Jalons pour une Histoire de la Philosophie de la nature III-8 Brève histoire philosophique des théories de l’évolution du vivant. Lamarck et Darwin

B) Les quatre saisons des théories de l’histoire du vivant

1) 1809. Le transformisme de Jean-Baptiste de Lamarck

Certes, Lamarck (1744-1829) ne manque pas de précurseurs, mais c’est lui le véritable fondateur de la théorie transformiste. Voire, il fut plus audacieux que le Darwin de L’Origine des espèces puisqu’il fait descendre l’homme du singe, ce que Darwin ne fit que dans son livre The Descent of Man.

a) Le point de départ ou le génie de Lamarck

Quel fut le point de départ de la réflexion de Jean-Baptiste de Monet, chevalier de Lamarck ? « Ce qui s’est produit, c’est que, à la fin des années 1790, Lamarck a pris en main la collection de mollusques du Museum de Paris, à la mort de son ami Brugière. Et quand il commença à étudier cette collection, qui contenait à la fois des mollusques ré­cents et des fossiles, il s’aperçut que beaucoup d’espèces actuelles de moules et d’autres mollusques marins avaient des analogues dans les espèces fossiles. En fait, il était souvent possible de ranger les fossiles des couches anciennes et récentes du ter­tiaire selon une série chronologique se terminant par une espèce actuelle. Dans les cas où le matériel était complet, il était même possible d’établir des séries phylétiques virtuel­lement sans rupture. Dans d’autres cas, l’espèce récente remontait loin dans les couches tertiaires. La conclusion devint inévitable que de nombreuses séries phylétiques avaient subi un changement lent et graduel au cours du temps. Probablement aucun autre groupe d’animaux, à part les mollusques marins, ne pouvait fournir une telle conclusion [1] ».

À ce premier fait de départ, il faut joindre un second : « Ne serait-il pas possible […] que les individus fossiles dont il s’agit appartinssent à des espèces encore existantes, mais qui ont changé depuis, et ont donné lieu aux espèces actuellement vivantes que nous trouvons voisines [2]? »

Enfin, certaines conditions affectives ne sont pas inutiles. Malgré sa grande science de naturaliste et ses incontestables apports, Buffon n’a pas accédé à une vision évolution­niste de la nature pour des raisons extra-rationnelles. En effet, son regard est pessimiste : il ne voyait dans la nature que dégénérescence. Les variations naturelles ne sont pour lui que des amoindrissements. Aussi, la nature ne peut-elle se diriger que vers l’extinc­tion et la mort. De plus, l’homme détruit la nature. Aussi Buffon refuse-t-il tout anthropo­morphisme naïf.

Il appartiendra à Lamarck d’avoir une vision suffisamment valorisante de la durée pour que l’histoire entre de plein pied dans les sciences du vivant. L’optimisme de Lamarck lui montre une nature créatrice de nouveauté : « La nature ou l’ordre des choses qui la constitue, est le second et à la fois le dernier des objets créés qui aient pu parvenir à notre connaissance […]. Or, faisant nous-mêmes partie de l’immense série de ses pro­ductions, nous devons fortement nous intéresser à l’étude de la cause qui y a donné lieu […]. C’est une puissance toujours active, en tout et partout bornée, qui fait les plus grandes choses, et qui, dans chaque cas particulier, agit constamment de la même ma­nière, sans jamais varier les actes qu’elle opère alors [3] ».

b) Le fait

La thèse se résume aisément dans la table des matières de la Philosophie zoologique : « Que tous les corps vivants étant des productions de la nature, elle a nécessairement or­ganisé elle-même les plus simples de ces corps, leur a donné directement la vie, et avec elle les facultés qui sont généralement propres à ceux qui la possèdent. – Qu’au moyen de ces générations directes formées au commencement de l’échelle, soit animale, soit végétale, la nature est parvenue à donner progressivement l’existence à tous les aures corps vivants [4] ».

Considérons d’abord le fait de l’évolution. Lamarck s’est opposé au fixisme que l’on rencontre encore chez Buffon. Pour savoir si les espèces changent, on doit d’abord se demander ce que sont les espèces. « On a appelé espèce toute collection d’individus semblables qui furent produits par d’autres individus pareils à eux. Cette définition est exacte ». Mais, il précise aussitôt : « Mais on ajoute à cette définition la supposition que des individus qui composent une espèce ne varient jamais dans une constante absolue dans la nature. C’est uniquement cette supposition que je me propose ici de combattre, parce que des preuves évidentes obtenues par l’observation constatent qu’elle n’est pas fon­dée [5] ».

c) Les quatre lois de Lamarck

« Première loi : La vie, par ses propres forces, tend continuellement à accroître le volume de tout corps qui la possède, et à étendre les dimensions de ses parties, jusqu’à un terme qu’elle amène elle-même.

