La Balade sauvage
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Pays:
Américain
Thème (s):
Narcissisme, Rédemption, Sociopathie
Date de sortie:
4 juin 1973
Durée:
1 heures 35 minutes
Évaluation:
***
Directeur:
Terrence Malick
Acteurs:
Martin Sheen, Sissy Spacek, Warren Oates
Age minimum:
Adolescents et adultes

La balade sauvage (Badlands), drame et biopic américain de Terrence Malick, 1973. Avec Martin Sheen, Sissy Spacek.

Thèmes

Sociopathie, rédemption, narcissisme.

Comme Joker (2019), La balade sauvage met en scène une personnalité sociopathe, de surcroît bien réelle, et cherche à susciter un réel malaise. Pourtant, le spectateur (en tout cas moi-même) sort du film de Terrence Malick, habité par des sentiments plus mélangés où, au final, ne domine pas le dégoût presque complice qui m’avait saisi après la vision du malsain thriller de Todd Phillips.

Le jeune réalisateur (il n’avait que 30 ans à l’époque), lui, n’excuse ni n’explique la personnalité gravement déséquilibrée de Kit. Il lui suffit de montrer pour que tout soupçon de complicité soit éventé : le jeune homme n’est pas seulement dénué de toute conscience morale, donc de tout remords, mais il jouit de tuer (« Il a la gâchette facile », dit de lui Holly), y compris son unique « ami », Cato (Ramon Bieri). Cependant, l’inexpliqué, voire l’inexplicable ne devrait-il pas aggraver le désarroi ? Alors, pourquoi le spectateur ne sombre-t-il pas dans la même ténébreuse désespérance que son vis-à-vis qui, lui, bénéficie de la laborieuse justification psychosociologique que, fin connaisseur des profondeurs du cœur humain, Christopher Nolan s’était bien gardé de lui accorder (Batman. II. The Dark Night, 2008) ? Parce que l’histoire magistralement racontée et filmée par Malick tresse trois autres fils, en-deçà, à-côté ou au-delà de la morale.

Tout d’abord, le discours de Holly, entre la rêverie mi romantique mi-acédique d’une jeune fille qui, délaissée de tous, Madame Bovary avant l’heure, s’est gavée de romances à l’eau de rose (« Il voulait mourir avec moi et je rêvais de me perdre pour toujours dans ses bras ») et la réactivité adolescente de l’orpheline trop tôt délaissée par sa mère entre les mains d’un père brutal et autiste.

Ensuite, la [d]étonnante critique sociale d’une Amérique que la griserie de la réussite à tout prix anesthésie (le copier-coller de James Dean est élevé au rang de star par l’escadron de policiers dont il a pourtant décimé les rangs). L’ego de Kit, paradoxalement aussi affaissé que surdimensionné, est donc, sinon créé, du moins amplifié par cette fabrique du narcissisme qui élit les gagnants et exclut les perdants. Comment, à l’instar de La règle du jeu (Jean Renoir, 1939), tout dernièrement critiqué, ne pas lire l’entrelacs de la mimésis, de l’emballement violent et de la résolution victimaire, dont Kit se fait lui-même complice en sabordant sa Cadillac ?

Surtout, enfin, la contemplation éblouie de la nature qui, loin d’être un contrepoint esthétisant, est un gratuit hommage rendu à la merveille des paysages traversés, filmés au plus près et au plus loin, et déjà une manière implicitement mystique d’éléver, avec le regard, l’âme vers ce qui pourrait être l’offre d’une innocence que l’homme ne peut plus accorder.

 

Ainsi, dès sa première œuvre (qui est un chef d’œuvre), Malick noue fond et forme, atteste déjà d’un style tout au service d’un contenu dont je dirais que, plus qu’il n’enjambe les stades esthétiques et éthiques pour entrer de plein pied dans le mystique (plus que le religieux), télescope les deux premiers pour faire du beau et du bien la via divinitatis. Et ainsi rappeler à l’homme « qui passe l’homme » qu’il peut s’arracher à la désespérante région de dissemblance pour venir respirer l’air en-thousiasmant des Hauteurs où l’attend son Auteur.

Pascal Ide

Quand Kit Carruthers (Martin Sheen), 25 ans, et Holly Sargis (Sissy Spacek), 15 ans, se rencontrent, elle s’exerce avec son bâton de majorette et lui vient d’être renvoyé de son travail d’éboueur. La nouvelle venue dans ce bled endormi du Dakota du Sud, à qui personne ne s’était jamais intéressé, est vite attirée par son look à la James Dean. Et bientôt, ils tombent amoureux l’un de l’autre, à la grande fureur du père de Holly (Warren Oates). Celui-ci tue son chien pour la punir et la décourager de le voir. Mais Kit et Mollie persistent à se fréquenter et, comme le père leur interdit de partir ensemble, Kit finit par l’assassiner sous le regard presque indifférent de sa fille. Cet homicide ne sera malheureusement que le premier d’une longue série que le couple sème dans sa fuite vers les bien nommés Badlands du Montana. Y parviendront-ils ? Survivront-ils ?

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