Rencontre avec Joe Black
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Pays:
Américain
Thème (s):
Amour, Mort, Rencontre
Date de sortie:
30 décembre 1998
Durée:
3 heures 1 minutes
Évaluation:
***
Directeur:
Martin Brest
Acteurs:
Brad Pitt, Anthony Hopkins, Claire Forlani
Age minimum:
Adolescents et adultes

 

 

Rencontre avec Joe Black, film fantastique américain de Martin Brest (1998)

Thèmes

Rencontre, amour, mort.

    Le film agace par ses faiblesses trop voyantes. Il est trop lent (la seule fête finale dure trois quart d’heures, soit un quart du film, alors que son contenu est dramatiquement faible), trop romantique (le sentiment musicalement souligné et les silences prétendument profonds happent toute parole et toute raison), trop téléphoné (la répétition des « Je t’aime » est non seulement insupportable, mais en démonétise toute la valeur). Paradoxalement, ces faiblesses se transforment une fois en force lorsqu’ils permettent d’accoucher d’une scène très réussie, scène qui, en général, a le plus marqué les souvenirs : je veux parler de la rencontre de Susan et du jeune homme qui sera bientôt Joe Black [1] : la lenteur se transforme en atout, tant la caméra s’attarde sur chaque élément d’une rencontre aussi désirable qu’inattendue ; le sentiment qui affleure devient une chance puisqu’il constitue l’un des principaux ingrédients du charme indéfinissable de la rencontre ; il est enfin significatif que cette scène se passe d’une musique qui, ailleurs envahissante, ne semble avoir d’autres fonctions que de meubler les blancs.

    Convoquant, à l’occasion, tel ou tel autre élément du film, je centrerai toute mon attention sur ce seul passage, tant il nous livre bien des éléments composant la douce alchimie de la rencontre par excellence, la rencontre amoureuse : sa préparation, lointaine et prochaine, son déroulement, son à-venir. Éléments qu’il n’est pas impossible d’universaliser, restant sauf le mystère unique et ineffable de chaque tête à tête qui est aussi un cœur à cœur.

    L’analyse précédente explique l’option de réduire l’analyse du film à cette scène nucléaire. Elle montre aussi que le choix de prénommer Joe le jeune homme n’était pas qu’utilitaire : en effet, la Mort n’a pas usurpé autant qu’il pourrait le sembler le visage de l’Amour. La merveille d’une rencontre est à la fois béatifique et tragique.

    Un tel constat peut déboucher sur deux types de sagesse [9] : stoïcienne, autrement dit fataliste, elle prescrit de se détacher, car tout lien déçoit et fait souffrir ; chrétienne, autrement dit providentielle, elle (re)commande d’aimer, donc de s’attacher tout en sachant que seule dure la vie éternelle et seul comble le Dieu infini. Laquelle choisir ? Nul désir naturel (c’est-à-dire enraciné en profondeur dans les élans à la fois universels et personnels de notre être) ne saurait être vain. Comment le désir de toujours vivre avec ceux que l’on a chéris et que l’on chérit encore pourrait-il être frustré ?

    Pascal Ide

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