Le secret de Khéops
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Pays:
Français
Thème (s):
Aventure, Imitation, Trésor
Date de sortie:
5 mars 2025
Durée:
1 heures 38 minutes
Évaluation:
**
Directeur:
Barbara Schulz
Acteurs:
Fabrice Luchini, Julia Piaton, Gavril Dartevelle
Age minimum:
Adolescents et adultes

Le secret de Khéops, film d’aventures comiques français de Barbara Schulz, 2025. Avec Fabrice Luchini, Julia Piaton, Gavril Dartevelle.

Thèmes

Aventure, trésor, imitation.

Bien entendu, le premier long métrage de la réalisatrice lorgne vers Indiana Jones. Mais la trop évidente accommodation à la sauce française se hisse-t-elle à la hauteur de ce modèle presque inégalable ?

 

  1. L’imitation est si évidente que l’un des protagonistes se sent obligé d’y faire allusion : du mélange des genres (aventure et comique) à la dualité en rien duplicité des personnages (l’homme respectueux du passé qui transgresse joyeusement les règles de l’aujourd’hui, l’archéologue qui aime autant déchiffrer le linéaire B que vivre l’aventure en 3D), en passant par la conquête extérieure d’un trésor qui s’avère être la parabole de la quête intérieure d’un don beaucoup plus précieux (les retrouvailles avec la fille à la fois bien- et mal-aimée) et ce dédoublement si jouissif d’un lieu visible bien connu, ou plutôt son approfondissement mystique qui fait du visible le chiffre de l’invisible (ici, à l’instar du Da Vinci Code, notre chère ville de Paris – étendue jusqu’à la Malmaison, Bonaparte l’Égyptien oblige – qui se transforme en un hiéroglyphe tant historique que cryptologique et en un labyrinthe conduisant à la perle tant convoitée).

 

  1. Une fois lassé par les comparaisons, demeure l’évaluation du film pour lui-même. Commençons par le positif. Oui, l’on rit parfois. Oui, Luchini fait du Luchini comme on l’attend. Oui, il est malin de doubler le choc des générations, en en convoquant trois : le père éveille sa fille à sa vocation oubliée d’aventurière et la seconde, en retour, consent à se réconcilier avec ce daron trop narcissiquement obsédé par sa passion archéologique ; ces transformations croisées se répercuteront dans la relation à cet adolescent, dont je dois dire qu’il est encore plus agaçant par son inertie que par sa révolte.

 

  1. Mais n’est pas Spielberg qui veut, et nous sommes passés à côté de l’essentiel. Plus accidentel, alors que le cinéaste américain avait réussi à introduire une romance pleine d’humour et d’amour dans la trame serrée de son thriller échevelée, ici, la dédiabolisation des femmes aimées par le célibataire impénitent s’accompagne de leur désérotisation (le seul lien affectif investi étant familial, à l’instar de tant de films actuels).

Mais la déception principale concerne la trame de fond. Si les premier (Les Aventuriers de l’arche perdue, 1981) et troisième opus de la saga (Indiana Jones et la Dernière Croisade, 1989) demeurent des réussites insurpassées, c’est parce qu’ils touchent à l’essence même de l’aventure. Et celle-ci réside non pas d’abord dans l’affrontement d’un risque ou la sortie dépaysante de sa zone de confort, mais dans la chasse au trésor ou, pour expulser toute convoitise, le don de soi à une cause grandiose. Le début du Hobbit (le roman autant que le premier volet de la piteuse Trilogie de Peter Jackson, qui a du moins bien su rendre l’esprit du conte) l’a bien compris qui conjoint ces trois aspects : « Je pars vivre une aventure », s’exclame Frodon abandonnant la Comté.

Or, pour être grandiose, le but doit receler un mystère, c’est-à-dire un bien désirable qui traverse les différents ordres de Pascal et permet à l’homme de passer l’homme. Autrement dit, par une résonance qui retentit au plus profond du cœur de l’homme (et d’abord de la vie), l’aventure fait se correspondre les deux constitutions ontophaniques : celle du sujet qui, en cherchant l’autre désirable, certes, se trouve lui-même, mais, en s’agrandissant, découvre plus que lui-même, mieux, qu’il est plus grand qu’il ne savait ; celle de l’objet qui, en se donnant dans sa visibilité scintillante, chère à tous les sens du terme, ruisselle d’une profusion cachée qui ne prend racine que dans l’histoire, mais l’ouvre à l’éternité. Voilà pourquoi les deux épisodes susdits sont centrés, le premier sur l’Arche d’Alliance et le deuxième (qui, si vous me suivez, est le troisième !) sur le Saint-Graal.

Or, qui a entendu parler d’un trésor de Chéops ? Certes, la plus grande et la plus ancienne des pyramides d’Égypte est plus que formidable et mémorable. Mais nous parlons ici de son trésor qui n’évoque pas celui, bien réel, de Toutankhamon, ou, fictionnel, mais désirable, du Mystère de la Grande Pyramide (diptyque d’Edgar P. Jacobs, 1950-1952), avec son souterrain secret, ses maléfices magiques et son histoire quadrimillénaire. Le spectateur a-t-il rêvé, ne serait-ce qu’un moment, en revenant sur les lieux du crime et du trésor ?

 

Le secret de Khéops laisse donc une désagréable impression de pétard mouillé et un goût d’inachevé. D’autres se sont déjà essayés à cette mimésis éreintante, comme Benjamin Gates (Benjamin Gates et le Trésor des Templiers de Jon Turteltaub, 2004 ; Benjamin Gates et le Livre des secrets du même, 2007) et récemment Uncharted (Ruben Fleischer, 2022). Et s’y sont brûlés les ailes. Sans rien dire de la saga Indiana Jones elle-même qui s’essouffle à se copier et se prolonger indéfiniment. Osons le seriner une dernière fois : les premier et troisième épisodes sont les plus magnifiquement réussis. La preuve en est que ce sont eux que plagie notre piteuse copie hexagonale.

Pascal Ide

Durant des nouvelles fouilles archéologiques dans la ville du Caire, l’archéologue Christian Robinson (Fabrice Luchini) est convaincu d’avoir découvert une mystérieuse inscription concernant le trésor du pharaon Khéops. Selon lui, il s’agit d’indices laissés par Dominique Vivant Denon, directeur de 1802 à 1815 du musée du Louvre.

Accompagné de sa fille Isis (Julia Piaton) et de son petit-fils Julien (Gavril Dartevelle), mais suivi de près par des gangsters, un trafiquant mafieux, Markus Gasburger (Sam Louwyck), et des policiers de l’OCBC, il part à la recherche du trésor en espérant accomplir la plus importante découverte archéologique du xxie siècle.

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