Une évaluation de la technique à la lumière du don. Les corps transfigurés de Tibon-Cornillot

Dans un ouvrage qui a fait date, Les corps transfigurés. Mécanisation du vivant et imaginaire de la biologie (1992), le philosophe et anthropologue français Michel Tibon-Cornillot s’est interrogé sur la logique qui préside à la recherche en biotechnologie [1]. Selon le plan ébauché par le sous-titre, l’auteur procède en deux temps. Il analyse le fait qu’est la mécanisation du vivant (première partie), puis il détermine la cause qu’est l’imaginaire de la biologie (seconde partie).

1) Le fait : la mécanisation du vivant

Michel Tibon-Cornillot part du constat actuel : aujourd’hui, nous construisons des machines vivantes, nous fabriquons des automates vitalisés et des vivants mécanisés. Autrement dit, l’homme transforme l’homme, il est devenu capable de se changer lui-même. Les frontières entre vivant et non-vivant s’effacent. Tibon-Cornillot ouvre le livre en donnant l’exemple de la fabrication d’une souris transgénique : pour la première fois, un être vivant fut assimilé à une invention technique. Que dirait-il aujourd’hui ? En tout cas, la problématique de l’ouvrage est plus actuelle que jamais.

Dans une première partie, Tibon-Cornillot va rendre compte de ce fait : le vivant est devenu un objet technique transformable. Pour cela, il va décrire non pas les techniques du vivant aujourd’hui à notre disposition, car ce serait le fait d’un ouvrage de biotechnologie, mais l’histoire qui a conduit à leur mise en place : cette histoire sera une histoire des idées ou, plus encore, d’une rationalité qui conduit à l’apparition des biotechnologies actuelles.

La transformation du vivant, sa technicisation est un acte de la raison pratique qui se décompose en deux opérations : la mécanisation ou l’ultramécanisation et la reconstruction. En effet, la construction assemble les éléments ; elle procède des parties au tout. Or, la mécanisation décompose le tout en ses parties élémentaires. Donc, la synthèse qu’est la reconstruction présuppose l’analyse qu’est la mécanisation. L’auteur rapporte chaque opération à une face de la raison qu’il appelle, pour la première, la raison observante et, pour la seconde, la raison militante. Cette distinction recoupe la différence classique entre intellect spéculatif et intellect pratique, la pratique étant ici finalisée par le faire (et non par l’agir).

a) La mécanisation ou les chemins de la raison observante

Dans une première section, se fondant notamment sur le travail historique fondamental de François Jacob, La logique du vivant, Tibon-Cornillot montre que « les chemins de la raison observante » furent ceux d’une analyse de plus en plus fine du vivant, une décomposition de l’être organique en éléments de plus en plus microscopiques. Il distingue pour cela huit étapes allant du corps conçu comme microcosme à la structure précise de la macromolécule d’ADN. Il est extrêmement suggestif de constater combien l’histoire de la biologie est identiquement le parcours successif, inexorable de ces étapes, une descente analytique de l’organisme aux organes, des organes aux tissus, etc. Le déroulement linéaire de l’histoire est à lui seul épistémologiquement signifiant du triomphe de la raison analytique. D’ailleurs, à chaque étape, le ou les grands inventeurs présidant à l’invention croi(en)t souvent être arrivé(s) au bout de la course et avoir rendu compte de la logique présidant au vivant.

En fait, comme la seconde section le montrera, ces huit étapes se répartissent elles-mêmes en deux. Certains éléments composant le vivant sont eux-mêmes vivants : organes, tissus et cellules ; d’autres sont eux-mêmes « non vivants » (la formule de Michel Tibon-Cornillot ne me semble pas dénuée d’ambiguïté ; je dirai : « infra-élémentaires », c’est-à-dire inférieurs au vivant élémentaire qu’est la cellule) : constituants cellulaires, chromosomes, gènes, macromolécules et molécules. Nous entrons alors dans le monde non plus seulement de la mécanisation mais de l’ultramécanisation.