« Deuxième loi : La production d’un nouvel organe dans un corps animal résulte d’un nouveau besoin survenu qui continue de se faire sentir, et d’un nouveau mouvement que ce besoin fait naître et entretient.

« Troisième loi : Le développement des organes et leur force d’action sont constamment en raison de l’emploi de ces organes.

« Quatrième loi : Tout ce qui a été acquis, tracé ou changé, dans l’organisation des indi­vidus, pendant le cours de leur vie, est conservé par la génération, et transmis aux nou­veaux individus qui proviennent de ceux qui ont éprouvé ces changements [6] ».

d) Les causes

Après le fait et les causes, passons enfin aux causes. Comment les espèces évoluent-elles pour Lamarck ? Deux principes fondent la théorie lamarckienne de l’évolution :

Le premier principe parle de l’influence du milieu sur le vivant, autrement dit l’ac­quisition de caractères nouveaux. Ce changement, cette apparition de nouveauté s’opère selon un processus en plusieurs temps dont l’initiation se fait au sein du milieu, ce qui est tout-à-fait capital : « un changement de circonstances entraîne un changement de besoins qui entraîne un changement des habitudes et des actes qui entraîne un changement des organes et des formes » du vivant [7]. Pour Lamarck, le besoin de pos­sèder un organe finit par lui donner naissance.

On a parfois résumé cette théorie selon l’axiome : la fonction crée l’organe. Mais encore faut-il lire derrière la simplicité de l’axiome toute la complexité du processus décrit par Lamarck. En effet, « de grands changements dans les circonstances amènent pou les animaux de grands changements dans leurs besoins, et de pareils changements dans les besoins en amènent nécessairement dans les actions. Or, si les nouveaux besoins deviennent constants et très durables, les animaux prennent alors de nouvelles habi­tudes, qui sont aussi durables que les besoins qui les ont fait naître ». Et Larmarck de conclure : « Voilà ce qu’il est facile de démontrer, et mêm equi n’exige aucune explication pour être senti [8] ».

Le second principe traite de l’hérédité des caractères acquis. « Ce que la nature a fait acquérir ou perdre aux individus par l’influence des circonstances…, elle le conserve aux nouveaux individus qui en proviennent, pourvu que les changements acquis soient communs aux deux sexes, ou à ceux qui ont produit ces nouveaux individus [9] ».

Donnons-en un exemple qui manifeste l’étonnante actualité de Lamarck : l’apparition de l’homme : « Si une race quelconque de quadrumanes, surtout la plus perfectionnée d’entre elles, perdant par la nécessité des circonstances, ou par quelque autre cause, l’habitude de grimper dans les arbres, et d’en empoigner les branches avec les pieds comme avec les mains, pour s’y accrocher, et si les individus de cette race, pendant une suite de générations, étaient forcés de ne se servir de leurs pieds que pour marcher, et cessaient d’employer leurs mains comme des pieds, il n’es past douteux […] que ces quadrumanes ne fussent à la fin transformés en bimanes, et que les pouces de leurs pieds ne cessassent d’être écartés des doigts, ces pieds ne leur servant plus que pour marcher » et qu’il n’eussent adopté la position debout afin « de voir à la fois au loin et au large [10] ».

Cette hérédité se fait par petits sauts : « La nature, en produisant successivement toutes les espèces d’animaux, et commençant par les plus imparfaites ou les plus simples, pour terminer son ouvrage par les plus parfaites, a compliqué graduellement leur organisation [11] ».

Notons en passant que Lamarck rapporte la cause à Dieu (alors que Darwin est ou plutôt deviendra agnostique) : « Ne se pourrait-il pas que son infini pouvoir ait créé un ordre de choses qui a donné naissance successivement à tout ce que nous pouvons voir aussi bien qu’à tout ce qui existe mais que nous ne voyons pas [12]? »

2) 1859. L’évolutionnisme de Charles Darwin (1809-1892)

Elle est développée dans trois ouvrages : L’origine des espèces au moyen de la sélec­tion naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie (1859) ; De la variation des animaux et des plantes sous l’action de la domestication (1869) ; La des­cendance de l’homme et la sélection sexuelle (1871).

