Le bonheur au quotidien et la dynamique du don 2/2

2) La fondation du bonheur dans le don à soi

a) Les conceptions fausses

Il est nécessaire de combattre une croyance erronée, à savoir que le bonheur dépend seulement de conditions extérieures. Cette croyance se présente notamment sous deux formes : l’argent suffit à rendre heureux ; il existe des tempéraments heureux innés.

1’) Première l’argent

On connaît cette idée toute faite : l’argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue. Est-ce si vrai ? Il semble que la réponse doit établir une distinction : l’absence d’argent est assurément cause de malheur, comme l’atteste la vie des personnes très défavorisées, vivant dans la misère. En revanche, passé un certain seuil, la quantité d’argent ne change pas significativement le vécu heureux. Etablissons ce second point qui n’a rien d’une évidence.

Une première étude l’atteste. Le revenu moyen des Américains a considérablement augmenté entre 1960 et 1990 (il en est de même en France). Or, le pourcentage de personnes se déclarant heureuses n’a en rien augmenté [1].

De plus, on a suivi des personnes sur une durée de dix ans. Les finances de ces sujets ont connu des fluctuations. Or, leur niveau moyen de bien-être n’a pas été sensiblement modifié [2].

Autre preuve qui est aussi réponse à une objection potentielle. Les gagnants du loto sont présentés par les médias comme des personnes heureuses et enviables. En réalité, il n’en est rien. Un an après, il est prouvé qu’ils sont au même niveau de bien-être qu’avant leur gain [3] ; voire, un certain nombre de gagnants estime que la brutale augmentation de la fortune apporta plus d’ennuis (conflits, convoitises et jalousie, pour ceux qui sont restés dans le même milieu ; difficultés d’adaptation, pour ceux qui ont cherché à changer de milieu social [4]), voire des regrets [5].

Dernier signe : 37 % des Américains les plus riches figurent en dessous de la moyenne nationale en matière de bien-être [6].

2’) Seconde l’humeur de fond

Une autre idée toute faite nous habite : il existe un état affectif neutre ; autrement dit, l’homme peut vivre sans rien ressentir, ni en positif ni en négatif. En réalité, les études psychologiques ont montré que nous sommes toujours ou joyeux ou tristes [7]. Nous sommes habités par une humeur fondamentale, un état émotionnel de base : les anglais l’appellent mood. Le constat étonne, car nous ignorons souvent ce fait ; or, ce dont nous n’avons pas conscience ne semble pas pouvoir exister. Cette inconscience s’explique par le fait que nous ne constatons que ce qui est extrême ou inhabituel ; or, cet état n’est ni extrême ni soudain, puisqu’il est constant. « Sa discrétion, écrit Christophe André, fait qu’on l’oublie volontiers [8] ».

Philosophiquement, je rapproche volontiers ce constat, à mon sens essentiel, d’une conclusion de saint Thomas d’Aquin selon laquelle il n’existe pas d’actes moralement neutres. Certes, en soi, il existe des actions qui n’ont aucune qualification éthique : marcher dans la rue, regarder le ciel, etc. Mais une telle considération est abstraite, coupée de la vie ; or, ces actions sont toujours intégrées dans l’existence d’une personne et en reçoivent leur coloration morale : je marche dans la rue pour me rendre à mon travail (ce qui est un acte bon), pour aller perdre mon temps et me détourner de mon devoir d’état (ce qui constitue une action déshumanisante). Or, Max Scheler a montré que les affects sont significatifs de la vie morale. L’absence de neutralité affective est la conséquence de l’impossibilité d’un acte éthiquement neutre.

