Désirer d’un grand désir. Une dynamique de perfection au cœur de la doctrine de Catherine de Sienne (recension)

Désirer d’un grand désir. Une dynamique de perfection au cœur de la doctrine de Catherine de Sienne, préf. Card. P. Parolin

Marie des Anges Cayeux o.p.
Spiritualité – Recenseur : Pascal Ide

NRT 141-3 (2019)

Fruit d’une thèse soutenue à l’Angelicum en 2018 par Sr Marie des Anges Cayeux, religieuse dominicaine travaillant actuellement auprès de la Secrétairerie d’État tout en enseignant la spiritualité et la théologie thomiste à l’Angelicum, cet ouvrage est le premier qui aborde ce thème central de la pensée cathérinienne, le désir : de fait, il est l’un des dix termes les plus fréquemment employés par la Mantellata (p. 50). La perspective est celle de la théologie comme « science des saints », ainsi que le signalent les deux citations en exergue – même si l’on s’étonne que le p. Léthel, qui a consacré une substantielle monographie à la théologie de Catherine dans cette perspective, ne soit jamais cité. Certes, Catherine, « mulier desideriorum » (chap. 1), est une femme aux nombreux désirs. Mais ils sont tous polarisés par un unique désir, celui de Dieu. Ainsi l’A. analyse-t-elle le désir de Dieu, au sens d’abord objectif, mais aussi, trop brièvement, subjectif (p. 144-147). Après un parcours des sources scripturaires, patristiques (chap. 2) et médiévales (chap. 3), sont développées une anthropologie du désir (chap. 4), trinitaire (chap. 5) et christologique (chap. 6), puis une éthique du désir comme recherche de la vérité (chap. 7) et, en son urgence (chap. 8), comme prière (chap. 9).L’on se réjouira de voir cités, traduits et organisés de nombreux textes, notamment tirés des 383 Lettres passées au peigne fin ; on relèvera la puissance de conviction qu’offre le désir par lequel la Siennoise entraîne ses parfois très illustres destinataires ; on notera en passant la critique bienvenue de l’ouvrage qu’André Vauchez a consacré à la sainte (p. 255, n. 2). Reste que l’ouvrage aurait pu définir le désir avec davantage de rigueur et interroger la dynamique profonde et « métaphysique du désir » (p. 34-35) en termes plus précis : faut-il la comprendre de manière plus augustinienne, notamment à partir de la tension néant-Être, ou de manière thomasienne comme passion du bien à venir ? – P. Ide

12.8.2022
 

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