Halloween
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Pays:
Américain
Thème (s):
Mal, Stress post-traumatique
Date de sortie:
24 Octobre 2018
Durée:
1 heures 49 minutes
Évaluation:
**
Directeur:
David Gordon Green
Acteurs:
Jamie Lee Curtis, Judy Greer, Andi Matichak
Age minimum:
12 ans

 

Halloween, slasher américain de David Gordon Green, 2018. Avec Jamie Lee Curtis, Judy Greer, Andi Matichak, James Jude Courtney.

Thèmes

Mal, stress post-traumatique.

La onzième mouture de cette pléthorique franchise Halloween commence plutôt bien et finit plutôt mal.

 

D’abord, se refusant à la déclinaison commerciale aberrante, le film anniversaire se présente comme la suite du film princeps, qui se trouve être aussi comme une sorte d’Idée platonicienne du film d’horreur (pour autant qu’un tel archétype ne contredise pas la notion même d’Idée qui ne peut être l’exemplaire que d’une perfection !) : Halloween : La Nuit des masques (John Carpenter, 1978). De fait, il en épouse les codes, notamment les deux plus importants : la suggestion plus que la monstration, la description plus que l’explication. La raison est simple : Michael Myers est l’incarnation du mal et le mal est sans raison.

Ensuite, cette franchise pose les bonnes questions. Quant au criminel, doit-on chercher sa néantisation ou sa réhabilitation ? Face au criminel, faut-il chercher à le détruire ou à compâtir ? Quant à la victime par excellence qu’est Laurie Strode : quel avenir pour un tel passé ? doit-elle tourner la page et même le peut-elle ? Quant à son entourage de première et de deuxième générations : va-t-il répéter son traumatisme ou réussir à s’arracher à la fatalité de l’itération ?

Les premières réponses elles-mêmes suscitent l’attention, et même l’intérêt. Myers est le parangon de la violence ; or, celle-ci est in-sensée, c’est-à-dire sans raison ; puisque le corps exprime l’âme, cette hypostasie du mal sera sans voix et sans visage. Voilà pourquoi la caméra ne le montrera jamais que de dos ou sous un masque. Inconnaissable en elle-même, la violence est reconnaissable en ses effets : la destruction et, préludant à celle-ci, la terreur. Dans la scène, aussi excellente qu’inquiétante, de la rencontre initiale, Myers tressaille à la présence du masque – signe et cause de la violence – et les autres patients et prisonniers de l’hôpital-prison se mettent à s’agiter et pousser des hurlements. Ce qui, chez le croquemitaine, est barbarie encore intentionnelle, retentit chez  les psychopathes hypersensibles comme épouvante, avant de s’achever en destruction chez ses victimes à venir.

Si le mal est non-être, il ne tire sa puissance de malfaisance que, d’un côté, du sujet qui l’héberge et le commet : il doit donc être physiquement surpuissant, voire indestructible, une sorte de kill machine qui ne s’arrête de semer la mort que lorsqu’on l’arrête en l’anéantissant de la manière la plus radicale et souvent la plus spectaculaire (ici, en immolant par le feu le prédateur une fois transformé en proie). De l’autre, de ses victimes qui lui en donnent l’occasion : quelle réjouissante déconstruction de cette malsaine anti-fête d’Halloween qui, certes, n’engendre pas, mais permet à un serial killer de déambuler, monstre parmi les monstres, en toute impunité ! Ainsi se trouve démasquée cette hypocrite nuit des masques qui n’est qu’une grimaçante contrefaçon de la fête des Saints (suivie de la fête des défunts).

Côté victime, les premières conséquences sont aussi tirées avec rigueur et crédibilité. Les générations se divisent et se distribuent en explorant tous les possibles. Laurie, mère et grand-mère, a opté pour le diagnostic sans espérance (Myers ne changera jamais), le pronostic sans illusion (tôt ou tard, il reviendra) et la lutte sans merci (c’est ta peau ou la mienne). Karen, fille de Laurie et mère d’Allyson, après avoir subi les conséquences névrotiques de l’entraînement forcé et de l’obsession maternelle, décide d’agir sans réagir, c’est-à-dire, de mener une vie saine, mais sans quitter les lieux ; son besoin de raconter à sa fille son enfance douloureuse montre toutefois qu’elle est loin d’avoir digéré son histoire pathogène. Enfin, Allyson, fille et petite-fille, se tient encore plus à distance : elle passe de l’hypermnésie à l’amnésie, et du savoir à l’incrédulité. Ce résumé de psychogénéalogie dessine de manière presque pédagogique les conséquences sinueuses d’un stress post-traumatique grand format, lorsqu’il n’est ni guéri ni pardonné.