Or, la psychologie, qui a beaucoup étudié cet état affectif, a constaté que l’humeur fondamentale dans laquelle la vie de la personne semble baigner, est relativement stable. Ainsi la question : suis-je habituellement : a) plutôt heureux ? b) pas vraiment malheureux ? c) pas vraiment heureux ? d) plutôt malheureux ? [9] reçoit une réponse fixe. Certes, notre état psychologique affectif [10] varie, par exemple en fonction de la météo ou de la réussite de notre équipe de football favorite, mais la variation est au total minime. Elle oscille autour d’un niveau moyen, appelé set point. En positif : une des études les plus complètes sur le sujet a porté sur 459 volontaires, pendant 35 jours consécutifs au minimum. Les volontaires évaluaient quotidiennement leur humeur dominante. Résultats : dès le quatrième jour, le niveau moyen de l’humeur est identifiable [11]. Ce résultat signifie donc que l’humeur est stable. Plus encore, des études s’étendant jusqu’à neuf ans ont montré que la perception subjective de son état émotionnel (de son bonheur) ne varie guère [12]. En négatif : contrairement à une idée reçue, la présence (ou l’absence) de la pluie ou du soleil ne jouent pas un rôle significatif, si l’on se donne d’étudier les effets sur le long terme [13]. La raison en est évidente mais bonne à rappeler : l’impression de bonheur ou de malheur dépend beaucoup plus du vécu intérieur. Plus encore, la relative invariabilité du mood ne change pas en fonction des événements de la vie.

En ce sens, il est juste de dire qu’il existe des tempéraments heureux.

Mais tout n’est pas dit pour autant. En effet, il est possible de changer son humeur de fond, ainsi qu’on le dira. Notamment, il est possible de passer de l’impression de malheur à celle de bonheur. À condition toutefois de poser des actes, de le décider, bref de faire des efforts. Les parents peuvent donc apprendre le bonheur à leurs enfants [14]. On notera aussi qu’avec le temps, les émotions positives tendent à augmenter [15].

b) En vérité

Il faut distinguer différents aspects, selon que le bien-être concerne la liberté ou la volonté.

1’) Aspect affectif l’humeur de fond

Le mood présente des effets positifs.

2’) L’importance de l’autonomie

Un certain nombre de travaux montrent l’importance de la prise en main responsable comme cause de bonheur.

  1. Déjà, certaines théories distinguent deux types de causes ou mécanismes du bonheur, du bien-être [16] :

* les mécanismes dits bottom-up (de bas en haut). Selon eux, le bonheur vient du bas, autrement dit des conditions telles qu’argent, santé, amis ; or, celles-ci sont non pas tant matérielles qu’extérieures ; donc, le bonheur dépend de causes extrinsèques au sujet.

* les mécanismes dits top-down (de haut en bas). Selon eux, le bonheur vient de nos dispositions intérieures, psychologiques.

Or, certains tendent à ne valoriser que les causes extérieures, quitte à tomber dans un certain fatalisme et un quiétisme passif. Inversement, il serait naïf et surtout caractéristique de l’inconscience du nanti de négliger le fait que la satisfaction de nos besoins fondamentaux, l’assurance que notre survie est assurée, asseoit le sentiment de bonheur ; or, tel n’est pas le cas d’une majorité de personnes vivant dans le monde aujourd’hui.

  1. Des études ont montré que le sentiment de bonheur croît avec celui du contrôle : plus la personne maîtrise ses actes, plus sa vie affective est stabilisée et plus elle peut ressentir du bien-être [17] ; or, le contrôle, ainsi que le souligne la psychologie du contrôle, est le sentiment de maîtriser le déroulement de son existence [18].
  2. Confirmation est fournie chez les personnes en manque de contrôle. Les personnes âgées ou invalides voient leur bien-être augmenter considérablement quand on leur donne la possibilité de choisir leurs menus, leurs horaires, quand on facilite leurs déplacements ; or, le choix est l’acte de la liberté et la liberté de déplacement est la première forme de liberté [19].

On objectera que certaines études récentes ont montré que le bien-être diminue chez ceux qui ont trop de possibilités de décision [20]. Je répondrai que la liberté se caractérise non pas par la puissance mais par l’acte ; plus encore, le bonheur est un acte ; or, la multiplication des possibilités ne permet pas à la liberté de passer à l’acte ; au contraire, elle la paralyse.