Il est pourtant frappant que, dans cette course à la pulvérisation, le biologiste n’ait jamais perdu le sens du tout : son réductionnisme s’est toujours doublé d’une intégration.

b) La recontruction ou les chemins de la raison militante

Nous avons pris l’habitude de corréler l’analyse ou mécanisation et la synthèse ou reconstruction. Nous considérons comme évidente et normale la corrélation, la résonance entre la science qui décompose le vivant en ses éléments et la technique qui recompose et manipule. Mais Michel Tibon-Cornillot considère qu’il s’agit d’une coïncidence heureuse mais nullement nécessaire. Dans la deuxième section, il s’interroge donc sur la corrélation entre les niveaux de réduction et les degrés de mécanisation. D’abord en général puis en particulier, pour les éléments vivants du vivant et les « éléments non vivants » du vivant. Pour notre auteur, l’interface entre la raison observante qui réduit et la raison militante qui reconstruit, mécanise, soit la combinaison : les éléments distingués, en effet, sont manipulables car ils sont combinables.

(pour moi, il me semble que, plus encore que la combinaison, le moyen terme est la quantification, la décomposition en éléments ; mais aussi l’accès à des éléments signifiants qui touchent le cœur, donc la nature)

Alors, Michel Tibon-Cornillot peut passer de cette ultramécanisation à la phase proprement fabricatrice, la reconstruction du vivant. Le développement technoscientifique est maintenant largement déplacé. L’essentiel est l’émergence du génie génétique dans le champ social.

2) La cause : l’imaginaire de la biologie

Après avoir décrit le long processus qui a conduit les sciences et les techniques jusqu’à leur capacité de transformer le vivant humain, Michel Tibon-Cornillot cherche à comprendre les motivations et l’imaginaire sous-jacent qui a conduit la Raison occidentale à une telle volonté de maîtrise et de contrôle du champ biologique.

En un premier temps, il écarte les explications classiques : elles sont insuffisantes. Puis, remontant jusqu’à ce qu’il pense être la racine de la crise, il désigne l’imaginaire façonné par le christianisme. Encore faut-il qu’il soit adapté à la révolution biotechnologique contemporaine. Aussi l’auteur procède-t-il en deux temps.

a) Le christianisme fonde l’imaginaire de la raison technoscientifique en biologie

Michel Tibon-Cornillot montre sa thèse du plus général au plus particulier.

De manière générale, la raison militante a pour intention de reconstruire le monde. Le projet biotechnologique actuel consiste à faire advenir l’homme dans le monde du vivant, à construire un monde vivant à l’image de l’homme. Or, le christianisme se caractérise par ce que Michel Tibon-Cornillot appelle l’activisme : tant la doctrine de la création (Gn 1,28) que celle de l’Incarnation qui la prolonge nourrit le projet de transformation du monde. Donc les structures imaginaires occidentales présidant au projet biotechnologique sont chrétiennes.

Plus précisément, la raison militante veut changer le corps humain. En effet, l’imaginaire chrétien occidental n’est pas seulement activiste ; il est incarnatif. Il faut rendre hommage à Michel Tibon-Cornillot d’avoir reconnu la logique proprement catholique qui prend en compte le cosmos et le corps. En effet, l’intérêt pour le corps est au cœur du christianisme catholique. Pour Michel Tibon-Cornillot, le projet est celui de la transfiguration, de la divinisation du corps. D’où le titre de l’ouvrage.

Enfin, l’imaginaire chrétien fait advenir cette divinisation à travers le négatif.

b) Adaptation de la raison chrétienne à la modernité. Le travail de Hegel

On objectera que le hiatus est trop grand entre le christianisme et l’imaginaire biologique. Il manque une médiation qui permette l’adaptation. Michel Tibon-Cornillot la trouve dans la notion hégélienne de fétiche. En effet, qu’est-ce qu’un fétiche ? Faisant justice de l’interprétation très discutable que Hegel donne de l’africanité, il en retient le cœur, à savoir présence matérialisée de la divinité dans la chose, dans le corps.

