Dix pour cent
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Pays:
Français
Thème (s):
Cinéma
Date de sortie:
2015-2020
Durée:
0 heures 52 minutes
Évaluation:
***
Directeur:
Fanny Herrero
Acteurs:
Camille Cottin, Thibault de Montalembert, Grégory Montel
Age minimum:
Adolescents et adultes

Dix pour cent, série télévisée dramatique française, de Fanny Herrero, diffusée entre le 14 octobre 2015 et le 4 novembre 2020 sur France 2. La série comporte actuellement 4 saisons et 24 épisodes, dont le prochain sera diffusée à partir du jeudi 21 janvier 2021 sur Netflix. Avec Camille Cottin, Thibault de Montalembert, Grégory Montel, Liliane Rovère.

Thèmes

Cinéma.

Bien entendu, j’ai aimé ! Parce qu’une série nous découvre (enfin !) la face cachée de ce milieu du cinéma que nous chérissons tant, non pas pour le côté people et la déconstruction facile de la star maniaque, timorée, capricieuse, etc., mais plutôt pour le démontage (qui, lui, n’est pas Aufbau) de la délicate mécanique, ici des agents assistant nos vedettes appréciées, voire préférées. Parce que nous découvrons ces acteurs  sous un jour plus quotidien ; sans être dupe qu’il s’agit d’une mise en abîme tout aussi fictive, nous nous prêtons au jeu et nous les croisons d’un peu plus près, comme un journaliste de la bien nommée Croisette. Parce que les histoires sont rondement menées, crédibles, remplies de savoureux rebondissements, tissant-tressant sur le long cours avec brio les trames des neuf principaux acteurs, avec une intrigue renouvelée épisode après épisode par l’introduction d’une nouvelle star. Parce que, si le cinéma n’est pas la vraie vie, ceux qui le tournent, eux, sont de vraies personnes. Parce que le casting est particulièrement convaincant, les acteurs très impliqués et leur jeu bien dirigé. Parce que le drame qui constamment affleure est saupoudré d’un humour tout aussi omniprésent. Parce qu’enfin notre humanité est présentée avec ses ombres et ses lumières, ou, pour le dire avec les catégories de Pascal, avec ses grandeurs et ses misères.

 

Bien évidemment aussi, j’ai détesté ! À cause de la vision trop étroite du cinéma qui nous polarise sur les seuls agents (à quand la grande série qui, comme Engrenages l’a fait avec brio pour le monde de la délinquance, montrera les rouages de ce milieu complexe qui va du producteur jusqu’au perchman, en passant par l’assistant-réalisateur, le steadycameur, les chefs costumière, coiffeur et maquilleuse, etc. ?). À cause de la complicité voyeuriste avec l’idéologie LGBT, la conception bioéthique très politiquement correcte (qu’Andréa enceinte résume de manière aussi efficace que navrante : « Y’a pas d’enfant. Y’a moi et mon corps. Et c’est moi qui décide »). Par le féminisme triomphant (mais que sont les hommes devenus ? Certes, poussés dans leur retranchement, Matthias et Gabriel prennent leurs responsabilités et protègent le premier, sa fille, le second, ses actrices, mais, demeurant dans leurs tranchées,‌ ils oscillent entre mensonge et lâcheté. Le seul qui ait de la personnalité, Hicham, cumule les tares d’être golden boy, hors cinéma et macho). À cause de la mise en avant de plus en plus banalisée de la colère et de la manipulation comme gestion normale des conflits (c’est ainsi que tout le monde s’extasie devant l’interprétation de Camille Cottin ; mais qui osera dire que ses explosions d’énergie sont d’abord des explosions d’indignation, son caractère frise le caractériel et sa puissance la toute-puissance ?). À cause de la dérive éthique ubiquitaire et jamais dénoncée qui transgresse tous (je dis bien tous !) les commandements de la deuxième table, concernant l’amour du prochain (quant à la première table, concernant l’amour de Dieu, elle est, laïcité oblige, la grande oubliée de nos séries ; les Américains n’ont pas nos complexes et nos amnésies).

