approche ne peut suffire pour plusieurs raisons :

Tout d’abord, la motivation se borne à soi, aux bienfaits ; mais si un pardon n’apporte aucun avantage au moins apparent et immédiat, il ne sera pas donné. C’est ainsi que la personne ne fera pas la démarche de pardon si elle n’en perçoit pas les gratifications pour elle-même ou cessera celle-ci si les avantages deviennent moindres que les inconvénients. De même, un tort qui ne sera pas identifié comme tel, par défaut de conscience morale, n’appellera pas le pardon (offert ou reçu). En voici un exemple : « une femme qui a, pendant son enfance, été violée par son père, et qui porte le poids de cette souffrance, peut-elle pardonner, de­mande une psychotérapeute ? Le pardon n’évite pas la souffrance, ne supprime pas les difficultés. Il faut donc commencer par travailler sur les émotions, la peur, la colère, la honte, la culpabilité… Ensuite, il y a une place pour le pardon et la compassion. Mais pardonner ne signifie pas faire une faveur à une autre per­sonne. C’est notre propre moi que l’on nettoie, que l’on clarifie [31] ».

Ensuite, la psychologie envisage difficilement un pardon qui ne soit pas réciproque voire suspecte la démarche de pardon lorsque l’offenseur ne reconnaît pas son tort. Elle la suspecte pour les différentes raisons vues en A) 1) a.

De plus, nos forces sont psychologiquement limitées ; que faire face à une blessure grave, face à un tort profond ?

Enfin, même si le pardon est offert, la psychologie n’est pas à même d’apaiser le ressenti et la mémoire.

e) Exercice : Changer la manière de parler du pardon

D’abord, dressez (il peut être très utile d’écrire) la liste des expressions de votre langage quotidien relatif au pardon : « Il faut que je pardonne à mon conjoint, à mon collègue » ; « Je dois oublier et ne plus avoir de colère contre mon enfant » ; « Comment se fait-il que je ressente encore tant d’amertume contre mon père, alors que j’ai 55 ans et que je suis en psychothérapie depuis 1 an ? Tu en es toujours là ! »

Puis, notez ce que ces commandements, ces obligations, ces injonctions (« Tu dois », « Il faut » et « je suis obligé de ») et ces jugements (« Encore », « Toujours ») engendrent comme réaction en vous. Tâchez de le ressentir. En général, ce sont des tensions, des stress, des malaises.

Ensuite, remplacez tout ces « il faudrait » par plusieurs expressions : « je choisis de », « je suis libre de », « j’ai besoin de », « j’ai envie de ».

Enfin, arrêtez-vous, savourez le changement, expérimentez combien ces nouveaux mots changent votre intérieur.

Vous êtes passé d’une logique du devoir à une logique du bien et du bonheur (non pas du plaisir). Non pas de l’altruisme à l’égoïsme, mais du volontarisme à l’eudémonisme.

f) Illustration cinéma : Spiderman III

Spiderman III, fantastique américain de Sam Raimi (2007)

Scène 49 en entier : 2 h. 01 mn. 03 sec. à 2 h. 04 mn. 15 sec.

1’) Histoire

Si Peter Parker a enfin réussi à concilier son amour pour M.J. et ses devoirs de super-héros, ce n’est pas pour autant que les problèmes sont loin, bien au contraire. Depuis la brutale mutation de son costume, qui devient noir, Peter voit ses pouvoirs décupler mais parallèlement, ce sont les aspects les plus sombres de sa personnalité qui surgissent. Sous l’influence de son étrange costume, Peter devient trop sûr de lui et commence à négliger ses proches. Contraint de choisir entre le séduisant pouvoir que ce nouveau costume lui procure et la compassion qui le caractérisait, Peter va devoir faire face à ses pires démons et aux deux plus puissants adversaires qu’il ait eu à combattre. Face à l’Homme-Sable et à l’extraordinaire puissance de Venom, Peter doit à tout prix échapper à ses tentations destructrices s’il veut sauver ceux qui lui sont chers…

2’) Brève analyse

Le film reprend le plan classique : paradis, chute, salut. Au commencement, tout va au mieux pour Peter Parker, dans sa vie professionnelle, amoureuse et super-héroïque.

