Les musiciens
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Pays:
Français
Thème (s):
Communion, Guérison, Musique, Pardon
Date de sortie:
7 mai 2025
Durée:
1 heures 42 minutes
Évaluation:
****
Directeur:
Gregory Magne
Acteurs:
Valérie Donzelli, Frédéric Pierrot, Mathieu Spinosi
Age minimum:
Adolescents et adultes

Les musiciens, drame français de Grégory Magne, 2025.

Thèmes

Communion, musique, pardon, guérison.

Qu’est-ce qui transforme cette somme disparate, plus, hétérogène jusqu’au conflit d’interprètes talentueux en un quattuor prodigieux ? Qu’est-ce qui métamorphose les musiciens en une musique ? Allons du plus évident qui n’est pas le plus important au plus intérieur qui est aussi le plus moteur.

(le commentaire souffre d’être trop général, car il fut rédigé de nombreuses semaines après la vision du film)

 

  1. Bien sûr, le premier facteur est cette proximité, plus, cette fraternité exceptionnelle d’instruments. C’est d’abord la communauté, la famille Stradivarius qui explique la convergence de ces musiciens. Si les instruments sont rares, leur rassemblement l’est encore bien davantage.

Mais déjà de ce point de vue encore très extérieur, il se dit et se vit quelque chose de symbolique. En effet, le violon est un instrument d’une grande fragilité. Et cette vulnérabilité est un très pertinent révélateur du groupe. Slon un processus auquel noter individualisme n’est malheureusement guère sensible, le brisement du Stradivarius, loin d’être seulement accidentel, n’est que le témoin du manque cruel de cohérence du groupe. Mais aussi l’occasion, plus, l’appel à se regrouper et, pour cela, enfin se réconcilier.

 

  1. C’est bien évidemment aussi le service du même morceau de musique qui invite les musiciens à se réunir. Mais la partition est impuissante à unifier des personnes qui elles-mêmes font passer leur « je » avant le jeu, et leur égo avant leur moi, condition indispensable pour transformer une somme de « je » en « nous ».

 

  1. Continuons à avancer vers le cœur de la communion. Plus important sont les talents de chacun. En effet, il nous est expliqué la structure originale du quattuor : sans maestro, le groupe est à lui-même son propre chef d’orchestre. Totalement autogéré, ce micro-groupe est donc l’exemplaire parfait de la communauté auto-gérée. La conséquence, passionnante, en est que toute désunité des interprètes s’entendra dans l’interprétation. Alors que, dans un orchestre symphonique, la fonction unifiante est transférée à une instance unique et externe qui, au pire, servira de bouc-émissaire et interdit ainsi au groupe de profiter de ce test projectif, le quatuor est le plus transparent de sou unité immanente… ou de sa dysharmonie. Et la réussite de l’interprétation son écho le plus patent.

 

  1. La cause la plus profonde de l’unité semble dès lors résider dans la guérison-conversion des différents égos rassemblés. Brièvement :

Dès son entrée en scène, George choisit son Stradivarius au détriment de l’autre. Puis nous l’entendrons multiplier les phrases en « moi je ». Tout le chemin du premier violon sera d’apprendre à moins vivre par lui (indépendance orgueilleuse) et pour lui (égoïsme) pour entrer dans une décentrement de soi qui passera par un admirable « pardon ». Non sans que ce casse-pied professionnel se casse symboliquement le pied.

L’égo blessant du violoniste blessé, l’aveugle Peter, a quitté sans raison celle qui l’a aimée. En la touchant au visage, il la touchera au cœur et reconnaîtra, au moins implicitement qu’il a choisi l’abandon (au sens négatif de fuite) au lieu du don.

Si Apolline a subi cette trahison, elle l’a empoisonnée par une amertume accusatrie. Elle apprendra du compositeur intuitif et empathique que le « j’accuse » peut s’adoucir en « j’excuse ».

Enfin, Lise devra elel aussi avancer vers la double sortir du mal subi (l’exclue surdouée mais non diplômée ne sortira du syndrome de l’imposteur et de la surcompensation via les réseaux en jouant le jeu de l’inclusion) et du mal commis (c’est son besoin compulsif de se faire reconnaître via Internet qui l’a conduit à violer la liberté du premier violon et au brisement de son Stradivarius).

 

  1. Si décisive soit la transformation des individus, néanmoins elle ne suffirait pas sans la médiation de ce compositeur charismatique autant qu’énigmatique. De prime abord, on s’étonnera de ces voltefaces (pourquoi ce misanthrope décide de s’arracher à la compagnie de ses oiseaux pour faire cinq heures de route et se retrouver parmi ces humains peu aimable ?). Pourquoi, plus encore, remet-il en question son propre morceau ?

Et si, à son insu ou non, une autre logique se dévoilait ? Spontanément, nous montrons d’emblée ce dont nous sommes capables et non ce qui nous rend vulnérables. Nous pensons aussi souvent que c’est par nos talents que nous nous unissons. C’est oublier que, dans la condition postlapsaire qui est la nôtre, ces dons se transforment vite en poisons et les affections en jalousies assassines. Mais c’est par nos fragilités que nous ommunions.

En retour, Charlie recevra du groupe une confirmation de ses talents musicaux et un regain de son intuition créatrice.

Mais, en réalité, c’est cette position basse qui permettra aux quatre diva de mettre en avant leur vulnérabilité.

 

  1. Nous n’avons pas encore touché la source la plus fontale de cette symphonie fantastique. Elle en est le cœur, ou plutôt l’esprit.

Révélateur est ce tout début qui est filmé de l’intérieur même d’un des violons. Or, cet intérieur porte un nom surprenant : l’âme. N’est-ce pas d’ailleurs au luthier, celui celui qui répare les âmes, que le groupe fera appel au moment où tout semble perdu ?

Mais ces dons

instrumentistes

le curé (Grégory Montel)

Pascal Ide

Astrid Carlson (Valérie Donzelli), fille d’un homme d’affaires et mécène décédé, s’est mis en tête de réaliser un des rêves que son père n’a pas pu réaliser avant de mourir : réunir quatre instruments stradivarius pour un concert unique sur une partition inédite d’un compositeur contemporain, Charlie Beaumont (Frédéric Pierrot). Elle est prête à se ruiner pour réaliser ce rêve, au grand dam de son frère (Nicolas Bridet), qui a pris la succession de son père dans l’affaire familiale.

Mais au delà des instruments, un quatuor est aussi la réunion de quatre musiciens qui doivent s’écouter et constituer un ensemble. Les quatre interprètes d’exception réunis pour un concert unique et un enregistrement ont des personnalités fortes : le premier violon George Massaro (Mathieu Spinosi), le deuxième violon Peter Nicolescu (Daniel Garlitsky), l’altiste Apolline de Castre (Emma Ravier) et la violoncelliste Lise Carvalho (Marie Vialle). Alors que s’égrènent les sept jours précédant le concert, les répétitions sont de plus en plus heurtées, jusqu’au bris d’un violon qui va demander l’intervention curative en urgence d’un luthier (François Ettori). L’harmonie va-t-elle l’emporte sur les dissonances ?

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