Cours de Psychologie Chapitre 2 L’histoire. Les âges de la vie 4/5

6) La distinction des stades

Rentrons maintenant dans le détail de chacun des stades. À chaque fois, nous adopterons le même plan. Nous introduirons le stade par un exemple qui en montre l’enjeu pour l’âge adulte. Puis nous le décrirons, nommerons le cœur qui est la vertu. Enfin, nous évoquerons le possible dysfonctionnement et la conduite à tenir. En fait, les développements consacrés aux différents stades sont inégaux.

Stade 1. Première année

a) Exemple

 

« Au printemps 1961, le Dr Robert Coles, un psychiatre, avait entrepris d’étudier le combat que menaient, dans des conditions extrêmement décourageantes, des enfants noirs du sud des États-Unis pour supprimer la ségrégation dans les coles. Il s’intéressait particulièrement à quatre petites Noires de six ans qui, soumises, en Louisiane, à un harcèlement constant, y répondaient avec un courage tranquille. Il se demandait ce qui pouvait donner un tel ressort à ces enfants, pauvres et vulnérables. Aucune des explications compliquées que lui fournissaient les sciences sociales ne lui paraissait satisfaisante. C’est alors que la mère de l’une d’elles lui dit :

« ’Quand ma fille rentre de l’école où elle a entendu crier tous ecs Blancs, elle ne va pas leur montrer qu’elle a peur. Pas une seconde. Pourtant, elle a peur. La première chose qu’elle fait en entrant c’est de venir contre moi. Je la tiens un moment serrée contre moi, puis elle va prendre le jeus de fruit et les biscuits de son goûter. Alors, elle revient me toucher. Je serai aussi bouleversée qu’elle si, Dieu merci, ma mère à moi n’était pas encore avec nous. Alors je m’approche de ma mère et elle met sa main sur mon bras. Je retrouve mon calme et je peux poser ma main sur le bras de ma fille. Comme le dit notre pasteur, le Seigneur étend toujours sa main sur nous, si nous le laissons faire, et il accomplit son œuvre par l’intermédiaire de chacun d’entre noux. Ainsi, quand ma mère pose sa main sur moi, et que je mets les miennes sur ma fille, Dieu nous donne la force’ [1] ».

b) Description

Tension fondamentale

La tension entre faire confiance et éprouver de la méfiance émerge dès la première enfance et peut déboucher sur l’apprentissage de l’espoir (premier stade).

Entre confiance fondamentale et méfiance fondamentale.

Intégration sociale

La société poursuit le rôle de la mère : « Les institutions sociales semblent apporter continuellement à l’individu des réconforts collectifs face aux angoisses qui proviennent de son passé infantile [2] ».

Relation avec les stades psychanalytiques

Le stade psychosocial de confiance fondamentale est corrélé avec le stade psychosexuel de l’oralité, dont parle la psychanalyse freudienne.

c) La vertu

1’) La confiance fondamentale

Il s’agit de « the basic trust » : « la confiance fondamentale ». Erikson a choisi ce terme en connaissance de cause :

 

« Ce que nous appelons ici ‘confiance’ [trust] recouvre ce que Thérèse Bebedek a appelé (assurance’ [confidence]. Si je préfère le terme ‘confiance’, c’est qu’il renferme plus de naïveté et plus de réciprocité : un enfant peut être dit confiant, mais ce serait trop présumer que de lui prêter de l’assurance [3] ».

 

Cette confiance mérite d’être qualifiée de « fondamentale », car elle fonde les autres attitudes et vertus. Loin d’être un stade régressif à dépasser, elle est un stade fondateur, où s’enracine les autres :

 

« J’ai appelé ce premier trésor ‘la confiance fondamentale’. C’est là le premier trait psychosocial et il sert de fondement à tous les autres. La confiance fondamentale dans la mutualité de l’échange est cet ‘optimisme’ originel, cette conviction que ‘quelqu’un est là’ ; sans cet optimisme et cette conviction nous ne saurions vivre. Lorsque cette confiance fondamentale ne peut pas se développer dans la première enfance, en raison d’un défaut soit de l’enfant lui-même, soit de l’assistance maternelle, l’enfant meurt mentalement ; il ne répond pas, et il n’apprend pas; il n’assimile pas ce dont on le nourrit ; il ne parvient pas à se défendre contre l’infection ; et souvent il meurt physiquement autant que moralement. On peut donc soutenir que cette rencontre initiale d’un sujet qui perçoit et d’un objet perçu est le point de départ de tout sens de l’identité [4] ».

 

En fait, cette confiance de l’enfant est une sorte de biface : d’une part, elle est tournée vers l’extérieur d’où sa demande reçoit la réponse ; elle requiert que l’on sache que les donateurs assurent leur don avec régularité et fidélité. Mais, d’autre part, elle est aussi tournée vers l’intérieur. En effet, elle requiert la « confiance en soi et en la capacité de ses propres organes de faire face aux besoins [5] » ; précisément, cela suppose « que l’on peut se fier à soi-même et à la capacité de ses propres moyens à tenir tête aux impulsions [6] ».

En revanche, si la confiance fondamentale n’est pas assise, se met en place une méfiance fondamentale [7].

2’) L’espoir

Cette confiance fondamentale permet d’asseoir l’espoir :

 

« Pour tenter une première définition, nous pourrions dire que l’espoir est la conviction durable que ce qui est désiré ardemment est susceptible d’être atteint ou réalisé – et ce, en dépit des sombres moments de besoin ou de rage qui marquent le début de l’existence. L’espoir est le fondement ontogénétique de la foi, et l’espoir de l’enfant est nourri par la foi qui imprègne la tendre vigilance de l’adulte à son égard [8] ».

