Évolution et création. Mortalité de l’homme, messianité de Dieu (recension)

Gustave Martelet, Évolution et création. T. 2. Mortalité de l’homme, messianité de Dieu, coll. Théologies, Paris, Cerf, 2014.

Parue dans la Nouvelle Revue Théologique (NRT) 139 (2017) n° 1, p. 158.
En 1998, le fécond jésuite G. Martelet écrivit le 1er tome d’Évolution et création. Sous-titré : Sens ou non-sens de l’homme dans la nature ?, il se posait la question de l’originalité de l’homme vis-à-vis des autres êtres de la nature ; se fondant sur les derniers acquis des sciences de la terre et de la vie, il répondait en convoquant la transcendance de l’esprit qui est constitutive de l’homme. Mais l’objection de la mort, qui est le triomphe de la nature, reposait la question de manière plus aiguë et appelait un autre développement, convoquant la Transcendance par excellence, celle de Dieu, seule capable de « réconcilier l’humanité et la nature » (t. 1, p. 316). Tel est le thème de ce 2d tome, paru quelques mois après la mort de son auteur qui, survenue à 98 ans, atteste son étonnante vitalité. Le premier sous-titre explicite la thèse : la mort est naturelle à l’homme ; le second en dit l’enjeu : Dieu n’est transcendant qu’au titre de sa messianité, c.-à-d. de son amour absolu qui le libère de la mortalité. Ce fort volume se limite au seul AT (le 3e volume, concernant le NT, était prévu dans le dessein initial et ne verra pas le jour) qu’il parcourt minutieusement. La 1re partie part de l’autorévélation de Dieu à l’Horeb, dans un langage encore plus personnel qu’ontologique. La 2e partie enquête sur la condition mortelle de l’homme dans les écrits sapientiaux et s’achève par une lecture de Gn 2 et 3, pour y développer la thèse originale de l’A. qui consiste en un retournement : ce n’est pas le péché qui cause la mort (physique) ; c’est la mort naturelle qui est l’occasion du péché : son refus est une révolte contre Dieu. La 3e partie se centre sur l’enjeu : le messianisme comme révélation prophétique de l’Amour divin dans l’histoire.

Le lecteur bénéficiera grandement du parcours détaillé de ce que l’A. aime appeler, avec d’autres, « le premier Testament ». Il sera aussi en droit d’interroger cette thèse constante (cf. Libre réponse à un scandale, p. 136s) dont on peut trouver des traces dès le premier ouvrage de l’auteur (Victoire sur la mort, p. 116) : s’il est légitime de souligner le côté positif de la mort, qu’est sa naturalité, c.-à-d. la créaturalité des étants, qu’en est-il du côté négatif, aussi attesté par l’Écriture (Rm 5,12) et la tradition augustinienne, à savoir : « le salaire du péché, c’est la mort » (Rm 6,23) ? Ce 2d tome, comme le 1er, est marqué par l’influence de Teilhard de Chardin auquel Martelet consacrait un ouvrage sous le beau titre Prophète d’un Christ toujours plus grand (Bruxelles, Lessius, 2005).

Pascal Ide

27.7.2019
 

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