Mais cette triple assurance va rapidement voler en éclats : Eddie Brock, journaliste sans scrupule, cherche à lui voler son poste ; Harry Osborn, l’ancien ami nourrissant sa haine contre Peter qu’il accuse d’avoir tué son père, convoite Mary Jane pour se venger ; Flint, l’homme sable, dont les pouvoirs ne semblent connaître aucune limite, menace la sécurité de New York. Plus encore, chacun de ces ennemis en veut à sa vie ou, pire, s’attaque à son âme (Flint, assassin de son oncle Ben, va éveiller en Peter une haine assassine). Mais, bien plus grave que ces périls extérieurs, l’homme-araignée est rongé par un mal intérieur (lui seul fait l’objet du générique), et le pire de tous : l’orgueil. Sous sa double forme : l’égoïsme (vivre pour soi seul : “Tu es encore en train de parler de toi. Essaie de ressentir ce que je ressens”) et l’indépendance (vivre par soi seul : “Je vais bien, je n’ai pas besoin ‘aide”). Enfin, médiatrice entre l’extérieur et l’intérieur, le parasite extraterrestre amplifie la puissance destructrice de Peter, donc aussi sa violence, tout en révélant cette face sombre par un costume de même couleur. Pécher, c’est toujours se tromper de bonheur. Par sa faute, Spider-Man perdra tout : son ami en voulant le tuer, sa petite amie en la trahissant, sa mission en troquant la vengeance contre la compassion, et jusqu’à son identité (“Qui es-tu ? – Je n’en sais rien”).

La rédemption viendra, comme toujours, d’autre et de “plus petit” que soi : Harry sera sauvé par le fidèle serviteur de la maison Osborn et Peter par tante May. Celle qui l’aime comme une mère lui redira sa confiance et sa valeur (“Tu es quelqu’un de bien”), joignant à la parole le geste (le don de la bague de fiançailles). Mais le salut qui commence sans nous ne s’achève pas sans notre décision. Il s’agit de défaire ce qui a été mal fait. D’abord l’égoïsme. Peter le reconnaîtra face à Mary Jane : “Je suis parfois égoïste”. Incarnant sa prise de conscience, il renoncera à son habit noir, donc à l’ivresse de ses pouvoirs multipliés, et mettra sa vie en danger pour la sauver. Surtout, il s’arrachera à sa vengeance meurtrière en pardonnant à l’homme-sable. Sortir du narcissisme ne suffit pas ; encore faut-il accepter la dépendance : “Harry – demande enfin Peter –, il faut vraiment que tu m’aides”. Or, par l’exemple de son ami qui livrera sa vie, il apprendra à “offrir ce qu’il y a de meilleur en lui”.

“Ce sont nos choix qui déterminent qui nous sommes et nous pouvons toujours choisir le bien”, tel est le leitmotiv de la saga Spider-Man et l’une des raisons de son succès planétaire. Or, beaucoup plus que le mal, le bien rayonne. En le choisissant, tous les “ vilains” – hors Eddie, qui mourra de sa convoitise – parcourront aussi ce chemin de rédemption, demandant le pardon et le recevant. Autour de l’homme-araignée, le bien a règné…

3’) Scène

Juste avant, il faut noter que l’homme-sable a perdu son agressivité, car il a vu que Spider-man a tout fait pour sauver Venome, donc n’est pas habité par la vengeance.

L’homme-sable, s’excusant à propos de la mort de l’oncle de Spider-man. – Je n’ai jamais voulu cela, mais je n’avais pas le choix.

Spider-man, moralisant. – On a toujours le choix. Tu avais le choix quand tu as tué mon oncle.