 

La source par excellence de la confiance, comme de l’espoir, est la mère. Non seulement par la fiabilité de sa réponse aux besoins physiologiques de son enfant, mais par sa qualité de relation. Erikson le dit joliment : « Notre premier firmament est le visage de notre mère, brillant au-dessus des délices de l’alimentation [9] ». Inversement, observe-t-il à propos de Luther, « personne ne peut parler des femmes et du mariage comme il le fit souvent s’il n’a été profondément déçu par sa mère [10] ».

d) Dysfonctionnement

Selon la manière dont s’est déroulées nos crises, nous pouvons demeurer plus fixé à un stade ou un autre. Voici l’exemple décrit par les frères Linn :

 

« La mort de leur frère John bloqua leur développement. Au moment de cette mort, Matt avait sept ans et Dennis en avait cinq : l’événément ne les a pas touchés de la même façon. Matt en était à l’étape scolaire, étape où l’on met l’accent sur le travail. Dennis en était encore à l’âge de l’initiative personnelle, où l’on insiste sur le jeu ». Or, « ils sont tous deux marqués par les effets de cette mort : ainsi Matt a toujours tendance à vouloir trop travailler et Dennis à jouer un peu trop [11] ».

e) Conduite à tenir

J’en parle dans le prochain paragraphe.

Dysfonctionnement du stade 1. Les comportements de type A

a) Exemple

Luc [les auteurs l’ont d’abord appelé Norbert], 36 ans, cadre commercial dans une compagnie de télécommunications, témoigne :

 

« Dès l’entretien d’embauche, j’ai senti que mon patron n’était pas un type facile. Il me posait des questions, mais souvent il n’attendait même pas que j’aie fini de répondre pour me poser la suivante. Il avait l’air pressé, impatient, j’avais l’impression de lui faire predre son temps. J’ai pensé qu’il avait décidé de ne pas me prendre, qu’il me recevait juste poru la forme. Eh bien, pas du tout, il m’a emabuché ! Plus tard, j’ai compris que cet air pressé et impatient est une constante chez lui.

« En réunion, c’est encore pire : dès que l’on s’explique un peu longuement, il nous interrompt ; parfois même il termine la phrase à notre place. Il supporte mal la contradiction à chaud. Dès qu’on le contredit, il argumente, jusqu’à ce que l’autre abandonne sa position. En revanche, si vous le revoyez deux jours plus tard, il est capable d’avoir digéré l’information que vous essayiez de lui faire passer, et de se comporter comme s’il avait toujours été d’accord. C’est devenu, en son absence bien entendu, un sujet de plaisanterie pour toute l’équipe.

« Nous le respectons quand même, car il faut dire qu’il fait preuve d’une activité débordante. Il arrive le premier le matin, surcharge sa journée de rendez-vous et de réunions, et repart tard dans la soirée. Quand il se déplace d’un bureau à l’autre, c’est toujours au pas de course. Dès qu’on lui soumet un problème, il prend tout de suite une décision, et souvent c’est la bonne. En deux ou trois circonstances, il est allé trop vite, et un peu de réflexion nous eût évité de coûteuses erreurs. Ce n’est pas un mauvais gars, mais il s’énerve très facilement et même quand il se retient d’exploser, ça se voit terriblement.

« Un jour, il s’est aperçu que la secrétaire s’était trompée et lui avait remis un mauvais dossier. J’ai vu son visage se gonfler littéralement de colère, mais comme nous étions devant des clients il s’est retenu, et il n’a rien dit. Certains jours, nous savons qu’il vaut mieux éviter d’aller le voir tellement il nous paraît pressé et sur les nerfs. Ces jours-là, il peut vite devenir odieux, émettre des critiques blessantes, piquer des colères sans commune mesure avec leur objet. […]

« Même en week-end, il doit avoir du mal à se détendre. Je me souviens, nous étions partis l’année dernière en séminaire résidentiel dans un endroit de rêve. Il y avait un tennis. En bien, il s’est lancé dans une partie tellement acharnée avec le directeur commercial export qu’il s’est claqué un muscle. On aurait dit qu’il jouait sa carrière sur le court ! Évidemment, il nous surcharge de travail et s’attend à ce que nous travaillions tous à son rythme. Mais moi je n’ai pas envie de finir à l’hôpital [12] ! »

b) Signes

1’) En positif

Trois signes de fond le caractérisent :

a’) Lutte contre le temps

Le Type A a d’abord le souci d’être efficace et précis. Pour cela, par rapport à lui, il agit vite, fait le maximum de choses dans le minimum de temps, donc ne cesse de remplir et trop remplir son agenda. Vis-à-vis des autres, il est impatient, c’est-à-dire intolérant à la lenteur des autres.

b’) Goût pour la compétention

Le Type A cherche à gagner à tout prix, certes dans son travail, mais aussi dans les situations anodines de la vie courante, et jusque dans les loisirs, en parole (dans les conversations) et en action.

c’) Engagement dans l’action

Le Type A prend ses activités à cœur. Il travaille donc beaucoup, voire transforme ses loisirs en tâches orientées vers une fin. Dès qu’il est confronté à un objectif, il mobilisera toute l’énergie dont il est capable.

Le Type A se fixera un emploi du temps même pendant le week-end, même s’il bricole. Et donc ne sera pas disponible pour l’ami qui arrive à l’improviste ou l’enfant qui le dérange.

2’) Par contraste

Il se distingue du Type B qui, surtout s’il est gradué B5 est un calme, réfléchi, qui prend son temps et éprouve rarement un sentiment d’urgence ou de pression intérieure.

3’) Quelques exemples de couples A-B

On ne s’étonnera pas d’en trouver beaucoup dans les œuvres de fiction humoristique. En effet, le B sert de faire-valoir à A, et le contraste fait ressortir les défauts ; or, la comédie fait rire de ce dont on ne pleure pas ; donc, le contraste est un ressort du comique.

