Le temps d’un week-end
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Pays:
Américain
Thème (s):
Acédie, Empathie, Guérison
Date de sortie:
24 mars 1993
Durée:
2 heures 37 minutes
Évaluation:
****
Directeur:
Martin Brest
Acteurs:
Al Pacino, Chris O'Donnell, James Rebhorn
Age minimum:
Adolescents et adultes

Le temps d’un week-end (Scent of a Woman), drame américain de Martin Brest, 1993. Repris de Parfum de femme, drame italien de Dino Risi, 1974. Avec Al Pacino et Chris O’Donnell.

Thèmes

Acédie, guérison, empathie.

Les ficelles du film sont tellement apparentes qu’il semble que l’on a tout dit lorsqu’on a résumé le scénario comme ci-dessus. Commencement et terme du film sont tant appuyés qu’il serait difficile de manquer la signification, en tout cas le changement opéré. Toutefois c’est non pas dans ces extrêmes mais dans le chemin, si bref soit-il, que le scénario devient plus subtil et suscite l’attention, teintée d’émotion et de tendresse [1].

1) Le passif ou la mort

a) Charles

Il est évident que Charles est un garçon effacé, trop réservé ; il ne sait pas s’affirmer et se fait donc manipuler par ses collègues étudiants (lui disant une chose puis le contraire) méprisants (« La coutume veut que le seigneur du manoir offre la pitance aux manants. – Quel salaud ! », répond l’autre, complice), par la nièce de Frank (c’est ainsi qu’elle lui extorque le week-end, alors que Charles est convaincu qu’il ne fait pas l’affaire) et bientôt par la personnalité forte du colonel. Il est un peu moins évident que Charles s’écrase car il a une mauvaise estime de lui. L’explication sociologique demeure courte : le complexe d’infériorité est sans doute renforcé par la conviction d’appartenir à une classe sociale moins favorisée que ses collègues étudiants ; mais elle plonge ses racines dans une psychologie fragilisée. Un signe en est qu’il est capable d’autodétruire son avenir ; son scénario de Saint-Bernard est de la négation de soi camouflée : il n’existe pas d’abord pour l’autre, mais par l’autre. Par exemple, Charles est à ce point peu confiant en lui qu’il est prêt à risquer sa place de bibliothécaire en transgressant le règlement pour un camarade dont tout montre qu’il n’est absolument pas fiable. Surtout, Charles est habité par une culpabilité permanente, ce que symbolise Frank en lui disant (à trois reprises), dans la voiture, car l’absence de face à face favorise l’aveu : « La voiture penche d’un côté. Tu portes toute la misère du monde sur tes épaules ». « J’ai encore l’impression que tu pèses trois tonnes, tu ne m’as pas tout dit ».) S’il est tellement serviable, c’est qu’il n’a pas le droit d’avoir ses propres désirs et s’il n’a pas le droit de désirer, c’est qu’il est coupable de désirer. Or, désirer, c’est exister par soi-même, nous apprend la psychanalyse. Mais d’où vient ce non-droit à l’existence ?

Nous comprendrons seulement à la fin la raison profonde de cette mésestime de soi autolytique qui va jusqu’à l’interdit d’exister : l’absence de père. Si Charles a tant développé son anima (serviable, discret, toujours positif), c’est qu’il n’a pas pu, au sein de sa famille, s’identifier à un homme, en l’occurrence un père, pour développer son animus. Charles nous apprend par ailleurs que ses parents se lèvent le matin à cinq heures pour se coucher à minuit. Ne serait-ce pas plutôt sa mère ? On devine donc à demi-mots une mère exploitée par un époux (et peut-être cela était-il déjà vrai avec son premier mari, tant les scénarios d’échec ont tendance à se répéter, autojustifiant ainsi la posture victimale) et donc un Charles devenu hyperserviable pour surprotéger sa mère : dès lors, il n’existe plus pour lui mais seulement pour l’autre.

