Bonne année 2025 ! (Premier dimanche de l’Avent, 1er décembre 2024)

Non, je ne suis pas en avance ! J’ai même un jour de retard ! En ce premier dimanche de l’année liturgique, je viens vous souhaiter une bonne année (qui, il est vrai, mord un peu sur cette année 2024 finissante) !

S’il y a un souhait que nous apprécions, c’est bien celui-ci : « Bonne année ! ». Mais savons-nous ce que nous disons ? Rappelons-nous la réponse un brin malicieuse que le magicien Gandalf adresse à Bilbo Baggins qui, au début de Bilbo le Hobbit, l’a salué d’un cordial « Bonjour ! » :

 

« Qu’entendez-vous par là ? dit-il. Me souhaitez-vous le bonjour ou constatez-vous que c’est une bonne journée, que je le veuille ou non, ou que vous vous sentez bien ce matin, ou encore que c’est une journée où il faut être bon [1] ? »

 

Si l’on en croit le philologue d’Oxford, ce simple mot, « Bonjour », comporte pas moins de quatre sens possibles (mais il est vrai que, l’anglais « Good morning », séparant encore ce que le français a malheureusement agglutiné, est plus à même de percevoir cette profusion polysémique). Deux sont informatifs ou constatatifs, soit concernant l’objet dont parle le salut (« constatez-vous que c’est une bonne journée ? »), soit tourné vers le sujet qui lance cette salutation (« ou que vous vous sentez bien ce matin » ?). Deux sont performatifs et donc ajoutent un acte de volonté à l’acte d’intelligence qu’est l’information : soit un désir (« Me souhaitez-vous le bonjour » ?), soit un devoir (« ou encore que c’est une journée où il faut être bon ? »). Voilà qui, certes, complique une entrée en relation qui, pourtant promettait d’être aussi cordiale que simple ! Mais voilà aussi qui enrichit des paroles qui pourraient trop rapidement être banalisées et n’engager qu’un lien superficiel, voire mondain.

Alors, arrêtez-vous et demandez-vous pour vous-même : quel est donc ce « bon » dont vous parlez ? qu’est-ce que l’année 2025 peut apporter de bon ? que désirez-vous de bon pour cette nouvelle année ? Voire à quoi voulez-vous vous engager pour devenir meilleur ? Puis, posez ces même interrogations pour vos proches ! Vous rappelant que « seul Dieu est bon » (Mt 19,17).

Dernier constat. Avez-vous observé combien l’Avent passe vite, alors que le Carême semble s’éterniser ?! Pourtant, celui-là dure quatre semaines (comme le nombre de bougies de la couronne d’Avent !), alors que celui-ci en compte sept. Cette différence d’appréciation tient à ce que nous sommes tellement pris par les préparatifs de Noël que, lorsque celui-ci arrive, nous n’avons même pas pris le temps de nous « habiller le cœur [2] » pour recevoir notre Ami incomparable, Jésus ! Or, ce que nous avons peu désiré n’a pas beaucoup de prix. Mais ce que nous attendons d’une vive attente, c’est ce qui élargit le cœur et nous fait recevoir davantage !

Dès à présent, décidons en nous de ce que nous allons poser comme acte, chaque jour (prier un temps que nous déterminerons, lire la Parole de Dieu, rendre service, être attentif à une personne dans le besoin, etc.), pour dire « Bonjour » à Celui qui, le premier, rend nos journées si bonnes !

[1] John Ronald Reuen Tolkien, Bilbo le Hobbit, trad. Francis Ledoux, coll. « Le livre de poche » n° 6615, Paris, Stock, 1980, p. 11.

[2] Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, chap. 21.

3.12.2024
 

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