 

Type A

Type B

Louis de Funès

Bourvil

De Maesmeker

Gaston Lagaffe

Joe Dalton

Averell Dalton

Capitaine Haddock

Tintin

Le général Alcazar

Le Senor Olivera

Donald

Mickey

Alain Juppé

Raymond Barre

Cardinal Lustiger

Cardinal Vingt-Trois

c) Mécanisme

La vision

La devise du Type A pourrait être : « Je dois réussir tout ce que j’entreprends » ; « Je dois arriver à contrôler toutes les situations » [13]. Une expérience l’atteste [14]. On propose à des personnes de Type A et de Type B de jouer à un jeu vidéo où elles s’affrontent à un joueur adverse. On observera alors que les premières verront les marqueurs du stress (pression artérielle, fréquence cardiaque, adrénalinémie) augmenter plus vite et plus haut que les secondes. Et si jamais, les Type B chambrent les Type A sur leur (prétendue) manque de réactivité (« Dis-donc, il faut t’envoyer un texo ? »), les signes s’accroissent, ainsi que le nombre d’erreurs.

La motivation

Le moteur du Type A est le stress ; l’urgence est son aiguillon, voire sa drogue. Voici ce qu’affirme une surveillante, 52 ans :

 

« Tout va bien tant que j’ai l’impression de maîtriser la situation, mais dès que je prends du retard, ou que je sens que les autres ne vont pas assez vite, je deviens irritable. Je supporte assez mal les réunions qui se prolongent alors que je pense à tout ce qui me reste à faire, et là j’ai vite tendance à couper la parole aux gens, ce que me reprochent mes infirmières. De toute façon, celles qui ne m’apprécient pas demandent leur mutation et ne restent pas dans le service. C’est très bien comme ça ; ainsi, la majorité de l’équipe travaille à mon rythme.

« J’ai toujours ‘fonctionné’ de cette manière, mais mon mari trouve qu’à mon âge je devrais ralentir un peu. […] Il est drôle ! J’aimerais le voir travailler dans un service où la moindre erreur d’organisation peut avoir des conséquences catastrophiques […]. Mon mari dit que je suis trop stressée. Mais, pour moi, le stress, c’est ma vie [15] ! »

 

Le stress comporte trois composantes : psychologique, c’est-à-dire cognitive (l’évaluation d’un objectif et la difficulté à l’atteindre : arriver à temps à la gare, alors qu’il reste peu de temps et qu’il y a des embouteillages) ; physiologique (en particulier liée à l’adrénaline) ; comportementale (par exemple, presser le pas) [16].

Le mécanisme de fond

C’est l’absence de confiance.

La relation à l’ennéagramme

Du point de vue de l’ennéagramme, il est proche du type 6 contre-phobique, avec une désintégration en 3. Inversement, le type B est beaucoup plus proche du type 9. Ce qui est cohérent.

d) Diagnostic différentiel

Toute personne stressée n’est pas un Type A. On peut proposer un diagnostic différentiel entre le comportement de Type A (qui caractérise le) et personnalité de Type A (qui est toxique et même pathologique). Le premier correspond à un battant énergique intégré, le deuxième au mêm etype, mais désintégré.

 

Les catégories

Comportement de Type A

Personnalité de Type A

L’action

Implication avec recul

Absence de recul

Rythme

Soutenu

Incapacité à ralentir

Relation à l’autre

Respectueuse

Intrusive, autoritaire

Relation à sa famille

Respectée

Sacrifice de la famille

Relation aux collaborateurs

Respecté

Rejeté pour son autoritarisme

Relation à l’obstacle

Combatif

Conflictuel

Relation à son corps

Stress géré

Dysstress entraînant des problèmes de santé

Relation à la détente

Sait se détendre

Est tendu même pendant ses loisirs

Réussite personnelle

Promotion rapide

Stagnation, voire accident (ennuis de santé, conflits, problèmes conjugaux, etc.)

e) Pronostic

On gradue les Type A de 1 à 5. Le patron de Luc se trouve en haut de l’échelle, donc est un Type A1.

Le Type A est toxique pour les autres. Pour l’entourage, ainsi que nous l’avons vu. Mais aussi pour les supérieurs. En effet, nous allons le dire, ils font plus aisément et plus tôt des infarctus du myocarde. Or, coûtent cher aux entreprise, non seulement en termes de productivité, mais aussi en termes de frais de santé.

Il est aussi toxique pour lui-même. Ce surmené se surtresse. Des études épidémiologiques internationales conduites sur plusieurs années ont démontré que les Type A présentent un risque de coronopathies double des type B [17] ; que plus ils sont colériques contre autrui, plus le risque élevé [18]. Bref, le pronostic est d’abord au cœur [19].

f) Comment se comporter face aux personnalités de type A ?

Si le Type A est le chef, le conjoint ou le collègue :

1’) Ce qu’il faut faire

a’) Être fiable

Concrètement : ne pas le faire attendre, mais arriver à l’heure et, en cas de retard, le prévenir, afin qu’il puisse contrôler son emploi du temps, et le prévenir avec un large délai, afin de ne pas arriver plus tard que le délai prévu.

b’) S’affirmer quand il tente de prendre votre contrôle

c’) L’aider à relativiser

Lui apprendre à ne pas dramatiser, ne pas déclencher en permanence une réaction maximale de stress.

d’) Apprendre à se détendre

2’) Ce qu’il faut éviter

a’) Négocier à chaud.

b’) Ne pas se laisser entraîner dans des compétitions inutiles.

c’) Dramatiser les conflits.

g) Bibliographie

Ethel Roskies, Stress Management and the Healthy Type A, New York, The Guilford Press, 1987.

