Superman, super-héros américain DC Comis écrit et réalisé par James Gunn, 2025. Avec David Corenswet, Rachel Brosnahan, Nicholas Hoult, Edi Gathegi, Anthony Carrigan, Nathan Fillion, Isabela Merced.
Thèmes
Super-héros, jalousie.
- Quand je me suis rendu au cinéma pour voir cette dernière version de Superman, j’étais très perplexe et très en attente. En effet, je me posais la question. Comment un réalisateur allait-il résoudre le dilemme suivant :
D’un côté, premier méta-humain, chronologiquement, mais plus encore ontologiquement (le maître-étalon), Superman est le super-héros par excellence. Il collecte en lui toutes ses caractéristiques en les portant à incandescence : physiquement, puisque ses pouvoirs semblent sans limite, en tout cas sans adversaire pour tester ses bornes ; moralement, puisqu’en lui rayonnent les trois transcendantaux : la vérité, car il ne ment jamais ; le bien, car il rend toujours gratuitement service à l’humanité ; la beauté, car il se cache sub contrariis (critère paradoxal…).
De l’autre, notre époque ne supporte plus la toute-puissance, voire la suspecte secrètement de violence. Dès son apparition, car son histoire souligne à l’envi que, apatride et orphelin, il souffre d’un double déracinement. Par la suite, mais ce n’est pas le lieu d’entrer dans le détail de la déconstruction en règle de ce super-super-héros, les scénarios se sont ingéniés à intérioriser toujours plus la faille, voire le péché jusqu’à inverser la figure du super-héros en anti-héros, dépressif (avec Hancock) ou ironique (avec Deadpool).
Bref, en entrant dans la salle obscure, je me demandais : le film va-t-il liquéfier, voire liquider Superman ou bien va-t-il le célébrer ?
- La réponse est stupéfiante, voire inquiétante de candeur. Le metteur en scène a décidé de porter à son paroxysme la bienveillance et la candeur de Clark Kent, alias Kal El, alias Superman. De son regard limpide d’enfant à ses multiples gestes de sauvetage in extremis, en passant par une défense ingénue de la politique anti-tyrannique : passionnante interview avec Loïs où se lit à l’évidence une critique de Bush fils et de sa guerre calamiteuse contre l’Irak, et non moins épatante analogie entre la guerre internationale et la guerre conjugale…
Cette ingénuité se poursuit dans l’intrigue et se prolonge dans le personnage du méchant emblématique. Au-delà du côté cartoonesque, Lex Luthor perd toute complexité pour réduire sa motivation à la rivalité mimétique au point d’avouer explicitement qu’il est la jalousie incarnée. Le simplisme se réfracte chez Eve Teschmacher, son égérie décérébrée, qui se découvre du génie quand elle se venge (les cartes murales sont la vraie raison des selfies). Ce même caractère enfantin s’incarne dans une narration linéaire et manichéenne qui met en scène un Métamorpho se laissant retourner par la compassion de Superman et un gouvernement américain concédant étrangement à Luthor la capacité punitive réservée au politique d’enfermer le super-héros dans sa propre prison.
Une dernière naïveté ? Il suffira à Superman de convoquer son chien Krypto pour détruire les drones-caméras et, avec eux, son adversaire. Est-il imaginable qu’un génie du crime n’ait pas anticipé la contre-attaque rudimentaire de Superman qu’aurait éventée un enfant de cinq ans ?
- Mais assiste-t-on réellement à un plaidoyer super-héroïque qui prétend retourner aux origines sans retenir les avatars et les leçons de l’histoire des méta-humains ?
Ce serait ignorer les multiples et, là, très alarmants, déplacements opérés par le scénario. Passons-les en revue. Ils torpillent secrètement toutes les notes identificatoires du Super-héros – excepté les super-pouvoirs, qui ne sont que des moyens spectaculaires.
- En installant d’emblée le spectateur au cœur de l’histoire amoureuse (compliquée) entre Loïs et Clark, le script trahit la double identité de Superman et donc son secret, mais, plus encore, sa « virginité » consacrée. Non, je ne me contredis pas. La loi scénaristique du chiasme romance-aventure n’a qu’une exception : l’icône salvifique du super-héros qui est célibataire pour mieux se dédier à la mission et être délié de toute pression.
- En se refusant de raconter l’histoire des origines, l’intrigue économise l’énergie et la patience du spectateur en lui évitant un récit mille fois narré. En réalité, elle se prépare à déconstruire cette mission reçue de plus grand que lui. Certes également, il est heureux que soient écartées les paroles insupportablement méprisantes. Mais toute autorité n’est pas pouvoir et toute donation n’est pas domination.
