Un exemple de relations toxiques familiales

Voir p. 10-11 et 13 du nouvel ouvrage de Pascal Ide, Le Triangle maléfique. Sortir de nos relations toxiques, Paris, Emmanuel, 2018.

Suzanne et Rémi sont mariés depuis quinze ans et ont deux enfants.
Éléonore, l’aînée, présente de grosses difficultés d’apprentissage scolaire et nourrit une relation de grande proximité avec sa mère qui la rassure beaucoup. Suzanne, sans activité professionnelle, passe une grande partie de son temps à aider les personnes à droite et à gauche, pendant que Rémi se bat pour lancer une petite start-up. Un soir où il rentre tard de son travail, il retrouve sa femme dans leur chambre. Après l’avoir embrassée, il lui demande :
« Au fait, es-tu passée prendre ces bouteilles de champagne en promotion,
comme je te l’avais demandé ce matin ?
– Ah, non, mince, cela m’est totalement sorti de la tête !
– Pourtant, je te l’ai même rappelé par un SMS un peu avant midi.
C’était le dernier jour de la promo. Demain, il faudra payer le double. Je suis vraiment déçu ! »
Prise en faute, Suzanne se met alors à pleurer. Rémi s’arrête, interloqué :
« Quoi ? Qu’y a-t‑il ? Tu as appris une mauvaise nouvelle ?
– Non. Simplement, je ne trouve pas juste que tu me cries dessus, alors que j’ai dû passer toute ma journée à m’occuper de la voisine qui a un lumbago.
– Mais je ne t’ai pas crié dessus, je n’ai même pas haussé le ton de la voix. Et puis, tu m’avais promis. D’ailleurs, tu m’avais dit que cela ne te
prendrait même pas une demi-heure en voiture. »
Entrant sans crier gare dans la chambre et voyant les larmes de sa mère, Éléonore apostrophe aussitôt son père :
« Papa, tu n’es pas gentil de faire pleurer Maman. Elle qui passe son temps à aider les gens. »
Perdant soudain patience, Rémi se retourne vers sa fille :
« Toi, mêle-toi de ce qui te regarde. Et depuis quand rentres-tu dans notre chambre sans frapper ? »
Du coup, Éléonore se met à pleurer. Se redressant soudain, Suzanne s’interpose :
« Non seulement tu m’enguirlandes, mais tu le fais payer à notre fille. Ça suffit ! Va passer tes nerfs dehors et reviens quand tu seras calmé ! »

Suzanne est rentrée dans le TDK comme Victime et Éléonore comme Sauveuse de sa mère et Persécuteur de son père, pour finir en Victime. Rémi n’est pas Bourreau vis-à‑vis de son épouse, même si celle-ci le pense et souhaite le pousser à jouer ce rôle ; en revanche, il le devient avec sa fille, en projetant sur elle sa frustration.

Pour lire la suite : http://pascalide.fr/?p=5457

8.11.2018
 

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