3’) L’importance de l’action

Un célèbre chercheur de l’université de Chicago, le professeur Mihaly Csikszentmihaly, a montré qu’il y avait un lien entre bonheur et maîtrise de l’activité, ce qu’il appelle le flow [21]. Le premier sens de ce mot est « flux », « courant » ; mais le professeur lui donne le sens technique de maîtrise jubilatoire de son activité. De fait, l’expérience montre qu’une activité qui passionne est considérée comme une fin, absorbe tout le temps et toute l’énergie [22]. Or, ce flow ne concerne que les activités hautement gratifiantes et pleinement maîtrisées.

En ce sens, les quatre modèles de bonheur développés par Lelord et André [23] ne sont pas équivalents. En effet, ceux-ci sont construits à partir de deux couples de critères : causes internes ou externes ; bonheur ressenti dans le mouvement ou le recul. Leur croisement aboutit donc à quatre modèles :

* bonheur d’action : causes externes + mouvement.

* bonheur de satisfaction : causes externes + recul.

* bonheur de maîtrise : causes internes + mouvement.

* bonheur de sérénité : causes internes + recul.

Or, à mon sens, seul le troisième modèle honore et la liberté (cause interne) et le dynamisme d’un homme qui, en cette vie, sait qu’il n’est pas encore en possession du bien parfait.

4’) L’importance de l’estime de soi

Certaines études psychologiques établissent que le bonheur suppose un minimum de soin de soi-même [24], la capacité à vivre en amitié avec soi-même. En regard, la haine de soi – cette absence d’estime de soi qui conduit à être le « bourreau de soi-même », heautontimoroumenos, selon le titre de l’ouvrage de Térence – est le sûr chemin du malheur.

Inversement, la psychiatrie a décrit un amour maternel pathologique, tout centré sur l’autre et dénué d’estime de soi. Il se caractérise par le symptôme du « nid vide » : la mère de famille est perdue, voire fait une dépression sévère, lorsque les enfants quittent la maison [25].

De fait, aujourd’hui, la réalité du développement personnel (ce que l’on appelle l’empowerment, l’accroissement de pouvoir) a pris une importance considérable [26]. Il semble que les stratégies de développement personnel accroissent le bien-être, mais il manque d’études scientifiques dans ce domaine pourtant très en vogue [27]. En effet, le développement personnel met l’accent sur l’accroissement de son équilibre, de ses ressources ; or, ce concept s’oppose à celui de confort, plus statique ; par conséquent, il valorise la dynamique de la liberté [28].

3) L’accomplissement du bonheur dans le don de soi

a) Relation entre don à soi (don 2) et don de soi (don 3)

1’) Le seul don à soi-même ne procure pas le bonheur

Dans un bref écrit [29], Pierre Teilhard de Chardin distingue trois formes de bonheur : de tranquillité, de plaisir et de développement. Il les illustre par une métaphore célèbre, celle d’hommes partis en randonnée à la montagne et se retrouvant sur un chemin fatigant. Trois réactions se font jour :

  1. a) les premiers préfèrent retourner au refuge pour s’y reposer et goûter la bonne chère : c’est le bonheur de tranquillité ;
  2. b) les seconds, après une certaine montée, s’estiment contents, jouissent de la vue et refusent de monter plus haut : c’est le bonheur de plaisir ;
  3. c) les troisièmes décident de continuer à monter, bien que l’escalade soit exigeante et même douloureuse ; en effet, bien que contents du spectacle s’offrant à leurs yeux, ils n’en sont pas satisfaits et sont convaincus que leur place est en haut : c’est le bonheur de développement.

Les troisièmes seuls accèdent au véritable bonheur, estime Teilhard. Or, ces trois types de bonheur, explique-t-il, correspondent à trois dynamismes anthropologiques : a) le premier est l’unification et la centration (sur soi) ; b) le second est la sortie de soi, donc la décentration, et l’ouverture aux autres ; c) le troisième est la subordination de sa vie à plus grand que soi, donc implique ce qu’il appelle la « surcentration », autrement dit fait appel à la grâce.

Par conséquent, le véritable bonheur suppose que l’on dépasse le don 2 (a), c’est-à-dire que l’on se dépasse vers un certain don de soi (b), et même que l’on dépasse une certaine manière trop confortable, quiète de s’ouvrir aux autres ce qui suppose une prise de conscience que notre origine vient de plus loin que nous, donc que notre terme nous hisse plus haut que nous (c).

