Le Rédempteur de l’homme 2/6

3) Intention

L’intention de ces lignes est d’introduire à la pensée du saint pape polonais. Or, la pensée se donne dans des écrits. Donc, notre objectif est tout simplement de donner des clés pour le lire. Car nous ne prétendons surtout pas nous substituer à sa pensée ni à sa lecture, mais nous voulons au contraire vous y acheminer. Et pour cela, comme nous l’expliquerons plus bas, nous mâcherons le travail pour vous rendre la lecture la plus digeste possible. Il faut donc que vous achetiez pour commencer la lettre encyclique le Rédempteur de l’homme : il en existe de multiples éditions, en général de poche. Et le texte est disponible sur le site du Vatican, en français [1], comme dans sa langue de référence qui est le latin [2].

Nous nous attaquerons à ce qui est l’œuvre magistériellement la plus importante : les lettres encycliques. Cet épithète vient du grec « circulaire » : les lettres encycliques sont donc des lettres circulaires. Les neuf encycliques parues en 1991 seront passées en revue à la fin de ce chapitre.

Mais commençons les travaux pratiques : ouvrez la première page. Vous y trouverez (parfois sous les armes de Jean-Paul II qui comportent notamment un M marial) l’adresse de la lettre. Comme toute circulaire, elle s’adresse à un certain nombre de personnes et d’abord à toute l’Église. Remarquez que Jean-Paul II, à la suite de ce que Vatican II a dit sur la collégialité épiscopale, s’adresse à ses frères évêques, alors que Pie VII parlait de ses fils évêques (un simple changement de nom traduit toute une conception de l’Église). Mais l’encyclique s’adresse aussi aux hommes de bonne volonté : c’est Jean XXIII qui, le premier a pris l’initiative d’adresser son encyclique Pacem in terris à tous les hommes et non à la seule Église dont il est le Pasteur. L’adresse dépend du sujet traité : par exemple l’Encyclique Slavorum apostoli, dont le thème est spécifiquement chrétien, ne s’adresse qu’aux croyants. Nous sommes donc avertis que le Pape va traiter d’un sujet intéressant chacun, en l’occurrence le Christ, Rédempteur de tout homme (cf. 1 Tm 2,3-5).

Un certain nombre d’autres écrits de Jean-Paul II sont aussi d’un intérêt exceptionnel et encore moins lus et commentés dans la presse : par exemple, sa lettre apostolique sur la dignité de la vocation de la femme, Mulieris dignitatem (du 15 août 1988) ou la série des 135 catéchèses sur le corps (de 1979 à 1984). Il serait capital d’introduire avec précision à leur contenu et à leur lecture.

4) Comment surmonter ces difficultés de lecture ?

Trois types de « grille » ou de critères sont nécessaires pour traiter l’information. Et leur mise en œuvre s’avèrera particulièrement nécessaire à la lecture des numéros difficiles (comme les n. 11 ou 17). Rangeons-les selon un ordre de complexité (et de nécessité) croissante.

a) Les critères d’ordre psychologique

Ce sont les plus simples et les plus spontanément utilisés.

Demandez-vous à chaque instant : « Qu’est-ce que veut dire Jean-Paul II ? » et non : « Qu’est-ce qu’il me dit ? » ou, encore moins : « Qu’est-ce que je dis de Jean-Paul II ? » Or, cette volonté de s’ouvrir en toute objectivité et accueil à la pensée d’autrui peut demander une véritable « conversion » intérieure à certains, tant l’écoute attentive d’autrui est devenue une rareté. Cela ne signifie pas que l’on puisse chasser tout parasite, mais l’intelligence est tout de même apte à lire un écrit qui ne cherche pas à se camoufler : le pur relativisme est la mort de l’esprit (et d’ailleurs commence par se nier lui-même).

Par ailleurs, lisez un numéro ou un § en essayant de garder à l’esprit tout ce qui précède, ce qui, lorsque la lecture est difficile, suppose parfois des retours fréquents en arrière. Pour ma part, en cas de lecture malaisée, je lis un crayon à la main et, soit je marque le plan (dans la marge ou sur une feuille à part ce qui est préférable) quand il apparaît – mais c’est rare que cela arrive du premier coup –, soit je résume d’une phrase un § ou une partie de §. Alors de proche en proche, synthétisant et comparant les différentes phrases résumant les §, on arrive souvent à retrouver ce que le n. voulait dire.

b) Les critères logiques

Il est hors de question de faire ici un exposé même résumé sur cet art de penser qu’est la logique. Je donnerai simplement quelques rudiments indispensable sur la manière dont toute raison fonctionne. Il s’agit donc de l’ordre de l’esprit dont nous parlions ci-dessus [3].