b) Frank

Là encore, il faut dépasser les apparences si l’on veut comprendre la profondeur de la blessure de Frank. De prime abord, ce militaire a perdu toute raison de vivre depuis qu’il est devenu aveugle : lui dont le vocabulaire montre qu’il ne vit que de sa référence au monde du soldat (« Appelle-moi Colonel ») est confis et confiné, au milieu de ses souvenirs, dans un kot, avec pour seule compagnie une petite fille qui lui tire la langue. Perdant la vue, il a perdu la vie. D’où une intense agressivité qui est toujours refus de l’autre, qui, chez un aveugle, s’incarne dans le refus de la proximité, du contact : « Si tu me touches encore, je te tue, petit merdeux. C’est moi qui te touche ». Mais nous ne prendrons la mesure de ce dégoût suicidaire d’abord qu’en le voyant pleinement croquer la pomme de la vie à New York : non seulement quand il se trouvera en contact des femmes (« Qui a fait les femmes ? Dieu est un génie ».), prendra un repas dans le Waldorf Astoria, « l’apogée de la civilisation », dansera le tango ou conduira sans voir une Ferrari, à 110 kilomètres/heure (ce qui en dit long sur son ancienne maîtrise de la route), mais en constatant son attention à tout et à tous, sa capacité à relever chaque détail et à le métaboliser dans une intelligence d’une rare… clairvoyance. Il reste que toute cette vitalité n’a plus à s’exercer, est dénuée de sens : « Je vais te dire mon plan : une tournée des plaisirs, descendre dans un palace, voir mon frère, faire l’amour avec une fille sublime. Puis, je m’allongerai dans mon lit pour me faire sauter la cervelle ».

Surtout, nous découvrons la raison profonde de ce dégoût lors du dîner impromptu avec son frère et sa famille proche, le jour de la Thanksgiving Day : c’est à lui et à lui seul que Frank doit d’être aujourd’hui aveugle ; ce flambeur est aussi un imprudent, « c’est un enfoiré aveugle ». Là encore, ne nous trompons pas : ce n’est pas l’accumulation malheureuse d’accidents qui a contraint Frank à son attitude suicidaire. Ce serait ignorer le volontarisme gagnant de l’Américain, et la réalité des choses. Pas plus que Charles, Frank n’est une victime, ou de son conditionnement social ou du hasard des événements, éventuellement catalysé par une imprudence. Tous deux ont secrètement consenti au mépris de soi. Et sans doute depuis plus longtemps que le malheureux accident : « Je ne suis pas un cadeau, confie Frank à Charles ; mais je ne l’ai jamais été ». Il faut voir Frank accueillir, sans sourciller, avec une ravageuse autodérision, toutes les critiques que lui adresse avec une haine effroyable son beau-frère (ou du mari de sa nièce ?) pour mesurer cette complicité intérieure avec la mort qui rôde. Il demeure que sa capacité à détecter toute moquerie (répondant à Charles ébauchant un salut militaire : « L’invalide a un radar plus infaillible que le Nautilus ») est encore un signe de résistance à la Camarde.

2) L’actif ou le désir de vivre

Comprendre ne suffit pas pour revivre : l’explication est archéologique ; la vie est téléologique. Car elle suppose un sens.

S’ils sont complices, donc responsables (partiels) de leur état intérieur de fermeture à la vie, cela signifie donc qu’ils doivent aussi trouver en eux l’énergie et surtout la décision de déverrouiller leurs cœurs. Et le film suggère aussi cette capacité, cette énergie présente en chacun d’eux : « Nous ne sommes pas des chiens ».

a) De Charles

Sa droiture n’est pas qu’une construction sociale. S’il ne veut pas pactiser avec le mensonge ou la compromission, s’il est prêt à sacrifier son avenir et se refuse à trahir ses compagnons, ce n’est pas pour faire plaisir à qui que ce soit : un tel acte ne lui rapporte rien et semblerait même un bon calcul à plus d’un. Il agit donc en fonction de lui. Charles ne peut renoncer à une pureté intérieure, car il a encore suffisamment d’estime de lui pour ne pas nier sa conscience morale. De même, ce simple fils de commerçants de l’Orégon n’a pas perdu son bon sens auprès de ces garçons qui lui disent, comme Willis : « Je suis de la haute et toi du menu fretin » : « Le fait d’avoir une bourse n’a aucun rapport ».

