Batman – Le Chevalier Noir
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Category:
Le mal
Release date:
13 août 2008
Director:
Christopher Nolan
Actors:
Christian Bale, Heath Ledger, Aaron Eckhart ...

Le chevalier noir

Darknight : Le chevalier noir, film fantastique américain de Christopher Nolan, 2008. Avec Christian Bale, Heath Ledger et Michael Caine.

Thème principal

Mal

Thèmes secondaires

Démon, liberté, perversion, salut, sacrifice

Thèmes

Mal, perversion, rédemption, sacrifice, liberté.

Faisant suite à Batman Begins, le nouvel opus de l’homme chauve-souris, dense, sombre, presque tragique, propose une méditation sur le mystère du mal et son improbable mais non impossible rédemption.

Dans Le chevalier noir, Christopher Nolan, le « moraliste d’Hollywod » crée l’une des plus inquiétantes – et, de ce fait, des plus fascinantes – figures du mal de l’histoire du cinéma en la personne de Joker. Il y va beaucoup plus que du jeu d’acteur, certes bluffant, de Heath Ledger. Il y a le « méchant » qui détruit pour l’argent (tel est le cas des mafieux du film). Pire, il y a celui qui détruit pour détruire. La plupart des critiques interprètent ainsi l’attitude de Joker. Certes, il sème la violence et le chaos sur son passage. Mais, au fond, il se moque des souffrances qu’il inflige comme de celles qu’il a subi ou subit physiquement ou psychiquement (l’explication de ses cicatrices, signe d’un trauma initial, change selon les interlocuteurs). La violence de l’anarchie s’arrête au mal subi, extérieur. Ce que veut Joker, c’est la mort non pas du corps, mais de l’âme Son unique jouissance est que l’autre se perde par une faute qui le rongera jusqu’à la fin de ses jours. Voilà pourquoi toutes ses machinations s’identifient à des dilemmes qui obligent le prétendu « bon » à faire un choix entre deux maux, aussi inacceptables l’un que l’autre, au nom d’un bien supérieur : « Tout meurtre est un choix ». Voilà aussi pourquoi, dans l’une des toutes dernières scènes, Joker chute en ricanant diaboliquement (comment ne pas songer à la chute de Satan ?), car il sait que Batman ne peut le tuer qu’en se pervertissant, donc en étant assuré de le retrouver là où il demeure : en enfer. Sa réussite suprême sera la perversion du « chevalier blanc » qui devient « Double-face » et révèle que l’autre, sous ses apparences chevaleresques, n’est, au fond, pas différent de lui. Bref, Joker est la figure actualisée du Tentateur, celui qui pervertit l’autre pour l’entraîner dans son anti-Royaume.

L’attitude de Joker va plus loin. Il dénonce la conception manichéenne présidant au mythe du super-héros : celui-ci nous sauve, que nous le voulions ou non ; sa présence pousse l’homme à se préserver du mal plus par crainte des représailles que par conversion intérieure ; surtout, il perpétue l’illusion selon laquelle le monde se divise en deux, les bons qui peuvent librement vivre à Gotham, et les méchants qui doivent être emprisonnés.

Or, personne n’est innocent, pas même Batman : sans parler de sa violence physique à l’égard de Joker et du mafieux Maroni, il accepte l’illégalité et l’intrusion, donc la morale conséquentialiste qui accepte de faire le mal pour un bien supérieur. La différence entre bien et mal passe donc non pas entre les hommes, mais au milieu de chacun. Aussi appartient-il à la personne de décider entre cupiditas et caritas. Tel est le véritable échec de Joker : qu’aucun homme des navettes n’accepte de sauver sa vie en détruisant celle de l’autre.

En ce sens, le super-héros doit disparaître. Pour autant, l’homme n’a-t-il plus besoin de Sauveur ? Et si l’image devait s’approfondir ? La fin du film nous montre Batman acceptant de vivre comme un exclu, dans un dessaisissement total de soi. Comment ne pas songer à la kénose du Christ ? Mais qui sauvera Batman de son passé ? Et se sacrifier sans plus jamais sacrifier à la violence est-il la mission d’un homme, même d’un super-héros ?

 

 

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