Mais même la pensée hégélienne est encore à distance de la pratique contemporaine. Michel Tibon-Cornillot procède donc à une ultime actualisation en reparticularisant la pensée hégélienne du fétiche. Il en conclut donc que la biotechnologie est « le grand fétiche d’Occident ».

3) Le remède

En réalité, l’ordre suivi par Michel Tibon-Cornillot est secrètement médical. En effet, la mécanisation du vivant est un mal car elle brouille les frontières entre l’homme et le non-homme, entre le vivant et le non-vivant. Je me demande si la suspicion de Michel Tibon-Cornillot ne porte pas aussi sur la cause, à savoir l’imaginaire judéo-chrétien et la toute-puissance qu’il induit. En tout cas, le fait est que l’évolution actuelle est délétère. Il faut donc lui trouver un remède. C’est lui que la conclusion ébauche, de manière originale.

En effet, la raison occidentale a pour visée la plus profonde de transformer le corps humain. C’est ce qu’a démontré longuement tout l’ouvrage. Or, tout à l’inverse, la logique intime de la technique est de conserver le corps. Pour le montrer, l’auteur va notamment faire appel aux travaux célèbres de André Leroi-Gourhan. En effet, la technique est un prolongement du corps. Ernst Kapp parlait d’une exsudation [2]. De même, l’anthropologue français souligne l’origine non pas d’abord culturelle mais biologique des techniques à partir de la main. Déjà, de manière plus générale, il montrait que le premier critère d’humanité n’est pas le cerveau mais la station verticale. Or, celle-ci libère la main et la rend ouvrière : « Station debout, face courte, main libre pendant la locomotion et possession d’outils amovibles sont vraiment les critères fondamentaux de l’humanité [3] ».

Il le montre inductivement à partir des différentes étapes de la technique qu’il systématise en cinq :

 

« L’action manipulatrice des primates, dans laquelle geste et outil se confondent, est suivie avec les premiers anthropiens, par celle de la main en motricité directe où l’outil manuel est devenu séparable du geste moteur. A l’étape suivante, franchie peut-être avant le Néolithique, les machines manuelles annexent le geste, et la main en motricité indirecte n’apporte que son impulsion motrice. Au cours des temps historiques, la force motrice elle-même quitte le bras humain, la main déclenche le processus moteur dans les machines animales ou les machines automotrices comme le moulin. Enfin, au dernier stade, la main déclenche un processus programmé dans les machines automatiques qui non seulement extériorisent l’outil, le geste et la motricité mais empiètent sur la mémoire et le comportement machinal [4] ».

 

La technique est donc un prolongement de la main. Or, le corps ne se prolonge en spécialisations que parce qu’il est lui-même disponible, généraliste :

 

« L’espèce humaine échappe périodiquement, en se limitant au rôle d’animation, à une spécialisation organique qui la lierait définitivement. Toute adaptation de la main des premiers Anthropiens en outil proprement dit n’aurait créé qu’un groupe de Mammifères hautement adaptés à des actions restreintes et non pas l’homme dont l’inadaptation physique (et mentale) est le trait génétique significatif : tortue lorsqu’il se retire sous un toit, crabe lorsqu’il prolonge sa main par une pince, cheval lorsqu’il devient cavalier, il redevient chaque fois disponible, sa mémoire transportée dans les livres, sa force multipliées dans le bœuf, son poing amélioré par le marteau [5] ».