L’homme-sable, humblement, expliquant, les yeux en bas à droite, donc vers l’avenir. – Ma fille était mourante, j’avais besoin d’argent. J’avais peur. [Suit l’explication de l’homicide accidentel, en paroles et en images ; le visage terrifié de Marko montre combien il ne voulait pas tuer Ben Parker]. Je me rends compte aujourd’hui qu’il voulait essayer de m’aider. C’est horrible ce que j’ai fait. J’en ai eu des nuits blanches à me demander comment changer le passé. Je ne te demande pas de me pardonner [I’m not asking tu forgive me]. Je veux seulement que tu comprennes [I just want you to understand].

Spider-man, les larmes aux yeux, le regard tourné en bas à gauche. – J’ai fait des choses horribles moi aussi [I’ve don terrible things too].

L’homme-sable, profondément touché, le regarde, les larmes aux yeux. Puis, il se retourne vers le soleil levant et, après avoir regardé en bas, à son tour. – Je n’ai pas choisi d’être ce que je suis [ I did’nt choose what I am]. [après avoir regardé la photo de sa fille dont il porte toujours le médaillon]. Ce qui me reste aujourd’hui, c’est ma fille.

Spider-man, après l’avoir longuement regardé en face, lentement, solennellement. – Je te pardonne [I forgive you].

L’homme-sable, qui maintenant pleure, à cette parole, change de visage, enfin apaisé et se met à se transformer en sable, avant de disparaître à l’horizon, vers l’orient, entre les immeubles.

Retour sur Peter Parker, dont les traits du visage sont enfin pleinement réconciliés.

4’) Leçons

Cette riche scène exprime différents aspects du pardon. Le principal, le plus patent que nous voulons ici illustrer, réside dans les effets reconstructeurs de la réconciliation. Mais il n’est pas le seul.

a’) La révolution du pardon

Le réalisateur, Sam Raimi commente cette scène en affirmant : « cette scène est le point culminant et l’aboutissement de l’histoire de l’homme sable et de Peter Parker. La chose la plus importante est que le personnage principal apprenne, c’est la valeur du pardon. Surtout quand il s’agit d’un film de super-héros. » Il voulait qu’il y ait dans le film cette « évolution », je dirais plus : cette révolution.

L’espace-temps le souligne. L’aurore pointe ; or, le soleil levant est symbole d’espérance. La scène se déroule en hauteur, au quatre-vingtième étage, dans cet immeuble en construction ouvert sur l’horizon. A l’instar de ces vies elles-mêmes en construction qui s’ouvrent sur l’avenir, dans une haute vision de sagesse, celle de l’amour.

b’) Le pardon libère Spider-Man

Le pardon reconstruit celui qui le donne. Raimi le dit dans son commentaire : « Le vrai don du pardon est dans ceux qui pardonnent ». Le changement du visage de Peter l’atteste. En deux temps : l’apaisement, quand il prononce la parole du pardon ; la pleine réconciliation, voire la joie quand l’homme-sable disparaît. Superbe performance d’acteur : le tourment laisse progressivement place à la lumière d’un sourire.

c’) Le pardon libère Marko, l’homme-sable

D’abord réellement. Le visage de Marko change en deux temps. En premier lieu, l’aveu par Spider-Man de sa faiblesse l’émeut en profondeur. Les larmes coulent. En second lieu et plus encore, le don inattendu, gratuit du pardon le fait passer de l’émotion à la paix, voire à la libération intérieure.

Ensuite symboliquement. Tel est le sens de la superbe image de l’écoulement du sable. De prime abord, il pourrait exprimer une perte de substance, donc un effacement du soi. En fait, d’une part, il ne s’agit pas d’un retour à l’élémentaire, ce qui se traduirait par la victoire de la pesanteur, la chute et la dispersion du sable répandu-perdu. D’autre part, il se regroupe pour filer vers le soleil levant, dont on a dit qu’il symbolise l’avenir, l’espérance nouvelle, renée. Ce qui se délite ici est seulement le mauvais moi, haineux, et désormais gracié, pardonné. Tel est le sens que le réalisateur voulait donner à cette image : « Ils sont libérés des liens de la haine. Je le vois dans ce gros plan ».