Stade 2. Entre deux et trois ans

a) Exemple

Les frères Linn racontent qu’ils sont invités chez Steve et Mary pour un barbecue :

 

« A un moment, alors que nous étions tous autour de la table du pique-nique, nous avons vu Alicia, leur petite fille de quatre ans, s’éccroupir dans un coin du jardin. Quand elle s’aperçut que nous la regardions, elle devint toute rouge. Nous avons compris qu’elle était en train de faire pipi dans sa culotte et qu’elle avait vu que nous l’avions vue. Steve nous dit alors très calmement : ‘Elle est en pleine régression il faut dire qu’elle n’a pas l’habitude de voir autant de monde à la maison’. Puis il prit gentiment Alician dans ses bras et l’emmena à l’intérieur. Quelques minutes plus tard, il revint avec elle. Il l’avait lavée, changée et lui avait mis une jolie robe, très féminine. Il avait compris qu’Alicia avait peur et que c’est cette peur qui l’avait temporairement fait régreser. Mais il avait vu aussi qu’elle avait déjà honte de s’être comportée comme si elle avait encore deux ans. Plutôt que d’exploiter cette honte et de la gronder parce qu’elle s’était salie, il avait montré, en s’occupant d’elle, tout l’amour qu’il éprouvait pour elle. C’était comme s’il lui avait dit : ‘N’aies pas peur : tu es, et tu seras toujours ma jolie petite fille’. Et tant pis si les invités trouvaient Alicia mal élevée [20] ».

 

Cette illustration montre bien comment l’enfant peut régresser vers la honte alors que son désir est d’être autonome (ici, de faire pipi tout seul).

b) Description

Relation avec les stades psychanalytiques

Partons d’un passage déjà cité : « Pour compléter le schéma freudien des stades psychosexuels infantiles, j’ai proposé un schéma psychosocial dans lequel le stade caractérisé comme l’analité freudienne est également celui où s’affirme l’autonomie psychosociale, ce peut signifier, et même signifie, indépendance ; mais peut également signifier défi, entêtement, égocentrisme [21] ».

Raison d’être

Dans le premier stade, l’être humain est en réception, donc en dépendance. Mais il est aussi habité par un légitime d’autonomie.

Or, Erikson montre que ce stade d’autonomie présuppose le stade précédent de réception, comme le don 2 se fonde sur le don 1 :

 

« Pour la croissance de l’autonomie, une confiance primitive solidement développée est nécessaire. L’enfant doit être parvenu au point où il est sûr que sa foi en lui-même et dans le monde ne sera pas mise en danger par son violent désir d’obtenir ce qu’il a choisi, de prendre possession selon ses exigences et de rejeter avec entêtement [22] ».

Tension fondamentale

L’enfant va être pris en tenailles entre son désir positif d’autonomie et une double attitude négative de honte et de doute.

 

« Son environnement doit le soutenir dans son désir ‘de se tenir sur ses pieds à lui’, tout en le protégeant contre la double aliénation […] : le sentiment de s’être exposé prématurément et inconsidérément, ce que nous appelons honte ou encore cette méfiance secondaire, cette ‘double optique’ que nous appelons doute – doute envers lui-même et doute en la fermeté et en la perspicacité des éducateurs [23] ».

Intégration sociale

Le fruit social : « Le premier stade laisse dans l’être en voie de croissance un résidu qui, à bien des niveaux hiérarchiques et surtout dans le sentiment individuel de l’identité, fait écho à quelque chose comme la conviction : ‘Je suis l’espoir que j’ai et que je donne’. Le résidu analogue du stade de l’autonomie paraît être : ‘Je suis ce que je puis vouloir librement’ [24] ».

c) La vertu

Pour accéder à l’autonomie, il faut acquérir une nouvelle « vertu » psychologique ou plutôt une ébauche de vertu : la volonté. Écartons d’abord une mésinterprétation : « Vouloir ne signifie nullement imposer sa volonté, mais plutôt acquérir graduellement une certaine sûreté de jugement et une fermeté de décision quant à l’application qu’il convient de faire d’une impulsion [25] ». Dès lors, la volonté se définit comme « la ferme détermination d’exercer librement son choix aussi bien que le contrôle de soi-même, en dépit de l’inévitable expérience infantile de la honte et du doute [26] ».

L’acquisition, c’est-à-dire l’issue de la crise d’autonomie est assurée par la médiation non plus maternelle, mais paternelle : « Le père, s’il sait comment tenir et guider son enfant, est en quelque sorte le gardien de cette existence autonome de l’enfant ». Précisément, par le corps du père : « En effet, les enfants prennent conscience des attributs de la virilité et apprennent à aimer le contact physique de l’homme et le son de sa voix [27] ».

L’essentiel, pour l’enfant, n’est pas la hauteur de l’obstacle, mais qu’il se sente capable de le franchir. Le pire est qu’il se sente impuissant.

Stade 3. Entre trois et cinq ans

Il s’agit du stade de l’initiative ou du jeu.

a) Exemple

 

b) Description

Relation avec les stades psychanalytiques

Ce stade psychosocial est en relation avec le stade psychosexuel de la génitalité.

Raison d’être

Autant le premier stade est tourné vers les racines et le deuxième vers l’identité, l’auto-affirmation de la volonté, autant le troisième l’est vers le but, l’idéal : « Cette résolution investit les idéaux d’action ». Elle a donc « besoin pour se constituer des ressources de l’imagination, qui n’est pas pourtant imaginaire », mais aussi « de l’exemple familial initial [28] ».

L’enfant se caractérise par un surcroît d’énergie qui leur permet de maîtriser trois aptitudes : le langage, la mobilité et l’imagination.