Mais, comme l’observe Pierre-Paul Grassé, « l’essentiel du darwinisme réside toujours dans le livre fondamental L’origine des espèces. La doctrine revue et corrigée par A. Weismann et Th. Morgan reste toujours dans son cadre originel, mais la mutation, depuis de Vries, est devenue la clé de voûte de l’édifice [13] ». Il a connu six éditions successives du vivant de Darwin, et elles n’ont cessé de s’enrichir. Rappelons qu’on ne trouve pas le terme évolution dans la première édition !

On pourrait dire que Darwin applique à la biologie ce que Leibniz disait de toute la na­ture, à savoir que natura non facit saltus. Pour lui, l’évolution se fait par modifications mi­nimes. En effet, c’est le milieu, par pression de sélection qui est source de modification ; mais la sélection ne peut être cause que de changements légers. Donc : « Dans les corps vivants, la variation cause les modifications légères, la génération les multiplie presque à l’infini et la sélection naturelle s’empare de chaque amélioration avec une sûreté infail­lible [14] ».

a) Les deux éléments de la doctrine de Darwin

Il est hors de question d’exposer en détail qui était Darwin et quelle était sa doctrine [15]. Nous irons donc, et très brièvement, à l’essentiel : « La vérité capitale qu’il [Darwin] entendait mettre en évidence était double : d’abord, que les espèces ont changé au cours du temps, ensuite, qu’elles se sont ainsi modifiées en vertu d’un phénomène géné­ral qu’il nommait la Sélection Naturelle [16] ».

Voici un texte important où Darwin résume l’essentiel de sa doctrine : « On me permettra de dire, à titre d’excuse, que [lors de la publication de l’Origine ], j’avais en vue deux ob­jets distincts : premièrement, montrer que les espèces n’avaient pas été créées séparé­ment, et deuxièmement, que la sélection naturelle avait été l’agent principal de leur changement, bien qu’elle ait été très aidée par les effets de l’habitude transmise par l’hé­rédité, et un par l’action directe des conditions environnantes. Je n’ai pourtant pas réussi à neutraliser l’infulence de ma croyance première, en ce temps-là presque universelle, que chaque espèce avait été créée dans ue intention particulière, et cette croyance m’a conduit à assumer tacitement que chaque détail de structure, sauf les rudimentaires, rendait quelque service spécial. Avec une telle idée en tête, n’importe qui étendrait natu­rellement trop loin les effets de la sélection naturelle dans le passé comme dans le pré­sent. Certains de ceux qui admettent le principe de l’évolution, mais rejettent la sélection naturelle, semblent oublier en critiquant mon livre que j’y avais en vue ces deux objets. Si donc je me suis trompé en attribuant une grande efficacité à la Sélection Naturelle, ce que je suis bien loin d’admettre, ou en exagérant son pouvoir, ce qui est en soi probable, j’espère du moins avoir rendu un bon service en contribuant à renverser le dogme des créations séparées [17] ».

On le voit donc, Darwin d’une part s’affirme pour l’évolution (contre le créationnisme qui voulait que Dieu ait créé successivement ou simultanément toutes les espèces vivantes) ; or, d’autre part, il ne voit pas d’autre alternative au créationnisme que la théorie de la sélection naturelle ; ergo… Le premier point n’est pas absolument original, puisque cette doctrine se retrouve chez un Lamarck (même si Darwin le critique) et son collègue Wallace ; par contre, le second élément qui touche non plus l’existence de l’évolution, mais son comment, son mouvement, et en l’occurrence, sa cause efficiente, est vraiment l’œuvre originale de Darwin, jusqu’au nom.

Écoutons Darwin proposer son Credo à la fin de l’introduction : « Je suis pleinement convaincu que les espèces ne sont pas immuables [première thèse sous forme négative] ; je suis convaincu que les espèces qui appartiennent à ce que nous appelons le même genre descendent directement de quelque autre espèce ordinairement éteinte, de même que des variétés reconnues d’une espèce quelle qu’elle soit descendent directement de cette espèce [première thèse sous forme positive] ; je suis convaincu, enfin, que la sélec­tion naturelle a joué le rôle principal dans la modification des espèces, bien que d’autres agents y aient aussi participé [seconde thèse sous forme positive] [18] ».

b) Origine du premier élément

Il est multiple et d’abord observationnel [19]. Darwin a été frappé par deux faits princi­paux qui sont, pour lui, la preuve du changement évolutif : la non-constance (ou multipli­cation) des espèces, ce qu’ont révélé les recherches géographiques ; les séries fossiles (et leurs lacunes, à quoi il faut joindre aussi le fait des analogies et des extinctions : cf. chap. 11) découvertes par les recherches géologiques.

