De la pudeur à l’amour (recension)

PELISSIE DU RAUSAS I., De la pudeur à l’amour. Philosophie et théologie de la pudeur, Paris, Cerf, 2016. Parue dans la Nouvelle Revue Théologique (NRT) 139 (2017) n° 2, p. 332-333.

En 1993, l’A. présentait une thèse sur la pudeur à la Sorbonne et la publiait sous le titre La pudeur, le désir et l’amour (Nouan-Le-Fuzelier, Béatitudes, 1997). L’intention était d’offrir une approche proprement philosophique de la pudeur, parcourant les opinions d’un certain nombre de penseurs majeurs (de Platon et d’Aristote à Scheler et Sartre), sans ignorer les approches (voire les objections nées) des sciences humaines et sociales. L’intuition de l’ouvrage était, principalement dans le sillage d’Amour et responsabilité de Karol Wojtyla, de montrer que la pudeur était non seulement un sentiment (et une attitude) présentant une valeur positive, mais aussi un marqueur essentiel de la valeur de la personne, c’est-à-dire son impossibilité (éthique) d’être instrumentalisée. L’ouvrage se développait en trois parties : la relation de la pudeur à l’amour (éros et agapè) ; la pudeur en elle-même ; la pudeur relue à partir de la communion d’amour entre les personnes.

La principale différence de cette nouvelle éd. est l’adjonction d’une 4e et brève partie sur la théologie de la pudeur, partie qui puise à la théologie du corps élaborée par St Jean-Paul II (dans les catéchèses de 1979-1984) et en expose les intuitions, distinguant (ce qui cherche à préciser la pensée du pape), « pudeur relative » et « pudeur immanente ».

L’A., mère de famille, qui, à la lumière de la théologie du corps, a rédigé quatre ouvrages pour aider les parents dans l’éducation de leurs enfants à l’amour, nous offre un ouvrage clair et informé, qui défend la thèse d’importance et encore trop ignorée de la valeur personnelle et interpersonnelle de la pudeur. Nous nous permettons deux suggestions en vue d’une amélioration et d’un enrichissement: unifier, c.-à-d. mieux montrer les continuités (et, pourquoi pas, les discontinuités) entre les trois premières parties et la quatrième, autre-ment dit entre Wojtyla philosophe et Wojtyla-Jean-Paul II théologien ; intégrer les approches décisives d’autres théologiens (comme Gaston Fessard) et philosophes (comme Vladimir Soloviev) – pour honorer le sous-titre qui, sans cela, devrait préciser : selon Wojtyla et Jean-Paul II. – P. Ide

15.7.2020
 

Les commentaires sont fermés.