2’) En revanche, le don à soi fonde le bonheur

Un certain nombre d’études scientifiques montre que le bien-être intérieur accroît non seulement l’attention à l’autre, ainsi que nous l’avons vu, mais aussi les conduites désintéressées, centrifuges. On a ainsi établi que lorsqu’on demande à un sujet de penser à des bons souvenirs ou lorsqu’on le fait gagner à un jeu, il offre plus volontiers son sang lors d’une collecte [30] ou fait des dons plus importants pour une association caritative [31] ; or, les bons souvenirs et le gain accroissent l’estime de soi ; c’est donc que la dilatation au sein du don 2 prépare au don 3.

À rebours, des travaux prouvent que le don de soi n’est pas sacrificiel mais se fonde sur une saine estime de soi. D’ailleurs, celui qui se sent heureux prend soin de soi, s’accorde du respect [32].

b) L’importance de finalités concrètes

Une récente étude prospective conduite auprès de centaines d’étudiants allemands et américains a montré que la réussite aux examens est proportionnelle aux pensées et aux attentes non seulement positives, optimistes (ce que l’on vient de montrer), mais aussi concrètes et réalistes ; en revanche, les étudiants nourrissant des fantasmes positifs mais déconnectés de la réalité, autrement dit rêvant leur existence, réussissaient moins bien [33]. Or, la finalité est un but accessible, réel ; sinon elle ne pourrait pas être la cause de l’action. Confirmation de cet aspect négatif est donnée par l’exemple de la recherche perfectionniste d’objectifs trop élevés : elle est non seulement contre-productive mais délétère pour le bien-être des personnes [34].

c) Au plan du contenu

Passons de la forme au contenu : le bonheur requiert l’ouverture à l’autre ; plus encore, le don à l’autre, voire au Tout-Autre.

1’) L’ouverture à l’autre
  1. Une cause réelle du sentiment de joie, de bonheur est la vie en couple. En effet, de nombreuses études psychologiques établissent que le bonheur est fortement corrélé à la vie en couple [35]. Non sans différence : les études psychologiques montrent que, en moyenne, les femmes sont plus attentives à leurs enfants et à la santé de leur famille et les hommes à leur travail et à leur sécurité matérielle [36]. À noter aussi que la sensation de bonheur, la satisfaction conjugale connaît des hauts et des bas selon les périodes de la vie ; globalement, cette impression épouse une courbe en W, en fonction des âges de la vie [37] : 1. premier haut, élevé : lors de la lune de miel, les premiers temps avant l’arrivée des enfants ; 2. premier bas : lié à la présence d’un ou de plusieurs enfants de moins de cinq années, donc très accaparants ; 3. second haut, plus bas toutefois que le premier : lors du départ des enfants à l’école, la période psychologique de latence qui induit un certain soulagement ; 4. second bas : lorsque les enfants grandissent et deviennent adolescents ; 5. troisième haut, élevé, parfois plus que le point de départ : le départ des enfants hors de la maison.
  2. Plus globalement, ce sont les amis, les relations intimes qui contribuent le plus au bonheur. Et, si l’on est marié, la présence d’amis accroît considérablement le bonheur [38]. Là encore, non sans différence entre l’homme et la femme. En effet, il est établi que, dans l’amitié, les hommes cherchent à faire du sport, boire de l’alcool et les femmes surtout à parler [39]. Une conséquence en est que la télévision (le TV-watching, pour être précis, c’est-à-dire son usage) est contre-productive en matière de bonheur [40] : ce que l’on gagne en détente, on le perd en véritable bonheur. En effet, la télévision est extrêmement chronophage (consommatrice de temps) ; or, la relation amicale de même ; donc, le TV-watching diminue le temps consacré aux rencontres amicales et le bonheur d’autant [41].

Cela est aussi vrai au travail : il est montré que, si essentiel soit l’intérêt qu’on trouve à son travail [42], le facteur le plus important pour l’épanouissement professionnel est l’ambiance relationnelle : c’est elle qui décide de l’impression de bien-être ressenti [43].