- À y regarder de près, en quoi consiste l’objectif de ce qui se présente comme le premier opus d’une série ambitieuse (« Dieux et monstres ») ? En une quête et, plus encore, une défense de soi. À Luthor qui détruit systématiquement sa réputation, Superman s’oppose pour la sauver, au lieu de sauver l’humnité. Telle est la deuxième parole-message du film sensé lui aussi nous arracher des l’armes d’émotion. Elle est une réponse à l’objection excluante qui porte sur l’identité de Superman : « Tu es un extra-terrestre », sous-entendu : « Tu viens nous exploiter, voire nous exterminer ».
- Enfin, la place inattendue laissée aux animaux n’est-elle pas une concession à l’idéologie animaliste. À laquelle il faut joindre une place inhabituelle donnée aux figures féminines. En particulier à trois d’entre elles, qui sont systématiquement opposées à des mâles défaillants : au Superman ingénu qui est né une cuiller de kryptonite dans la bouche s’oppose une Loïs lucide qui fut élevée dans la misère, avant d’accéder au Daily Planet ; au père absent se substitue une mère battante ; au Super-méchant qui, cerveau sans cœur, est aveuglé par son envie obsessionnelle, s’affronte une femme de cœur qui, attentive à l’autre, ne manque pas d’intelligence.
- Après tant de critiques, pourquoi trois étoiles ? L’excès de naïveté est plus prometteur que le cynisme (qui est toujours excessif). C’est d’abord à partir de nos ressources et non pas de nos manques que nous progressons. Attendons donc – sans impatience ! – les prochains opus d’un Hollywood qui, lui aussi, sait faire preuve d’optimisme et continuer à nous conter des sagas super-héroïques. Brûle toujours le désir du màs (ignatien : « plus ») et l’attente du salut venu d’un avant qui toujours attire.
Pascal Ide
Depuis trois siècles, les méta-humains sont apparus sur Terre avec leurs super-pouvoirs, lançant l’ère des dieux et des monstres. Il y a trente ans, en 1992, un bébé extraterrestre a été envoyé sur Terre et adopté par des fermiers. Il y a trois ans, ce bébé, devenu adulte, s’est présenté comme Superman (David Corenswet), le plus puissant des méta-humains. Il y a trois mois, Superman a empêché la Boravie d’envahir le Jarhanpur, suscitant la controverse dans le monde. Trois semaines plus tard, un méta-humain appelé le Marteau de Boravie a attaqué Superman à Metropolis. Trois minutes plus tard, Superman perd pour la première fois un combat…
Grièvement blessé, Superman est secouru par son chien Krypto, qui l’emmène se soigner dans la Forteresse de Solitude. Là, celui qui s’appelait Kal-El se remémore ses parents biologiques kryptoniens, Jor-El (Bradley Cooper) et Lara Lor-Van (Angela Sarafyan), dont il n’a jusqu’à présent pu entendre que la première moitié du message d’adieu — celle qui l’exhorte à être un symbole d’espoir pour l’humanité. Une fois rétabli, se retrouve de nouveau vaincu par le Marteau, qui révèle sa véritable identité : il s’agit d’Ultraman (David Corenswet, lui aussi, ainsi qu’on le comprendra plus bas), un acolyte de Lex Luthor (Nicholas Hoult), PDG de LuthorCorp, aux côtés Angela Spica alias l’Ingénieure (María Gabriela de Faría), qui a profité de la situation pour localiser la Forteresse de Solitude en Antarctique.
De retour à sa vie civile en tant que Clark Kent, il retrouve sa petite-amie Lois Lane (Rachel Brosnahan), au courant de sa double identité, et ses collègues du Daily Planet : Jimmy Olsen (Skyler Gisondo), Perry White (Wendell Pierce), Steve Lombard (Beck Bennett) et Cat Grant (Mikaela Hoover). Au Pentagone, Luthor tente de convaincre le secrétaire à la Défense d’arrêter Superman en présentant PlanetWatch, une force opérationnelle financée par LuthorCorp, composée d’Ultraman, Spica et des soldats Raptors. Mais le secrétaire estime qu’il n’y a pour l’instant aucune preuve que Superman représente une menace, contrairement à ce que pense Luthor. Alors qu’il est chez Lois, Clark accepte de lui donner une interview en tant que Superman. Au cours de la discussion, ils évoquent l’intervention de Superman dans le conflit entre la Boravie, allié des États-Unis, et le Jarhanpur. La conversation devient tendue : Clark prend la défense des Jarhanpuriens opprimés par le gouvernement boravien.