Tension fondamentale

Iniatiative ou culpabilité.

c) La vertu

La résolution est l’autodétermination. Erikson la définit ainsi : « La vertu de résolution n’est autre que le courage d’envisager et de poursuivre des objectifs valables sans se laisser inhiber par la faillite des fantasmes infantiles, par la culpabilité ou par la crainte paralysante de la punition [29] ».

Stade 4. Entre six et douze ans

Autant le stade précédent est celui du jeu, autant celui-ci est celui du travail, à savoir le travail scolaire.

a) Exemple

 

b) Description

Raison d’être

La nouveauté vient ici de ce que les idéaux du troisième stade s’incarnent ; or, ce faisant, l’enfant se trouve confronté à la matière et aux autres : la technique à apprendre et l’autre avec lequel collaborer.

Tension fondamentale

Industrie versus infériotié

L’enfant est pris « entre, d’une part, le sentiment de s’accomplir grâce à l’activité créatrice et au travail, et d’autre part, le sentiment d’infériorité de l’individu qui ne se sent rien de plus qu’un simple outil [30] ».

Intégration sociale

Partant de là, l’enfant devient capable de participer, coopérer autant aux techniques qu’avec les personnes.

c) La vertu

Pour surmonter la crise, l’enfant doit acquérir une nouvelle force psychologique ou vertu qu’Erikson appelle la compétence. Voici comment il la définit : « La compétence est le libre exercice de la dextérité et de l’intelligence dans l’exécution des tâches – sans qu’intervienne aucune inhibition par un sentiment infantile d’infériorité [31] ».

d) Dysfonctionnement

Mon déficit technique tient-il à ce stade ?

En tout cas, c’est le moment où tel ou tel de nos talents est ou non valorisé. Sheila Fabricant rapporte un souvenir douloureux de l’école :

 

« L’école mettait l’accent sur certaines matières, particulièrement les lettres et les mathématiques, matières dans lesquelles je réussissais bien. Mais elle ne prenait pas en compte d’autres dons que j’avais aussi, comme ma grande sensibilité spirituelle. Cette sensibilité à Dieu et à la bonté qui existe en toute créature demeurait cachée au fond de moi. Et j’étais convaincue que personne à l’école ne pouvait la comprendre. Ainsi, durant ma scolarité, je ne me suis pas sentie aimée, soit parce que j’étais trop repliée sur moi-même pour oser parler de cette partie de moi, soti parce que l’école ne m’aidait pas à reconnaître son existence [32] ».

e) Conduite à tenir

 

Stade 5

Ce stade important est celui de l’adolescence et de la fidélité qui est sa vertu propre.

a) Exemple

 

« Un homme trouva un œuf d’aigle et le déposa dans le nid d’une poule de sa basse-cour. Eclos avec la couvée des poussins, l’aiglon grandit avec eux.

« Devenu grand, l’aigle se comporta comme les poules, pensant qu’il était, lui aussi, une poule de basse-cour : il grattait la terre à la recherche de vers et d’insectes, il gloussait et caquetait. Il battait des ailes et s’élevait de quelques mètres en l’air.

« Les années passèrent, et l’aigle devint très vieux. Un jour, il vit, très loin au-dessus de lui, un magnifique oiseau qui volait dans le ciel sans nuage. Il glissait avec une grâce majestueuse, se laissant porter par les forts courants du vent, en battant à peine de ses ailes dorées.

« ’Qui est-ce ?’, demanda le vieil aigle émerveillé. ‘C’est l’aigle, le roi des oiseaux’, dit sa voisine, ‘il appartient au ciel Nous appartenons à la terre, nous sommes des poules’.

« Et c’est ainsi que l’aigle vécut et mourut comme une poule parce qu’il croyait être une poule [33] ».

 

Cette histoire a été reprise souvent sous d’autres formes qui, parfois, se terminent mieux comme dans le conte d’Andersen, Le vilain petit canard.

b) Description

Raison d’être

L’adolescent s’est jusqu’ici identifié à différentes personnes de son entourage. Or, il fait soudain l’expérience de l’insuffisance de ces identifications pour constituer son identité. C’est peut-être ici qu’Erikson prend le plus visiblement ses distances à l’égard de la psychanalyse. L’adolescent, en effet, est celui qui doit se tourner vers l’avenir pour devenir lui-même :

 

« La formation de l’identité va bien plus loin, donc, que le simple processus d’identification avec les autres, tel qu’il était admis dans la vision unilatérale qu’en avaient les premiers psychanalystes. Il s’agit d’un processus qui met en jeu une capacité subjective et émotionnelle bien plus intense. L’individu doit pouvoir se laisser identifier en fonction des données qui sont les siennes, par rapport à un univers prévisible qui transcende les circonstances de l’enfance. L’identité n’est donc pas simplement la somme des diverses identifications de l’enfance, mais plutôt une combinaison nouvelle de fragments anciens et de fragments nouveaux d’identification [34] ».

 

Autrement dit, la crise d’identité s’opère entre les reliquats de l’enfance et les espoirs de la vie adulte. Et son enjeu est l’identité. En précisant que cet enjeu est beaucoup plus pratique que théorique. La question sera : « Qu’est-ce que je veux faire de moi et qu’est-ce que j’ai pour y travailler [35] ? »

Tension fondamentale

Identité versus confusion d’identité

Intégration sociale

c) La vertu

La vertu ou énergie psychologique qui permet à l’adolescent de sortir grandi de la crise est la fidélité. Erikson la définit ainsi dans le même ouvrage : « La fidélité est l’aptitude à maintenir la loyauté librement promise en dépit des inévitables contradictions des systèmes de valeurs [36] ».