2’) Le don de soi à l’autre

Un intéressant sondage réalisé par la Sofres pour le magazine Psychologies, auprès de mille individus représentatifs, montrait qu’à la question : « Pour vivre pleinement, il faut… », le pourcentage de réponses le plus élevé, donc arrivant en première position, était la réponse suivante : « donner du bonheur aux autres » (44 %), alors qu’en second se profilait une vérité de sagesse plus stoïcienne : « se satisfaire de ce que la vie vous offre » (38 %) [44].

Le don de soi suppose d’ailleurs une disponibilité intérieure. C’est ce que montre une étude très classique de psychologie sociale [45]. Des étudiants suivent un enseignement religieux. On leur propose de rédiger une homélie sur le thème du bon Samaritain. Puis on leur demande d’aller dans un quartier voisin pour enregistrer leur homélie dans un studio. Or, à la moitié d’entre eux, on dit qu’ils ont largement le temps pour s’y rendre, alors qu’on incite l’autre moitié à se dépêcher. Par ailleurs, un comparse des expérimentateurs joue le rôle de l’homme blessé de la parabole et se déguise en clochard gémissant, gisant sous une porte cochère se trouvant sur le chemin des étudiants. Résultats : seulement 10 % des étudiants soumis à la hâte se sont arrêtés pour aider l’inconnu, contre 41 % chez les autres. Explication de ce hiatus, presque scandaleux entre parole et action : les étudiants concentrés sur leur tâche n’étaient pas disponibles, même à la misère sur laquelle ils s’apprêtaient à prêcher. Conclusion : le stress est déshumanisant, replie l’être sur lui-même et lui fait oublier de se donner.

3’) L’ouverture à Dieu

La foi religieuse influence positivement le bonheur [46]. Ce constat expérimental tient à différentes causes. Certaines sont non-spécifiques : on a par exemple constaté que les personnes croyantes pratiquantes avaient l’occasion de rencontrer des personnes lors des offices religieux, ce qui diminuait l’impression de solitude et accroissait les relations ; or, celles-ci sont l’une des conditions du bonheur, ainsi que nous l’avons vu [47]. Mais d’autres raisons sont spécifiques :

– quant à l’intelligence : les certitudes liées à la foi ;

– quant à la volonté : le sens que la foi permet de donner aux épreuves ;

– quant à la liberté : le sentiment de contrôle accru sur le quotidien, cela par le biais de la foi en une Providence aimante [48] ;

– etc.

On a aussi pu constater les bénéfices de la prière : celui-ci suit les différentes explications évoquées ci-dessus. Une étude menée auprès de 406 patients montre que leur vie religieuse accroissait leur sentiment de bien-être [49].

4) Conclusion

Le chanteur québécois Félix Leclerc rapporte un souvenir d’enfance : « Lorsque la famille était réunie à table, et que la soupière fumait, Maman disait parfois : Cessez un instant de boire et de parler. Nous obéissions. Nous nous regardions sans comprendre, amusés. C’est pour vous faire penser au bonheur, disait-elle. Nous n’avions plus envie de rire [50] ». Mais croyons-nous encore au bonheur ?

Pascal Ide

[1] Cf. Jacques Lecomte, « Le bien-être au quotidien », Sciences humaines, 75 (1977), p. 26-29.

[2] Cf. Ed Diener et al., « The Relationship between Income and Subjective Well-being: Relative or Absolute ? », Social Indicators Research, 28 (1993) n° 3, p. 195-223.

[3] Cf. Philip Brickman et al., « Lottery Winners and Accidents Victims: is Happiness relative ? », Journal of Personality and Social Psychology, 36 (1978) n° 8, p. 917-927.

[4] Songeons au film cocasse de Woody Allen, Escroc mais pas trop.

[5] Cf. Peggy Thoits & Michael Hannan, « Income and Psychological Distress », Journal of Health and Social Behaviour, 20 (1979) n° 2, p. 120-138.