Luthor, accompagné de Spica, Ultraman et de sa petite-amie Eve Teschmacher (Sara Sampaio), se rend en Antarctique pour s’introduire dans la Forteresse de Solitude et récupérer une preuve compromettante contre Clark, tandis que ce dernier est occupé à affronter un kaiju lâché par Luthor dans Metropolis en guise de diversion. C’est alors que Clark reçoit l’aide de Guy Gardner alias Green Lantern (Nathan Fillion), Kendra Saunders alias Hawkgirl (Isabela Merced) et Michael Holt alias Mister Terrific (Edi Gathegi). Ces trois méta-humains constituent le Justice Gang, une équipe fondée et financée par Maxwell Lord (Sean Gunn), le PDG de LordTech. Spica parvient à accéder à l’intégralité du message de Jor-El et Lara, dont Clark n’avait jusqu’ici entendu que la moitié. À la surprise générale, y compris celle de Luthor, le message complet, qui n’est en rien trafiqué, révèle que, après avoir demandé à leur fils d’être un guide pour l’humanité, ses parents affirment que les humains sont faibles, doivent être dominés, afin de perpétuer l’héritage kryptonien sur la Terre, notamment en établissant un harem. Cette révélation est diffusée dans le monde entier par Luthor, provoquant la colère et la peur des habitants, qui se retournent contre Superman. Contraint de fuir, Clark se cache avec Lois.
Décidant de se rendre aux autorités, ce dernier est arrêté et emprisonné avec Krypto dans une prison construite par Luthor, située dans un univers de poche où sont détenus d’autres ennemis du gouvernement américain et de Luthor. Il se retrouve enfermé avec un autre méta-humain, Rex Mason alias Metamorpho (Anthony Carrigan), un méta-humain capable de transformer son corps en n’importe quelle substance élémentaire. Luthor, en menaçant de faire du mal au fils de Rex, également emprisonné, le force à matérialiser de la kryptonite, affaiblissant très gravement Clark et lui ôtant tout pouvoir. Pendant ce temps, Lois découvre avec l’aide d’Olsen et Teschmacher que Luthor est en réalité complice du gouvernement boravien : il leur a vendu des armes pour une bouchée de pain afin de profiter de la guerre contre le Jarhanpur et récupérer en plus la moitié du territoire jarhanpurien, sans que l’on sache quelle est sa motivation.
Avec l’aide de Terrific, Lois localise Clark, qui, par empathie, parvient à convaincre Rex de l’aider à s’évader en échange de sauver son fils. Le méta-humain cesse de se transformer en kryptonite. Mais cela ne suffit pas. Clark lui propose de créer une étoile semblable au Soleil, car c’est en lui que Superman puise ses pouvoirs. Il sauve le fils de Rex et s’échappe avec lui de la prison, où il retrouve Lois et Terrific. Encore infecté par la kryptonite, Clark regagne des forces à Smallville au Kansas auprès de Lois et de ses parents adoptifs, Martha (Neva Howell) et Jonathan Kent (Pruitt Taylor Vince).
De retour à Metropolis, Clark affronte les sbires de Luthor qui, à force de créer des univers de poche, a fini par provoquer une brèche dans l’espace-temps menaçant d’engloutir la ville dans un trou noir. Il combat Ultraman — qui se révèle être un clone défaillant créé par Luthor — le neutralise et l’envoie dans le trou noir. Pendant ce temps, Terrific répare la brèche, tandis que Gardner et Hawkgirl interviennent au Jarhanpur et parviennent à stopper la guerre en éliminant le président boravien, Vasil Ghurkos (Sr Zlatko Burić). Lois et l’équipe du Daily Planet publient les preuves de la trahison de Luthor, qui est neutralisé par Clark, arrêté et emprisonné à la prison de Belle Reve.
Clark retourne enfin dans la Forteresse de Solitude, où sa cousine Kara Zor-El alias Supergirl (Milly Alcock), ivre, récupère Krypto. Nº 4 alias « Gary » (voix : Alan Tudyk), l’un des robots de la Forteresse, lui demande s’il souhaite voir ses parents. Clark accepte, mais au lieu de revoir Jor-El et Lara, les robots lui montrent des souvenirs de son enfance auprès de ses parents adoptifs, Martha et Jonathan.
Scène inter-générique
Clark observe la Terre depuis la Lune avec Krypto.
Scène post-générique
À Metropolis, Clark et Terrific observent une fissure géante dans un bâtiment, causée par la brèche lors du combat final. Clark commente : « C’est tordu », ce qui agace Terrific. Il s’éloigne et donne un coup de pied dans une pierre.