1’) La thèse

Une pensée s’exprime toujours ultimement sous la forme d’une thèse. Une thèse associe deux idées (ou concepts), attribuant l’une (par exemple la liberté) à l’autre (en l’occurence la personne), ce qui donne la proposition suivante : « l’homme est libre ». La structure de la thèse est donc : A est B.

En effet, le but de l’esprit est d’atteindre la vérité. Or, celle-ci ne peut s’exprimer par un seul concept, une seule idée : il serait absurde de dire que « bleu » ou « écrevisse » sont vrais ou faux. La vérité ne commence que si on dit : « l’écrevisse est ou n’est pas bleue », donc lorsqu’on attribue ou n’attribue pas telle réalité (exprimée dans une idée) à une autre.

De même, trois idées n’expriment une vérité que parce qu’on y a séparé implicitement deux propositions contenant deux idées. Par exemple, est-il vrai que « le chien, qui est un mammifère, aboie » ? Oui, mais j’approuve en fait à deux propositions distinctes : « le chien est un mammifère », et : « il aboie ». La preuve en est que vous seriez bien embarassé de répondre par « oui, non » (ou « Peut-être », lorsque la réponse n’est que probable : « Fera-t-il beau demain ? ») à la question suivante : « Cet oiseau des marais qu’est le ragondin commet-il des ravages dans notre environnement ? » Oui, il fait des dégâts, mais il est faux de dire que c’est un oiseau, puisque c’est un rongeur.

Pour mémoire, mais cela ne servira qu’à ce qui sera dit par la suite, dans une thèse : A est B, A se nomme sujet et B, prédicat. Le prédicat s’attribue donc au sujet. Par exemple, dans la thèse : « la cyclosporine est un médicament protégeant du rejet des greffes », le prédicat « médicament protégeant du rejet des greffes » s’attribue au sujet « cyclosporine ».

2’) Le raisonnement

Une thèse qui n’est pas évidente se montre par une idée (ou concept) qui va unir les deux idées de la thèse (c’est-à-dire le prédicat et le sujet). Par exemple, soit la thèse : l’homme est libre. Ce n’est pas une évidence pour tout le monde. Comment l’établir ? En cherchant une idée, une notion commune à l’homme et à la liberté qui ainsi pourra les lier ensemble. Ce pourrait être celle de choix. Je tiendrai alors le raisonnement suivant : l’homme a capacité de choisir ; la liberté est capacité de choix (c’est même la définition de la liberté) ; l’homme est libre. Il n’est pas rare que, pour mieux montrer l’ordre, on mette des conjonctions de coordination entre les phrases : la liberté est capacité de choix ; or (ou, mais, et) l’homme est apte à choisir ; donc (en conséquence), l’homme est libre.

Peut-être cet exemple vous rappelle-t-il un souvenir ? Ce raisonnement porte le nom technique de syllogisme. Ce mot vient du grec « lier les foins en gerbe ». Or, telle est la fonction du raisonnement : unir ce qui est disparate en vue de manifester la thèse et de mener l’intelligence à l’évidence de la vérité. De même que l’esprit humain ne peut dire le vrai que sous la forme très simple de la thèse, de même ne peut-il le montrer que par le raisonnement dont la forme générale vient d’être donnée.

3’) La division

Nous ajouterons un dernier instrument : la division. En effet, l’une des plus grandes découvertes d’Aristote, relayée par saint Thomas, est que l’intelligence humaine procède du confus au distinct. Par exemple, elle sait ce qu’est un animal avant de distinguer les espèces d’animaux. Or, pour passer du confus au distinct, elle emploie un outil qu’est la distinction ou division. Voilà pourquoi nous procéderons à de nombreuses distinctions du texte, ce que les scolastiques appelaient divisio textus. Cette manière de faire semblera parfois lassant, voire dispersant, aux formes d’esprit plus synthétiques, mais conviendra davantage aux esprits plus analytiques.