Enfin, l’on retrouve la leçon si dérangeante des Halloween et autres Jason : le mal de la faute (la violence criminelle) concrétisé par Myers s’avère être en réalité un mal de la peine, non pas subie, mais infligée. Le criminel masqué n’est pas un vengeur haineux, mais constitue le bras armé, incontestablement sadique, d’une Amérique qui, face à une moralité déliquescente et bientôt délinquante, une police impuissante et une psychiatrie compromise, se doit de punir les transgressions – à commencer celle de la babysitter dont la soirée commence invariablement avec éros et finira inexorablement avec tanathos.

 

Si les questions et les premières réponses suscitent l’attention et excitent l’intérêt, en revanche, la suite du déroulement déçoit par son manque de créativité et de crédibilité. Nulle réponse ne fait progresser l’intrigue. Seule demeure la facile surenchère de violence, qui multiplie les crimes monstrueux et « gratuits ». Voire, les personnages les plus intéressants du film disparaissent trop tôt : les journalistes d’investigation, pourtant longuement présentés et seuls à adopter une attitude originale de compréhension-compassion, face à la compromission (du psychiatre) et la réaction généralisée – sans rien dire de la fascination du spectateur… Et faut-il une nouvelle fois dénoncer, tant il est aussi banalisé que généralisé, ce triomphe féminin et féministe face à l’univoque démission virile ?

Enfin, l’affrontement ultime ne fera que dresser une nouvelle fois la toute-puissance physique du monstre monolithique face à la toute-puissance psychique (Laurie a tout prévu) de la victime se métamorphosant en vengeur héroïque. Calamiteux autant qu’ennuyeux. Vaguement éthique, mais en rien cathartique. Sans parler de la respiration finale de Meyers qui signe, avec un manque d’inventivité évident, l’incapacité du cinéaste à enfin anéantir celui qui demeure, malgré tout, le héros. À quand le John Carpenter ou le Wes Craven qui « créera » non pas tant la figure d’un nouveau slasher que celle du mal version 2020 ?

Pascal Ide

Le 30 octobre 2018, Aaron Korey (Jefferson Hall) et Dana Haines (Rhian Rees), deux podcasteurs britanniques, se rendent à l’hôpital psychiatrique de Smith’s Grove afin de réaliser un reportage sur le tueur d’Halloween, Michael Myers (James Jude Courtney). Sur place, ils rencontrent le docteur Ranbir Sartain (Haluk Bilginer), qui s’occupe de Myers depuis la mort du docteur Sam Loomis. Sartain les conduit dans la cour de l’hôpital où ils aperçoivent de dos le criminel enchaîné. Dans le but de provoquer une réaction chez Myers, Aaron sort de son sac le masque blanc qu’il portait lors de la nuit d’Halloween 1978. Bien que l’assassin psychopathe ne se trouve pas face à face avec Aaron, il ressent soudain la présence du masque, mais reste mutique aux questions posées.

Les deux journalistes partent alors chez Laurie Strode (Jamie Lee Curtis) qui habite Haddonfield pour l’interroger sur l’expérience traumatisante qu’elle vécut voici quarante ans. Celle-ci, qui habite dans une véritable forteresse, accepte de les recevoir après que ceux-ci lui ont promis 3 000 $. Allyson (Andi Matichak), fille de Karen (Judy Greer) et petite-fille de Laurie, part au lycée avec ses amis, et retrouve son petit-copain, Cameron Elam (Dylan Arnold), pour discuter du bal d’Halloween prévu le lendemain. Après les cours, Laurie retrouve Allyson à son lycée pour lui donner les 3 000 $.

Le soir, Michael Myers est transféré vers un institut de haute sécurité, avec d’autres prisonniers et patients, accompagnés du docteur Sartain. Sans surprise, le bus aura un accident et Myers s’enfuira, pour se diriger vers Haddonfield, sa ville natale…

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