Précisément, cette fidélité a besoin de l’idéologie, entendu au sens où l’entend Erikson : elle « désigne une tendance inconsciente sous-jacente à la pensée religieuse, scientifique, aussi bien que politique : tendance, à une époque donnée, à faire cadrer les faits avec les idées et les idées avec des faits, afin de créer une image du monde suffisamment convaincante pour qu’elle puisse servir de support à une identité collective et à l’identité individuelle [37] ».

d) Dysfonctionnement

 

e) Conduite à tenir

L’adolescent se nourrit non plus des regards laudatifs des autres (du moins seulement de ces regards), mais de la réussite : l’identité « en gagne une force réelle que par la reconnaissance sincère et stable d’une réussite véritable [38] ».

Stade 6

Les trois derniers stades portent nommément sur la vie adulte.

a) Exemple

 

b) Description

Raison d’être

Le stade précédent est plus marqué par les engagements idéaux et idéologiques. Mais ceux-ci sont généraux, universels. Ainsi ce nouveau stade se caractérise par l’engagement, sélectif, dans une intimité et donc une sélectivité. Autrement dit dans l’amour durable. En effet, « j’insiste sur ce point, une identité prouve sa force lorsqu’elle ne craint pas de s’exposer [39] ».

De plus, il est essentiel de respecter l’autre et de ne point l’instrumentaliser, de ne pas l’utiliser en vue de notre développement [40]. « Ceux qui s’aiment vraiment savent cela [la mutuelle reconnaissance dans la rencontre face à face], et souvent ils préfèrent retarder cette perte du Moi qu’ils redoutent dans la fusion des sexes, afin que chacun puisse affirmer davantage son identité aux yeux de l’autre [41] ».

Tension fondamentale

Intimité versus isolement. Celui qui craint de s’engager s’isolera.

c) La vertu

La capacité d’aimer est

Voici comment Erikson la définit : « L’amour est la mutualité de la dévotion, à jamais capable de dominer les antagonismes inhérents au fait que la fonction est divisée [42] ».

Comme toujours, ce stade présuppose les stades antérieurs : « L’amour, au sens le plus vrai du terme, présuppose une identité bien établie et le sens de la fidélité [43] ».

Stade 7

a) Exemple

 

b) Description

Raison d’être

L’accomplissement ne veut pas seulement l’union (stade 6), mais la fécondité. En effet, « un homme ou une femme doivent avoir défini de qui et de quoi ils s’occupent, ce qu’ils tiennent à bien faire et comment ils comptent s’occuper de ce qu’ils ont commencé et créé [44] ».

Bien entendu, cette générativité s’incarne d’abord dans la procréation, c’est-à-dire la condition de parent : c’est « la première et souvent même la plus importante des expériences de la générativité [45] ». Mais la générativité est le souci des générations suivantes et ouvre sur la fécondité en général – ce qui ne se limite pas à la procréation ni même au travail :

 

« La polarisation idéologique du monde occidental, qui a fait de Freud le théoricien du siècle en matière de sexualité et de Marx celui du travail, a laissé jusqu’à une époque récente tout un domaine de la psychologie humaine échapper à la psychanalyse. Je fais allusion à l’amour que l’homme porte à ses œuvres et à ses idées autant qu’à ses enfants – et à la nécessaire autovérification que l’adulte reçoit, et doit recevoir, en contrepartie de tout ce qu’il met en jeu dans son travail [46] ».

Tension fondamentale

Générativité versus stagnation

 

« La crise de générativité survient quand un homme en arrive à considérer ce qu’il a engendré, ou contribué à engendrer, et conclut que ce qu’il a fait est bon, ou au contraire laisse à désirer ; lorsque l’œuvre de sa vie, envisagée comme un élémente de ce que son époque a produit, lui donne soit le sentiment d’être du petit côté des élus, soit au contraire un sentiment de stagnation. Le premier est pour lui la promesse d’une vieillesse qu’il pourra affronter avec un sentiment d’intégrité et dans laquelle il pourra dire : ‘Tout compte fait, si c’était à refaire, je recommencerais’ ; le second, au contraire, le met aux prises avec une sensation de gaspillage et de désespoir [47] ».

 

Une conséquence en est la distinction entre l’éthique et la morale, telles qu’Erikson la conçoit [48]. Cette distinction n’est pas seulement épistémologique, comme chez Ricœur, mais évaluative. Le psychologue oppose règles morales et règles éthiques. En effet, « les règles morales de conduite sont essentiellement fondées sur la crainte de menaces qu’il faut conjurer, jemances qui peuvent être aussi bien extérieures – telles l’abandon, le châtiment, l’opprobre publique – qu’intérieures, telles la culpabilité la honte ou l’isolement ». Autrement dit, la menace de la punition prime la raison de la norme. En revanche, « les règles éthiques se fondent sur des idéaux à atteindre, ce qui implique un haut degré d’adhésion rationnelle et l’acceptation spontanée d’une conceptualisation du bien, d’une certaine définition de la perfection, et d’une certaine promesse d’accomplissement de soi ». Ainsi, « le sens moral se développe à un niveau plus ancien et plus primitif de l’évolution individuelle [49] ». De nouveau, le rapprochement avec la théorie de Kohlberg semble aller de soi.

c) La vertu

« La sollicitude est le souci toujours plus large de faire vivre ce qui a été engendré par l’amour, la nécessité ou la fatalité. Ce besoin compense l’ambivalence inhérente à toute obligation irréversible [50] ».

