Le retour du héros
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Pays:
français
Année:
14 février 2018
Thème (s):
Lâcheté, Mensonge, Triangle dramatique de Karpman
Durée:
1 heures 30 minutes
Directeur:
Laurent Tirard
Acteurs:
Jean Dujardin, Mélanie Laurent, Noémie Merlant
Age minimum:
Tout public

Le retour du héros, film comique français de Laurent Tirard, 2018. Avec Jean Dujardin et Mélanie Laurent.

Thèmes

Lâcheté, sauveteuse (TDK), mensonge.

Il est souvent très efficace d’amuser en montrant et caricaturant les attitudes d’un groupe ou, mieux, d’un groupe interagissant avec son contraire – tel est le cas de la rencontre des Parisiens et des Ch’tis dans l’actuelle La Ch’tite famille (Dany Boon, 2018) –. Il est aussi efficace (mais peut-être plus superficiel), de faire rire en mettant en scène des imbroglios et des quiproquos – par exemple, toujours en ce moment sur les écrans, La finale (Robin Sykes, 2008).

Mais le plus profond ressort comique demeure le type moral – type devant s’entendre au sens des portraits de La Bruyère ou des figures animales de La Fontaine. Bergson disait du rire qu’il est du mécanique plaqué sur du vivant et Kierkegaard ne faisait que préciser en affirmant que l’ironie permet de passer de la superficialité du stade esthétique à la profondeur du stade éthique (et l’humour de passer de cette profondeur éthique à la hauteur religieuse).

Le retour du héros est, sinon une grande, du moins une bonne comédie, car il nous présente le type même du lâche. Non pas du lâche doublé du caractériel qu’incarnait avec génie De Funès. Mais du lâche dissimulé derrière un hâbleur et menteur, pire, d’un imposteur affabulateur et arnaqueur. Mais non sans cœur. Car, et c’est une deuxième nouveauté : ce poltron fuyard et déserteur (scène jubilatoire du duel où Dujardin atteint à des sommets d’hypocrisie et de pusillanimité) est non seulement conscient de sa pleutrerie, mais la reconnaît en bredouillant.

Surtout, la véritable nouveauté réside dans la mise en système avec un autre type psychomoral, celui de la sauveteuse. Rarement comique par elle-même, cette figure hérite de la première son côté humoristique. En bon Saint-Bernard, Élisabeth aide si bien tout le monde (et surtout sa famille), qu’elle oublie de se sauver elle-même et demeure seule, en prétextant l’avoir choisi. Et s’enferme dans son scénario : après avoir cherché à sauver sa sœur, à son insu et contre sa volonté, la jeune femme finira par faire de même avec son anti-héros, au point de l’épouser…

Boudons d’autant moins notre plaisir que, contrairement à la désespérance de Molière qui fixe ses types en les figeant, Le retour du héros se transforme au final en retournement du héros…

Pascal Ide

En 1809, alors que les guerres napoléoniennes battent leur plein, le capitaine de hussards Charles-Grégoire Neuville (Jean Dujardin) vient demander la main de Pauline Beaugrand (Noémie Merlant), dans son château bourguignon. Mais, au moment où il reçoit un accord enthousiaste de son père (Christian Bujeau) et de sa mère (Évelyne Buyle), lui est transmis l’ordre de partir immédiatement pour combattre les Autrichiens. Sur le point de partir, du haut de son cheval, il promet à Pauline de lui écrire une lettre tous les jours. Ce qu’il ne fera jamais. Ne recevant nul courrier de son fiancé pendant des mois, Pauline finit par dépérir. Profondément affectée par la souffrance de sa sœur en même temps que seule de la famille à se méfier du fringant capitaine, Élisabeth (Mélanie Laurent) décide de sauver Pauline en lui écrivant une fausse lettre, très romantique, où elle se fait passer pour Neuville. Comblée de joie, la fiancée lui répond immédiatement. S’en suit une véritable correspondance qui oblige Élisabeth, dont l’imagination est débordante et le talent d’écrivain reconnu, à inventer et multiplier les aventures d’un Neuville courageux jusqu’à l’héroïsme. Mais Élisabeth commence à sentir qu’elle va trop loin et fait mourir le héros dans une ultime lettre. Éplorée, mais vite consolée, Pauline, épouse un autre homme, Nicolas (Christophe Montenez), que, bien sûr, Élisabeth n’a pas manqué de pousser entre ses bras.

C’est alors que, trois ans après ce dénouement, le capitaine Neuville réapparaît, sans uniforme, en hâillons et de surcroît déserteur. Mais l’escroc ne va pas rester longtemps vagabond et profiter de la réputation que, à son insu, Élisabeth lui a forgée. Jusqu’où ?

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