Il ne faudrait pas se cacher l’importance de facteurs méthodologiques comme le prin­cipe de simplicité : « Divers savants ont soutenu qu’il est aussi facile de croire à la créa­tion de cent millions d’êtres qu’à la création d’un seul ; mais en vertu de l’axiome philo­sophique de la moindre action formulé par Maupertuis [cf. ci-dessous : nous en ferons un signe de la finalité], l’esprit est plus volontiers porté à admettre le nombre moindre, et nous ne pouvons certainement pas croire qu’une quantité innombrable de formes d’une même classe aient été créées avec les marques évidentes, mais trmpeuses, de leur des­cendance d’un même ancêtre [20] ».

c) Origine du second élément Malthus

Il n’y a pas besoin d’inventer des relations entre Malthus et Darwin, même si celui-là n’a pas utilisé le terme de sélection naturelle. En effet, Darwin l’a clairement affirmé à son public : « En octobre 1838, c’est-à-dire environ quinze mois après avoir commencé mon enquête systématique, je tombai, en lisant pour me distraire, sur Malthus, De la popula­tion, et comme j’étais bien préparé, par l’observation prolongée des habitudes des ani­maux et des plantes, à apprécier la lutte pour l’existence qui se poursuit partout, je fus aussitôt frappé de l’idée que, dans ces circonstances, les variations favorables tendraient à etre préservées et les défavorables à être détruites [21] ».

Or, Darwin était à l’époque en quête d’un principe explicatif de l’évolution : comment rendre compte des variations au sein d’une même espèce ? Voilà donc ce qu’est le statut épistémologique de la sélection naturelle : c’est une théorie, un modèle qui a montré sa fécondité à long terme, mais ce n’est pas une copie conforme du réel.

Précisément, que dit le Révérend Malthus, puisque l’auteur de l’essai Sur le principe de la population (dont la première édition date de 1798) est un pasteur. On connaît sa thèse et le scandale qu’elle soulève : le pauvre ne devrait pas exister. Il y a une explica­tion conjoncturelle à cette thèse si peu conforme à l’esprit de l’Evangile : à l’époque, les taxes qui pesaient sur les non-pauvres pour en venir en aide aux plus pauvres, attei­gnaient un tel niveau qu’elles exaspéraient les contribuables. Mais il y a à cela une dé­monstration systématique. Elle repose sur deux principes et un fait : d’une part, la nourri­ture est nécessaire à l’existence de l’homme ; d’autre part, la passion entre les sexes n’est pas prête de s’éteindre, et donc les enfants de se multiplier. Or, et ce fait vient inter­férer avec les deux principes de base, « le pouvoir qu’a l’homme de peupler la terre est indéfiniment plus grand que celui qu’a la terre de produire la subsistance de l’homme [22] ». Malthus dit aussi plus loin que l’ »inégalité naturelle entre les deux forces, celle du peuplement et celle de la production du sol, et cette grande loi de la nature qui doit constamment équilibrer leurs efforts, constitue le principal obstacle, à mon sens insur­montable, sur le chemin de la société vers la perfectibilité [23] ».

Malthus en arrive donc à « nier formellement que les pauvres aient droit à être secou­rus ». Si par exemple un pauvre se marie, « il devrait savoir que les lois de la nature, qui sont les lois de Dieu, l’ont condamné à souffrir, lui et sa famille, pour avoir bravé leurs avertissements ; qu’il n’avait aucun titre, aucun droit sur la société pour en obtenir la moindre parcelle de nourriture au-delà de ce qu’il pourrait se procurer à juste titre par son travail, qu’il ne lui resterait que la charité privée, qui ne va pas loin [24] ».

Darwin empruntera à Malthus, non pas tant l’idée de cette lutte pour la vie, que la notion de son « intensité », « de son pouvoir contraignant sur les vivants [25] ».

d) Conclusion

La fin de la conclusion est aussi révélatrice que le début de l’ouvrage cité ci-dessus. Darwin énonce les différentes grandes lois commandant la nature dont la dernière est la loi de sélection naturelle. « Le résultat direct de cette guerre de la nature, qui se traduit par la famine et par la mort, est donc le fait le plus admirable que nous puissions concevoir, à savoir : la production des animaux supérieurs ». Et Darwin, pourtant agnostique (plus qu’athée : cf. les intéressantes remarques de Gilson, ) de faire cette profession de foi, si­non religieuse, du moins métaphysique : « N’y a-t-il pas une véritable grandeur dans cette manière d’envisager la vie, avec ses puissances diverses attribuées primitivement par le Créateur à un petit nombre de formes, ou même à une seule ? » Et Darwin de mettre sa théorie en parallèle avec ce qu’un Newton a fait dans le monde inerte, du point de vue de l’unité et de la simplicité qu’elle introduit dans le monde vivant : « Or, tandis que notre planète, obéissant à la loi fixe de la gravitation, continue à tourner dans son orbite, une quantité infinie de belles et admirables formes, sorties d’un commencement si simple, n’ont pas cessé de se développer et se développent encore [26]! »

Voici un cas admirable avant la lettre de la théorie du order from noise dont nous allons parler dans un instant.