 

Pour sortir de cette oscillation, suivons la description que le prophète Isaïe donne du Serviteur et que l’évangéliste saint Matthieu attribue au Christ : « Voici mon Serviteur. […] Le roseau froissé, il ne le brisera pas, et la mèche fumante, il ne l’éteindra pas » (Is 42,1.3 ; Mt 12,19.20). Il suffit, pour cela, de se centrer sur un épisode final de saison. Sur l’instigation bien inspirée d’une mordue de la série (et d’autres !), prenons pour exemple l’épisode 6 de la saison 2 (« Juliette »). S’il amorce quelques cliffhangers pour préparer dramatiquement la saison suivante et relancer le suspense (ici, la rupture entre Gabriel et Sofia), il résout aussi de nombreuses tensions dans un sens qui force l’attention, voire l’admiration : Andréa consent à garder son enfant et à l’élever ; Hicham découvre sa paternité de manière responsable ; Mathias renoue avec son épouse ; Noémie renonce avec altruisme à son amant et, dans une cascade généreuse, Hervé sacrifie son séjour cannois pour la consoler au sens le plus étymologique du terme ; Camille sort de la fusion mortifère avec sa mère aussi amère que jalouse ; enfin, et ce n’est pas le moins réjouissant, même l’actrice valorisée par l’épisode, Juliette Binoche, dénonce en plein festival de Cannes la vanité des apparences et la vérité des turbulences causées par un Weinstein français… Que demander de plus ?

Pascal Ide

Andréa Martel (Camille Cottin), Mathias Barneville (Thibault de Montalembert), Gabriel Sarda (Grégory Montel) et Arlette Azémar (Liliane Rovère) sont tous les quatre agents de la prestigieuse agence artistique d’acteurs ASK (Agence Samuel Kerr). De plus, les trois premiers sont associés principaux et Arlette est impresario. Mathias a pour assistante Noémie Leclerc (Laure Calamy) qui, quand il est disponible, est aussi son amante. Camille Valentini (Fanny Sidney) est l’assistante d’Andréa Martel et, à temps plein, fille de Mathias. Enfin, Hervé André-Jezack (Nicolas Maury) est l’assistant de Gabriel qui, lui, est amoureux, de Sofia Leprince (Stéfi Celma), hôtesse d’accueil pendant son travail et tente d’être embauchée comme comédienne. Enfin, à partir de la saison 2, la maison intègre Hicham Janowski (Sarda Assaâd Bouab), en tant que nouvel actionnaire majoritaire d’ASK.

L’intrigue croise trois fils. Celui, quotidien, de la profession des quatre agents : aider des acteurs célèbres en échange des dix pour cent que ceux-ci leur versent sur leurs cachets (oui, d’où le titre !). Cela nous donne l’occasion, le plus souvent le temps d’un épisode, de voir une ou plusieurs vedettes invitées (pardon, guest stars) qui, à la fois jouent leur rôle mais adoptent aussi avec une certaine autodérision une personnalité totalement fictive.

Le deuxième fil, tout aussi journalier, mais privé, est celui de la vie personnelle qui, déboulant à l’improviste, croise celle, très professionnelle, de l’agence : la fille cachée de Mathias réapparaît soudainement pour venir vivre à Paris ; Andréa s’amourache de Colette Brancillon (Ophélia Kolb), une timide et psychorigide inspectrice des impôts venue contrôler les comptes d’ASK ; Gabriel tombe sous le charme de la réceptionniste en découvrant le talent d’actrice de celle-ci et en cherchant à l’aider,.

Enfin, l’histoire commence lorsque le principal agent et fondateur de l’agence, Samuel Kerr (Alain Rimoux), décède de manière accidentelle. Les complications ne font que commencer et tous vont devoir se battre pour sauver ASK.

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