Le Sourire de Mona Lisa
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Pays:
Américain
Thème (s):
Enseignant
Date de sortie:
21 janvier 2004
Durée:
1 heures 59 minutes
Évaluation:
**
Directeur:
Mike Newell
Acteurs:
Julia Roberts, Kirsten Dunst, Julia Styles, Ginnifer Goodwin, Maggie Gyllenhaal
Age minimum:
Adolescents et adultes

Le Sourire de Mona Lisa (Mona Lisa Smile), drame américain de Mike Newell, 2003. Avec Julia Roberts, Kirsten Dunst, Julia Styles, Ginnifer Goodwin, Maggie Gyllenhaal.

Thèmes

Enseignant.

Pourquoi Le sourire de Mona Lisa n’est-il pas Le cercle des poètes disparus (Peter Weir, 1989) au féminin qu’il rêvait manifestement d’être ?

 

  1. Inutile de montrer longuement le parallèle, tant il est patent : même époque, même pays, même institution académique, même polarité enseignants-enseignants, même polarité au sein des professeurs entre conservateurs diabolisés et progressistes valorisé, même polarité au sein des étudiants entre les admirateurs et les contempteurs, même fonction émancipatrice accordée à l’art, même rythme de l’intrigue (accueil, curiosité, séduction croissante d’un côté, suspicion croissante de l’autre, reconnaissance finale de la part de certains étudiants). La convergence est telle qu’elle en devient gênante. Pourtant, le réalisateur de Quatre mariages et un enterrement nous avait habitué à plus d’inventivité.

 

  1. Venons-en plutôt à la cause foncière du ratage qui, par le décalage opéré avec l’inévitable modèle, est presque aussi intéressant que la réussite de ce dernier. Elle se repère subjectivement par deux vécus affectifs (deux existentiaux, aurait dit Heidegger) : l’absence de tension c’est-à-dire de passion (au sens d’élan ou de vif intérêt) ; l’absence de catharsis, c’est-à-dire de résolution gratifiante du suspense. Or, à cette face subjective correspond au moins deux causes objectives.

La première, plus accidentelle pour certains, réside dans le contenu. Le cercle des poètes disparus est porteur d’un message autrement plus universel que Le sourire de Mona Lisa : centré sur le féminisme (et pas seulement sur le féminin), donc plus régionalisé, dans le second, il est centré sur la dialectique générale du conservatisme oppresseur et du progressisme, ou plutôt de la créativité, libérant, dans le premier. Il ne s’agit pas de nier la présence bilatérale d’une charge idéologique. Mais, dans le drame de Peter Weir, elle est largement compensée par un message dynamisant et élargissant. Qui, homme ou femme, ne se sentirait rejoint par cette apologie bienvenue de l’innovation, même si, concédant trop à une herméneutique de la rupture, elle ne se conquiert qu’en s’arrachant à la tradition et à l’obéissance ? Ajoutons que le film de Mike Newell se double d’une leçon éthique des plus discutables qui, au minimum, brouille le message et au maximum, le connote trop idéologiquement : la libération bienvenue du joug patriarcal est malheureusement mélangée à l’affranchissement des prétendues contraintes imposées par la grossesse, autrement dit, à l’éloge de la contraception chimique, et à la promotion du concubinage, bref, à la soi-disant libération sexuelle.

Mais, selon moi, la principale cause de la susdite neutralisation affective réside dans la structure narrative. Unique et simple dans Le cercle des poètes disparus, elle est multiple et complexe dans Le sourire de Mona Lisa. Si elle ne disperse pas l’attention, la multiplication des problématiques et histoires individuelles finit par émousser l’investissement et l’identification émotionnelle aux personnages. En outre, alors que John Keating (Robin Williams) se fait d’emblée appeler « Ô capitaine mon capitaine », Katherine n’apparaît pas d’emblée comme celle qui s’inscrit en décalage, de sorte que sa motivation semble ambivalente. Ensuite, l’apport novateur de la professeur d’histoire de l’art ne se manifeste que ponctuellement (surtout à l’occasion de l’exposition de la toile de Pollock) et le lien avec la vie vaguement, alors que celui de l’enseignant en littérature anime tous les propos et les expériences particulièrement inventives qui les incarnent. De plus, la jeune enseignante fusionne trop avec ses élèves, alors que Keating garde toujours ses distances : l’enseignant du Wellesley College se rend à la cérémonie d’initiation ou mêle sa vie personnelle avec sa vie professionnelle, tandis que celui de l’académie de Welton ne visite pas la grotte dont il ne mentionne que le lieu, et demeure sobre, sinon taiseux, sur son existence privée. Sans prétendre clôre les polarités, Keating est un homme à la longue carrière qui n’a plus à prouver ce qu’il vaut, mais l’inaccomplissement (pour ne pas dire l’immaturité) de Katherine est encore trop évident pour que sa décision de quitter le collège soit motivée par la seule exclusion, de fait injuste.

Enfin et surtout, manque l’élément dramatique décisif : d’un côté, la tragédie (le suicide d’un élève) ; de l’autre, le bouc émissaire, qui redouble la violence subie d’une violence injuste. Or, dans le film, l’on ne trouve nulle mort, ni réelle, ni symbolique comme le lynchage victimaire (Katherine a le choix de demeurer, même si une telle décision rimerait avec compromission. Mais nous avons aussi relevé son ambiguïté).

Pascal Ide

En 1953, Katherine Ann Watson (Julia Roberts), étudiante de 30 ans, vient tout juste d’obtenir un diplôme de l’université de Californie. Elle accepte alors le poste de professeur d’histoire de l’art au Wellesley College, une prestigieuse université d’arts libéraux féminine conservatrice dans le Massachusetts. Dès le premier cours, Katherine découvre que toutes les élèves ont déjà lu le manuel en entier et connaissent le programme par cœur. Elle utilise alors ses cours pour leur présenter l’art moderne et orchestrer des débats par exemple sur la beauté de l’œuvre.

