La dictature du partage. Eloge de l’incommunicable (recension)

Christophe Langlois, La dictature du partage. Eloge de l’incommunicable, coll. « Au singulier » 27, Namur, Lessius, 2015.

Parue dans la Nouvelle Revue Théologique (NRT) 139 (2017) n° 1, p. 139.

Le jeune écrivain Christophe Langlois (né en 1973), connu pour un recueil de poésie (L ‘amour des longs détours) et deux recueils de nouvelles (Boire la tasse et Finir en beauté), salués par la critique, s’essaie ici au genre de… l’essai : un essai d’humeur sur un mal moderne qu’il nomme avec le néologisme transparent de « partagitude » (p. 7), substitut obligatoire, addictif, irréel et superficiel du lien qui, lui, est libre, réel et de qualité. Titre et sous-titre de l’ouvrage en disent le partage (sic !) quasi-médical. D’abord, notre maladie qu’est la dictature du partage (1re partie).Cette pulsion qui est compulsion est pistée à travers différents symptômes comme le like (p. 17) ou le « tutoiement à tous les étages » (p. 33). Ensuite, le remède qu’est l’éloge de l’incommunicable. Tout, en effet, ne peut être communiqué, qu’il s’agisse du monde, de Dieu (2e partie) ou de l’autre (3e partie).

L’indignation a ses vertus; elle a aussi ses limites, qui viennent de son caractère réactif et donc unilatéral. Les contraires appartiennent au même genre, notait Aristote. Ainsi, à trop critiquer le témoignage, au nom de ce qu’il évacué l’objectivité universelle du vrai, on manque le moment d’implication singulière qui manque à tant de discours seulement extérieurs. En réalité, l’A. ne critique pas tant le partage que sa nécessité et sa superficialité (la partagitude généralisée), qui trahissent l’essence du don de soi : le libre don d’un soi.

Pascal Ide

8.7.2019
 

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