Il demeure qu’il y a de la rigidité et de l’interdit dans cette droiture et, par son exemple ou son humour (l’image du poids), en descendant dans l’un des plus luxueux hôtels et les meilleurs restaurants de New York, Frank apprendra beaucoup à Charles sur le droit de jouir de l’existence sans la défigurer. Le titre original n’est-il pas Scent of a woman ?

b) De Frank

De même, Frank, dans sa tournée new yorkaise, ne manque pas de dire sa joie de vivre, ainsi que nous l’avons dit. Il respire la vie comme il respire les parfums de femme. Il montre aussi sa vitalité et son attention à l’autre en posant quelques questions judicieuses, en déchiffrant sur quelques mots le drame où Charles s’enferme. Il y a donc en lui une droiture inentamée par ses frasques narcissiques. Frank est vraiment capable de s’ouvrir à l’autre : on est même surpris de ces antennes qui lui permettent de détecter la culpabilité permanente de Charles. La cécité n’acutise-t-elle pas cette présence à l’autre ? Quelle intensité dans son attitude lorsqu’il se met à l’écoute de Charles ! Tout son corps se dresse, s’immobilise, devient vivante attention et son regard fixé droit devant lui semble rejoindre Charles assis à côté, par le détour apparent de l’infini (Lévinas nous a appris que l’autre est figure d’infini). On mesure ici ce qu’est un corps transformé par l’écoute ; on comprend pourquoi les Septantes ont traduit l’hébreu du psaume 40 : « Tu m’as façonné une oreille », en « Tu m’as façonné un corps ». Voire, cette attitude d’ouverture se vérifie même dans la manière dont il accueille Charles la première fois, par exemple lorsqu’il répond à Charles expliquant, non sans complaisance, les horaires aliénants de travail de ses parents (il aurait pu répondre de manière vague : « tôt, tard » ou même ne rien dire : « c’est mes affaires »), qu’il va pleurer : d’emblée, il sent le sujet larmoyant qui s’appitoye discrètement mais réellement sur son sort.

3) Le réceptif ou l’empathie qui donne le goût de vivre

Il demeure que, quelle que soit sa liberté, son énergie, il arrive en nos vies des points de rupture qui interdisent de se réconcilier avec soi sans un autre. On ne peut renaître à soi sans un regard qui nous espère. Et là est sans doute la plus belle « leçon » du film : cette empathie mutuelle qui va réenfanter Charles et Frank à leur être profond.

a) Les fausses empathies

Le réalisateur commence d’abord par nous signaler ce qu’elle n’est pas, discrètement, c’est-à-dire sans moralisme et sans jugement. En effet, Frank ne trouve pas cette véritable empathie dans son entourage immédiat. Certes, sa nièce l’aime ; plus encore, elle porte un regard positif sur lui, capable de discerner au-delà des aboiements, une personne qui ne sait pas mordre (« Sous ses airs bourrus, il est doux comme un agneau ». « C’était un grand soldat ».). Cependant cet amour n’est qu’une pitié inefficace. On la sent débordée : elle a besoin de se reposer, de prendre des vacances. Quelle aide reçoit-elle de son mari, qui est peut-être aussi absent de sa vie qu’il l’est à l’écran ? Mais la cause n’est pas seulement extérieure (« je dois déjà m’occuper de ma famille ») ; elle vient du regard que sa fille jette sur son père et d’une raison plus profonde : elle voit en son père un homme à aider ; elle ne voit pas en lui quelqu’un qui pourrait aider. Je ne parle même pas du frère de Frank et de sa famille. Non seulement, ils sont dénués de toute compassion, mais ils sont agressifs. Soit sur mode passif (par leur anti-accueil, certes forcé, mais glacial, le jour de la Thanskgiving et par leur silence peut-être désolé mais lâche et complice lors du dîner), soit sur le mode actif de la pièce rapportée (qu’on pourrait excuser mais dont la parole démesurée devient vite inexcusable : « Maintenant, c’est un enfoiré aveugle » et jusqu’au blasphème : « Dieu aime bien rigoler. Dieu pense qu’il y a peut-être des gens qui ne méritent pas de voir ».).