4’) Application à la pensée de Jean-Paul II

Ces trois outils fondamentaux, thèse et raisonnement et divisio textus, permettent de comprendre trois causes majeures de difficulté dans la lecture de Jean-Paul II. D’une part, ses phrases sont souvent très riches et mêlent plusieurs thèses à la fois, quand elles ne sont pas des raisonnements entiers. D’autre part, l’absence fréquente de conjonction de coordination, aussi humbles qu’indispensables pour articuler les membres de phrase comme les chevilles articulaient les antiques bateaux faits de pièces de bois, selon la métaphore d’Aristote, rend l’orientation dans la lecture parfois très délicate : cette phrase est-elle un début ou une conclusion de raisonnement ? comment l’articuler à la suivante et à la précédente ? Enfin, l’absence de divisions explicitement formulées ne permet pas de passer progressivement du commun au distinct.

L’esprit linéaire a besoin de « fonctionner » selon l’ordre suivant que vous retrouverez le plus souvent possible dans notre exposé de Jean-Paul II (à chaque numéro de l’encyclique) :

Primo, la thèse constitue le cœur. Elle est ce que Jean-Paul II veut montrer, le terme de toute sa démarche, mais aussi son point de départ, car on ne peut se mettre en route que si l’on sait où aller. De même que le but du chemin est toujours présent à l’esprit du marcheur ou du pélerin, de même la thèse à l’esprit de celui qui écrit : comme le sommet de la montagne que l’on gravit, la thèse réapparaît périodiquement !

Notre présentation placera la thèse de chaque numéro en tête, soit dans le titre, soit individualisée et alors indiquée : « Thèse ».

Secundo, en amont, la démonstration, l’exposé. À quoi il faut parfois ajouter la réponse à une objection qui peut lui être adressée (par exemple au n. 8). Ici, l’exposé se découpe en fonction du nombre d’arguments et de leur articulation.

Tertio, en aval et s’il y en a, les différentes conséquences. Répétons-le, le mérite de la clarté cartésienne, linéaire, se paye par un abandon du style redondant de Jean-Paul II (que pour finir, on se surprend à aimer). Du moins, avons-nous voulu conserver le plus possible l’ordre de l’exposé du Saint-Père : malgré ses constantes rétrospectives et prospectives, il avance tout de même, de manière linéaire, en suivant une certaine direction. Le pseudo-Denys que nous citions plus haut parlerait de contemplation hélicoïdale !

c) Les critères textuels

Ces critères viennent confirmer, dans les passages plus ardus, ce que les deux premiers moyens perçoivent parfois seulement avec peine et incertitude.

1’) Quelques critères généraux

– L’inclusion : c’est la répétition d’un mot, d’une formule en début et en fin de § (pragraphe) ou de n. (numéro). Elle marque une insistance particulière et pointe surtout ce qui a rapport avec la thèse (puisqu’on a vu qu’elle est au point de départ et à la conclusion). Dès le début, au n. 1, on trouve une inclusion : le terme « Rédempteur ».

– Les mots crochets : c’est la répétition d’un mot ou d’une formule à la fin d’un n. ou d’un § et au début du suivant. Ils servent de transition, mais ils servent aussi souvent à rappeler l’idée essentielle d’un n. ou d’un § qui se termine.

– Il y a bien sûr les mots ou formules souvent répétés, ou au contraire ceux qui apparaissent brusquement dans un passage : dans le premier cas, nous avons affaire à une idée importante, dans le second, à une idée nouvelle, ce qui est essentiel pour le plan.

– Nous avons parlé aussi des conjonctions de coordination, mais elles sont rares chez Jean-Paul II.

2’) Quelques critères propres à Jean-Paul II

L’expérience de sa lecture permet de constater aussi que le Saint-Père annonce parfois ses plans, mais c’est très rarement explicite. C’est le cas du n. 8, dont l’ordre est annoncé par une expression du n. 7 : « Rédempteur du monde, rédempteur de l’homme » ; c’est aussi le cas de la fin du n. 18 qui prépare le plan des n. 19 à 21, même si on ne l’aperçoit pas d’emblée à la lecture de ces derniers, car l’ordre n’est pas explicitement annoncé.

De plus, Jean-Paul II résume souvent ce qu’il a dit dans un numéro au début du numéro suivant : cette habitude – qui n’est cependant pas systématique – est bien commode, quand on la connaît et que l’on « patauge » dans la lecture d’un paragraphe.

Par contre, mettons-en garde contre les titres. En effet, le texte original latin du Rédempteur de l’homme est paru dans les Acta Apostolicae Sedis (Les actes du Saint-Siège) [4]. Or, l’original ne comporte pas les titres et les sous-titres de l’édition française due à la Polyglotte vaticane.

d) Remarque conclusive

Malgré tout, la beauté et le fini d’une sculpture dépend bien plus du sculpteur que de son ciseau ! Je ne puis donc prétendre avoir tout dit ni tout compris de ce que Jean-Paul II a voulu exprimer. Du moins ai-je essayé, le plus possible, de m’effacer devant sa pensée. Mais je laisse à d’autres le soin de juger si je n’ai pas trop trahi ce dessein.