[6] Cf. Ed Diener & Eunkook Suh, « Measuring Quality of Life: Economic, Social and Subjective Indicators », Social Indicators Research, 40 (1997) n° 1-2, p. 189-216.

[7] Cf. Robert E. Thayer, The Origin of Everyday Moods, Oxford, Oxford University Press, 1996.

[8] Vivre heureux, p. 66.

[9] Cf. Christophe André, Vivre heureux, p. 47-49.

[10] On l’appelle parfois notre « moral » ; mais cette expression est plutôt malheureuse car la réalité ici en cause est d’ordre psychologique.

[11] Cf. David Watson, « The dispositional basis of Affect », Mood and Temperament, New York, Guilford Press, 2000, p. 144-173.

[12] Cf. Paul T. Costa et al., « Environmental and Dispositional Influences on Well-Being: Longitudinal Follow-up of an American National Sample », British Journal of Psychology, 78 (1987) n° 3, p. 299-306.

[13] Cf. Lee Anna Clark & David Watson, « Mood and the Mundane: Relations beween daily Life and Self-reported Mood », Journal of Personality and Social Psychology, 54 (1988) n° 2, p. 296-308.

[14] Christophe André donne quelques conseils pour éduquer les enfants au bonheur (Vivre heureux, p. 70-78).

[15] Cf. Ravenna Helson & Eva C. Lohnen, « Affective Coloring of Personality from Young Adulthood to Midlife », Personality and Social Psychology Bulletin, 24 (1988) n° 3, p. 241-252.

[16] Cf. Bruce Headey et al., « Top-down versus bottom-up Theories of Subjective Well-being », Social Indicators Research, 24 (1991) n° 1, p. 81-100. Pour ma part, comme on le comprendra, je préfèrerai plutôt parler de mécanismes extérieurs ou intérieurs.

[17] Cf. Reed Larsen, « Is feeling « in control » related to Happiness in Daily Life ? », Psychological Reports, 64 (1989) n° 3, p. 775-784.

[18] Cf. Nicole Dubois, La psychologie du contrôle, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1987.

[19] Cf. Rodin J. Aging et al., « Effects of the Sens of Control », Science, 233 (1986) n° 4770, p. 1271-1276.

[20] Cf. Barry Schwarz et al., « Maximizing versus Satisficing: Happiness is a Matter of Choice », Journal of Personality and Social Psychology, 83 (2002) n° 5, p. 1178-1197.

[21] Cf. Mihaly Csikszentmihaly, Living Well, London, Phoenix, 1997. Cf. l’article sur le site : Le bonheur maximal. La théorie du flow.

[22] Cf. Jeanne Nakamura & Mihaly Csikszentmihaly, « The concept of Flow », C. Rick Snyder & Shane J. Lopez (éds.), Handbook of Positive Psychology, Oxford, Oxford University Press, 2002, p. 89-105.

[23] Cf. Christophe André et François Lelord, La force des émotions, Paris, Odile Jacob, 2001.

[24] Cf. Ed Diener & Marc Diener, « Cross-Cultural Correlates of Life Satisfaction and Self-esteem », Journal of Personality and Social Psychology, 87 (1995) n° 4, p. 653-663. Christophe André et François Lelord, L’estime de soi, Paris, Odile Jacob, 1999.

[25] Cf. Louis Millet et al., « La nostalgie maternelle pathologique », Annales médico-psychologiques, 138 (1980), p. 587-594.

[26] Cf. Michel Lacroix, Le développement personnel, Paris, Flammarion, 2000.

[27] Cf. C. Rick Snyder & Shane J. Lopez (éds.), Handbook of Positive Psychology, Oxford, Oxford University Press, 2002.

[28] Cf. Corey L. M. Keyes et al., « Optimizing Well-being: The Empirical Encounter of Tow Traditions », Journal of Personality and Social Psychology, 82 (2002) n° 6, p. 1007-1022.

[29] Cf. Pierre Teilhard de Chardin, Sur le bonheur, Paris, Seuil, 1966.

[30] Cf. Michael N. O’Malley & Lester Andrews, « The Effects of Mood and Incentives on Helping », Motivation and Emotion, 7 (1983) n° 2, p. 179-189.