 

Par conséquent, la condition de possibilité de la technique est que le corps humain demeure ouvert à tous les possibles. Or, c’est ce qu’il a toujours été pendant l’évolution des techniques. Nous devons conclure à ce paradoxe passionnant : la condition du plus grand progrès technique est celle du plus grand conservatisme biologique. Oublier ce conditionnement corporel, c’est tôt ou tard stériliser la fécondité technique elle-même. En effet, la philosophie du mouvement nous a appris que le pur héraclitéisme s’autodétruit : le changement suppose toujours un principe permanent qui demeure (ce qu’Aristote appelle un sujet). Traduisons en termes technologiques : en informatique, la multiplication des softs suppose la continuité du hard.

Si donc les biotechnologies refluent sur le corps humain et le transforment, il y a tout à parier qu’il ne soit plus le corps d’un homo faber. Encore faut-il prouver que ces transformations le spécialisent, ce que Tibon-Cornillot ne fait pas. Il a du moins le mérite de poser une question très pertinente et de montrer l’importance essentielle de l’enracinement de la technique dans un donné, le corps.

4) Évaluation critique

Je relèverai seulement deux points :

a) L’interprétation du christianisme

Le christianisme, dit-il, nourrit la raison militante au détriment d’autres aspects plus sereins de la raison.

C’est oublier que le christianisme tient farouchement au primat de la contemplation sur l’action. Plus encore, lui seul est à même de fonder ce primat de manière définitive, en faisant de l’homme une créature qui reçoit son être du Créateur ; or, la contemplation est l’acte de la raison qui reçoit la vérité. De plus, l’Ecriture s’ouvre sur la création du monde ; or, Dieu ordonne le monde (de manière précise, pendant l’Hexaeméron) et le déclare bon avant de faire retentir le commandement enjoignant l’homme à le dominer (Gn 1,28) ; c’est donc que le travail de lecture précède l’œuvre de maîtrise.

L’erreur de Michel Tibon-Cornillot est révélatrice d’une relecture du christianisme à travers l’interprétation volontariste que la modernité en a donnée.

Pourtant, il demeure le fait massif que le christianisme est générateur de sciences et de techniques. Mais la raison me semble être non pas le primat de la raison praxique, militante, mais l’autonomie des causes secondes.

b) L’identification de la raison militante et de la raison agressive :

Il ne me semble pas que le fond de l’histoire de la raison militante occidentale soit celle d’une ultramécanisation doublée d’une reconstruction. Je pense que, secrètement, la raison analytique rend un hommage involontaire à la spécificité du vivant et, plus encore, au dynamisme (ce qu’Aristote aurait appelé la nature) qui l’habite. Certes, elle les détourne (cette spécificité et ce dynamisme) à des fins qui lui sont propres et qui sont souvent violentes et déshumanisantes – en ceci Michel Tibon-Cornillot a raison –, mais elle ne le fait qu’en honorant secrètement un donné que non seulement elle ne peut effacer mais connaît de mieux en mieux pour l’employer de plus en plus.

5) Une interprétation de la technique à l’aune du don

Nous ne considérerons que la technique en général et non la biotechnologie en particulier.

a) Deux attitudes

1’) Idolâtrie de la technique

La conception usuelle est technolâtrique. En effet, la technique présente deux caractéristiques. La première est qu’elle est sans terme : l’homme conquiert de plus en plus de territoires, il introduit sa capacité de transformation dans les domaines les plus variés et les plus intimes. Cela est particulièrement clair en trois domaines : l’infiniment petit (l’homme domestique l’énergie nucléaire), le vivant (l’homme maîtrise de mieux en mieux l’ingéniérie génétique) et les calculs formes (l’homme maîtrise de mieux en mieux l’informatique). Or, ces trois domaines recouvrent l’inerte, le vivant et les opérations rationnelles et il imite de mieux en mieux les mécanismes intimes en chacun de ces domaines.