5) Notre méthode de travail

Dictée par ce qui précède, elle sera identique dans chacun des opuscules suivants de cette collection qui ont pour vocation d’introduire à la lecture des différentes Encycliques de Jean-Paul II.

Nous procéderons en trois temps [5] :

a) Lecture cursive de l’Encyclique (ch. 2)

Le chapitre permettra un premier contact avec l’Encyclique : il en donnera successivement la thèse, le plan (des chapitres et des numéros à l’intérieur des chapitres sans rentrer dans le détail des numéros) et les conclusions principales.

b) Lecture approfondie de l’encyclique (ch. 3)

Reprenant l’analyse où le ch. 2 l’a laissée, ce chapitre passera en revue chaque numéro pour en extraire le suc intelligible, ce que Rabelais appelait la « substantifique mœlle ». Comme nous l’avons dit, nous avons essayé de modifier l’ordre le moins possible : dans de très rares cas seulement, il a fallu légèrement changer l’arrangement des numéros pour mieux manifester la pensée de Jean-Paul II. Par ailleurs nous avons le plus souvent préféré éclairer le Saint-Père par lui-même en renvoyant à d’autres passages de l’encyclique, quand le besoin se faisait sentir. C’est dire que l’apport du matériau étranger fut limité au maximum (sauf quelques exemples, prolongements ou références) afin que notre propre visée n’interfère pas trop avec la lecture du texte et que l’érudition ne l’alourdisse pas. Un critère matériel très concret nous a guidé : que le texte de l’aide-lecture (chapitres 2 et 3) ne dépasse pas en quantité le texte lui-même et décourage le lecteur !

c) Enfin, lecture détaillée d’un passage de l’Encyclique (ch. 4)

On pourra choisir un ou plusieurs passages, selon leur importance mais aussi en fonction de leur caractère pédagogique en vue d’initier à la « manière » de Jean-Paul II. Ici pour une question d’encombrement, nous n’avons choisi que le n. 9.

Il va de soi que son étude ne sera profitable que si elle s’accompagne d’une lecture attentive du numéro en question. Mais ce conseil vaut aussi pour le chap. 2 [6] : il portera un fruit optimal si en un premier temps, vous lisez Jean-Paul II, en un second, vous appliquez les moyens et critères développés au § 3), et seulement enfin, vous vous reportez à l’analyse que nous en proposons.

6) Organisation des encycliques

De prime abord, on pourrait croire que nous avons opté pour l’ordre chronologique, puisque Redemptor Hominis est la première du Pontificat de Jean-Paul II. En fait, l’illusion s’arrêtera après la seconde encyclique, car nous avons choisi l’ordre logique afin de mieux en manifester le contenu.

En effet, et l’étude des autres encycliques le manifestera pleinement, Jean-Paul II développe une grande thèse et une seule : celle même qui fait le titre de sa première Encyclique. C’est d’ailleurs ce qu’il affirme dès le tout début dès : « Vers Lui [le Rédempteur de l’Homme] se tournent ma pensée et mon cœur [7] » ; et il répètera à plusieurs reprises que le Christ est le centre de son Pontificat comme de l’histoire du monde actuel en marche vers l’an 2000.

Le Christ est le Rédempteur de l’homme.

Cette thèse est d’ailleurs étroitement corrélée à une autre qui ne fait que l’expliciter en un sens (cf. n. 8, § 2) : le Christ est le Révélateur de l’homme.

Appliquons maintenant cette thèse générale à la distinction des encycliques [8]. Cette thèse comme toute thèse, présente deux polarités, ce que nous avons appelé tout à l’heure le sujet et le prédicat, à savoir : le Christ (le Christ en tant que Rédempteur) d’une part, l’homme (l’homme en tant que sauvé), d’autre part. Cette double polarité attire les neuf encycliques écrites par Jean-Paul II à ce jour : elle en donne l’articulation intelligible sans pour autant clore la liste (ce qui serait indument prétendre de l’avenir) :

a) Source de la Rédemption

– Le Christ Rédempteur – de l’homme : Redemptor Hominis, 4 mars 1979 (1).

– Le Père car il est riche en miséricorde : Dives in Misericordia, 30 novembre 1980 (2).

– L’Esprit-Saint qui accomplit l’œuvre du Christ ( : Dominum et Vivificantem, 18 mai 1986 (5).

