Gatsby le Magnifique (The great Gatsby), drame australo-américain écrit, produit et réalisé par Baz Luhrmann, 2013. Adapté du roman éponyme de F. Scott Fitzgerald, 1925. Avec Leonardo DiCaprio, Tobey Maguire.
Thèmes
Arrivisme, espoir, colère.
The great Gatsby, Gatsby le Magnifique, n’est pas seulement un roman (et des films) sur l’acédie – même s’il montre la vanité de la richesse tournée vers soi et la cécité de toute une génération d’avant la crise de 1929, qui s’étourdit et va se précipiter dans le plus responsable des abîmes. Ce n’est pas non plus seulement un film sur l’espoir sans mesure, espoir contre tout espoir, comme le raconte le narrateur, Nick – même si, de fait, Gastby a pu monter si haut, grâce à cet espoir : espoir de sortir de la misère, espoir de conquérir Daisy, espoir encore à la fin de la reconquérir. C’est aussi un grand film sur une personnalité gagnante – ce que l’ennéagramme a décrit sous le type « 3 » –, qui peut se hisser jusqu’à la hauteur de son rêve. Mais qui ne vit qu’à hauteur d’homme. Et donc manque totalement sa vocation surhumaine, car surnaturelle. Un signe l’atteste. Gatsby veut vivre son rêve ; or, ce rêve est tout entier contenu dans le baiser et la nuit d’amour avec Daisy qui, la guerre ayant passé, l’a abandonné. Le great Gatsby place donc toute son énergie à revenir dans le passé, donc à nier l’avenir et la vie. Or, l’avenir se distingue du passé non pas seulement en ce que celui-là n’est pas encore, alors que celui-ci n’est plus, mais d’abord en ce qu’il est en grande partie indéterminé, alors que son opposé polaire est déterminé. Mais le surnaturel est ce que l’homme ne maîtrise ni ne mesure en rien : en son essence, en sa gratuité, en sa survenue. Voilà pourquoi l’homme de la maîtrise – et l’argent offre cette illusion de la toute-puissance – ne peut que se replier sur le naguère et faire la guerre à ce qui, dans l’avenir, s’aventure à être plus que du futur…
Ajoutons que cette nouvelle version de Gatsby le Magnifique donne à voir l’un des plus bluffants numéros d’acteur et l’une des plus impressionnantes colères de l’histoire du cinéma, celle que pique Leonardo di Caprio. Ce courroux se traduit par des hurlements et des gesticulations. Sans aller jusqu’à des insultes ou des gestes violents, il le défigure, fait trembler tout son entourage et terrorise même celle qu’il aime. Pour autant, il est en grande partie légitime. En effet, la colère est dirigée contre son rival, celui qui a épousé la femme qu’il aime (et qui, en retour, l’aime d’autant plus que son mari la trompe). De plus, l’homme non seulement humilie Gatsby et le pousse à bout. Surtout, il le manipule pour le faire sortir de ses gonds. La preuve en est que, seul à ne pas termbler, il demeure totalement insensible ; plus encore, il jubile : il est arrivé à ses fins.
Pascal Ide
En décembre 1929, Nick Carraway (Tobey Maguire), un vétéran de la Première Guerre mondiale, est sous traitement dans un hôpital psychiatrique. Il parle à son docteur de Jay Gatsby (Leonardo DiCaprio), l’homme le plus rempli d’espoir qu’il n’ait jamais connu.
Sept ans plus tôt, durant l’été 1922, Nick, après avoir abandonné l’écriture, déménage du Midwest et arrive à New York. Il loue le cottage d’un jardinier dans la ville fictive de West Egg, sur la côte nord de Long Island, situé à côté du manoir de Gatsby, un mystérieux magnat des affaires qui organise souvent des soirées extravagantes. Nick se rend chez sa cousine, Daisy Buchanan (Carey Mulligan), une femme belle mais oppressée, qui a épousé Tom (Joel Edgerton), un homme puissant et dominant. Daisy joue aux entremetteuses entre Nick et une autre de leurs invités, Jordan Baker (Elizabeth Debicki), golfeuse célèbre que Nick trouve attirante. Quand Nick rentre chez lui, il voit Gatsby se tenir sur un ponton, regardant une lumière verte provenant de la côte des Buchanan. D’où provient la fortune de cet homme mystérieux ? Est-il heureux ? Pourra-t-il le rencontrer ?