Une seconde caractéristique est que le dynamisme technique semble nécessaire : ce que l’homme peut faire, il semble bien que, tôt ou tard, il le fera, il l’expérimentera. La technique paraît totalement autonome, immaîtrisable. Les comités d’éthique semblent des barrages bien débiles face au raz de marée de la créativité technique. Quel cran d’arrêt empêchera l’homme d’innover ? N’est-il pas un être d’infini ? Et cette infinité ne se manifeste-t-elle pas par excellence lorsqu’il crée ?

La raison ouvrière est donc sans terme ni régulation. Or, une réalité peut être absolutisée, divinisée de deux manières : comme finalité, mais aussi comme moyen, comme alpha ou comme oméga. Voilà pourquoi nous vivons aujourd’hui une véritable idolâtrie de l’homo faber.

2’) Réaction technophobe

Une conception aussi excessive de la technique engendre aujourd’hui son contraire, les craintes technophobes que nous connaissons. Le plus illustre représentant en est Heidegger. Double sera la limite et la suspicion. Elle se fera au nom d’une survalorisation de la nature innocente que toute action humaine souille et détourne de sa finalité.

b) Juste conception de la technique

Une vision ajustée de la technique rend hommage à la dynamique du don.

Ces deux conceptions, idolâtrique et phobique, de la technique communient à la même prémisse, à savoir l’autonomisation de la technique. Elles ont insufisamment analysé la nature de l’acte technique. Celui-ci, en effet, n’a pas l’infinité qu’on lui prête. Il est enraciné. Certes, il s’enracine dans la raison fabricatrice, transformatrice, militante qui ouvre des raisons finis. Mais il s’enracine aussi dans le corps humain. A un double titre, final et efficient. D’abord, car la technique répond à des besoins corporels : le monde angélique ignore la technique car il n’en a nul besoin ! Ensuite, car la technique prolonge le corps et donc le présuppose, ainsi que le montre l’étude de Leroi-Gourhan ci-dessus. La conception autonomiste de la technique oublie cet enracinement, ce conditionnement corporel. Or, cet oubli risque de refluer sur la créativité technique.

Bref, la technolâtrie comme la technophobie ont isolé le don 2 de la raison technique, manquant son enracinement dans le don 1. Celui-ci est double : le corps, car l’acte technique est une opération du composé humain ; la nature à transformer.

De plus, la philosophie du don pointe une autre erreur des conceptions habituelles de la technique : le don 2 est ouvert au don 3 par le biais d’un contact. Certes, dans la technique, la rupture est plus grande, puisque l’opération est transitive ; il demeure que l’être humain reste le principe et le terme. Or, l’évolution technologique privilégie la rupture, la séparation vis-à-vis du support humain à la continuité, donc au contact

c) Conséquence

Par conséquent, il semble que la nature ait disposé un double cran d’arrêt à notre course en avant biotechnologique, à notre hubris technolâtre infinie :

Le premier se tient du côté de l’agent transformateur : à savoir qu’il ne peut indéfiniment se transformer lui-même sans perdre la condition de possibilité même de sa créativité.

Le second se tient du côté de la réalité transformée : à savoir qu’il existe des principes internes de limitation ; la nature ne supporte pas tout.

Il faudrait ajouter qu’à chaque fois, l’acte technique rend hommage, sans le dire, à la nature présente. En revanche, celle-ci n’engendre pas, par elle-même, de limitation.

Pascal Ide

[1] Michel Tibon-Cornillot, Les corps transfigurés. Mécanisation du vivant et imaginaire de la biologie, Paris, Seuil, 1992.

[2] Cf. Ernst Kapp, Grundlinien einer Philosophie der Technik, Braunschweig, George Westermann, 1877, surtout le chap. ii : « Organprojektion ».

[3] André Leroi-Gourhan, Le geste et la parole. I. Technique et langage, Paris, Albin Michel, 1964, p. 33.

[4] André Leroi-Gourhan, Le geste et la parole. II. La mémoire et les rythmes, Paris, Albin Michel, 1965, p. 41-42.

[5] Ibid., p. 48.

1.7.2019
 

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