La chasse aux sorcières
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Thème (s):
Culpabilité, Justice, Liberté, Mal, Pardon
Date de sortie:
26 février 1997
Durée:
2 heures 0 minutes
Directeur:
Nicholas Hytner
Acteurs:
Paul Scofield, Winona Ryder, Daniel Day-Lewis
Age minimum:
Adultes

 

La chasse aux sorcières, drame américain de Nicholas Hytner, 1997. Avec Paul Scofield, Winona Ryder, Daniel Day-Lewis.

Thèmes

Culpabilité, pardon, justice, liberté, mal.

Même si la Chasse aux sorcières est un film à part entière, il peut être intéressant de l’éclairer à partir de la pièce dont il a été tiré et du commentaire que Miller lui-même en a donné [1].

Arthur Miller a d’abord voulu montrer les dégâts de la culpabilité dans la conscience des habitants de Salem, de John Proctor en particulier : la soumission à l’autorité, les mécanismes d’aveu et de pardon sont une manière de se cacher son propre sentiment de culpabilité, « cette culpabilité qui tue la personnalité. »

Mais Miller avait déjà analysé ce sentiment dans ses pièces précédentes. Aussi s’attaque-t-il à une autre dimension du mal, plus profonde. Le mal n’est pas un destin qui fait payer le coupable. La culpabilité est puissante, mais elle peut être maîtrisée. C’est en étudiant les documents du procès de l’affaire des sorcières de Salem, consigné mot pour mot, que Miller l’a compris. On y découvre un « attachement continu et sans réserve au mal chez les juges et les accusateurs. » Lors du procès, « on passait sur les contradictions les plus évidentes qui étaient presque risibles même à cette époque-là, en intimant l’ordre de ne plus les répéter. Il y a eu là un sadisme qui consterne. »

Autrement dit, Miller se refuse au théâtre réaliste qui réduit l’homme à ses conditionnements. Certes, il ne nie pas le poids du puritanisme qui, pour une part, excuse, Abigaïl. Mais il ne veut pas plus annuler le mystère de la liberté et donc sa responsabilité dans le mal.

Or, si l’homme est capable du mal, il est aussi ouvert au bien. « Je crois que mon refus – et celui des critiques – de croire à cette plénitude du mal est concomitante de notre refus de croire au bien. » C’est à cette lumière que l’on peut comprendre la beauté du cheminement des deux héros, John et Élisabeth.

Au début, John est écrasé par sa faute : « C’est à peine, dit-il à sa femme, si j’ai osé lever la tête dans cette maison depuis sept mois qu’elle est partie. » Mais, dans l’épreuve extrême, il va enfin voir clair. Il s’apprête à signer le papier du mensonge, lorsqu’il songe à ses trois enfants :  » Comment voulez-vous que je leur demande d’être des hommes s’ils savent que j’ai vendu mes amis ? » Or, le nom révèle la valeur unique de la personne, donc de sa propre dignité : « Comment pourrais-je vivre sans mon nom ? Je vous ai donné mon âme, laissez-moi mon nom. » En déchirant le papier, la paix et la lumière reviennent enfin en lui. John est passé de la haine de soi qu’est la culpabilité maladive à l’amour de soi : il s’est enfin pardonné.

A son tour, Élisabeth, dans sa dureté, juge John et l’enferme encore davantage dans sa culpabilité. Mais, par l’épreuve et la proximité de la mort, elle devient un être bon qui, enfin, se refuse à juger. « Je ne peux pas vous juger, John », dit-elle à la fin. Plus que cela, elle se remet en question : « J’ai lu dans mon cœur durant ces trois mois, John. J’ai commis des péchés, moi aussi. Les charmes d’une fille rusée et coquette n’auraient pas tenté un homme tel que vous s’il n’y avait eu d’abord la froideur de votre femme. » Alors elle implore son pardon : « Pardonnez-moi, John, pardonnez-moi. Je n’ai jamais connu de bonté pareille à la vôtre. »

Cette réconciliation est admirablement soulignée par le film. Alors que les scènes d’accusation sont filmées en intérieur, dans le huis-clos étouffant d’un procès inique, le pardon des époux se passe à l’extérieur, face à la mer, et ouvre sur l’infini de l’espérance.

[1] Arthur Miller, Les sorcières de Salem, Adaptation française de Marcel Aymé, in Théâtre, trad., Paris, Robert Laffont, 1959.

Pascal Ide

Adaptation de la pièce d’Arthur Miller « les Sorcières de Salem », écrite en réponse à l’hystérie anti-communiste suscitée par la Commission des activités anti-américaines et la croisade du sénateur McCarthy, dont l’auteur eut à souffrir. L’histoire : les bigots du petit village de Salem ne supportent pas que les jeunes filles de la région se réunissent dans les bois alentours pour danser. Ces innocentes assemblées vont, avec la rumeur, devenir subversives et devenir des orgies sataniques.

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