d’) Le pardon donne accès à la vérité

En effet, toute la scène se passe à découvert ; les deux hommes qui possèdent une double identité dévoilent ici leur véritable visage. Ils cessent de s’identifier à leur identité cachée qui dévore leur véritable moi. Le pardon permet ainsi à Peter Parker et à Flint Marko d’accéder à la vérité. Et le dévoilement des visages redouble l’ouverture de l’horizon dont il était traité ci-dessus.

e’) Le pardon est une décision

Le film tente aussi – je dis tente, car le plus difficile, dans un film, est d’évoquer l’invisible, ici l’intimité de la décision – de montrer que le pardon n’a rien d’automatique. Pour cela, nous attendons un certain temps les paroles que rien ne commande mais que tout désire. De plus, la caméra s’attarde longuement sur le visage de Parker comme pour recueillir sur lui les signes de la lente germination interne de l’amour.

Le pardon s’incarne dans une parole ici exprimée dans sa pureté et sa simplicité : « Je te pardonne [I forgive you] ».

f’) La place de l’excuse face à la liberté

Pour être une décision, cet acte de la liberté est aidé.

On sait l’importance du thème central de la décision dans la trilogie Spider-Man : ce que je suis, je le décide. Telle est la parole léguée par Ben Parker à son neveu. Mais une telle norme, absolutisée, pourrait conduire à la dureté du cœur, à une toute-puissance stoïcienne. C’est en se fondant sur elle que, au début, Peter refuse de pardonner à Marko, l’enferme dans sa culpabilité, se ferme : « On a toujours le choix. Tu avais le choix quand tu as tué mon oncle ».

L’homme doit aussi apprendre la vulnérabilité. Le volontaire est tissé d’involontaire. Lorsque Marko explique le meurtre accidentel, les raisons de son vol, Peter rentre en lui-même prend conscience qu’il est lui aussi fait d’ombres et lumières : « J’ai fait des choses horribles moi aussi ».

Dès lors, chacun accède à une plus grande vérité sur soi. Il est significatif que, en une belle inclusion, Marko puisse redire au terme ce qu’il disait au début : « Je n’ai pas choisi d’être ce que je suis » ; mais, désormais, Peter ne l’interrompt plus pour le condamner. De son côté, Marko cesse de se réduire à cet involontaire, il nomme son identité la plus profonde, son identité de père : « Ce qui me reste aujourd’hui, c’est ma fille ». Et la chaîne du médaillon entoure, ligote sa main, l’enserre dans un réseau presque indémêlable, pour signifier combien il ne le quitte jamais. Contrairement aux liens de substance noire, vénéneuse, ou aux fils de l’araignée qui ligotent et aliènent, cette alliance choisie libère.

Pascal Ide

[1] Cf. « Introduction », Everett L. Worthington (éd.), Dimensions of Forgiveness Psychological Research and Theological Perspectives, Templeton Press, 1998, p. 1-5.

[2] G. Paleari et C. Regalia, « Il perdono nella literatura psicologica », Dono e Perdono nelle relazioni famigliari. Studi interdisciplinari sulla famiglia, Milano, Vita e Pensiero, 2000, p. 1-22.

[3] Cf. Erminio Gius et Elena Felloni, « Il perdono nella ricerca psicologica. Un approcio scientifico », Laurentianum, 42 (2001) n° 3, p. 319-402.

[4] Robert D. Enright et Richard P. Fitzgibbons, Helping Clients Forgive. An Empirical Guide for Resolving Anger and Restoring Hope, Washington (DC), American Psychological Association Books, 2000.

[5] J. N. Sells et T. D. Hargrave, « Forgiveness a Review of the Theoretical and Empirical Literature », Journal of Family Therapy, 20 (1998), p. 33.

[6] Cf. Erminio Gius et Elena Felloni, « Il perdono nella ricerca psicologica », p. 326-329.

[7] Shann R. Ferch, « Intentional Forgiving as a Counseling Intervention », Journal of Counseling and Development, 76 (1998) n° 3, p. 261-270, ici p. 261.

[8] Cf. K. C. Gordon et D. H. Baucom, « Undestanding Betrayals in Marriage a Synthetized Model of Forgivness », Family Process, 37 (1998), p. 425-449.