[31] Cf. Alice M. Isen & Paula F. Levin, « Effects on Feeling Good on Helping: Cookies and Kindness », Journal of Personality and Social Psychology, 21 (1972) n° 3, p. 384-388.

[32] Cf. Donald J. Baumann et al., « Altruism as Hedonism: Helping and Self-gratification as Equivalent Responses », Journal of Personality and Social Psychology, 40 (1981) n° 6, p. 1039-1046.

[33] Cf. Gabriele Oettingen & Doris Mayer, « The Motivating Function of Thinking about the Future: Expectations versus Fantasies », Journal of Personality and Social Psychology, 83 (2002) n° 5, p. 1198-1212.

[34] Cf. Roz Shafran et al., « Clinical Perfectionism: A Cognitive-behavioral Analysis », Behaviour Research and Therapy, 40 (2000) n° 7, p. 773-791.

[35] Cf. David G. Myers, « Close Relationships and Quality of Life », Daniel Kahnemann et al. (éds.), Well-Being: the Foudations of Hedonic Psychology, New York, Russell Sage, 1999, p. 378 ; Arne Mastekaasa, « Marital Status, Distress and Well-being: An International Comparison », Journal of Comparative Families Studies, 25 (1994) n° 2, p. 183-206.

[36] Cf. Wendy Wood et al., « Sex-differences in Positive Well-being », Psychological Bulletin, 106 (1989) n° 2, p. 249-264.

[37] Cf. Eric C. Walker, « Some Variations in Marital Satisfactions », R. Chester & J. Peels (éds.), Equalities and Inequalities in Family Life, Londres, Academic Press, 1977, p. 127-139.

[38] Cf. Reed W. Larson, « The Solitary Side of Life: an Examination of the Time People Spend alone from Childhood to Old Age », Developmental Review, 10 (1990) n° 2, p. 155-183.

[39] Cf. Ladd Wheeler et al., « Loneliness, Social Interaction and Social Roles », Journal of Personality and Social Psychology, 45 (1983) n° 4, p. 943-953.

[40] Cf. Luo Lu & Michael Argyle, « TW Watching, Soap Opera and Happiness », Kaoshing Journal of Medical Sciences, 9 (1993) n° 9, p. 501-507.

[41] Cf. John P. Robinson, « Television’s effects on Families’use of Time », J. Bryant (éd.), Television and the American Family, Hillsdale, Erlbaum, 1990, p. 195-209.

[42] Cf. Kennon M. Sheldon & Linda Houser-Marko, « Self-Concordance, Goal, Attainment and the Poursuit of Happiness: Can there be an Upward Spiral ? », Journal of Personality and Social Psychology, 80 (2001) n° 1, p. 152-156.

[43] Cf. Michael Argyle, The Psychology of Happiness, Hove, Routledge, 2001, p. 93.

[44] Cf. Psychologies Magazine, n° 213 (2002), p. 98-102.

[45] Cf. John M. Darley & C. Daniel Batson, « From Jerusalem to Jericho: a Study of Situational and Dispositional Variables in Helping Behaviors », Journal of Personality and Social Psychology, 27 (1973) n° 1, p. 100-108.

[46] Cf. Christopher G. Ellison, « Religious Involvment and Subjective Well-being », Journal of Health and Social Behavior, 32 (1991) n° 1, p. 80-99.

[47] Cf. Robert A. Witter et al., « Religion and Subjective Well-being in Adulthood: A Quantitative Synthesis », Review of Religious Research, 26 (1985) n° 4, p. 332-342.

[48] Cf. Valerie T. Dull & Laurie A. Skokan, « A Cognitive Model of Religion’s Influence on Health », Journal of Social Issues, 51 (1995) n° 2, p. 49-64.

[49] Cf. Leslie Teppers et al., « The Prevalence of Religious Coping among Persons with Persistent Mental Illness », Psychiatric Services, 52 (2001) n° 5, p. 660-665.

[50] Félix Leclerc, Pieds nus dans l’aube, Montréal, Bibliothèque québécoise, 1982.

13.11.2019
 

Les commentaires sont fermés.