Stade 8. La vieillesse

a) Exemple

Wild Bill fut envoyé dans un camp de concentration en Allemagne pendant la dernière guerre. La majorité des prisonniers pensaient qu’il était arrivé il y a peu de temps. En effet, il travaillait 18 heures par jour sans paraître s’épuiser. Or, en réalité, il avait déjà passé 6 années dans ce camp abominable où, si l’on ne mourrait pas de faim, l’on décédait d’une infection contagieuse. Surtout, il avait subi la plus inimaginable des épreuves. Avant son arrestation, il vivait dans le ghetto de Varsovie avec sa femme et ses cinq enfants ; et les nazis les avaient tous fusillés devant ses yeux. Le cœur brisé, Wild avait supplié les soldats de le tuer à son tour, mais les autorités du camp avaient refusé parce qu’il parlait six langues et qu’elles avaient besoin d’un interprète. Comment Wild a-t-il survécu à ce double drame ?

 

« Je devais décider sur-le-champ si j’allais haïr ceux qui venaient de commettre ces crimes. En fait, la décision était facile à prendre. J’étais jusriste. J’avais pu voir, en exerçant mon métier, à quel point la haine pouvait déformer les esprits et les corps. Elle venait de tuer les six personnes auxquelles je tenais le plus au monde. Je décidais alors que je passerais le reste de ma vie, qu’elle ne dure que quelques jours ou des années, à aimer tout être humain avec qui j’entrerais en contact [51] ».

 

De fait, il a passé sa vie dans le camp à résoudre les conflits, notamment entre les personnes et les groupes de nationalités différentes.

Dans le camp de la mort de Ravensbrück, 92 000 femmes et enfants sont décédés. Une prière a été griffonnée sur un papier d’emballage :

 

« Seigneur, ne te souviens pas seulement des hommes et des femmes de bonne volonté, mais aussi de ceux qui ne le furent pas. Ne te souviens pas seulement des souffrances qu’ils nous ont fait subir, mais aussi des fruits que nous avons portés grâce à ces souffrances : notre amitié, nore loyauté, notre humilité. Souviens-toi du courage, de la générosité, de la grandeur d’ame qui ont jailli de tout cela. Et quand viendra pour eux l’heure du jugement, permets que tous ces fruits que nous avons portés leur soient comptés en pardon [52] ».

b) Description

Raison d’être

Ici, la grande nouveauté est la proximité de la mort. Or, celle-ci, indépendamment de l’angoisse de la perte de la vie, scelle tout du sceau du définitif, et invite à regarder le passé, à faire des bilans.

Tension fondamentale

Intégrité versus désespoir.

D’un côté, l’intégrité est la garantie que, malgré les menaces imminentes de mort, le déclin des fonctions, physiques et psychiques, la personne a transmis un héritage cohérent.

De l’autre, « Le désespoir exprime le sentiment que le temps est court, trop court pour essayer de recommencer une nouvelle vie et prendre d’autres chemins vers l’intégrité. Le dégoût cache le désespoir [53] ».

c) La vertu

La dernière crise se résout ou devrait se résoudre dans la sagesse. Erik Erikson la définit ainsi : « La sagesse est une sorte d’intérêt détaché pour la vie en tant que telle, face à la mort en tant que telle [54] ».

Un signe en est l’humour. Une personne âgée décrivait ainsi son état :

 

« Tout fait mal et ce qui ne fait pas mal ne fonctionne plus.

La lueur qui brille dans votre œil provient du soleil qui frappe vos lunettes à double foyer.

Votre carnet d’adresses est plein de nom de docteurs en médecine.

Vous vous inscrivez à un club pour maintenir votre forme, et vous n’y allez pas.

Vous attendez avec impatience une soirée qui s’annonce morne.

Vous avez besoin de lunettes pour retrouver vos lunettes.

Vous vous asseyez dans un fauteuil à bascule, mais vous ne parvenez pas à vous balancer.

Vous connaissez toutes les réponses, mais personne ne vous pose plus de questions [55] ».

 

La sagesse vient aussi lorsqu’on peut dire avec Erikson : « Je suis ce qui me survis ».

Tableau récapitulatif

 

Stades

Âge

Enjeu psychosocial

Vertu

Extension relationnelle

Corrélation avec la psychogenèse freudienne

Stade 1

Nourrison (0-2 ans)

Confiance fondamentale versus méfiance fondamentale

Espérance

Mère (ou substitut)

Stade oral

Stade 2

Petite enfance (2-3 ans)

Autonomie versus honte et doute

Volonté

Parents, père (ou substitut)

Stade anal

Stade 3

Âge du jeu (3-5 ans)

Initiative versus culpabilité

Résolution

Famille nucléaire

Stade phallique

Stade 4

Âge de l’école (6-12 ans)

Travail versus infériorité

Compétition

École et voisinage

 

Stade 5

Adolescence (12-18 ans)

Identité versus confusion d’identité

Fidélité

Groupes et contre-groupes, modèles de chefs

 

Stade 6

Jeune adulte (19-38 ans)

Intimité versus isolement

Amour

Partenaires sexuels et professionnels

 

Stade 7

Âge adulte (35-65 ans)

« Générativité » versus stagnation

Sollicitude

Division du travail, partage des tâches ménagères

 

Stade 8

Vieillesse (65 ans et plus)

Intégrité personnelle versus désespoir

Sagesse

Humanité et moi-même, en ma nature

 

7) Relecture philosophique

Nous l’avons dit, les trois premiers stades psychosociaux d’Erikson se fondent, tout en s’en différenciant, sur les trois stades psychosexuels de Freud. Mais il est possible d’ébaucher d’autres correspondances suggestives. C’est ainsi que les trois premiers moments du don sont comme ébauchés dès le point de départ [56].

