Film fantastique américain de Jordan Vogt-Roberts, 2017. Avec Tom Hiddleston, Brie Larson, Samuel L. Jackson (rien à voir avec Peter…).
Thèmes
Nature, amour.
Le nouveau King Kong commence bien et finit bien. En effet, même s’il n’est pas un remake, l’on peut difficilement s’imaginer que le film s’affranchisse totalement des trois versions antérieures (1933, 1976, 2005), tant l’histoire est d’abord un mythe troublant autant qu’envoûtant. Or, d’une part, le film commence où se sont achevés les autres : en eux, Kong y meurt, cruellement et injustement massacré par l’armée, précisément par les appareils volants (avions ou hélicoptères) ; ici, tout au contraire, c’est lui qui remporte la victoire en annihilant une impressionnante armada de plus d’une dizaine d’hélicoptères de combat. Le spectateur assiste avec d’autant plus de jubilation à cette revanche qu’elle n’est pas seulement une réponse aux précédentes moutures qui, par elle-même, ne pourrait justifier la furie du grand singe, mais la conséquence d’une imprudente et sauvage violence (les bombes sismiques) de l’homme-prédateur faite au territoire dont Kong est le gardien.
D’autre part, la fin des trois précédentes versions s’éclaire à la lumière diagnostique – qui vaut morale – dans l’ultime version de Peter Jackson, en 2005 : « Les avions n’y sont pour rien. C’est la Belle qui a tué la Bête ». Or, ici, tout au contraire, c’est grâce à son amour ou du moins son respect de la belle, que le méga (méta ?)-gorille terrasse le méchant, c’est-à-dire le lézard géant : en effet, aucun de ses assauts antérieurs, aucune de ses ruses, aucune de ses armes improvisées n’arrivent à vaincre le monstre qui, tel Antée, semble puiser une énergie inépuisable des profondeurs chtoniennes dont il a surgi ; or, c’est en protégeant la belle qu’il trouve et l’énergie et l’astuce qui conduira à l’éviscérer.
Malheureusement entre ce début prometteur et cet achèvement créateur (je ne parle pas de la fin d’après la fin, la scène post-générique qui annonce une suite transformant Kong en un super-héros mode Marvel…), le film déçoit : autant par les acteurs, peu charismatiques (à moins qu’il ne faille incriminer la direction d’acteurs – sauf un King Kong vraiment crédible, la sclérotique en moins) et la musique aussi omniprésente qu’insipide, que par un genre qui se cherche (oscillant entre la vague comédie et la tragédie qu’il ne peut être, puisqu’a été écartée la triste, mais puissante fin) et une dispersion de l’attention (à quoi sert, par exemple, d’ajouter ces silencieux Guaranis ?).
Une nouvelle fois, un ensemble de bonnes idées (comme les scènes poétiques : de la découverte de l’île à la rencontre nocturne avec Kong) et de moyens dispendieux ne peut sauver un scénario indigent. Le spectaculaire ne fait pas le spectacle. Quand est-ce que les nouveaux maîtres d’Hollywood apprendront à faire désirer ce qui va arriver (une fois expliquée la guerre ancestrale entre le roi Kong et ses rivaux, le spectateur sait bien que les « bons » arriveront à bon port et que mourra le « méchant » colonel qui veut gagner son Vietnam) et à s’interdire de susciter une envie qui demeure frustrée (pourquoi parler de fourmis géantes ou de créatures d’en-bas, sans montrer ni les premières ni le lieu d’où surgissent les secondes ?) ?
En 1945, l’avion du pilote américain Hank Marlow (John C. Reilly) se crashe sur une île inconnue du Pacifique-Sud, aussitôt suivi par son adversaire japonais qui s’apprête à le tuer, lorsque leur duel se trouve interrompu par un gorille géant de 30 mètres de haut (oui, plus de trois fois la taille du monstre de 9 mètres dans les précédents King Kong). En 1973, quelque vingt-huit ans et onze mois (toute allusion à une robinsonade est totalement fortuite) plus tard, Bill Randa (John Goodman), un chercheur revanchard, un aventurier, le capitaine James Conrad (Tom Hiddleston), une reporter antimilitariste, Mason Weaver (Brie Larson), un déçu du départ du Vietnam, le lieutenant-colonel Preston Packard (Samuel L. Jackson) et un groupe de marines, aborde la même île. Seul le premier explorateur sait ce qu’il cherche. Mais il ignorait tout du danger qu’il faisait courir à tous les autres et surtout de l’histoire de ce lieu pas comme les autres.