Les quatre fruits de la détente

Deux précédentes méditations ont traité, la première des « trois raisons de la détente » et la seconde, des « quatre critères de la détente ». Voyons-en enfin les différents bénéfices. Ceux-ci permettront aussi d’affiner les critères de choix des environnements restaurateurs. L’on doit toujours la détermination de ces bienfaits à la théorie psychologique dite de la restauration de l’attention (attention restoration theory), dont nous avons vu qu’elle peut s’étendre à la restauration en général qu’est la détente. En l’occurrence, un environnement restaurateur ou détendant apporte quatre bénéfices cognitifs [1].

 

  1. Il supprime le « bruit cognitif résiduel » que produit toute tâche quotidienne.
  2. Il récupère de la fatigue attentionnelle.
  3. Il permet de penser à des problèmes urgents (ou immédiats) qu’il faut résoudre.
  4. Il donne de réfléchir à des questions importantes (existentielles, donc (!) essentielles).

 

Le lecteur ne manquera pas de noter la différence entre les deux premiers fruits et les deux derniers. Fort de la distinction faite dans la première méditation, l’on dira que les deux premiers concernent la détente psychique, que le dernier intéresse le besoin de sens, et que le troisième est intermédiaire (résoudre certains problèmes urgents permet de diminuer la tension, mais aide parfois aussi à donner du sens).

La différence entre ces fruits permet d’introduire une différence entre les divertissements dont nous avons besoin. Par exemple, aller courir ou regarder une série télé exerce un haut pouvoir de fascination, donc facilite la récupération de l’attention et permet de s’évader ; en revanche, ces activités ne nourrissent pas le besoin de sens et ne résolvent pas les questions immédiates qui nous taraudent. En revanche, une marche dans une forêt captive moins, donc fascine moins, mais stimule davantage la réflexion, donc ouvre l’esprit aux interrogations urgentes et importantes [2]. De ce fait, passer du temps dans la nature engendre une plus grande récupération qu’une activité seulement récréative comme jouer à un jeu vidéo [3].

Pascal Ide

[1] Cf. Rachel Kaplan & Stephen Kaplan, The experience of nature: A psychological perspective, New York, Cambridge University Press, 1989 ; Stephen Kaplan, « The restorative benefits of nature. Toward an integrative framework », Journal of Environmental Psychology, 15 (1995) n° 3, p. 169-182.

[2] Cf. Thomas R. Herzog, Andrea Black, Kimberlee M. Fountaine & Deborah J. A. Knotts, « Reflection and attentional recovery as distinctive benefits of restorative environments », Journal of Environmental Psychology, 17 (1997) n° 2, p. 165-170.

[3] Cf. Nancy M. Wells, « At Home with Nature Effects of “Greenness” on Children’s Cognitive Functioning », Environment and Behavior, 32 (2000) n° 6, p. 775-795 ; Carol M. Werner & Irwin Altman, « Humans and nature: Insights from a transactional view », Seymour Wapner, Jack Demick, Takiji Yamamoto & Hirofumi Minami (éds.), Theoretical perspectives in environment-behavior research: Underlying assumptions, research problems, and methodologies, New York, Kluwer Academic Publishers & Plenum Publishers, 2000, p. 21-37.

30.12.2023
 

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