[9] S. Walrond-Skinner, « The fuction and role of Forgivness in Working with Couples and Families clearing the Ground », Journal of Family Therapy, 20 (1998), p. 5.

[10] Cf. F. A. DiBlasio et B. B. Benda, « Practitioners, Religion and the Use of Forgiveness in the Clinical Setting », Journal of Psychology and Christianity, 10 (1991), p. 166-172.

[11] G. Paleari et C. Regalia, « Il perdono nella letteratura psicologica », art. cité, p. 3.

[12] Cf. F. Heider, The psychology of interpersonal relations, New York, Wiley, 1958.

[13] Johann C. Karremans, Paul A. M. Van Lange, Jaap W. Ouwerkerk & Esther S. Kluwer, « When Forgiving Enhances Psychological Well-being: the Role of Interpersonal Commitment », Journal of Personality and Social Psychology, 84 (2003) n° 5, p. 1011-26.

[14] Paul Ricœur, La critique et la conviction. Entretien avec François Azouvi et Marc de Launay, Paris, Calmann-Lévy, 1995, p. 174 et 175.

[15] Cf. Jacques Lebreton, Sans yeux et sans mains, Paris, Casterman, 171966.

[16] S. R. Freedman et R. D. Enright, « Forgiveness as an Intervention Goal with Incest Survivors », Journal of Consulting and Clinical Psychology, 64 (1996), p. 983-992.

[17] Roger Auque, « Comment j’ai découvert Dieu en captivité ? », La Croix-L’Evénement, mardi 1er dé­cembre 1987, p. 3.

[18] Alain Gouhier, Pour une métaphysique du pardon, cité par J.-L. Dumas, art. « Pardon », Encyclopédie philosophique universelle. Les notions philosophiques, Dictionnaire, Paris, p.u.f., tome 2, 1990.

[19] Témoignage recueilli par Ranquet, p. 225.

[20] Kenneth I. Pargament, « The Frontier of Forgiveness Seven Directions for Psychological Study and Practice », Michael E. McCullough, Kenneth I. Pargament & Carl E. Thoresen (éds.), Forgiveness Theory, Research and Practice, New York, The Guilford Press, 2000, chap. 14.

[21] L. R. Temoshok et P. S. Chandra, « The Meaning of Forgiveness in a Specific Situational and Cultural Context Persons living with HIV/AIDS in India », Michael E. McCullough et al., Forgiveness Theory, Research and Practice, chap. 3.

[22] Robert D. Enright et al., « Le pardon comme mode de régulation émotionnelle », Journal de thérapie comportementale et cognitive, 11 (2001), p. 123-135.

[23] Cf. L. B. Smedes, Forgive and Forget Healing the Hurts we don’t Reserve, San Francisco (Californie), Harper and Row, 1984.

[24] Pierre Guilbert, Vocations 75-95 Ile-de-France, n° 109, avril 1995, p. 12. C’est moi qui souligne.

[25] Cf. les études données en exemple dans Carl E. Thoresen, A. H. S. Harris et F. Luskin, « Forgiveness and Health an Unanswered Question », Michael E. McCullough et al., Forgiveness Theory, Research and Practice, chap. 12.

[26] Cf., par exemple, Margaret A. Caudill, Managing Pain before it Manages you, New York, Guilford Press, 1995.

[27] Jean Monbourquette, Comment pardonner ?, p. 12 et 13.

[28] Ramon Sanchez, Au-delà des maux. La mémoire du corps, écrit en collaboration avec France-Marie Chauvelot, Paris, Sarment, 2001, p. 114.

[29] Annick de Souzenelle, La symbolique du corps humain. De l’arbre de vie au schéma corporel, St-Jean-de-Braye, éd. Dangles, 1977.

[30] Ramon Sanchez, Au-delà des maux, p. 116.

[31] Christina Grof, « La spiritualité libère de la dépendance », Psychologies. L’harmonie du corps et de l’es­prit, n° 106 (février 1993), p. 47.

27.12.2024
 

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