 

Stade psychosexuel

Mode organique

Stade psychosocial

Vertus [57]

Mécanismes psychopathologiques

Ordre social impliqué

Moments du don

Dynamique augustinienne

Oral

Sensoriel et cutané

Incorporatif

Confiance fondamentale versus

Méfiance fondamentale

Espoir

Psychose

Toxicomanie

Ordre cosmique

Don 1 (don pour soi)

Extérieur

Anal

Musculaire et uréthral

Rétensif-éliminatif

Autonomie versus

Honte et doute

Volonté

Compulsion

Impulsion

Loi, Ordre

(intérieur

Don 2 (don à soi)

Intérieur

Phallique Locomoteur

Intrusif

Initiative

versus

Culpabilité

Mobilisation Orientation

Inhibition

Hystérie

Phobie

Prototype

Idéal

Don 3 (don de soi)

Supérieur

Pascal Ide

[1] Robert Coles, Touching and being touched, cité par Dennis Linn, Matthew Linn et Sheila Fabricant, Le développement de l’homme en huit étapes. Guérison des souvenirs, trad. Joelle Fischbach et Ernest Milcent, coll. « Renouveau dans l’Esprit », Paris, DDB, 1992, p. 31 et 32.

[2] Adolescence et crise, p. 84.

[3] Adolescence et crise, p. 104-105.

[4] Luther avant Luther. Psychanalyse et histoire, trad., Paris, Flammarion, 1968, p. 137.

[5] Enfance et société, p. 170.

[6] Adolescence et crise, p. 105.

[7] Adolescence et crise, p. 84.

[8] Éthique et psychanalyse, p. 120.

[9] La vérité de Gandhi, trad., Paris, Flammarion, 1974, p. 142.

[10] Luther avant Luther, p. 81.

[11] Dennis Linn et al., Le développement de l’homme en huit étapes, p. 25 et 26.

[12] François Lelord et Christophe André, Comment gérer les personnalités difficiles, p. 163-164. Cf. chap. vii : « Les comportements de type A ».

[13] Cf. Ethel Roskies, Stress Management and the Healthy Type A, New York, The Guilford Press, 1987.

[14] Cf. Robert Dantzer, L’illusion psychosomatique, Paris, Odile Jacob, 1989, p. 202-202.

[15] François Lelord et Christophe André, Comment gérer les personnalités difficiles, p. 167.

[16] Cf. Pierre Légeron, « Stress et approche cognitivo-comportementale », L’Encéphale, 19 (1993), p. 193-202.

[17] Cf. Ray H. Rosenman, Richard J. Brand, C. David Jenkins, Meyer Friedman, Reuben Straus & Moses Wurm, « Coronary heart disease in the western collaborative group stydy. Final follow-up experience of 8 ½ years », Journal of the American Medical Association, 233 (1975), p. 872-877. Actualisation dans Mark P. Petticrew, Kelley Lee & Martin McKee, « Type A Behavior Pattern and Coronary Heart Disease: Philip Morris’s ‘Crown Jewel’ », American Journal of Public Health. 102 (2012) n° 11, p. 2018-2025.

[18] Cf. T. M. Dembrovski et al., « Antagonistic hostility as a Predictor of Coronary Heart Disease in the Multiple Risk Factor Intervention Trial », Psychosomatic Medicine, 51 (1989), p. 514-522.

[19] Cf. Meyer Friedman & Diane Ulmer, Treating Type A Behaviour and Your Heart, London, Michael Joseph, 1985.

[20] Dennis Linn et al., Le développement de l’homme en huit étapes, p. 61 et 62.

[21] Luther avant Luther, p. 142.

[22] Adolescence et crise, p. 113.

[23] Adolescence et crise, p. 114.

[24] Adolescence et crise, p. 118.

[25] Éthique et psychanalyse, p. 121.

[26] Éthique et psychanalyse, p. 122.

[27] Luther avant Luther, p. 144.

[28] Éthique et psychanalyse, p. 126.

[29] Éthique et psychanalyse, p. 126.

[30] Luther avant Luther, p. 306.

[31] Éthique et psychanalyse, p. 128.

[32] Dennis Linn et al., Le développement de l’homme en huit étapes, p. 108.

[33] Anthony de Mello, Comme un chant d’oiseau, Montréal, Bellarmin, Paris, DDB, 1984, p. 108.

[34] Éthique et psychanalyse, p. 90 et 91.

[35] Adolescence et crise, p. 337.

[36] Éthique et psychanalyse, p. 129.

[37] Luther avant Luther, p. 22.

[38] Enfance et société, p. 160.

[39] Éthique et psychanalyse, p. 133.

[40] Cf. La vérité de Gandhi, p. 220.

[41] Luther avant Luther, p. 133.

[42] Éthique et psychanalyse, p. 135.

[43] Éthique et psychanalyse, p. 133.

[44] La vérité de Gandhi, p. 377.

[45] Éthique et psychanalyse, p. 136.

[46] Éthique et psychanalyse, p. 137.

[47] Luther avant Luther, p. 287.

[48] Cf. Nicholas Piediscalzi, Paul Tillich and Erik H. Erikson on the Origin and Nature of Morality and Ethics, Boston, Boston University Graduate School, thèse, 1965.

[49] Éthique et psychanalyse, p. 236.

[50] Éthique et psychanalyse, p. 136.

[51] Cité par Dennis Linn et al., Le développement de l’homme en huit étapes, p. 198.

[52] Cité par Dennis Linn et al., Le développement de l’homme en huit étapes, p. 195.

[53] Enfance et société, p. 179.

[54] Éthique et psychanalyse, p. 139-140.

[55] Cité par Dennis Linn et al., Le développement de l’homme en huit étapes, p. 200. Je trie.

[56] Faudrait-il aussi faire un lien avec les stades de développement moral analysés par Lawrence Kohlberg ? J’imagine aisément que quelqu’un a dû l’étudier, d’autant que ces visions partagent la perspective discontinuiste caractéristique de Piaget.

[57] Qui, au départ, sont des rudiments d’énergie psychique.

3.2.2022
 

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