Lola et ses frères
Loading...
Pays:
Français
Thème (s):
Amour, Famille, Fraternité
Date de sortie:
28 novembre 2018
Durée:
1 heures 45 minutes
Évaluation:
***
Directeur:
Jean-Paul Rouve
Acteurs:
Ludivine Sagnier, José Garcia, Jean-Paul Rouve
Age minimum:
Adolescents et adultes

 

 

Lola et ses frères, comédie français réalisé par Jean-Paul Rouve, 2018. Avec Ludivine Sagnier, Jean-Paul Rouve et José Garcia.

Thèmes

Fraternité, famille, amour.

« La vie est dans le mouvement », dit une formule traditionnelle [1] – et non dans la conservation. Traduction spirituelle : « La vie divine se donne dans la conversion ». Traduction psychologique et morale : « La vie humaine vaut ce que valent nos conscientisations et nos améliorations ».

Dans la scène post-générique initiale (oui, il y en a encore !), nous assistons à un écroulement spectaculaire de deux tours jumelles séparées, suivi d’un impressionnant dégagement de poussières. Dans la dernière scène pré-générique final, la caméra filme l’impossible devenu possible : la remontée des deux inséparables et leur restitution ad integrum. La symbolique est presque trop transparente : indestructrible, l’amour fraternel renaît toujours de ses cendres, ou plutôt de ces poussières, que sont les petits actes d’amour. Surtout, elle est trompeuse : l’histoire est fléchée, et l’avenir est toujours plus riche que le passé.

Entre les deux, dans le rire (mais peut-être pas assez dans les larmes de l’émotion), nous assistons à ces minimes déplacements qui débloquent les situations apparemment irréversibles et font tout le sel de la vie.

 

Lola et ses frères sont aux trois pôles du triangle affectif : peur, colère, amour (fusion). La face blême et tout en creux, Benoît est angoissé jusqu’à l’indécision compulsive, multipliant les mariages et bientôt les séparations. Le mufle sanguin et tout en avant, Pierre est colérique jusqu’à l’explosion, multipliant les dénis et bientôt les mensonges. Le visage rose et toute en douce rondeur souriante, Lola est empathique jusqu’à l’oubli de soi, multipliant les réconciliations entre ses frères ou ses clients et bientôt sa désolation-isolation.

D’autres ternaires accompagnent et confirment ce tripôle de types qui font le succès des comédies. Par exemple, les professions : opticien, le frère aîné ne cesse de scruter la psychologie de ses clients ou un avenir toujours incertain, donc toujours inquiétant ; démolisseur de bâtiments, le cadet explose autant les maisons que son employeur, et met en miettes les relations avec la totalité de son entourage – son fils excepté ; avocate spécialisée dans les divorces, Lola consomme son temps à anticiper les besoins d’autrui et à jouer aux entremetteuses. Par exemple, les enfants : Benoît est trop épouvanté par la vie pour en accueillir ; Lola est trop tournée vers les autres pour que son corps puisse en recevoir un ; seul Pierre a pu non seulement engendrer un fils aimant autant qu’aimé, mais le garder chez lui. Par exemple, le couple : tout en procrastination, l’aîné est un polygame successif ; tout en combustion, le cadet ne désespère jamais de reconquérir sa Belle ; toute en médiation, la sœur se retrouve célibataire. Par exemple, la relation à l’autre, et ici nous rencontrons le titre du film : autant les deux frères sont égocentristes, l’un sur mode dépressif, l’autre sur mode clastique, autant Lola est altruiste. Etc.

 

Mais, redisons-le, vita in motu. Au terme, Pierre, le démolisseur tout en puissance, accepte l’impuissance en pleurant sur sa vie en confettis. Lola, l’éternelle sauveteuse, accepte enfin d’être aidée. Benoît, l’anxieux impénitent, croit maintenant assez à la vie pour la donner.

Surtout, l’intrigue souligne à l’envi que les pas extérieurs qui préparent aux changements intérieurs sont toujours le fait de la fratrie : Benoît retrouve Sarah, grâce à l’aide persévérante de Pierre qui ne part qu’assuré que le lien est renoué paisiblement ; dans l’autre sens, l’aîné dit toute son affection, sous le voile pudique du reproche, au point que son cadet, cette boule de poils et d’énergie, soit saisi à son tour par l’émotion et se laisse aider ; enfin, les deux frères à nouveau complices fomentent le doux traquenard où Zoher rejoint celle qu’il aime et qui n’a jamais cessé de l’aimer.

 

Au mot terrible d’André Gide dans Les nourritures terrestres : « Familles, je vous hais », ne faudrait-il pas substituer le mot réaliste d’Hervé Bazin dans son Ce que je crois : « Familles, je vous ai » ?

Pascal Ide

[1] Par exemple citée par Roger Verneaux, Philosophie de l’homme, coll. « Cours de philosophie thomiste », Paris, Beauchesne, 21956, p. 14.

Lola (Ludivine Sagnier), avocate spécialisée dans le divorce, a deux frères : Benoît (Jean-Paul Rouve), qui est opticien, et Pierre (José Garcia), qui est spécialiste en démolition de bâtiments. Alors que Benoît se marie (pour la troisième fois, mais pour la première fois) avec Sarah (Pauline Clément), Pierre découvre que sa dernière explosion a entraîné une faille dans une maison avoisinante et, très préoccupé, arrive en retard au mariage de son aîné. Pire, lors d’un discours improvisé, il appelle Sarah Sandra. S’en suit une brouille durable entre les deux frères qui, depuis le décès de leurs parents, forment pourtant une fratrie très soudée. Pendant ce temps, Lola, célibataire de 35 ans, rencontre Zoher (Ramzy Bédia) dont elle vient d’achever d’instruire le divorce. Va-t-elle réussir à ce que les frères, si différents et si opposés par leur différend, se réconcilient ? Et celle qui s’occupe du bonheur des autres va-t-elle enfin réussir à trouver son propre bonheur ?

[/vc_c

Les commentaires sont fermés.