Il nous est ainsi suggéré que l’amour bienveillant ne suffit pas à sauver l’autre. Il faut plus. Quoi donc ?

b) La vraie empathie de Charles

Je pense que le premier moment où Frank s’est rendu compte qu’il était aimé pour lui et qui a dû profondément le toucher fut celui où Charles, si effacé, si défaillant, a pris sa défense, à table. Dès lors, comme l’amour fait l’unité, celui qui va mépriser Charles en l’appelant « Charlot » va comme piétiner le cœur de Frank : d’où la violence qui est toujours un refus d’être nié en son altérité. L’empathie commence à faire son œuvre. Charlie en exprime secrètement le besoin, sur mode dénégateur d’autant plus révélateur : « Qu’est-ce que tu as à foutre que je me fasse sauter la cervelle ? »

C’est bien entendu dans la scène du suicide de Frank que l’empathie de Charles va jouer à plein. Frank est d’abord résolu à se tuer, ainsi que le signifie sa manière d’écarter Charles et son mensonge au sujet des balles. Il ne joue donc pas. Pourtant il espère secrètement que l’intelligence de Charles (reviendra-t-il à temps, comprenant le sens de ce service alors que tout grand hôtel assure le service qu’il demande à Charles ?) et surtout son cœur (sinon pourquoi tant parler et attendre ?) arrêteront son geste.

Puis, il devient ambivalent : « Tu me brises le cœur. Toute ma vie, j’ai tenu tête à tout le monde. Mais toi, tu fais cela si naturellement. Tu es quelqu’un d’intègre, Charlie. Je ne sais pas si je dois te tuer ou t’adopter. Veux-tu que je t’adopte ou non ? ». Frank dit sa première souffrance : « Je suis mauvais, je suis pourri ». Mais s’il l’énonce, c’est pour entendre autre chose : « Vous n’êtes pas mauvais. Je crois que vous souffrez ». Cette parole de compassion serait insupportable si elle était prononcée par une personne qui n’était pas aussi pauvre et vulnérable que Charles. Cependant, la souffrance est plus profonde, c’est celle de l’absence de sens : « Donne-moi une bonne raison de vivre. – Je vous en donne deux : vous dansez le tango et vous conduisiez une Ferrari mieux que tous ceux que je connais ».

Qu’est-ce qui emportera la décision de Frank et lui fera déposer le révolver ? Le geste est tellement simple : appuyer sur la gâchette… ou non. Nous sommes ici confrontés au mystère de la liberté si grande et si fragile. On ne saura jamais. Les motifs, auxquels l’acte libre ne se réduit jamais, doivent être multiples. Une des raisons, non des moindres, au-delà de tout mot, ce sont les larmes de Charles. Une autre, encore plus décisive, est le lien nouveau qui se crée entre Charles et Frank ; pour la première fois de sa vie, Frank ne peut plus faire comme s’il était seul. Une complicité est née. Charles reprend la phrase que Frank lui a dite pour lui remonter le moral : « Même si le bateau tangue, le tango continue ». Surtout, Charles va aller jusqu’à non seulement rester lorsque Frank menace de le tuer, mais proposer qu’il le tue. Alors, Frank le solitaire, l’indépendant jouisseur et égoïste comprend que leurs deux sorts sont désormais irrévocablement liés.

Et quand Frank dit sa division (« Ça t’est déjà arrivé d’avoir envie de rester et de partir en même temps ? »), c’est que la vie l’a emporté. Il y trouvera même la force de se réconcilier avec Francie.

c) La vraie empathie de Frank

Frank rend à Charles cette empathie par son intense présence qui explique un moment cet échange : « Est-ce que vous me regardez ? – Je suis aveugle, Charlie ». Elle s’exerce d’abord en multipliant les conseils adaptés (« Il y a deux sortes de gens : ceux qui tiennent bon dans la tourmente et ceux qui courent aux abris. Les seconds, c’est mieux ».) qui sont aussi relatifs à son éthique hédoniste, très Keating dans Le cercle des poètes disparus (« Se taire ou pas se taire. La conscience est morte. Sois un homme », c’est-à-dire toi-même ; « On peut vivre une vie dans une minute »). Il l’aide par l’exemple de sa vie libre et plus encore par sa vulnérabilité qui oblige Charles à prendre les choses en main ; après l’épisode de la Ferrari qui a failli tourner mal, Charles donne son premier ordre : « Vous ne reprenez pas le volant ».