– La Vierge Marie, médiation, qui chemine avec l’Église dans la foi du salut : Redemptoris Mater, 25 mars 1987 (6).

b) L’homme

1’) Sur l’évangélisation en général : Redemptoris missio, 7 décembre 1990 (8)

2’) Sur les trois grands secteurs qui sont à évangéliser en priorité :

a’) Le travail : Laborem Exercens, 14 septembre 1981 (3).

b’) La culture : Slavorum apostoli, 2 juin 1985 (5)

c’) La doctrine sociale : Sollicitudo rei socialis, 30 décembre 1987 (7) et Centesimus Annus, 1er mai 1991 (9)

 

On saisit ainsi le christocentrisme des encycliques de Jean-Paul II et combien l’encyclique Redemptor Hominis est première et temporellement et logiquement : elle donne toutes les clefs. C’est, avec son profond lien à la personnalité de Jean-Paul II, ce qui en fait toute la richesse et l’arduité !

7) Annexe

Une comparaison rapide du sommaire d’une des neuf encycliques de Jean-Paul II avec celui d’une encyclique de Pie XII, par exemple sur l’Église Corps mystique (Mystici Corporis, 29 juin 1943) ou l’exhortation apostolique de Paul VI sur l’évangélisation dans le monde moderne (Evangelii Nuntiandi, 8 décembre 1975) est la meilleure illustration de la distinction que nous avons proposée entre ordre du cœur et ordre de l’esprit, pensée slave et pensée latine.

a) Lettre encyclique Mystici Corporis

Nous ne retenons que les subdivisions principales. À elles seules, elles livrent déjà tout un contenu.

1) Première partie. L’Église, Corps mystique du Christ :
  1. a) L’Église, « Corps ».
  2. b) L’Église, Corps « du Christ » :

1’) Le Christ fondateur de ce Corps.

2’) Le Christ, « Tête » du Corps :

– En vertu de son excellence.

– En vertu de son gouvernement.

– En raison de la ressemblance.

– En raison de la plénitude.

– En vertu de son influence.

3’) Le Christ, « soutien » de son Corps.

4’) Le Christ, « sauveur » du Christ.

  1. c) Le Christ, Corps « mystique » du Christ.
2) Deuxième partie. L’union des fidèles avec le Christ.
3) Troisième partie. Directives pastorales :
  1. a) Erreurs concernant le Corps mystique.
  2. b) Exhortation à aimer l’Église.
4) Conclusion : la Vierge Marie et l’Église.

b) Exhortation apostolique Evangelii nunatiandi

Le plan est beaucoup plus simple et très linéaire ; là encore il est transparent :

1) Du Christ évangélisateur à une Église évangélisatrice.

2) Qu’est-ce qu’évangéliser ?

3) Le contenu de l’évangélisation.

4) Les voies de l’évangélisation.

5) Les destinataires de l’évangélisation.

6) Les ouvriers de l’évangélisation.

7) L’esprit de l’évangélisation.

Pascal Ide

[1] Cf. en français (FR), http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_04031979_redemptor-hominis.html

[2] Cf. en latin (LA), ibidem.

[3] Cela permet donc une lecture à géométrie variable ou à trois vitesses. On peut en effet savoir ce que dit l’Encyclique (le chiffre n’est bien sûr qu’indicatif d’une proportion) :

– En 4 secondes : lisez la thèse (début du ch. 2).

– En 4 minutes : lisez tout le chapitre 2.

– En 4 heures : ajoutez la lecture attentive, texte de Jean-Paul II en main, des chapitres 3 et 4.

[4] Città del Vaticano, Libreria Editrice Vaticana, LXXI, 1979, p. 257-324.

[5] Cela vaut même pour le chap 1 : parcourez la table des matières en lisant ce chapitre (et poussez le courage jusqu’à survoler le n.1 : les introductions sont, avec les sommaires et les conclusions les parties les plus révélatrices d’un ouvrage).

[6] André Piettre (Les chrétiens et le socialisme, Ed. France-Empire, 1986, p. 171-172) a bien vu que la pensée de Jean-Paul II se caractérise par le primat accordé à deux réalités : d’une part, l’homme (comme être en relation transcendante avec Dieu et pas seulement comme être historique) ; d’autre part, la rédemption (notamment car nous sommes en période de crise).

[7] RH, n. 1, § 1.

[8] Notre travail, datant de 1991, s’est arrêté à Centesimus Annus.

14.11.2019
 

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