La Résurrection, le Big Bang de la Recréation (Billet du lundi de Pâques 13 avril 2020)

Quel étrange spectacle au dehors que ces rues silencieuses, ces parcs désertés, ces campagnes solitaires ! Alors que nous confessons que Jésus est ressuscité, c’est comme si tout était encore en attente ! Alors que pour le chrétien, toute cette semaine de l’Octave pascale n’est qu’un unique jour, celui où nous célébrons la Résurrection du Christ, c’est comme si nous stationnions devant la pierre scellée du tombeau !

Je vous parlais de la Résurrection comme la manifestation par excellence de la vie trinitaire, comme l’explosion même de la Puissance la plus triomphante et la plus transformante de Dieu en ce monde. Nous nous représentons souvent la Résurrection comme une réanimation à l’image de celle dont Lazare a pu bénéficier miraculeusement (cf. Jn 11) ou comme le retour après une expérience de mort imminente particulière où, en guise de traversée d’un tunnel, le Christ serait descendu aux enfers. Non ! La Résurrection n’a rien à voir avec un simple retour à la vie (D’ailleurs, dans ces expériences de mort imminente, la décorporation a été seulement vécue par la conscience et ne correspond pas à une séparation réelle de l’âme et du corps, car ce processus est toujours irréversible). Dans la Résurrection, c’est l’Esprit de puissance qui vient du cœur intime du Père et qui envahit le cœur intime du Fils dans un ineffable cœur à cœur, saisit toute l’humanité du Christ, non pas seulement pour réunir le corps-cadavre enseveli à l’âme descendu chercher les justes, mais pour pleinement y diffuser la puissance éruptive qu’est la Vie éternelle des Personnes divines.

C’est pour cela que, nous inspirant d’une image hardie de Benoît XVI comparant le mystère de l’Eucharistie à la « fission nucléaire [1] », nous pourrions dire de la Résurrection qu’elle est un nouveau Big Bang. D’ailleurs, le premier texte que nous donne d’entendre la liturgie de la veillée pascale n’est-il pas le récit de la création [2] ? Au commencement de la création était le rayonnement de la lumière (cf. Gn 1,3). Au commencement de la nouvelle recréation est la cataracte inépuisable de lumière qu’est le Ressuscité (cf. Mt 17,2). Quelle espérance folle !

Mais où est-elle à l’œuvre ? À suivre…

Pascal Ide

[1] Benoît XVI, Homélie à la messe de Cologne – Marienfeld, au xxème Journée Mondiale de la Jeunesse, dimanche 21 août 2005. L’image est reprise dans l’audience générale du mercredi 24 août 2005..

[2] Cf. Benoît XVI, Homélie de la veillée pascale, dimanche 7 avril 2012.

13.4.2020
 

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