L’origine des espèces, tous les observateurs autorisés l’ont noté, a exercé une in­fluence considérable, bien au-delà du cercle clos des chercheurs. Il a apporté une vision réellement nouvelle et révolutionnaire du monde ; notamment, il a beaucoup contribué à la sécularisation de notre société. Denton n’hésite pas à écrire : « Le voyage du Beagle fut une traversée lourde de conséquences : l’objectif était de dresser un relevé des terres de Patagonie, le résultat en fut d’ébranler les fondements de la société occidentale [27] ».

Au total, la « différence [entre Darwin et Lamarck, les deux fondateurs de l’évolution­nisme] est beaucoup plus importante qu’elle ne le paraît au premier abord. Pour Darwin, tout dans la nouveauté vient du vivant et de lui seul, tandis que pour Lamarck la nou­veauté n’aurait pas eu lieu si les circonstances n’avaient pas obligé le vivant à sortir de sa paisible tranquillité. Pour Darwin, la nouveauté est le fruit de l’action et de l’initiative du vivant, et non pas de sa réaction au milieu comme pour Lamarck [28] ».

Pascal Ide

[1] Ernst Mayr, Histoire de la biologie. Diversité, évolution et hérédité (1982), trad. Marcel Blanc, coll. « Le temps des sciences », Paris, Fayard, 1989, p. 331.

[2] Philosophie zoologique, ou exposition des considérations relatives à l’histoire naturelle des animaux, Paris, F. Savy, 1809, p. 45. Nouvelle éd., Paris, GF-Flammarion, 1994.

[3] Système analytique des connaissances positives de l’homme, 1820, p. 20.

[4] 2ème partie, ch. 6, tome 2, p. 248.

[5] Philosophie zoologique, I, ch. 3, tome 1, p. 2.

[6] Chevalier Jean-Baptiste de Lamarck, Histoire naturelle des animaux sans vertèbres…, tome 1er, Introduc­tion, Paris, Librairie Verdière, 1815, p. 181 et 182.

[7] Jules Carles, Le transformisme, p. 56.

[8] Philosophie zoologique, I, 7, tome 1, p. 224.

[9] Ibid., tome 1, p. 235-238.

[10] Ibid., p. 170.

[11] Ibid., p. 60.

[12] Ibid., p. 130.

[13] Biologie moléculaire, p. 98 et 99.

[14] Charles Darwin, L’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la lutte pour l’existence dans la nature, trad., Paris, Maspéro, 1980, p. 199.

[15] Pour la bibliographie et un exposé substantiel, cf. Ernst Mayr, Histoire de la biologie, p. 372 à 496 la personne de Darwin ch. 9 ; la thèse évolutionniste ch. 10 ; et sa cause qui est la sélection naturelle ch. 11. Cf. aussi

[16] Etienne Gilson, D’Aristote à Darwin et retour, p. 87.

[17] Charles Darwin, The descent of Man, Londres, Murray, 1872, 1ère partie, ch. 2, p. 285.

[18] L’origine des espèces, p. 45 et 46.

[19] Cf. Ernst Mayr, ch. 10, p. 399 à 444.

[20] L’origine des espèces, p. 612.

[21] The autobiography of Charles Darwin and Selected Letters, publiées par Francis Darwin, New York, Do­ver Publications Inc., s. d., p. 42 et 43.

[22] An Essay on the principle of Population, as it Affects the Future Improvement of Society, Londres, Ed. Himmelfarb, 1836, vol. I, ch. 1, p. 8-9.

[23] Ibid., p. 10.

[24] Ibid., p. 530.

[25] Camille Limoges, La sélection naturelle, Paris, P.U.F., 1970, p. 79.

[26] L’origine des espèces, p. 619 et 620.

[27] Michael Denton, L’évolution une théorie en crise, p. 19.

[28] Jules Carles, Le transformisme, p. 60.

15.11.2021
 

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