Mais, par dessus-tout, Frank va aider Charlie en lui montrant qu’il lui accorde de l’intérêt. Si Charles s’est engoncé dans son rôle de Saint-Bernard, ce n’est pas tant par estime de l’autre que par mésestime de soi. Qui lui montrera qu’il est aimable ? Frank, en venant occuper symboliquement la place du père aux côtés du jeune. D’ailleurs c’est cette intuition que donne l’empathie qui lui a fait pointer du doigt la vraie cause : « Pourquoi es-tu seul dans cette galère ? Où est ton père ? », ce qui lui vaut un aveu décisif et pour mieux comprendre Charles et pour l’aider, lui, à sortir de sa culpabilité. L’empathie est créatrice car Charles n’a rien demandé et l’au-revoir, voire l’adieu (« Je n’aime pas les adieux » ; le beau geste de toucher le visage, qui en dit long sur l’amitié qui est née, suggère une séparation) ne laissait pas prévoir que Frank le suivrait dans Berd : on pouvait juste s’imaginer que Charles allait exprimer quelque chose de la nouvelle personnalité toute fraîche éclose ces derniers jours. Mais Frank va révéler oser mettre des mots sur ce que la majorité pense tout bas, à la fois sur l’hypocrisie de ce mauvais procès et surtout sur la véritable identité de Charles : « Charlie est celui qui ne vendra pas père et mère. Ca s’appelle l’intégrité, le courage ». L’empathie trouve ici son achèvement : l’écoute bienveillante n’en est que le commencement ; son achèvement est non pas seulement la parole de retour, mais le témoignage, aux yeux de tous, même contre le sentiment général. Là est la vraie fécondité de l’empathie. Dès lors, il peut exhorter la foule et la convoquer à sa responsabilité, la placer face à sa liberté : « Il est à la croisée des chemins. Vous tenez dans vos mains l’avenir de ce garçon. Protégez-le ». Et dernier témoignage rendu à sa valeur que lui-même ignore : « Et vous pourrez un jour être fier de lui ». La sanction est immédiate : les applaudissements et le verdict à l’unanimité sans délibération (donc sans trafic d’influence), autrement dit la reconnaissance de la vérité.

Mais l’espace d’un week-end peut-il à ce point changer un homme ? Soyons réalistes. Les jeux de symétrie sont frappants. Frank vient sauver la vie de Charles, c’est-à-dire son futur, comme Charles lui a sauvé la vie en lui rouvrant son avenir. Frank reconstruit l’anima de Charles en prenant, face à son vis-à-vis la place qu’aurait dû remplir son père.

4) Conclusion

Un mot résume tout : la vie. Charles réapprend une vie en découvrant une raison de vivre ; Frank s’éveille à la vie en découvrant qu’il a le droit de vivre. Les deux passent de la mort à la vie et sont l’un pour l’autre un appel à la résurrection.

Pascal Ide

[1] En ce sens, le film apporte à celui, fameux, de Dino Risi, qui porte presque le même nom que lui (Profumo di donna, Scent of a Woman) et lança la comédie italienne en France, et n’en constitue pas seulement une redite standardisée. L’édition italienne, plus subtile, se refusant aux effets appuyés – le suicide réciproque des deux officiers aveugles, de Fausto et Vincenzo, est juste évoqué –, est aussi moins psychologique – le revirement final (par lequel Fausto accepte de sortir de son orgueilleuse indépendance et recevoir l’amour d’une femme dévouée qui est à la fois plus que son parfum qu’il adore et plus que sa pitié qu’il abhorre) demeure mystérieux, à la limite du deus ex machina.

Le film raconte la rencontre, d’un jeune étudiant, Charles Simms (Chris O’Donnell) et d’un militaire aveugle, le colonel Frank Slade (épatant Al Pacino qui a reçu l’Oscar du meilleur acteur 1993). L’espace d’un week-end – magique – permettra au jeune désargenté d’acquérir la confiance en lui, l’affirmation de soi qui lui manquait et au soldat suicidaire de retrouver le goût de vivre, le tout sur fond de critique des institutions américaines, ici le collège de Berd.

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