Katherine apprend aussi à connaître ses élèves et cherche à ce qu’elles aspirent à autre chose que de se marier et d’être de bonnes épouses.

Betty Warren (Kirsten Dunst) est une élève très conservatrice qui ne dissimule pas ses opinions. Aussi ne comprend-elle pas pourquoi Katherine n’est pas mariée et insiste sur le fait qu’il y a des règles universelles concernant la beauté de l’art. Elle publie également des éditoriaux dans le journal de l’université, dont l’un dénonce l’infirmière de l’université, Amanda Armstrong (Juliet Stevenson), qui distribue des préservatifs aux étudiantes. Amanda est licenciée de l’école après cet éditorial. D’autres de ces éditoriaux attaquent Katherine en disant que les jeunes femmes doivent suivre le chemin qui leur est proposé et devenir de bonnes épouses et mères. Betty a hâte de se marier avec Spencer Jones (Jordan Bridges), mariage arrangé par ses parents, et ainsi échapper aux cours de Katherine, car l’une des traditions de l’université est de faire exception sur les absences des femmes mariées. Katherine insiste sur le fait que Betty doit assister aux cours si elle ne veut pas être recalée, ce qui ne fait qu’amplifier les tensions entre les deux femmes. Après un conflit dû à l’éditorial de Betty, Katherine consacre son cours d’art contemporain à la publicité montrant que les femmes sont juste bonnes à servir les repas, alors qu’elles sortent des meilleures universités du pays.

Connie Baker (Ginnifer Goodwin) commence à sortir avec Charlie Stewart (Ebon Moss-Bachrach), le cousin de Betty. Mais cette dernière la persuade qu’il ne fait que jouer avec elle, puisque ses parents ont arrangé un mariage entre lui et Deb MacIntyre. Naïve et blessée, Connie rompt avec lui. Quelques semaines plus tard, Connie et Charlie se retrouvent et Charlie lui explique avoir décidé de ne pas se marier avec Deb. Connie comprend qu’elle est passée à côté de son histoire d’amour avec Charlie et en veut terriblement à Betty.

Joan Brandwyn (Julia Stiles), quant à elle, rêve de devenir avocate et est déjà en prépa de droit. Katherine l’encourage donc à passer le concours pour rentrer à l’Université Yale. Elle est acceptée, mais décide de refuser au profit de sa nouvelle vie avec son mari, Tommy Donegal (Topher Grace). Katherine lui suggère de s’inscrire dans une autre université plus proche de son époux, afin de pouvoir servir le dîner de son mari à 7 heures du soir. Mais Joan lui répond à Katherine, déçue, qu’elle a fait le choix d’être une épouse et de fonder une famille : être une épouse et une mère ne la rend pas moins intelligente.

Enfin, ayant plusieurs amants, Giselle Levy (Maggie Gyllenhaal) est plutôt libérale sur sa vision de la femme et de la sexualité. Sans surprise, elle admire Katherine pour ses idées et son désir d’amancipation pour elle et ses élèves, et se trouve souvent en opposition avec Betty qui, en retour, la méprise. Mais elles finiront par devenir amies.

Katherine refuse les fiançailles avec son petit ami de Californie du fait de leur divergence, et elle commence à fréquenter le professeur d’italien de Wellesley, Bill Dunbar (Dominic West). Bill est un charmeur et un affulateur qui lui raconte tout un tas d’anecdotes sur son voyage en Europe et ses actions héroïques pendant la Seconde Guerre mondiale en Italie. Continuant à entretenir des liaisons avec les étudiantes, notamment Giselle, il promet à Katherine d’arrêter. Leur relation progresse, mais, quand elle apprend qu’il lui a menti et qu’il n’est jamais allé en Europe, Katherine décide de rompre avec lui. Pour se venger, Bill dit alors que Katherine n’est pas venue à Wellesley pour montrer leur voie aux étudiantes, mais pour leur montrer sa propre voie.

Au bout de six mois, le mariage de Betty s’effondre quand elle apprend que Spencer la trompe et que sa mère ne la comprend pas. Pire, cette dernière reconnaît que c’est chose courante et que toute épouse doit accepter ce fait. Betty rend visite à Katherine et, sur ses conseils, décide de commencer une procédure en vue du divorce et de chercher un appartement dans Greenwich Village, à Manhattan. Face à sa mère qui découvre le pot aux roses, Betty ose lui exprimer la frustration qu’elle a éprouvée de ne pas avoir été soutenue, lui révéler qu’elle a été soutenue par Katherine et lui annoncer qu’elle a décidé de faire sa vie seule, de passer le concours de Yale et d’emménager avec Giselle.

Les cours de Katherine étant très populaires, elle est invitée à une deuxième année à l’école, non sans conditions : suivre le programme, donner le sien à l’avance afin qu’il soit approuvé voire retouché, garder une relation strictement professionnelle avec les autres membres de l’école et ne pas parler aux étudiantes en dehors des cours. Katherine décide alors de quitter et partir en Europe. Betty dédie son dernier éditorial à Katherine, où elle fait l’éloge que de cette femme extraordinaire dont la vie est un exemple et du professeur qui a invité les étudiantes à voir le monde d’un autre œil. Alors que le taxi de Katherine part de l’école, toutes les étudiantes la suivent à vélo et Betty tente de rester à hauteur de la voiture, comme pour remercier une dernière fois Katherine d’avoir changé leur vie.

Le générique de fin montre les publicités de l’époque affirmant ce que la femme doit faire : « pour la rendre plus heureuse le matin de Noël, offrez lui un aspirateur ».

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